Résumé:
L’Arcom prévoit de déployer d’ici le premier semestre 2026 un système automatisé, dynamique et en temps réel pour bloquer les chaînes IPTV pirates, en particulier lors des diffusions sportives en direct. Inspiré des modèles britannique et italien, ce dispositif vise à simplifier et accélérer les procédures de blocage, en passant de quelques centaines à plusieurs milliers de blocages par semaine.
Le nouveau système remplacera la vérification manuelle préalable par un contrôle de la qualité des outils de détection des ayants droit, permettant des blocages quasi immédiats, compatibles avec la durée des événements sportifs.
Arcom dresse un bilan positif de sa politique antipiratage depuis 2009 : –80 % d’usage du P2P, –35 % de l’audience des services illicites entre 2021 et 2025, et 13 000 domaines bloqués. Malgré ces progrès, le piratage reste préoccupant, avec un manque à gagner estimé à 1,5 milliard d’euros, soit 12 % du marché audiovisuel légal.
Le régulateur souhaite aussi impliquer davantage les intermédiaires (FAI, DNS alternatifs, VPN, hébergeurs, CDN), en combinant incitations et sanctions. Les VPN et DNS, utilisés par 66 % des consommateurs de contenus illicites, sont identifiés comme des acteurs clés.
La mise en œuvre du projet dépend de modifications législatives, mais Arcom travaille déjà avec les acteurs concernés pour une mise en service opérationnelle au plus tard fin du premier semestre 2026.
L’autorité française de régulation des télécommunications, Arcom, prévoit la mise en service d’un système automatisé et en temps réel de blocage des chaînes IPTV pirates au plus tard au premier semestre 2026. S’inspirant des systèmes en place au Royaume-Uni et en Italie, Arcom entend simplifier les procédures existantes afin d’augmenter considérablement le volume de blocages, passant de quelques centaines à plusieurs milliers de requêtes par semaine. Arcom précise que le contrôle de la qualité des systèmes de détection des ayants droit remplacera la vérification systématique préalable au blocage.
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Dans un rapport publié ce mois-ci, Arcom, l’autorité française de régulation des télécommunications, souligne les nombreux défis auxquels sont confrontés ceux qui luttent contre le piratage en ligne, notamment lors d’événements sportifs en direct.
Arcom annonce des projets ambitieux pour lutter contre le piratage en 2026, mais commence par un bilan des progrès accomplis depuis 2009, date à laquelle la France a lancé son modèle controversé des « trois avertissements » pour s’attaquer au partage de fichiers peer-to-peer, alors dominant.
Constatant une baisse de 80 % de l’utilisation du P2P ces 16 dernières années et le fait que 75 % des destinataires d’un premier avertissement n’en reçoivent pas de second, Arcom affirme que l’impact du système français sur les comportements est indéniable. Arcom indique également que l’audience globale des services illicites en France est désormais à son plus bas niveau historique, en baisse de 35 % entre 2021 et 2025, grâce notamment aux mesures de blocage mises en place sur 13 000 domaines.
Les systèmes existants ne sont plus efficaces
Les mesures antipiratage actuelles ayant connu un succès limité, peu d’entre elles ont la moindre chance de succès à l’avenir. Les internautes adoptent rapidement les nouvelles technologies, ce qui exige des outils plus performants pour lutter contre le piratage. Malgré tous les efforts déployés, Arcom affirme que le piratage en ligne « demeure à des niveaux préoccupants, même aujourd’hui ».
Le manque à gagner pour les ayants droit est désormais estimé à 1,5 milliard d’euros, soit 12 % du marché audiovisuel légal. Ce chiffre n’inclut pas les coûts de blocage supportés par les fournisseurs d’accès à Internet et les détenteurs de droits sportifs, ni les dépenses annuelles d’Arcom en matière de lutte contre le piratage (environ 2,2 millions d’euros) ni la perte de recettes publiques estimée à 400 millions d’euros due au non-paiement de diverses taxes.
« Dans ce contexte, les outils mis au point par les législateurs, bien qu’efficaces au départ, se révèlent désormais insuffisants pour garantir l’efficacité de la lutte contre le piratage face aux fluctuations cycliques des modes de consommation illicite, qui se sont continuellement adaptés aux réponses gouvernementales », indique l’autorité de régulation.
Répondre aux exigences du blocage des événements sportifs en direct
Le plan d’Arcom pour 2026 et au-delà vise en priorité à répondre aux besoins des diffuseurs d’événements sportifs en direct. En simplifiant et en automatisant les systèmes de blocage existants, et en repensant son système de contrôle pour le rendre plus flexible et réactif, Arcom est convaincu d’avoir trouvé la formule gagnante pour l’avenir.
S’inspirant des modèles en place au Royaume-Uni et en Italie, le projet consiste à établir un système de blocage automatisé, dynamique et en temps réel, sous le contrôle d’Arcom, afin de répondre au besoin urgent de protéger les diffusions en direct.
Simplification et automatisation
Dans le système actuel, la vérification manuelle et la préparation des rapports officiels peuvent prendre plusieurs jours ouvrables, contrairement au système proposé qui prévoit une mise en œuvre du blocage en temps réel, ou du moins dans des délais compatibles avec la durée des retransmissions sportives.
L’automatisation devrait également permettre d’améliorer considérablement le volume des blocages. Actuellement, le blocage d’adresses IP se limite à quelques centaines de requêtes par semaine, tandis qu’un système automatisé devrait en traiter des milliers, tout en renforçant l’efficacité du blocage contre les pirates qui changent fréquemment d’adresse IP.
Dans ce contexte, Arcom voit son rôle évoluer ; l’exigence actuelle de vérification systématique des demandes de blocage pour chaque domaine serait remplacée par la surveillance, par Arcom, des systèmes de détection des titulaires de droits et par un contrôle général de la qualité des plaintes soumises.
Intermédiaires : la carotte et le bâton
Arcom reconnaît la nécessité de « faciliter l’action des intermédiaires » en tenant à jour une liste des sites et services pirates faisant l’objet d’un blocage et en améliorant le système afin d’y intégrer de nouveaux services et d’en accroître l’efficacité. L’objectif est que le partage de cette liste avec des tiers encourage un plus grand nombre d’intermédiaires à participer volontairement à ce processus.
« Les fournisseurs de DNS alternatifs et les VPN, dont l’utilisation abusive à des fins illicites touche 66 % des consommateurs de contenu illicite, sont des partenaires clés. Au-delà de ces acteurs, l’ensemble de l’écosystème numérique doit s’impliquer dans la lutte contre le piratage : hébergeurs, réseaux de diffusion de contenu (CDN) et plateformes de vente en ligne », souligne Arcom.
Si les intermédiaires ne respectent pas leurs obligations légales, accorder à Arcom un « pouvoir de coercition » permettrait de « renforcer la crédibilité de l’autorité dans l’espace numérique », note le régulateur.
Si les fournisseurs de DNS et les sociétés de VPN considèrent le blocage comme un outil marketing pour leurs produits, Arcom affirme que cela devrait être traité conformément aux lois régissant l’influence commerciale et l’utilisation abusive des médias sociaux.
Des modifications juridiques sont nécessaires, mais Arcom poursuivra ses efforts.
Les propositions d’Arcom sont conditionnées par des modifications du cadre juridique existant, telles que décrites dans le projet de loi relatif à l’organisation, à la gestion et au financement du sport professionnel. Néanmoins, Arcom travaille déjà avec les fournisseurs d’accès à Internet et les détenteurs de droits sportifs dans l’espoir d’obtenir une approbation dans les six prochains mois.
« Tous les acteurs concernés (fournisseurs d’accès Internet, détenteurs de droits sportifs et Arcom) se préparent à une mise en œuvre opérationnelle au plus tard à la fin du premier semestre 2026 », indique Arcom.
Le rapport d’Arcom, intitulé « Les défis et les différents outils de lutte contre le piratage dans les secteurs culturel et sportif », est disponible ici ( pdf, français ).
Source: https://torrentfreak.com/automated-real-time-pirate-iptv-blocking-in-france-within-six-months-251214/