On ne se moque pas de ces choses là.
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Aix : le rêve brisé de Yasin, enfant placé que la France refuse de naturaliser
Le courrier est tombé le 18 décembre, comme un couperet qui a laissé Yasin Mestre “abasourdi”. La direction des migrations, de l’intégration et de la nationalité y rejette la demande de naturalisation française de ce jeune étudiant d’Aix-en-Provence né en Espagne, installé en France depuis l’âge de six ans : “En effet, justifie l’administration, vous poursuivez actuellement des études et ne pouvez, de fait, être considéré comme ayant acquis votre autonomie par l’exercice d’une activité professionnelle”. C’est l’une des dispositions de la circulaire sur l’accès à la nationalité française signée par Bruno Retailleau le 2 mai dernier : si Yasin Mestre répond “en tous points” aux exigences d’exemplarité citoyenne ou de maîtrise de la langue contenues dans le texte, il ne peut de fait justifier d’une “insertion professionnelle avérée et durable” (soit un CDI d’au moins un an) ni de “ressources stables et suffisantes”, les revenus résultant en majorité de prestations sociales ou de l’étranger étant exclus. “Mais j’ai 19 ans, je ne suis qu’un étudiant, je vis de ma bourse de 633,50 euros !” s’exclame le jeune homme.
Yasin Mestre n’est pas n’importe quel étudiant : après un bac avec mention très bien obtenu l’an dernier au lycée Saint-Charles (1er), à Marseille, il a aussi brillamment réussi le sélectif concours de Sciences Po et poursuit actuellement ses études à Aix-en-Provence. Le résultat d’un “travail exemplaire”, “remarquable”, “démontrant une maturité et un sens des responsabilités rare à son âge” unanimement salué par ses enseignants et anciens enseignants, qui ont joint leurs courriers de soutien lors de sa demande de naturalisation.
Enfant battu par sa mère toute son adolescence, il n’a pu échapper à ses violences qu’en tentant de mettre fin à ses jours, à l’âge de 15 ans. “L’Aide sociale à l’enfance est venue m’interroger à l’hôpital et j’ai enfin pu dire ce que je vivais”, raconte, avec une extrême pudeur, ce jeune homme.
Depuis toujours, ce qui raccroche Yasin à la vie, à l’avenir, c’est son rêve de petit garçon : devenir officier d’infanterie. Pour cela, il vise une voie, celle de l’excellence, en entrant à l’Ecole militaire Saint-Cyr. Mais ce refus de naturalisation vient briser ce rêve : en effet, avant même de réussir son concours exigeant, après son master, il lui faudra pouvoir justifier de la nationalité française. “J’ai entendu M. Retailleau parler de la meilleure intégration et assimilation dont devaient faire preuve les personnes demandant leur naturalisation, est-ce que l’aspect financier ne devrait pas être secondaire ? Après tous mes efforts, alors que je suis en quelque sorte un enfant de l’État, j’ai l’impression que l’on me rejette de façon arbitraire et injuste”, observe-t-il, amer.
La déception est d’autant plus grande qu’avant le durcissement de la politique d’immigration par la circulaire Retailleau, son dossier aurait, selon certaines sources au sein même de l’État, probablement été accepté. “Le texte précédent permettait une certaine bienveillance envers les enfants placés et les étudiants : où est la méritocratie”, relève le jeune homme.
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Il a pourtant plus sa place en France que des individus comme Sarkozy et autres pieds nickelés du même parti que Retailleau.