Dans cinq ans, l’ISS tirera sa révérence, laissant derrière elle plus de deux décennies de science et de coopération internationale. Mais l’orbite basse ne restera pas vide bien longtemps : une nouvelle génération de stations privées s’apprête déjà à prendre le relais. Leur nom : Axiom, Orbital Reef, Starlab et Haven. (Tiangong est déjà en orbite)
l’emblématique Station spatiale internationale (ISS) viendra s’abîmer au point Nemo au cœur de l’océan Pacifique. Il s’agit de l’endroit le plus reculé de toutes terres, où les stations Skylab et Mir se sont déjà abîmées.
Même si cet événement mettra fin à une période de coopération internationale sans précédent, il ne sonnera pas pour autant le glas de la présence humaine en orbite basse. En effet, la Chine possède déjà sa propre station, Tiangong, et plusieurs entreprises développent activement leurs propres alternatives.
D’ailleurs, comme l’a souligné le futur administrateur de la NASA, Jared Isaacman, il est crucial d’accélérer ces efforts, car nous nous dirigeons vers une privatisation massive de l’orbite. Des États, des instituts de recherche et des entreprises loueront des espaces à bord de ces nouvelles stations, marquant ainsi une étape inédite dans la conquête spatiale.
Axiom
La société Axiom Space prépare la première station spatiale qui sera entièrement privée, appelée à prendre le relais de l’ISS lorsque celle-ci sera mise hors service. Son premier module, le Payload Power and Thermal Module (PPTM), est en phase finale d’assemblage et doit décoller au plus tôt fin 2027. Il s’amarrera d’abord à l’ISS avant de s’en détacher pour voler en autonomie.
Pensée comme une plateforme commerciale polyvalente, Axiom Station accueillera de la recherche, des activités industrielles en orbite et même du tourisme spatial. Les premiers éléments incluront des habitats, des laboratoires, une écoutille dédiée aux sorties extravéhiculaires et un vaste dôme d’observation. L’ensemble repose sur des technologies déjà éprouvées, avec des partenaires industriels comme Thales Alenia Space et Collins Aerospace.
Le projet est financé par des investisseurs privés et par plusieurs contrats avec la NASA, tandis qu’Axiom revendique déjà des clients internationaux prêts à mener expériences et missions à bord.
Orbital Reef
Porté par l’entreprise de Jeff Bezos, Blue Origin, et Sierra Space, Orbital Reef est décrite comme une station spatiale commerciale polyvalente. L’avant-poste pourra accueillir jusqu’à dix personnes et servir de plateforme pour la recherche, la production en microgravité et, à terme, le tourisme spatial.
La station reposera sur deux types de modules : les habitats gonflables LIFE de Sierra Space, qui offriront des espaces de vie et de travail extensibles (laboratoires, zones robotiques, infirmerie, serre expérimentale), et les modules rigides fournis par Blue Origin, qui apportera aussi les systèmes de puissance, un remorqueur spatial et les lancements via sa fusée New Glenn. D’autres partenaires vont compléter l’écosystème, dont Boeing pour les systèmes d’amarrage, Redwire pour les charges utiles et Amazon Web Services (AWS), Bezos oblige, pour l’infrastructure informatique.
Le programme a déjà franchi plusieurs étapes importantes, notamment la System Definition Review de la NASA à l’été 2025 et divers tests des habitats gonflables. En revanche, sa revue de conception préliminaire progresse plus lentement que celle de certains concurrents. L’assemblage complet est dorénavant prévu pour le début des années 2030.
Starlab
Starlab, développé par la coentreprise Starlab Space, qui comprend Voyager Technologies et Airbus, se pose comme l’une des principales stations appelées à prendre le relais de l’ISS après 2030. Objectif : assurer une continuité scientifique sans interruption lorsque l’actuelle station sera mise hors service.
Contrairement à ses rivales modulaires, Starlab arrivera en orbite en une seule pièce. Le cœur de l’avant-poste sera un vaste module habitable de 8 mètres de diamètre, offrant plusieurs niveaux dédiés aux expériences et à la vie quotidienne. Elle abritera une serre centrale et de larges hublots d’observation.
Un module de service fournira jusqu’à 60 kW d’énergie, la propulsion, un bras robotique et des ports d’amarrage compatibles avec la prochaine génération de vaisseaux, dont Starship. Le projet bénéficie d’un soutien important : plus de 217 millions de dollars de la NASA, complétés par un financement de l’ESA. Et des cadors travaillent aussi dessus : Hilton participe à l’aménagement des quartiers d’équipage et Northrop Grumman assurera le ravitaillement via Cygnus.
Starlab a validé sa revue de conception préliminaire en mars 2025 et vise désormais la revue critique pour une mise en service prévue pour la fin de la décennie. La station promet d’accueillir plus de 400 expériences par an pour des agences, des laboratoires pharmaceutiques ou des clients commerciaux, tout en ouvrant ses portes au tourisme spatial.
Haven
Avec Haven-1, la startup américaine Vast entend prendre tout le monde de vitesse. Ce petit avant-poste orbital, dont le lancement est prévu en 2026 à bord d’une fusée Falcon 9, est censée devenir la première station spatiale entièrement privée à voler avant même l’arrivée des grands concurrents post-ISS.
Haven-1 est un module unique : un cylindre de 3,5 mètres de diamètre pour 7 mètres de long, offrant 140 mètres cube d’espace pressurisé. L’intérieur est organisé en quatre zones reliées entre elles, dédiées aux expériences scientifiques, aux quartiers d’équipage, aux systèmes de survie et abritant un hublot panoramique. Alimentée par plus de 20 kW de panneaux solaires, la station pourra accueillir des équipages de quatre personnes pour des séjours de 30 à 90 jours, grâce à l’amarrage des capsules Dragon et aux communications Starlink.
Fondée en 2021 par l’ancien président de SpaceX Jed McCaleb, Vast autofinance une grande partie du programme grâce à plus de 200 millions de dollars levés. Ses revenus reposeront sur la recherche en microgravité, les vols privés et les missions gouvernementales. Une version élargie, Haven-2, doit suivre à partir de 2028 pour former une station modulaire.
Source: https://www.presse-citron.net/apres-iss-prepare-voici-4-stations-spatiales-orbiteront-bientot-dessus-tetes/