Le Tribunal de commerce de Bruxelles a émis une nouvelle ordonnance de blocage de sites, visant des sites pirates populaires tels que 1337x et Soap2day. Étonnamment, cette dernière ordonnance n’oblige que les principaux fournisseurs d’accès à Internet à agir. Il s’agit d’un changement notable, car l’ordonnance de blocage initiale, prise dans le cadre de ce régime, exigeait également des résolveurs DNS qu’ils interviennent. Reste à savoir s’il s’agit d’un recul définitif ou d’une simple pause.
Ces derniers mois, la Belgique a émis plusieurs ordonnances de blocage de sites visant des centaines de noms de domaine liés au piratage.
Ces blocages font suite à une nouvelle procédure en deux étapes. Un tribunal local émet d’abord une ordonnance de blocage, puis un organisme gouvernemental spécial détermine ses modalités d’application. Cette procédure vise à prévenir les erreurs et les blocages excessifs.
Ancien Blocage DNS
Si le blocage de sites web est courant en Europe, ces blocages belges allaient au-delà du blocage classique imposé par les fournisseurs d’accès à Internet. À l’instar de la France et de l’Italie, les injonctions visaient également les serveurs DNS publics tiers.
La première injonction, émise en avril par le Département belge de lutte contre la contrefaçon en ligne, imposait aux fournisseurs d’accès à Internet et aux serveurs DNS de restreindre l’accès aux sites pirates. Plus précisément, Cloudflare, Google et OpenDNS (Cisco) ont reçu l’ordre de cesser de résoudre les noms de domaine de plus de 100 sites pirates, sous peine d’amendes de 100 000 euros par jour.
Cette décision a suscité de vives réactions, notamment de la part de Cisco, qui a cessé d’exploiter son service OpenDNS en Belgique peu après son annonce.
En juillet, une autre décision de justice belge a ordonné le blocage de sites web de bibliothèques parallèles, dont Libgen, Zlibrary et Anna’s Archive. Cette ordonnance, d’une portée considérable, a contraint les fournisseurs d’accès à Internet à prendre des mesures et a également concerné d’autres intermédiaires, tels que les hébergeurs, les moteurs de recherche et les services DNS.
L’ordonnance judiciaire initiale prévoyait également un blocage généralisé du service Open Library d’Internet Archive. Bien que ce blocage ait finalement été empêché, l’implication de nombreux intermédiaires a suscité des inquiétudes quant à l’extension de la portée des ordonnances de blocage.
Nouvelle ordonnance de blocage du piratage « limitée »
Le 26 novembre, le Département belge de lutte contre la contrefaçon en ligne a publié un nouvel arrêté de blocage. Bien que celui-ci ajoute de fait des dizaines de nouveaux domaines à la liste noire belge, sa portée est étonnamment limitée.
Au lieu de ratisser large, le décret cible strictement les cinq principaux fournisseurs d’accès à Internet de Belgique : Proximus, Telenet, Orange Belgium, DIGI Communications Belgium et Mobile Vikings.
La liste des « destinataires » n’inclut plus les résolveurs DNS, Google, Cloudflare et Cisco, qui étaient les principales cibles de l’ordonnance de blocage d’avril. Les services d’hébergement, les annonceurs et autres intermédiaires ne sont pas mentionnés non plus.
L’arrêté d’exécution officiel ne mentionne ni le ou les titulaires de droits ayant demandé les mesures de blocage, ni les sites visés. Toutefois, les domaines bloqués sont publiés dans un tableau distinct, révélant que les domaines des marques 1337x, Fmovies, Soap2Day et Sflix figurent parmi les principales cibles.
Comme ces sites pirates changent souvent de nom de domaine pour échapper aux poursuites, les titulaires de droits peuvent soumettre une nouvelle liste de sites miroirs ou de proxys une fois par semaine, dans la limite de 50 nouveaux domaines par semaine. Une fois ces listes approuvées par le service belge compétent, les fournisseurs d’accès à Internet disposent de cinq jours ouvrables pour mettre à jour la liste de blocage.
Retraite ou pause ?
La décision d’exclure les résolveurs DNS de cette dernière ordonnance n’est probablement pas fortuite. Elle pourrait bien être une conséquence directe de la contestation judiciaire engagée par Cisco en début d’année, lorsqu’elle a fait appel de l’ordonnance de blocage d’avril devant le Tribunal de commerce de Bruxelles.
Cet appel n’a pas été sans résultat, puisque le tribunal a suspendu l’exécution de cette ordonnance de blocage à l’encontre de Cisco en juillet, après quoi OpenDNS est redevenu disponible en Belgique.
« Le service OpenDNS a été réactivé en Belgique suite à une décision du tribunal de Bruxelles suspendant l’exécution de l’injonction obligeant Cisco à mettre en œuvre des mesures de blocage DNS. Cette suspension est en vigueur dans l’attente d’une décision définitive dans le cadre de la procédure judiciaire toujours en cours », a indiqué un représentant de Cisco dans une mise à jour destinée à la communauté .
Pour en savoir plus sur la suspension des mesures de blocage, nous avons contacté le Département belge de lutte contre la contrefaçon en ligne, qui n’a pas répondu à notre demande. Faute de précisions, nous ignorons si la suspension s’applique également à d’autres serveurs DNS. Étrangement, le portail de transparence officiel ne mentionne aucune possibilité de recours.
Il est probable, cependant, que la légalité des injonctions de blocage visant les résolveurs DNS tiers étant toujours contestée en justice, les titulaires de droits aient choisi de limiter leurs demandes de blocage aux fournisseurs d’accès à Internet. Cela suggérerait une pause, et non un retrait définitif.
Source: https://torrentfreak.com/belgiums-latest-pirate-site-blocking-order-spares-dns-providers/