Mobilisation étudiante contre TESTWE, l’entreprise qui veut technopoliser l’université
-
https://i.imgur.com/nKjm9OM.png
La Quadrature appelle à soutenir la lutte d’un collectif d’étudiant-es de l’Université Paris 8 contre TestWe, la start-up qui veut technopoliser l’Université. Cette télésurveillance d’examens à distance est déshumanisante, discriminatoire et intrusive, en plus d’être très clairement illégale. À l’appel de ces étudiant⋅es, nous vous donnons rendez-vous le 6 décembre à 14h pour montrer devant le tribunal administratif de Montreuil une opposition massive. La Quadrature est intervenue devant le tribunal administratif pour soutenir cette lutte (lire notre intervention ici).
Si vous êtes aussi victime de telles technologies de surveillance par votre établissement d’enseignement, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à [email protected] pour nous faire part de votre témoignage.
Il y a deux ans, lors du premier confinement, nous alertions déjà sur la gestion autoritaire des examens à distance par les établissements d’enseignement supérieur.
TestWe, un système discriminatoire, intrusif et déshumanisant
Il est question ici de télésurveillance, c’est-à-dire que les élèves passent leur examens à distance, au même moment, et sous surveillance numérique et automatisée de l’établissement. L’une des entreprises les plus en vue dans ce domaine est TestWe, une start-up française qui étend les outils de surveillance algorithmique déjà déployés dans de nombreuses villes en France à la surveillance des examens.
Initialement, leur logiciel consistait à dématérialiser les épreuves : celles-ci se passaient dans un amphi mais les étudiant-es composaient sur leur ordinateur, fini l’examen papier. Depuis 2019, l’entreprise est passée de la dématérialisation à la surveillance à distance des étudiant.es
TestWe offre une multitude d’outils pour perfectionner cette surveillance : un système de reconnaissance faciale, c’est à dire de photographie de l’étudiant avec sa carte d’identité ou étudiant-e ou d’identité par webcam « pour vérifier que la bonne personne est en face de l’écran ». En complément, une surveillance à 360° de l’environnement de l’élève. Son PDG, Benoît Sillard, se vante ainsi de mettre « en place actuellement un système à double caméras, celle de l’ordinateur qui filme par l’avant, et celle de votre smartphone qui filme l’ensemble de la pièce, pour vérifier qu’il n’y a pas un deuxième ordinateur ou quelqu’un en train de vous souffler ». Les élèves utilisant TestWe se voient par ailleurs obligé-es de céder les droits administrateurs de leur ordinateur au logiciel, de désactiver leur pare-feu, antivirus, VPN. Évidemment, cela nécessite d’être équipé-e avec un ordinateur personnel récent, d’avoir une bonne connexion Internet mais l’exigence va au-delà : disposer d’une pièce (« pas trop éclairée ni trop sombre ») sans bruit et sans autre personne présente, pas même un enfant en bas âge ou un animal de compagnie, par exemple.
Après l’identification, TestWe veut vérifier que les étudiant-es ne puissent pas tricher. Dans sa version classique, les élèves sont photographiés toutes les trois secondes, les images analysées et tout comportement suspect fait l’objet d’un signalement à la plateforme. Avec la version avancée « ProctorWe », les candidat⋅e⋅s doivent aussi filmer la pièce, parfois avec une seconde caméra (et donc être équipé-es d’un smartphone en état de fonctionnement).
Iels ont aussi l’obligation de filmer leur cou ainsi que leurs oreilles, afin de vérifier l’absence d’oreillettes. Cette chasse à la triche n’a pas de limite. Les personnes avec les cheveux longs se voient demander de « dégager leurs oreilles », les personnes qui portent un voile se verraient accuser de fraude, et on ne sait pas ce qu’il est prévu pour les personnes malentendantes… Après identification, l’étudiant⋅e doit respecter une liste aberrante d’interdictions, définissant les comportements suspects et les d’objets qui ne doivent pas être présents dans la pièce.
Et la liste continue : obligation de fixer l’écran, interdiction de manger, d’aller aux toilettes, interdiction de tout bruit « suspect », non prise en compte des handicaps (qui n’ont pas été systématiquement signalés en vue d’un aménagement des conditions d’examen, puisque les étudiants pensaient déjà connaître les modalités auxquelles iels sont déjà habituées)…
C’est donc un véritable matraquage d’interdits bafouant la dignité auxquels devraient faire face les étudiant-es, qui déroge aux conditions d’examen en présentiel (il est quand même toujours possible d’avoir les cheveux détachés, de manger, d’aller aux toilettes, de porter un col roulé lors d’un examen en salle), en plus d’acter une rupture d’égalité entre les élèves (tout le monde ne peut pas posséder le matériel informatique dernier cri, occuper une pièce pendant plusieurs heures sans interruptions possibles). Et à tout cela, s’ajoute évidemment la violation de la vie privée des étudiants et des étudiantes, qu’il s’agisse de leur lieu de vie ou de leur matériel informatique.
Des dispositifs très clairement illégaux
Cette surveillance, constante, intrusive, mêlée de biométrie, et attentatoire aux déplacements ainsi qu’à la vie privée des élèves ne peut en aucun cas remplir les critères de proportionnalité exigés dans le règlement général sur la protection des données ou son application française, la loi Informatique et Libertés.
C’était d’ailleurs en partie le message de la CNIL qui, en pleine période Covid, avait notamment réagi à l’utilisation de TestWe en publiant un premier communiqué rappelant les règles à respecter en matière de vie privée et de surveillance d’examens à distance. Comme souvent, la CNIL semble s’être pour l’instant limitée à une communication sur le sujet et n’a pas, à notre connaissance, sanctionné les entreprises qui continuent à surveiller.
Cependant, dans ce document de 2020, la CNIL semblait condamner l’utilisation de TestWe en soulignant notamment que « n’apparaissent a priori pas proportionnés au regard de la finalité poursuivie :- les dispositifs de surveillance permettant de prendre le contrôle à distance de l’ordinateur personnel de l’étudiant (notamment pour vérifier l’accès aux courriels ou aux réseaux sociaux) ;- les dispositifs de surveillance reposant sur des traitements biométriques (exemple : reconnaissance faciale via une webcam). »
Or, si un système n’est pas proportionné, il devient purement illégal, et c’est clairement le cas ici.
Cependant, la CNIL semble aujourd’hui assouplir sa position. Elle vient ainsi, au moment de la publication de cet article, de publier un projet de recommandation sujet à consultation. Ce projet de recommandation promeut une interprétation très permissive du droit à la vie privée en donnant aux entreprises, et particulièrement à TestWe, le bon chemin pour mettre en place son système de surveillance hyper-intrusif (quelle base légale utiliser, comment justifier la reconnaissance faciale…).
Elle va jusqu’à déclarer quels traitements seraient, a priori et de facto, proportionnés.Malgré l’illégalité de ces pratiques, TestWe continue pourtant, comme une grande partie des entreprises de la surveillance, à se faire de l’argent sur le dos des étudiant-es et de l’Université en contradiction frontale avec les plus élémentaires dispositions du droit à la vie privée et aux données personnelles.
TestWe, profiteur de crise sanitaire
Autre constat, surveiller les étudiant⋅es cela rapporte, et beaucoup. Si l’on s’en tient au chiffre d’affaires déclaré, TestWe aura plus que triplé son chiffre d’affaires entre 2019 et 2020, année du premier confinement, passant de 285.000 euros en 2019 à plus de 928.000 euros en 2020.
Non seulement cela rapporte en terme de chiffre d’affaires, mais cela aide aussi en terme d’investissement. TestWe ne s’est bien évidemment pas lancée toute seule. En juillet 2017, c’est la Banque Publique d’Investissement qui, avec d’autres acteurs financiers, a décidé d’investir dans la start-up en leur donnant 1,3 million d’euros pour lancer leur business sécuritaire. L’accroche ? Le gain de coût à organiser des examens en ligne, avec des robots, et non en salle avec des humain-es : « Avec la digitalisation, on peut diviser par 5 le nombre de personnes affectées à cette tâche ».
Et le succès ne faiblit malheureusement pas : si on en croit la page Linkedin de l’entreprise, ce sont plusieurs dizaines d »universités et d’écoles en majorité privées qui se mettent à utiliser ce système de surveillance biométrique.
Après quelques recherches cependant, il semblerait qu’une bonne partie des établissements du supérieur présents sur le site internet de TestWe n’utilise pas la télésurveillance de l’entreprise mais ont été des clients de la dématérialisation des examens. Seule trace, c’est l’UCLouvain, qui aurait fait l’expérience de la télésurveillance de TestWe lors d’un examen blanc et qui ne l’a pas retenu, évoquant même un « fiasco ».
De la surveillance au greenwashing
Le greenwashing est à la mode et les entreprises de la Technopolice prennent le train en marche ! En plus d’être discriminatoire, intrusif et déshumanisant, le contrôle imposé par TestWe rendrait « obsolète l’examen en salle dans la majorité des cas […] Les candidats sont de plus en plus réticents au stress et sensibles aux problèmes de transport et d’écologie. ». Mais derrière ce discours, les arguments ne tiennent pas : les questions écologiques seraient incompatibles avec le respect des droits fondamentaux et de la dignité humaine. Il est tout de même aberrant de justifier la surveillance par un argument pseudo-vert, quand on sait les coûts incommensurables que représente le numérique dans la pollution des terres à l’autre bout du monde pour produire les objets technologiques, la quantité d’électricité requise dont la part consacrée au numérique est sans cesse en augmentation et, on imagine, tout ce qu’il est nécessaire pour rendre possible des solutions comme TestWe, les quantités de données, d’heures de vidéos conservées afin de surveiller en direct toutes les étudiant-e⋅s.
La lutte des étudiant⋅es contre l’enseignement technopolisé
C’est désormais à l’Institut d’études à distance de Paris 8 d’imposer ces logiciels invasifs, discriminatoires et illégaux et ce, sans aucun dialogue ni possibilité d’opposition de la part des personnes concernées. En effet, fin octobre, la direction de Paris 8 a annoncé aux étudiant-es à distance qu’iels devraient passer leurs examens de janvier sur TestWe sans donner aucune précision sur les modalités de mise en place de cette plateforme. En réaction, un collectif d’étudiant-es s’est rassemblé, a effectué un important travail de documentation du logiciel, de communication auprès des étudiant.e.s et a même lancé une action en justice. Ainsi, après avoir contacté la CNIL, saisi le Défenseur des droits, signé collectivement une lettre d’inquiétude à la direction, le collectif s’est cotisé pour faire appel à un avocat et a décidé de médiatiser l’affaire. Le Tribunal administratif de Montreuil a été saisi en référé pour faire suspendre les décisions de l’IED et enjoindre l’Université à revenir aux conditions initiales d’examen. Une requête au fond a également été déposée pour obtenir une décision plus pérenne.
La Quadrature a déposé une intervention volontaire dans ces recours et nous leur témoignons tout notre soutien ! Vous trouverez nos écritures là.
Nous relayons des extraits de leur communiqué, expliquant la démarche des étudiants et étudiantes de l’IED. Vous pouvez en trouver la version complète ici.
La menace n’est même pas masquée : si TestWe n’est pas retenu, les examens se feront en présentiel et basculeront d’un système semestriel à un système annuel, privant par là-même les L3 de Droit et de Psychologie de candidature en Master. Ils perdraient donc une année. L’objectif de cette communication était bien évidemment de diviser les étudiants contre ceux qui ont exercé leurs droits, tout en évitant à la direction de remettre en question son fonctionnement illégal et liberticide.
L’objectif de l’action juridique est donc de suspendre les décisions illégales de l’IED et de leur faire injonction de revenir à ce qui était prévu en début d’année, à savoir : la passation des examens 2022-2023 à distance et sur la plateforme Moodle.
Il va également de soi que ces nouvelles conditions matérielles de passation des examens représentent une rupture d’égalité de traitement entre les étudiants, tout le monde ne pouvant pas se procurer le matériel à la dernière minute, ni contrôler la stabilité du réseau internet dont il dispose.
Les modalités d’usage imposées par TestWe constituent une véritable atteinte à la vie privée puisque les étudiants vont devoir se plier à une quarantaine d’interdits ou d’obligations liberticides à implémenter chez eux. Elles représentent également une atteinte à la protection des données, sachant que chacun devra désactiver tout pare-feu et anti-virus, laissant ainsi ses données exposées pendant que TestWe exploite les droits administrateurs. Enfin, elles ne ne se font pas dans le cadre d’un consentement libre : les CGU restent inaccessibles tant que le logiciel n’est pas installé. Les droits fondamentaux des individus sont également en jeu. Les personnes de confessions juives ou musulmanes sont impactées par l’obligation de garder tête, oreilles et cou découverts. Par ailleurs, le fait d’être pris en photo toutes les trois secondes porte directement atteinte au droit de l’image. Enfin, plusieurs interdictions totalement disproportionnées (comme, par exemple, manger, aller aux toilettes ou détourner les yeux de l’ordinateur) ne respectent pas la dignité humaine.
Certains étudiants se retrouvent dans des conditions particulièrement difficiles. Nous sommes notamment sensibles aux difficultés des étudiants en situation de handicap, ainsi qu’à tous les étudiants, largement majoritaires, pour qui l’IED représente leur unique chance de faire ces études.Ces tentatives de nous imposer une télésurveillance liberticide, non respectueuse de la vie privée, de la protection des données personnelles et des contrats pédagogiques que nous avons signés, sont le reflet de l’absence de considération de l’IED envers ses étudiants. Nous ne nous laisserons pas faire.
Source : www.laquadrature.net
-
J’espère que ce genre de système de surveillance va vite devenir illégal.
-
-
Raccoon Admin Seeder I.T Guy Windowsien Apple User Gamer GNU-Linux User Teama répondu à Pollux le dernière édition par
@Pollux a dit dans Mobilisation étudiante contre TESTWE, l’entreprise qui veut technopoliser l’université :
Faut-il abandonner les examens à distances ?
Dans la mesure du possible, oui.
-
@Pollux Ou alors changer de vision de l’apprentissage en abandonnant l’idée de compétition.
-
-
@Pollux a dit dans Mobilisation étudiante contre TESTWE, l’entreprise qui veut technopoliser l’université :
@A-chaos
OK, la aussi je suis partant, et on en profite pour redéfinir notre démocratie, repenser la propriété privée, refonder le modèle capitaliste et réécrire notre constitution, on s’y met quand ?Ou abolir le tout mais bon l’insurrection c’est pas pour demain malheureusement. Ceci dit ça n’empêche pas d’agir au quotidien avec les opportunités qui se présentent.
-
@A-chaos a dit dans Mobilisation étudiante contre TESTWE, l’entreprise qui veut technopoliser l’université :
@Pollux Ou alors changer de vision de l’apprentissage en abandonnant l’idée de compétition.
Sauf que ce n’est pas qu’une question de compétition. Les examens, ça sert aussi à s’assurer que les étudiants ont vraiment appris quelque-chose et pas juste profité de la vie pendant leurs études. Bon, après, oui ces méthodes sont dégueulasses, un bon examen, ça se fait en présentiel, pas avec ce genre de dispositif, mais on ne peut pas non-plus supprimer les examens, et autant je suis pour autoriser l’usage des documents, voire d’internet (ça fait déjà dans certains examens et concours), autant le principe de l’examen à faire seul et sans aide d’une autre personne, ça reste une nécessité.
-
@ALRBP Ben disons que de toute façon un apprentissage qui n’est pas basé sur la compétition n’existera jamais dans un monde capitaliste, et de facto si t’enlèves la propriété privé de l’équation y’a pas trop d’intérêt de se farcir des années d’études à étudier un truc qu’on a aucune envie d’étudier. Ce qui veut aussi dire que ceux qui vont faire cet effort ça sera uniquement ceux qui sont vraiment intéressés par le sujet. Dans cet état d’esprit l’examen il sert juste à l’étudiant à contrôler ses acquis et pouvoir identifier ce qu’il doit revoir. C’est plus un exam à réussir absolument sous peine de devoir arrêter ses études et ne pas avoir la rémunération espéré par les dites études. Aujourd’hui l’exam c’est le truc à avoir pour “réussir sa vie”, c’est évident qu’il y en a plein qui trichent. Et franchement je leur donne pas tort. Alors bon un monde idéal sans propriété privé ni Etat c’est pas pur demain, c’est peut-être pour jamais d’ailleurs, mais écraser au maximum les niveaux de contrôles et la hiérarchie c’est déjà y tendre.
Enfin au fond je suis d’accord avec toi sur l’utilité d’un exam mais aujourd’hui l’examen il sert bien à différencier et hiérarchiser les uns et les autres. Même si la volonté individuelle de tel ou tel prof n’est pas dans cette idée compétitive de l’exam, il fait partie intégrante d’un système qui est basé là dessus. En plus c’est vraiment le fondement idéologique foireux vendu par le capitalisme: “l’ascenseur social par le mérite” (qui n’existe pas d’ailleurs).@ALRBP a dit dans Mobilisation étudiante contre TESTWE, l’entreprise qui veut technopoliser l’université :
le principe de l’examen à faire seul et sans aide d’une autre personne, ça reste une nécessité.
ça je suis entièrement d’accord par contre.
-
@A-chaos
Abolir le capitalisme, ce n’est pas abolir le travail. Il faudra bien toujours des gens pour produire ce dont on a besoin, et ce n’est pas forcément un truc qu’on va faire par plaisir. -
@ALRBP Tout dépend de ce que l’on met derrière la valeur travail. Et puis bon ceux qui font beaucoup d’étude c’est quand même aussi pour échapper à la condition de la classe laborieuse… Quand à la valeur travail aujourd’hui c’est vraiment pas une production de nécessité, ça tient plus du contrôle social (déjà ériger ça en tant que valeur y’a une couille dans le potage quand même…). En terme de production aller par exemple 90% du secteur tertiaire il sert à quoi? Produire des publicités par exemple en quoi c’est nécessaire? Ça répond pas à un besoin de production. La seule et unique utilité du truc c’est de faire du fric. Mais même dans des secteurs comme le TP, je fais du confortement de falaise, je suis cordiste, mais franchement 7 chantier sur 10 que je fais ils servent à rien du tout. On fait des trucs complètement inutiles uniquement parce que c’est très bien vendu. C’est vraiment n’importe quoi. Aujourd’hui le travail c’est juste faire du fric pour les uns et contrôle social pour les autres. Alors si, cette valeur travail là je suis clairement pour l’abolir. Et je travaille le moins possible alors que ça ne me dérange pas du tout d’aider à faire quelque chose d’utile sans rémunération. Et même si c’est parfois des activités pénibles je ne les ressent pas comme telle, en tout cas pas comme un travail que je fais pour survivre alors que ça sert strictement à rien…
-
@A-chaos
Je ne crois pas que l’abolition du capitalisme causerait de tels changements. Il n’y aurait plus de milliardaires, plus de publicité, plus d’obsolescence programmée, mais il faudrait bien toujours produire ce dont on a besoin : nourriture, logement…, et ce qui est pratique ou nous fait plaisir : électronique, divertissement…. On pourrait viser une réduction du temps de travail à 30h et la disparition des boulots inutiles, mais l’essentiel resterait. Je ne crois pas que la majorité du tertiaire soit inutile. On peut toujours dire que ce n’est pas nécessaire, mais c’est utile. On supprimerait les commerciaux, mais il faudrait bien engager des planificateurs à la place, sinon qui va gérer la production ? Le communisme n’est pas une utopie. Du moins, le marxisme n’est pas le socialisme utopique. Je suis communiste, mais je ne crois pas aux utopies socialistes. De tels systèmes ne pourraient pas fonctionner. Je soutiens l’abolition de la propriété privée des moyens de production, pas celle du travail (sauf quand des machines pourront le faire à notre place). -
@ALRBP Je suis anarchiste. Je sais que l’idéal que je voudrais n’a aucune chance d’exister mais ce n’est pas une fin en soit, il suffit de toujours tendre vers cet idéal pour faire vivre l’anarchie. Même dans une société post-révolutionnaire le combat continue car il y aura toujours des oppressions à combattre. Voilà pourquoi les anarchistes sont intransigeants, comme dirait Bonanno “ce n’est pas une tentative concrète d’instaurer l’anarchie demain”, c’est l’idée de tendre vers un idéal, qui, même s’il est inatteignable, provoque des changements dans la société.
La contradiction entre ce que tu dis et ce que je dis n’est qu’apparente. Tu te places dans un référentiel “réalisable” et je ne saurais te contredire sur ce point.
-
L’Institut d’Enseignement à Distance de Paris 8 obligé d’abandonner TestWe pour ses examens
Suite à la contestation par des étudiants de l’utilisation du logiciel TestWe pour surveiller lors de leurs examens, la justice oblige l’Institut d’Enseignement à Distance de Paris 8 à suspendre l’utilisation de ce logiciel.
Le tribunal administratif de Montreuil s’est prononcé mercredi 14 décembre sur la demande des étudiants de l’Institut d’Enseignement à Distance (IED) de Paris 8 dont nous vous avions fait part, et a décidé de suspendre l’utilisation de TestWe pour surveiller leurs examens.
Dans son ordonnance, le tribunal conclut notamment que :
« L’exécution de la délibération du 21 septembre 2022 par laquelle le conseil de l’institut d’enseignement à distance de l’université Paris-VIII a décidé d’avoir recours pour l’organisation et la surveillance des examens en ligne à une application du type de celle proposée par la société Testwe est suspendue. »
Un « doute sérieux » sur le respect du RGPD
La suspension est justifiée dans cette ordonnance [PDF] du tribunal administratif de Montreuil par « un doute sérieux quant à la légalité de la décision » de l’IED d’utiliser le logiciel TestWe pour surveiller ses examens.
Les juges pointent que cette décision est de nature à porter atteinte au RGPD et spécialement au fait que « les données à caractère personnel doivent être adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées (minimisation des données) », citant l’article 5 paragraphe 1 point C du règlement.
Devant le tribunal, l’Université Paris 8 a soutenu avoir « décidé d’organiser les examens à distance de licence de l’institut d’enseignement à distance au moyen de la plate-forme TestWe, au motif du dysfonctionnement de l’autre modalité envisagée ».
Cette autre modalité envisagée n’est autre que le logiciel Moodle configuré spécialement pour le passage des examens. Celle-ci est déjà utilisée dans d’autres formations de l’université et dans bien d’autres établissements et ne semble pas être remise en question ailleurs.
Elle s’appuyait aussi sur « les garanties relevées dans la documentation de l’application Testwe » pour assurer que la requête des étudiants n’était pas fondée. Visiblement, ces garanties n’ont pas convaincu les juges du tribunal administratif de Montreuil qui ont pris cette ordonnance de suspension en urgence et donc ne se prononçaient pas sur le fond.
Le tribunal ne s’est par contre pas prononcé pour l’obligation d’effectuer ces examens via Moodle contrairement à ce que demandaient les étudiants.
Les juges expliquent que « la présente ordonnance n’implique pas nécessairement, contrairement à ce que demandé XXX* et les intervenants, que l’université Paris-VIII organise les examens de licence au sein de son institut d’enseignement à distance au moyen de la plate-forme « Moodle » » (XXX étant le nom biffé de l’étudiante ayant attaqué l’IED).
L’IED pourra donc décider, si son administration le souhaite, d’organiser ces examens en présentiel comme elle l’avait menacé suite aux réactions des étudiants.
TestWe : « ce rêve de cancre » réalisé
Dans un post publié sur le réseau social LinkedIn, le PDG de TestWe, Benoît Sillard, a réagi :
« Je n’arrive pas à comprendre comment, en 2022, on peut encore rejeter le principe du passage d’examens à distance dans des conditions équitables. »
L’éditeur du logiciel de surveillance d’examen rajoute « Imaginez une salle d’examen sans aucun contrôle d’identité ou de convocation, un cauchemar pour le monde de l’enseignement supérieur. Ce rêve de cancre, quelques étudiants en psychologie de l’IED Paris VIII viennent de le réaliser en obtenant d’un juge des référés la suspension de la surveillance de leurs examens à distance ».
L’entreprise a aussi publié un billet de blog affirmant « TestWe est certifiée ISO 9001, nos services respectent les normes de la CNIL et du RGPD ».
La Quadrature se réjouit
La Quadrature du Net, dont l’intervention lors de cette requête a été admise par le tribunal, a réagi par un communiqué appelant à se réjouir « que la surveillance algorithmique soit écartée de l’Université : en émettant des doutes quant à la légalité de ce genre de dispositif, le tribunal administratif de Montreuil a envoyé un avertissement à toutes les autres universités et écoles ».
L’association explique pourtant que « Le juge n’a pas dit que TestWe est illégal, simplement qu’il y a un doute sérieux quant à sa légalité » et explique donc poursuivre « la procédure au fond ».
Contacté par email et par téléphone, l’IED de Paris 8 n’a pas répondu à nos sollicitations.
Source : nextinpact.com