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    @Ashura je suis d’accord avec toi, je doute qu’on réussisse un jour à connaitre l’âge réel de l’univers

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    La 1ère image je croyais que c’était des jumelles ^^

    Le gars devait entendre une mouche peter à l’autre bout de la planète :evanoui:

    Dispositif permettant de boire à travers le masque, 1917-1918 ça aurait pu être utile en periode covid ça :colgate:

    En tout cas marrant à voir ces photos :cool:

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    Groupe d’oies cendrées volant au dessus du viaduc de Millau, Vallée du Tarn, Aveyron. C’est la combinaison de plusieurs systèmes de navigation qui permet aux animaux tels les oiseaux migrateurs d’effectuer de longs trajets sans se perdre.

    Compas céleste, chronomètre interne et mémoire exceptionnelle permettent aux animaux de se projeter aussi bien dans le passé que dans le futur pour prendre des décisions. Quatrième volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science)

    Imaginez un être de quelques millimètres de long à peine, capable de parcourir plusieurs centaines de mètres pour trouver de la nourriture et de revenir sans se perdre à son point de départ, chargé du précieux butin. Cet exploit, des milliards de fourmis l’accomplissent chaque jour partout sur la planète. Et malgré la petite taille de ces insectes, il n’est pas resté longtemps inaperçu des naturalistes… « Au XIX<sup>e</sup> siècle déjà, Darwin s’émerveillait de la façon dont les insectes sociaux, abeilles, fourmis, arrivaient à retrouver leur nid et, dès les années 1880, les scientifiques comme le Français Jean-Henri Fabre se sont employés à déplacer des fourmis et n’ont pu que confirmer leur incroyable sens de la navigation », rappelle Antoine Wystrach, éthologue au Centre de recherches sur la cognition animale1 à Toulouse. La question, dès lors, n’a cessé de se poser : mais comment font-elles ?

    Etude des capacités de navigation des fourmis au Centre de recherches sur la cognition animale. Au XIXe siècle déjà, Darwin s’émerveillait de la façon dont les insectes sociaux arrivaient à retrouver leur nid.

    L’exemple des fourmis d’Australie étudiées par l’éthologue donne un bon aperçu de leurs incroyables compétences. « Sur le terrain, il arrive que le vent souffle fort et que des bourrasques projettent les fourmis à plus de dix mètres sans jamais réussir à les perdre, puisqu’elles retrouvent systématiquement leur nid ! » témoigne le chercheur, qui a décidé de reproduire l’expérience avec un souffleur de feuilles, afin de mieux comprendre les stratégies à l’œuvre. Il a alors observé un drôle de comportement : juste avant d’être soufflées, les fourmis s’accrochent au sol avec leurs pattes et semblent lire leur orientation dans le ciel. « Leurs antennes permettent de détecter la direction du vent par rapport à leur corps – est-ce qu’il vient de leur gauche, de leur droite, de derrière…, explique l’éthologue_. Combinée à la lecture du ciel, cette information leur permet d’en déduire d’où souffle le vent par rapport à celui-ci._ » La preuve par l’expérience : lorsque les chercheurs bloquent leur accès au ciel au moment où elles s’arc-boutent au sol, les fourmis sont dans l’incapacité de retrouver leur chemin.

    La fourmi, le podomètre interne et le compas céleste

    La navigation chez tous les animaux, grands ou petits, combine en réalité deux stratégies universelles : l’intégration du trajet, qui permet à l’animal d’avoir une première estimation de la distance parcourue et de la direction prise, et l’utilisation de repères terrestres mémorisés. « Les fourmis du désert sont les championnes du monde d’intégration du trajet, raconte Antoine Wystrach_. Elles estiment la distance parcourue au nombre de pas qu’elles font – on parle de podomètre interne, car si on les équipe de petites échasses à l’aller et pas au retour, cela brouille leur estimation ! –, et évaluent la direction grâce au compas céleste : la position du Soleil dans le ciel, la polarisation de la lumière (que l’œil humain ne perçoit pas), la variation d’intensité de la lumière dans le ciel, mais aussi le changement subtil de couleurs (plus vert côté soleil, plus ultraviolet de l’autre côté)… sont autant d’indices qui font de ce compas céleste un instrument très fiable_. » Avantage de l’intégration du trajet : cette technique fonctionne dès la toute première sortie du nid. Inconvénient : utilisée seule, elle ne permet pas à la fourmi de retrouver son chemin si elle est déplacée à vingt mètres de son nid.

    C’est là qu’intervient la seconde stratégie : celle des repères terrestres. On ne parle pas ici de mémoriser telle branche ou tel caillou, croisés en chemin… Ce sont en effet des scènes visuelles complètes que les fourmis « impriment » tout au long du parcours. Leur vue à très basse résolution et leur champ visuel à 300 degrés leur permettent d’embrasser toute une scène en un seul coup d’œil, sans détails superflus, et donnent une signature spécifique à chaque endroit traversé.

    « En réalité, ces différentes techniques de navigation sont plus ou moins sollicitées suivant les espèces, explique Antoine Wystrach. Celles du désert feront plus confiance à l’intégration du trajet, tandis que les espèces qui vivent en forêt feront davantage appel aux repères terrestres. Mais c’est bien la redondance des systèmes utilisés qui permet à toutes d’effectuer des trajets de plus en plus précis et de revenir en ligne droite au nid, une fois la nourriture trouvée. » Il n’y a rien de mécanique dans ces comportements : on voit durant la phase de développement des jeunes fourmis leurs compétences en navigation se renforcer à mesure que les jours passent, preuve que l’apprentissage et l’expérience sont primordiaux pour le développement de ces capacités cognitives.


    Les fourmis “enregistrent” des scènes visuelles complètes tout au long du parcours, ce qui leur permet de rebrousser chemin sans se perdre.

    La carte mentale du chimpanzé

    Plus proches de nous génétiquement, nos cousins chimpanzés ont révélé très récemment des qualités de navigation qui dépassent pourtant de loin les aptitudes des humains ordinaires : ils utilisent pour s’orienter une véritable carte spatiale mentale. À l’origine de cette découverte, Christophe Boesch, primatologue, directeur émérite à l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig, en Allemagne, travaille depuis plus de quarante ans au cœur du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire. « C’est un environnement de forêt tropicale humide extrêmement dense, dont la canopée se situe à environ une trentaine de mètres de hauteur. De celle-ci, émergent de grands arbres d’une cinquantaine de mètres de haut, tandis que de plus petits se développent plus bas. Sans boussole, un humain qui décide de s’y aventurer se perd dans les 20 premiers mètres. Mais les chimpanzés, eux, évoluent avec aisance sur des territoires de 25 à 30 kilomètres carrés. »

    Pour comprendre comment ces primates arrivent à s’orienter dans un milieu aussi complexe, une seule solution : se munir de GPS et les suivre dans la forêt dense, afin de cartographier leurs moindres déplacements. Mais pour cela, le chercheur a dû s’armer de patience. À la différence des études menées en captivité, de loin les plus nombreuses chez les primates, étudier les capacités cognitives des grands singes en milieu naturel demande du temps, beaucoup de temps : il faut près de cinq ans pour qu’un groupe de chimpanzés s’habitue à une présence humaine…


    Pour trouver les fruits juteux et sucrés qu’il affectionne, le chimpanzé est capable de parcourir chaque jour une distance de 5 à 10 kilomètres dans la forêt dense.

    Pour trouver sa nourriture favorite, les fruits juteux et sucrés qui poussent surtout sur les grands arbres émergents, les plus rares dans la forêt, le chimpanzé est capable de parcourir chaque jour une distance de 5 à 10 kilomètres dans la forêt humide. « Nous avons fait une carte complète de tous les arbres de la forêt où les chimpanzés vont manger, ce qui représente près de 15 000 végétaux. Puis nous avons retracé tous les trajets des chimpanzés sur ce territoire durant cinq années. Cela nous a permis de voir s’ils allaient au hasard lorsqu’ils quittaient leur nid, ou s’ils avaient un but précis. »

    La notion du temps qui passe

    Résultat : non seulement les singes vont en ligne droite d’un arbre à l’autre, en cheminant au sol, mais ils accélèrent à l’approche de leur destination. Comme s’ils avaient une carte mentale précise de la position des arbres qui les intéressent, mais aussi des distances entre ceux-ci. Autre motif d’étonnement : ils se souviennent de la production de fruits d’un arbre et y reviennent la saison suivante au moment de la fructification. « En forêt tropicale, la fructification des arbres peut être très erratique, complète Christophe Boesch. Certaines espèces produisent des fruits tous les ans, d’autres tous les quatre à cinq ans. Quand les chimpanzés inspectent la forêt et qu’ils repèrent un arbre “ irrégulier” en train de fructifier, ils vont inspecter tous les individus de la même espèce. » Preuve que ces primates ont de solides connaissances botaniques en plus de leurs capacités de navigation, puisqu’ils savent différencier les espèces d’arbres et connaissent leurs cycles. Preuve, aussi, qu’ils ont la notion du temps qui passe et sont capables de se souvenir des événements du passé pour prendre des décisions dans le présent.

    Cette mémoire des événements, dite « mémoire épisodique » (que s’est-il passé, où, quand ?), les humains, qui s’en croyaient les seuls détenteurs, l’ont longtemps refusée aux animaux. Mais comme de nombreux autres supposés « propres de l’homme », force est de constater qu’elle est bien présente dans le monde animal, comme le raconte l’éthologue Christelle Jozet-Alves, au laboratoire d’Éthologie humaine et animale2 à Caen. « Depuis le début des années 1970 et les études menées chez l’humain après des traumatismes cérébraux, on fait la distinction entre deux types de mémoire, explique la chercheuse. La mémoire sémantique, qui est la mémoire factuelle de toutes les connaissances que nous avons sur le monde qui nous entoure, et la mémoire dite “épisodique”, qui est la mémoire des événements personnellement vécus et ancrés dans un contexte spatio-temporel. C’est cette mémoire épisodique qui est par exemple défaillante chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. »


    Le geai buissonnier a pour habitude de cacher sa nourriture dans une centaine de cachettes différentes et de la récupérer parfois jusqu’à une année plus tard.

    Faute de pouvoir interroger les animaux pour savoir s’ils avaient des souvenirs, on s’était imaginé que ceux-ci en étaient dépourvus… Jusqu’à la petite révolution intervenue à la fin des années 1990 : un travail mené à Cambridge sur les geais buissonniers, une espèce de corvidés qui a pour habitude de cacher sa nourriture dans une centaine de cachettes différentes et de la récupérer parfois jusqu’à une année plus tard. « En leur fournissant à la fois des vers frais, leur péché mignon, et des noix, on s’est rendu compte qu’une fois passée la date de péremption des vers frais, qui ne présentaient alors plus d’intérêt pour eux, les oiseaux ne ciblaient plus que les cachettes où ils avaient placé les noix. Preuve qu’ils ont la notion du temps qui passe, et des souvenirs spatio-temporels précis. »

    Questions pour une seiche

    Christelle Jozet-Alves s’est intéressée, elle, à un tout autre genre d’animaux : les céphalopodes. « Si on connaissait leurs exceptionnelles capacités de camouflage, les scientifiques ne s’attendaient pas à grand-chose sur le plan des capacités cognitives de ces invertébrés », raconte la chercheuse, qui a pourtant réussi à démontrer dès 2013 qu’on les avait sous-estimés : quand il s’agit de déguster sa nourriture préférée, en l’occurrence la crevette par opposition au crabe, la seiche démontre qu’elle a tous les attributs d’une mémoire de type épisodique. Elle est capable de faire des voyages mentaux dans le passé, mais aussi dans le futur, pour prendre des décisions dans le présent. Ainsi, quand les seiches qui évoluent dans les aquariums du laboratoire ont la possibilité de manger des crevettes le soir, et qu’on leur présente du crabe dans la journée, elles finissent par délaisser le crabe pour ne manger que les crevettes du soir ; mais si la présence de crevettes le soir devient imprévisible, il leur faut trois jours à peine pour changer de comportement et manger systématiquement le crabe qu’on leur présente en journée.


    La seiche possède une mémoire remarquable des événements du passé.

    Jamais en manque d’inspiration, les chercheurs vont même jusqu’à poser des questions aux seiches afin de tester leurs souvenirs ! Comme dans cette expérience où la seiche doit toucher avec un tentacule l’un des trois panneaux qu’on lui présente – chaque panneau portant un symbole différent. « On la met dans trois situations : soit face à une proie enfermée dans un tube (stimulus visuel), soit face à une odeur (stimulus olfactif), soit on lui présente un tube vide et pas d’odeur (rien, donc), et après une période d’apprentissage, la seiche arrive sans peine à désigner le panneau correspondant à chaque situation », rapporte Christelle Jozet-Alves.

    Une mémoire liée au mode de vie

    L’expérience en tant que telle peut alors débuter : l’éthologue refait l’exercice, puis tourne les talons sans poser de question. Trois heures plus tard, elle revient et présente deux panneaux seulement, « je vois » ou « je sens », sans refaire de manipulation. La logique voudrait que la seiche désigne le panneau « rien », mais celui-ci n’est pas proposé… Comprenant qu’on l’interroge sur le précédent exercice, le céphalopode désigne alors le panneau correspondant à ce qui s’est produit trois heures plus tôt.

    En matière de déduction, Sherlock Holmes ne ferait pas mieux ! « On a fait cette expérience avec plusieurs individus, une fois par individu, et on a eu 100 % de succès », s’émerveille encore la chercheuse, qui explique l’excellente mémoire de la seiche par son mode de vie très particulier : « La seiche vit 23 heures sur 24 camouflée et se déplace une heure par jour seulement pour chercher sa nourriture, car elle a énormément de prédateurs. Durant ce laps de temps très court, elle doit savoir exactement où aller, quand, et revenir au plus vite à son point de départ. »

    Fascinée depuis l’enfance par les céphalopodes, Christelle Jozet-Alves témoigne avoir changé de regard sur ces animaux depuis qu’elle a découvert leurs remarquables capacités cognitives et ne cache pas les contradictions auxquelles son métier l’expose : « La captivité permet de faire progresser la connaissance et le regard que l’on porte sur cet animal, mais elle pose en retour au chercheur que je suis de vraies questions éthiques. » ♦

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    De l’animal-machine à l’animal sujet
    Etonnantes cultures animales
    Les animaux, des êtres sensibles

    Source : lejournal.cnrs.com

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    Une fois en hauteur, le gigantesque avion porteur de Virgin Galactic largue le vaisseau (cliché), un avion-fusée qui ressemble à un gros jet privé (archives).

    L’entreprise américaine Virgin Galactic a annoncé vendredi avoir envoyé trois touristes spatiaux dans l’espace pour un vol d’environ une heure. Il s’agit de son quatrième en quatre mois.

    Les passagers de la mission Galactic 03 avaient été parmi les premiers à acheter leurs billets à la compagnie fondée par le milliardaire britannique Richard Branson en 2004.

    Les entrepreneurs Ken Baxter, de nationalité américaine, et Timothy Nash, né en Afrique du Sud, ainsi que l’ingénieur britannique Adrian Reynard ont pris place à bord du vaisseau VSS Unity, accompagnés de l’astronaute Beth Moses.

    Ces voyages très particuliers se font à l’aide d’un gigantesque avion porteur, qui décolle de la base de Spaceport, dans le désert de l’Etat américain du Nouveau-Mexique. Une fois en hauteur, il largue le vaisseau, un avion-fusée qui ressemble à un gros jet privé. Celui-ci allume alors son moteur pour atteindre 85 km d’altitude, offrant à ses passagers quelques minutes en apesanteur.

    450’000 dollars la place

    La mission de vendredi s’est envolée à 08h34 locales (16h34 en Suisse) pour atterrir à 09h36, avec, entre-temps, un pic à 89 km d’altitude.

    Virgin Galactic est en concurrence avec l’entreprise du milliardaire Jeff Bezos, Blue Origin, qui propose, elle aussi, des vols suborbitaux courts. Elle a déjà envoyé 31 personnes dans l’espace.

    Mais depuis un accident en septembre 2022 lors d’un vol non habité, sa fusée est clouée au sol. Blue Origin avait promis en mars de reprendre ‘bientôt’ ses vols spatiaux.

    Virgin Galactic prévoit des vols spatiaux commerciaux mensuels. La compagnie a vendu environ 800 billets, soit 600 entre 2005 et 2014 pour 200’000 à 250’000 dollars et 200 depuis lors à 450’000 dollars pièce.
    /ATS

    Source: https://www.lemanbleu.ch/Scripts/Index.aspx?id=227909

  • Toucher l’énergie du vide

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    Selon la théorie quantique, le vide est en réalité plein d’énergie. Une expérience s’apprête à démontrer qu’il peut même ralentir et dévier la lumière.

    Selon le philosophe grec Aristote, le vide ne pouvait pas exister. Plus prosaïquement, on serait tenté d’affirmer que le vide est ce qui reste lorsqu’on a tout retiré, c’est-à-dire rien. Mais selon la mécanique quantique, même lorsque l’on a vidé un cube d’espace de tout son contenu matériel, il reste quand même quelque chose… Un concentré d’énergie qui, loin de n’être rien, a même des effets tangibles. L’un d’eux, prédit par Werner Heisenberg, l’un des pères de la théorie quantique, et son ancien doctorant Hans Heinrich Euler, dispose que soumis à un champ magnétique de forte intensité, le vide est susceptible de ralentir et de dévier la lumière… alors même que, dans le vide, la lumière est censée se propager en ligne droite et… à la vitesse de la lumière.

    Pour déroutante que soit cette prédiction, une équipe de physiciens emmenée par Xavier Sarazin, au Laboratoire de physique des 2 infinis - Irène Joliot-Curie1 (IJCLab), prépare actuellement l’expérience DeLLight dont l’objectif est de mettre en évidence le phénomène. En manifestant l’étrangeté du vide quantique, elle réaffirmera la centralité de ce « milieu » pour avancer sur l’ensemble des questions fondamentales que la physique peine encore à expliquer.

    Une énergie paradoxale

    Dès les premières versions de la mécanique quantique, au début du siècle dernier, les équations de la nouvelle théorie font apparaître des termes mathématiques qui intriguent les physiciens.

    Avec l’avènement de l’électrodynamique quantique, les physiciens comprennent que même vidé de toute substance, l’espace demeure empli de particules dites « virtuelles » qui surgissent sans cesse des recoins de l’espace-temps avant de disparaître sans même s’être matérialisées.

    En 1916, Walther H. Nernst est le premier à comprendre qu’ils correspondent à des situations où, même en l’absence de tout rayonnement, des fluctuations du champ électromagnétique pourtant nul en moyenne, subsistent dans l’espace. Les décennies suivantes, avec l’avènement de l’électrodynamique quantique, les physiciens comprennent que même vidé de toute substance, l’espace demeure empli de particules dites « virtuelles » qui surgissent sans cesse des recoins de l’espace-temps avant de disparaître sans même s’être matérialisées. Pour virtuelles que soient ces particules, une énergie leur est néanmoins associée, l’énergie du vide, dont les effets sont, eux, bien réels.


    Vue d’artiste des fluctuations du vide quantique.

    À dire vrai, sur le plan théorique, la situation est plus qu’inconfortable. Les calculs montrent en effet que l’énergie du vide est infinie ! Pour autant, expérimentalement, seule compte la différence d’énergie entre deux configurations. Si bien qu’en pratique, il est possible de mettre sous le tapis ce que les spécialistes appellent déjà la « crise du vide », tout simplement en ramenant arbitrairement l’énergie du vide à « 0 ».

    Particules virtuelles, effets tangibles

    Ainsi, dès les années 1940, calculs et expériences démontrent que la valeur du moment magnétique de l’électron est liée à la mer de particules virtuelles dans laquelle baignent les corpuscules matériels. Plus tangible, en 1948, Hendrik Casimir montre qu’entre deux miroirs se faisant face dans un vide intégral, de la même manière qu’une guitare ne vibre qu’à certaines fréquences, seules certaines fluctuations du vide sont possibles. En revanche, une telle limitation n’a pas cours en dehors de la cavité. Conséquence : les miroirs subissent une pression telle qu’ils ont tendance à se rapprocher l’un de l’autre, ce qui a été confirmé dès 1958.

    L’effet du vide prédit par Heisenberg et Euler dès 1936 demeure le plus étonnant : en s’y propageant, la lumière voit sa vitesse ralentir et sa trajectoire déviée, exactement comme si elle passait à travers une lentille.

    Mais c’est sans doute l’effet du vide prédit par Heisenberg et Euler dès 1936 qui demeure le plus étonnant. En présence d’un champ magnétique de très forte intensité, tout se passe comme si le vide acquerrait une forme de matérialité : en s’y propageant, la lumière voit sa vitesse ralentir et sa trajectoire déviée, exactement comme si elle passait à travers une lentille. « De manière imagée, c’est un peu comme si le vide, sous l’effet d’un champ magnétique intense, devenait plus dense », explique Xavier Sarazin.

    Dans le langage de la physique, on dit que son indice optique est modifié. Dans une lentille, c’est le résultat de la présence de charges électriques bien réelles. Dans le cas du vide, c’est une manifestation de la polarisation sous l’effet du champ des particules virtuelles.

    Un laser intense pour surmonter les bruits résiduels

    L’effet dont il est question est néanmoins infinitésimal. Dans les années 1960, le physicien anglais Reginald V. Jones a tenté de le mettre en évidence avec un champ de 1 tesla, sans résultat. « C’était une très belle expérience, mais très exploratoire », commente Xavier Sarazin. À la suite, d’autres expériences ont été menées jusqu’à récemment. Mais à ce jour, les bruits résiduels demeurent dix fois plus intenses que le signal attendu.

    Pour aller plus loin, plutôt que de travailler avec des champs magnétiques continus dont l’intensité demeure limitée, le physicien français et ses collègues de DeLLight proposent d’utiliser le champ magnétique produit par une impulsion lumineuse ultra brève et très énergétique. Précisément, en utilisant les impulsions produites par l’installation Laserix qui délivre des impulsions de 50 femtosecondes et de 2 joules, et en les focalisant dans un volume d’une dizaine de microns de côté, les calculs montrent qu’il est possible d’engendrer un champ magnétique de 10<sup>5</sup> teslas. Si on parvient alors à y faire passer juste au bon moment une autre impulsion, cette dernière verra sa trajectoire déviée, comme si elle traversait une minuscule lentille.


    Faisceaux laser de l’interféromètre de l’expérience DeLLight. L’installation LASERIX permet de produire des impulsions laser de très haute intensité.

    Minuscule, c’est peu dire : la déviation attendue est de 10<sup>-10</sup> mètre (la taille d’un atome) après 1 kilomètre de propagation. Impossible à mettre en œuvre et à mesurer ! D’où la seconde idée des expérimentateurs : amplifier le signal en faisant interférer une impulsion déviée avec une autre qui ne l’aura pas été. Ce faisant, on réalise une expérience de franges d’interférence dont les caractéristiques sont reliées à la déviation originelle. De cette manière, « l’intensité du signal doit être multipliée par un facteur 250, de quoi engendrer une déviation d’un centième de nanomètre sur une distances de quelques dizaines de centimètres », détaille l’expérimentateur. C’est peu, mais en répétant l’expérience toute une journée, à raison de dix impulsions par seconde, les estimations montrent que l’on doit pouvoir accumuler assez de signal pour l’extirper du bruit expérimental.

    Le vide supraconducteur ?

    Pour l’heure, l’expérience est en cours de préparation. « Entre 2019 et 2022, nous avons réalisé les premiers prototypes de notre interféromètre, et après avoir caractérisé l’ensemble des bruits expérimentaux, nous avons observé une déviation telle qu’attendue dans l’air, explique Xavier Sarazin qui ajoute : nous devons désormais installer notre interféromètre dans une salle dédiée afin de diminuer encore les vibrations, et par ailleurs augmenter la focalisation des impulsions. » Objectif : acquérir de premières données dans le vide en 2025.


    Vue de l’expérience DeLLight avec l’enceinte à vide ouverte sous un flux laminaire. On devine l’interféromètre à l’intérieur.

    Pour Maxim Chernodub, à l’Institut Denis Poisson2, à Tours, « dans le cas du moment magnétique de l’électron, la mise en évidence des effets du vide est indirecte. Par ailleurs, dans le cas de l’effet Casimir3, on met en jeu un élément matériel à travers les plaques réfléchissantes. Mais là, il n’y a que de la lumière et du vide, ce qui confère à cette expérience une très grande profondeur. En cas de succès, elle nous placerait face à toute l’étrangeté du vide quantique ». En l’occurrence face au fait que le vide, sous certaines conditions, acquiert des propriétés qui sont normalement celles de la matière.

    Plus étrange encore, Maxim Chernodub a calculé il y a une dizaine d’années que sous l’effet d’un champ magnétique d’environ de 10<sup>20</sup> teslas, le vide devrait se comporter comme un solide supraconducteur, c’est-à-dire un matériau dans lequel un courant électrique se propage sans aucune résistance. « C’est déroutant, commente le théoricien. Car en même temps, le vide n’a rien d’un objet ordinaire. En particulier, lorsqu’on se déplace dans le vide, celui-ci demeure d’une certaine manière immobile, ce qui a pour conséquence que la vitesse de la lumière dans le vide est la même pour tous les observateurs, quel que soit leur vitesse, un constat aux fondements de la théorie de la relativité d’Einstein. »

    Le vide, ombre de notre ignorance

    Sans que cela interdise que la vitesse de la lumière puisse varier quand on fait interagir deux impulsions de lumière se propageant en sens inverse, ce que Xavier Sarazin s’apprête justement à démontrer… « Notre objectif est de montrer à quel point, dès lors que l’on s’intéresse au vide, on touche aux fondements de même qu’aux limites de notre compréhension de l’univers matériel », prolonge l’expérimentateur.


    Représentation de l’évolution de l’Univers depuis le Big Bang il y a 13,7 milliards d’années.

    Et pour cause, si l’on se souvient que la valeur de l’énergie du vide donnée par la théorie quantique est infinie, « c’est un signe de l’incomplétude de cette dernière », analyse Maxim Chernodub. Et de fait, les physiciens savent depuis des décennies qu’elle est notamment incompatible avec la relativité générale, théorie qui décrit l’évolution de l’Univers à grande échelle. La crise a même pris en 1998 une tournure quasi dramatique.

    En 1998, deux équipes indépendantes d’astrophysiciens ont montré que l’expansion de l’Univers accélère. On ne sait pas pourquoi, si ce n’est que tout se passe comme si le vide lui-même était le moteur de cette accélération.

    Cette année-là, deux équipes indépendantes d’astrophysiciens ont montré que l’expansion de l’Univers accélère. On ne sait pas pourquoi, si ce n’est que tout se passe comme si le vide lui-même était le moteur de cette accélération. À ceci près que la valeur de l’énergie du vide déduite des observations astrophysiques est au minimum 10<sup>115</sup> ordres de grandeur plus faible que celle obtenue théoriquement dans le cadre de la théorie quantique, dès lors qu’on parvient à régulariser en partie la catastrophe des infinis. Comme si l’infiniment petit d’un côté, et l’infiniment grand de l’autre renvoyaient chacun à des réalités totalement irréconciliables.

    Ainsi, le vide est bien le signe que de l’univers matériel, quelque chose nous échappe complètement. Il y a une quinzaine d’années, Álvaro de Rujula, au service de physique théorique du Cern, à Genève, nous avait confié en plaisantant que la crise du vide est à ce point sévère que « chaque physicien qui ne consacre pas au moins une heure par jour à ce problème devrait être jeté en prison ! » De leur côté, les physiciens de DeLLight s’apprêtent à explorer l’un des interstices d’où pourrait surgir une piste permettant de sortir de l’ornière. Une chose est certaine, contre Aristote, il est définitivement impossible d’affirmer que le vide n’existe pas, bien au contraire.♦

    Source : lejournal.cnrs.fr

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    Une tortue marine est venue pondre à Fréjus-Plage vers 3h30 dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 juillet. • © S. Jamme, aquanaute

    “Du jamais-vu en France !”: en trois semaines, des Alpes-Maritimes à l’Hérault, six tortues marines de l’espèce protégée Caouanne ont choisi les plages françaises pour faire leur nid. Cette multiplication des pontes pourrait être due au réchauffement des eaux de la Méditerranée.

    Une tortue marine est venue pondre à Fréjus-Plage vers 3h30 dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 juillet. Une autre avait fait la une des médias début juillet dans les Alpes-Maritimes. Pour la première fois, une plage de ce département était choisie pour devenir un lieu de ponte.

    Puis, c’est à Porquerolles que des agents de nettoyage de la plage qui ont fait la découverte le 15 juillet au matin.

    En trois semaines, dans les Alpes-Maritimes, le Var et l’Hérault, six tortues marines Caounne de l’espèce protégée Caouanne ont choisi les plages françaises pour mettre au monde.

    “On se pose beaucoup de questions”, reconnaît auprès de l’AFP Céline Ferlat, chargée de mission au Centre d’étude et de sauvegarde des tortues marines de Méditerranée, basé au Grau-du-Roi (Gard).

    A chaque fois, des barrières de protection ont été installées et un arrêté municipal interdit de pénétrer dans un périmètre d’environ 10 m2 pendant la période d’incubation, d’une durée moyenne de 55 jours, qui s’achèvera si tout se passe bien par la périlleuse course à la mer des bébés tortues.

    Porter atteinte au site et aux œufs est passible d’un délit.
    Porter atteinte au site et aux œufs est passible d’un délit. • © Martin Falaizeau FTV

    Une augmentation des pontes

    Si ces sites de pontes suscitent de la curiosité (gardez vos distances !), ils interrogent les spécialistes.

    En Méditerranée, la Grèce, la Turquie, la Libye ou Chypre sont les zones de reproduction traditionnelles des tortues Caouanne, des animaux migrateurs de 90 cm et 150 kg à l’âge adulte qui ne sortent de l’eau que pour pondre leurs oeufs sur une plage de sable, dans un trou qu’elles creusent puis recouvrent avec leurs nageoires.

    Depuis une dizaine d’années, on constate une augmentation des pontes en Italie et en Espagne. En France, où on avait une ponte tous les ans ou tous les deux ans, l’augmentation est vraiment marquée cette année,

    Céline Ferlat, chargée de mission au Centre d’étude et de sauvegarde des tortues marines de Méditerranée.

    “C’est encourageant en termes d’évolution favorable des populations, reste à voir comment les tortillons vont grandir et évoluer”, ajoute-t-elle.

    Quatre pontes de tortues marines ont été observées ces dernières années, à Saint-Aygulf (Var) en 2016, à Villeneuve Les Maguelone (Hérault) en 2018, à Fréjus (Var) en 2020 et à Valras (Hérault) en 2022.

    https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1JGw9P6XEClyLlv6JHWVdOlNfxNMP0NI&femb=1&ll=43.417949846441%2C5.207333499999995&z=8

    Les nids déposés en Méditerranée occidentale sont-ils viables ? La température du sable est-elle suffisante ? Certaines tortues marines seraient-elles en train de coloniser de nouveaux habitats de ponte  ?

    “Deux hypothèses” pourraient expliquer la présence accrue de la tortue, selon Sidonie Catteau, coordinatrice du RTMMF et cheffe de projet “Tortue marine” à l’Association Marineland à Antibes : d’abord “le réchauffement climatique, qui entraîne un réchauffement des eaux de surface et donc un changement des courants”, et ensuite “l’évolution naturelle des sites de ponte, avec des sites qui disparaissent et d’autres qui apparaissent”.

    L'endroit où la tortue a été observée la première fois par des promeneurs le dimanche 2 juillet vers minuit.
    L’endroit où la tortue a été observée la première fois par des promeneurs le dimanche 2 juillet vers minuit. • © Martin Falaizeau FTV

    Au-delà des tortues, les scientifiques relèvent la présence “sporadique” d’autres espèces peu communes sous nos latitudes, comme le béluga dans la Seine en 2022 ou des pingouins torda, observés l’hiver dernier sur la Côte d’Azur et en Corse.

    https://www.instagram.com/reel/Cll5e-OLnnq/?utm_source=ig_web_copy_link

    Le pingouin torda vit “plutôt en Europe du Nord et hiverne dans le sud du bassin méditerranéen”, explique Isabelle Brasseur, responsable recherche et conservation du Marineland d’Antibes, qui a participé au sauvetage du béluga.

    Cet afflux inhabituel est constaté de l’Espagne au Sud-Est de la France, en passant par la Corse. “Ces oiseaux pélagiques (de haute mer, NDLR) ne viennent en principe à terre que pour se reproduire. Le reste du temps, ils sont adeptes de la tempête, des embruns, de la haute mer, donc c’est assez étonnant de les voir ici”, expliquait alors Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue française pour la protection des oiseaux.

    “Je suis en Grèce”

    Avant qu’un phénomène devienne “significatif”, il faut “une répétition d’événements sur plusieurs années consécutives et, à l’heure actuelle, pour les différentes espèces, il n’y a pas eu assez de répétition d’événements pour qu’on puisse évoquer un changement de distribution de la population”, tempère encore Isabelle Brasseur, responsable recherche et conservation du Marineland d’Antibes

    Au moment où la température de la Méditerranée atteint des niveaux record, les tortues venues sur la Côte d’Azur peuvent se dire “je suis en Grèce”, leur lieu habituel de ponte.

    Source : france3-regions

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    C’est bien beau mais vu qu’ils sont pas armés, les méchants ont rien à craindre

  • Jupiter, rien que pour vos yeux

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    Lors de son 40e passage rapproché par Jupiter, la sonde spatiale Juno a vu Ganymède projeter une grande tache sombre sur la planète le 25 février 2022.

    Crédit d’image : Données : NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS ; Traitement d’images : Thomas Thomopoulos.

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    Dans les fratries, les jeunes babouins de la réserve de Tsaobis (Namibie) semblent avoir des réactions de jalousie qui interpellent les scientifiques.

    Les travaux sur les émotions ressenties par les animaux dévoilent une vie psychique riche et des liens sociaux qui vont jusqu’au deuil. Troisième volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science.)

    On sait depuis longtemps que les larmes du crocodile n’ont rien à voir le chagrin, mais il n’est plus interdit de penser que certains poissons éprouvent de véritables peines de cœur. C’est en tout cas ce qu’affirme une équipe de biologistes du laboratoire Biogéosciences1, à Dijon, preuves à l’appui. Chloé Laubu, Philippe Louâpre et François-Xavier Dechaume-Montcharmont ont ainsi décrit récemment comment le cichlidé zébré, petit poisson bleuté d’Amérique centrale, en l’occurrence une femelle, perdait manifestement tout enthousiasme dès qu’on la séparait de son compagnon mâle, apportant la preuve expérimentale que les animaux éprouvent des émotions complexes.

    Si chacun d’entre nous peut se convaincre tous les jours au contact de son chien ou de son chat que les animaux expérimentent la joie, la colère ou la tristesse, cette intuition reste très liée à notre vécu. Sujet complexe s’il en est, l’exploration des émotions animales reste en effet un défi pour la science, alors que les recherches ne cessent de s’intensifier depuis que l’éthique et la souffrance animales sont devenues des sujets de société.


    Le cichlidé zébré femelle perd son optimisme lorsqu’on la sépare de son compagnon mâle : elle ne prend plus la peine de soulever le couvercle d’une boîte potentiellement remplie de friandises.

    Ce sont d’ailleurs les protocoles initialement imaginés dans les années 1990 pour étudier le bien-être des animaux d’élevage qui ont rendu possible l’observation des émois amoureux du cichlidé zébré : en l’occurrence, le protocole du verre à moitié vide et du verre à moitié plein, qui permet d’identifier les individus plutôt optimistes et ceux qui sont plutôt pessimistes. « On apprend aux poissons à ouvrir le couvercle de deux boîtes, l’une contenant une petite friandise et dotée d’un couvercle noir, l’autre vide et dotée d’un couvercle blanc, raconte Chloé Laubu. Ce n’est pas un geste habituel pour eux, l’exercice est fastidieux et suppose de leur part une vraie motivation. » On remplace ensuite les deux boîtes par une troisième, au couvercle gris, donc au contenu incertain. Les poissons qui tentent quand même leur chance sont déclarés optimistes, les autres pessimistes. On place alors des femelles à proximité de mâles pour qu’elles forment un couple stable avec l’un d’entre eux. Si on les prive ensuite de la présence de ce mâle, elles deviennent pessimistes dans le sens où elles renoncent à ouvrir le couvercle gris. Preuve, selon la chercheuse, que l’état émotionnel se modifie selon la présence ou l’absence de son partenaire.

    Démonstrations d’empathie

    Les affinités entre individus sont donc bien réelles. Si la protection d’une mère pour son petit est un comportement communément admis dans le règne animal, les primatologues observent de longue date les liens qui se tissent ou non entre individus d’un même groupe. On sait aussi que les vaches préfèrent toujours paître avec les mêmes « copines » et que leur comportement se modifie si l’on modifie les groupes. Depuis le début des années 2000, on s’intéresse de manière plus expérimentale à ces liens d’attraction. Des expériences ont montré, par exemple, qu’ils s’exprimaient chez des oiseaux, les cailles notamment : placés au bout d’un tapis roulant à contresens, de jeunes cailleteaux déploient toute leur énergie pour rejoindre certains de leurs congénères, réunis à l’autre bout du local, lorsque d’autres les laissent totalement indifférents.


    Biologiste du comportement, Alain Boissy travaille depuis plus de vingt ans sur les émotions des animaux d’élevage.

    Au-delà des liens d’affinité ou de parenté, les scientifiques constatent qu’il existe aussi de véritables comportements d’empathie chez de nombreuses espèces. « Certains animaux se soucient de ce qui arrive aux autres et sont capables d’entraide, confirme Dalila Bovet, éthologue au laboratoire Éthologie, cognition, développement, à l’université Paris-Nanterre. Cela ne relève pas simplement de l’anecdote, ce sont des compétences avérées par des protocoles expérimentaux. » L’une d’entre elles joue sur la gourmandise des rats, grands amateurs de chocolat. Un premier rat peut accéder sans difficulté à sa friandise préférée, mais pas l’un de ses camarades, piégé dans un enclos très réduit. Au lieu de se précipiter sur le chocolat, le premier rat va d’abord délivrer son congénère, et cela sans même obtenir de récompense supplémentaire. Cela peut même se vérifier sans récompense à la clé : le premier rat cherchera à délivrer son compagnon avant de reprendre ses occupations.

    Sens de la justice

    « Cet altruisme purement gratuit se manifeste même chez des animaux qui ne sont pas apparentés ou qui ne se rendront jamais la pareille. On peut aller dans certains cas jusqu’à parler d’un sens de la justice chez les animaux », poursuit la chercheuse, qui fait référence ici aux expériences du primatologue néerlandais Frans de Waal. Celui-ci a fait travailler deux chimpanzés, avec comme récompense des jetons donnant droit à du concombre. Mais lorsque le chercheur donne du raisin, meilleur que le concombre, à l’un des deux singes, l’autre refuse de travailler, sans doute saisi, selon certains chercheurs, par un sentiment d’injustice.

    Une autre primatologue, Élise Huchard, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive2 de Montpellier, s’intéresse désormais à la jalousie, car elle est convaincue qu’il s’agit là d’une porte d’entrée pour mieux comprendre le vécu émotionnel des animaux. Au sein d’une population de babouins qu’elle suit depuis plus de vingt ans au cœur de la réserve de Tsaobis, en Namibie, elle tente de décrypter les réactions de jalousie parmi les fratries. « Lorsqu’une mère toilette l’un de ses petits, elle lui manifeste de l’attention et de l’affection, raconte la chercheuse. Or, il arrive que l’un de ses autres petits vienne interférer dans l’opération. Nous essayons de comprendre s’il fait cela simplement pour rediriger le toilettage vers lui ou plutôt pour perturber celui de son frère ou de sa sœur, en un mot pour nuire à la relation qu’il ou elle entretient avec sa mère, par jalousie. D’après ce que nous pouvons observer, c’est plutôt cette seconde hypothèse qui doit être retenue. »

    Sentiments amoureux, jalousie, empathie… La recherche réussit à cerner chez l’animal des vécus plus complexes que de simples émotions de joie ou de tristesse. Les animaux sont des êtres sensibles, présents au monde comme de véritables sujets, même si en apporter la démonstration reste un vrai défi. « Comme dans le cerveau humain, on sait que les animaux vertébrés possèdent un système limbique, les structures neuronales qui gèrent les émotions et la mémoire, explique le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont les mêmes vécus que nous, d’autant que notre système de perception est différent, voire très différent : comment repérer les émotions que ressent un animal face à une couleur ou une odeur que nous-mêmes ne percevons pas ? »

    Un individu, une émotion

    Alain Boissy, biologiste du comportement des animaux, a ouvert une autre voie, davantage fondée sur la psychologie cognitive. À l’occasion de travaux réalisés pour le compte de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) sur le bien-être animal à partir des années 2000, il a été amené à évaluer le rôle de la cognition dans les réactions émotionnelles. « Des expériences en psychologie humaine ont montré, explique-t-il, que face à une situation donnée, tout individu traite l’information de façon quasi automatique et inconsciente pour évaluer s’il s’agit de quelque chose de nouveau, de soudain, d’agréable ou au contraire de désagréable, et s’il peut exercer un quelconque contrôle sur la situation. Ce processus d’évaluation permet de comprendre pourquoi deux individus, confrontés aux mêmes circonstances, ne ressentent pas nécessairement la même émotion ou la même intensité d’émotion. »

    Lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde de la même manière. Ce biais systématique dans son jugement entretient un état d’humeur négatif qui persiste dans le temps.

    Le chercheur a validé l’existence de ce processus chez des agneaux en modulant une caractéristique dans leur environnement : nouveau par rapport à familier, soudain par rapport à lent, prévisible contre imprévisible, contrôlable versus incontrôlable, etc. Ainsi, après avoir appris aux agneaux à appuyer sur un poussoir pour déclencher une distribution d’aliments d’une quantité donnée, le simple fait de diminuer par quatre cette récompense provoque un mouvement de retrait de la tête et un temps de latence avant que l’animal commence à manger. « Lorsque l’agneau est testé une seconde fois, il est moins enclin à appuyer sur le poussoir, contrairement à ses congénères qui continuent de recevoir la quantité initiale, raconte Alain Boissy. Ce qui indique que l’agneau agit sur le poussoir avec l’intention d’obtenir une quantité donnée d’aliments. Si la situation ne répond plus à ses attentes, il éprouve une émotion négative, inférée ici par la modification subtile de son comportement et des modifications transitoires de son activité cardiaque. »

    Une vie psychique réelle

    Des signes comportementaux et physiologiques qui expriment une réelle vie psychique chez les animaux, au même titre que celle connue chez les humains. Sans chercher à plaquer notre propre lecture psychologique sur les réactions des animaux non humains, le biologiste constate que des réactions de peur de l’animal sont souvent liées à ce qu’il perçoit comme nouveau et soudain, de la frustration est ressentie quand la situation qui a changé ne satisfait plus ses propres attentes ou, inversement, de la joie si la situation répond au-delà de ses attentes.


    Un zèbre essaie de « réveiller » une femelle gestante morte lors de la mise bas (parc d’Etosha, Namibie).

    Dans quelle mesure l’émotion provoquée par un changement influence-t-elle alors la façon dont l’animal analyse la situation à laquelle il fait face ? C’est de cette question que sont nés les travaux entrepris sur les animaux inspirés du principe du verre à moitié vide ou à moitié plein évoqué plus haut. « On montre que lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde comme peut le faire un autre individu non soumis à ces expériences émotionnelles. Ce biais systématique dans son jugement entretient par inertie un état d’humeur négatif qui persiste malgré une amélioration éventuelle de son environnement », explique Alain Boissy.

    Un état psychique qu’on peut alors qualifier de véritable souffrance animale, qui va bien au-delà de la simple douleur physique, et que les autres animaux du groupe sont d’ailleurs capables de percevoir. Les bovins, qui ont un bulbe olfactif très développé, ont la capacité de percevoir des substances odorantes déclenchées par le stress d’un individu, ce qui entraîne des réactions d’alerte dans le troupeau. Une vache pourra ainsi hésiter à entrer dans un enclos où l’une de ses congénères a souffert auparavant.

    La question du deuil

    Quelle est l’intensité ou la profondeur de ces sentiments ? La question reste ouverte, mais depuis les années 2010, les chercheurs n’hésitent plus à l’aborder frontalement en s’interrogeant sur la question du deuil et sur les réactions des animaux face à la mort d’un proche. Une orque qui porte à la surface de l’eau son petit mort-né pendant dix-sept jours, une femelle chimpanzé qui semble vouloir ranimer le petit qu’elle vient de perdre… Les récits ne manquent pas, mais ont longtemps relevé de l’anecdote.

    Les observations s’accumulent, qui donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche.

    Désormais, l’attitude de l’animal face à la mort est étudiée au sein de la thanatologie comparée. Élise Huchard, qui la documente dans le cadre de son projet de recherche sur les babouins, explique qu’il y a « une composante émotionnelle – on parle de deuil chez les humains –, mais aussi une composante cognitive, qu’étudie ma collègue Alecia Carter, en déployant des expériences simples sur le terrain, à savoir le concept de mort qu’ont les animaux. Celui-ci est complexe et implique, entre autres traits, que la mort ait une cause, qu’elle soit irréversible ou encore universelle, en un mot la conscience de la mort ».

    Comme dans le cas de la jalousie, les deux chercheuses observent les comportements des babouins lorsque la mort d’un individu survient au sein du groupe. Elles constatent par exemple que si un petit encore accroché en continu au pelage de sa mère meurt, celle-ci le porte parfois avec un bras, parfois avec la bouche, pendant plusieurs jours, ce qui lui demande un réel effort et complique ses gestes habituels et les longs déplacements qu’elle doit faire pour se nourrir. La mère, parfois aussi le père, continue à protéger le petit cadavre des autres adultes et à le toiletter. De telles observations, encore parcellaires, s’accumulent pour différentes espèces et donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche socialement. L’étude, effectuée sur le terrain, sera forcément de longue haleine, mais ses résultats pourraient dévoiler un peu plus, encore, toute la richesse de la vie psychique de l’animal. ♦

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    Etonnantes cultures animales

    Source : lejournal.cnrs.fr

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    L’Inde a fait décoller samedi la dernière mission de son ambitieux programme spatial pour un voyage vers le centre du système solaire.

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    La sonde Aditya-L1 a été lancée depuis le Satish Dhawan Space Centre à Sriharikota, le 2 septembre 2023. AFP

    L’Inde a fait décoller samedi la dernière mission de son ambitieux programme spatial pour un voyage vers le centre du système solaire, une semaine après avoir réussi à poser un véhicule sans équipage près du pôle sud de la Lune. La sonde Aditya-L1, «Soleil» en hindi, a été lancée à 11h50 (8h20 en Suisse), et une retransmission télévisée en direct a montré des centaines de spectateurs applaudissant à tout rompre dans le bruit assourdissant de l’ascension de la fusée.

    «Le lancement a réussi, tout est normal», a annoncé un responsable de l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO) depuis le centre de contrôle de la mission, pendant que le vaisseau se dirigeait vers les hautes sphères de l’atmosphère terrestre. La mission transporte des instruments scientifiques pour observer les couches extérieures du Soleil au cours d’un voyage de quatre mois.

    Les États-Unis et l’Agence spatiale européenne (ESA) ont déjà placé sur orbite des engins pour étudier le Soleil, à commencer par le programme Pioneer de la NASA dans les années 1960, mais il s’agira d’une première pour l’Inde. Le Japon et la Chine ont tous deux lancé leurs propres missions d’observation solaire en orbite terrestre. Si elle réussit, la dernière mission de l’ISRO sera cependant la première à être placée en orbite autour du Soleil par une nation asiatique.
    Système d’alerte

    «Il s’agit d’une mission ambitieuse pour l’Inde», a déclaré l’astrophysicien Somak Raychaudhury à la chaîne de télévision NDTV vendredi. Il a indiqué que la sonde étudierait les éjections de masse coronale, un phénomène périodique qui se traduit par d’énormes décharges de plasma et d’énergie magnétique provenant de l’atmosphère du Soleil. Elles sont si puissantes qu’elles peuvent atteindre la Terre et potentiellement perturber le fonctionnement des satellites.

    Aditya aidera à prévoir ces phénomènes «et à alerter tout le monde pour que les satellites puissent couper leur alimentation», a ajouté l’astrophysicien. Selon lui, «cela nous aidera également à comprendre comment ces choses se produisent et, à l’avenir, nous n’aurons peut-être pas besoin d’un système d’alerte.»

    Aditya parcourra 1,5 million de kilomètres pour atteindre sa destination, ce qui ne représente encore qu’un pour cent de l’immense distance entre la Terre et le soleil. À ce moment-là, les forces gravitationnelles des deux corps célestes s’annulent, ce qui permet à la mission de rester sur une orbite stable autour de notre étoile la plus proche.

    Le satellite d’étude est transporté par la fusée PSLV XL de 320 tonnes, conçue par l’ISRO, qui est l’un des piliers du programme spatial indien et a déjà effectué des lancements vers la Lune et Mars. La mission vise également à mettre en lumière la dynamique de plusieurs autres phénomènes solaires par l’imagerie et la mesure des particules dans la haute atmosphère du Soleil.

    Budget modeste

    L’Inde n’a cessé d’égaler les réalisations des puissances spatiales établies pour une fraction de leur coût. Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008.

    Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce au nombre important d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers. L’alunissage réussi le mois dernier – un exploit réalisé auparavant uniquement par la Russie, les États-Unis et la Chine – a coûté moins de 75 millions de dollars.

    Il a été largement célébré par le public, avec des rituels de prière pour souhaiter le succès de la mission et des écoliers qui ont suivi la descente finale grâce à des retransmissions en direct dans les salles de classe. En 2014, l’Inde a été la première nation asiatique à avoir placé un engin en orbite autour de Mars. Elle prévoit de lancer une mission habitée de trois jours autour de la Terre d’ici l’année prochaine. Une mission conjointe avec le Japon doit permettre d’envoyer une sonde sur la Lune d’ici 2025 ainsi qu’une mission vers Vénus d’ici deux ans.

    Source: https://www.20min.ch/fr/story/espace-apres-la-lune-linde-lance-une-mission-vers-le-soleil-924681995907

    Des prières, bon, et après ? Une vache sacrée comme premier cosmonaute ? 🙂

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    Ca a dû ressembler à ça, la chute de Luna-25… ans le son :mouhaha:

  • Intrication Quantique

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    [Science-friction] Au risque de lasser, Google crie encore au loup (et à l’avantage quantique)

    Début juillet, Google a annoncé avoir réalisé en à peine six secondes un calcul qui aurait occupé le supercalculateur le plus puissant du monde pendant près d’un demi-siècle. Présentée comme la démonstration de la supériorité du calcul quantique, cette comparaison reste discutable à plusieurs titres.

    Comme à son habitude, Google fait grand bruit autour de ses progrès en calcul quantique. Début juillet, l’équipe du géant américain a publié de nouveaux travaux sur l’archive ouverte Arxiv. Son calculateur, désormais doté de 70 qubits, aurait réalisé en quelques secondes un calcul que le supercalculateur le plus puissant du monde, Frontier, aurait pris 47 ans à résoudre. Selon les chercheurs, leur expérience «dépasse les capacités des supercalculateurs existants». Une démonstration discutable de la tant convoitée supériorité du calcul quantique sur les technologies établies… qui reste encore très loin d’un quelconque usage concret de la technologie.

    Source: https://www.usinenouvelle.com/editorial/science-friction-au-risque-de-lasser-google-crie-encore-au-loup-et-a-l-avantage-quantique.N2158267

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    Imaginons : nous sommes aux commandes d’une des sondes Voyagers et on voudrait se déplacer dans le système solaire. Combien de temps cela nous prendrait d’aller voir Proxima du Centaure ou notre centre galactique à la vitesse actuelle ? Et si on veut passer faire coucou aux galaxies proches de nous ?

    Il y a quelques jours, nous expliquions comment les sondes Voyager de la NASA font pour communiquer avec la Terre alors qu’elles se trouvent à 20 milliards de km. Un exploit pour des vaisseaux lancés dans les années 70 avec une antenne de 3,66 mètres seulement et une alimentation de quelques centaines de watts. Pour autant, cela fonctionne, et même plutôt bien.

    | Comment les sondes Voyager communiquent avec la Terre à 20 milliards de km Les km c’est so-terrestre, voici les années-lumière

    Mais 20 milliards de km, cela représente quoi exactement ? Difficile de se rendre compte avec des nombres aussi grands. On peut comparer cette distance à la circonférence de la Terre, environ 40 000 km : cela fait donc 500 000 fois le tour de notre planète… mais ce n’est pas forcément plus parlant.

    On pourrait également utiliser une autre unité de distance, l’année-lumière ou al (avec la vitesse de la lumière à 300 000 km/s environ dans le vide). On multiplie donc une vitesse par une durée, ce qui donne bien une distance. Elle est d’un peu moins de 10 000 milliards de km pour une année-lumière. On va commencer avec des sous-multiples que sont les heures-lumière (environ 1,1 milliard de km) et jours-lumière (environ 26 milliards de km).

    Entre les sondes de la NASA et la Terre, la lumière met une vingtaine d’heures. Oui, ce n’est pas très précis – 18 h 30 avec Voyager 2 et 22 h 15 pour Voyager 1 –  mais cela permet de planter le décor et on verra par la suite qu’on n’est pas à quelques heures-lumière près, très (très) loin de là même.

    À titre de comparaison, entre la Terre et le Soleil, la lumière ne met que huit minutes à faire le trajet. On dépasse l’heure avec Saturne et on arrive à 5,5 heures pour Pluton, la planète déchue de notre système Solaire.

    Voyager : près de 30 000 ans pour sortir du nuage de Oort

    Pour un peu mieux se rendre compte des distances et du temps, revenons au lancement des sondes Voyager, en 1977. Elles survolent ensuite Jupiter et Saturne, mais on n’est seulement alors qu’en 1981. Il faudra attendre 1986 et 1989 pour que Voyager 2 passe à proximité d’Uranus et de Neptune. Et depuis ? Rien… les sondes n’ont pas croisé le chemin d’un objet stellaire depuis plus de 30 ans, et elles ne risquent pas d’en voir un de sitôt, sauf surprise.

    Les derniers faits marquants remontent à respectivement 2013 et 2018 lorsque la NASA annonce que Voyager 1 et 2 ont dépassées l’héliopause pour entrer « dans l’espace interstellaire ». Quand sera le prochain rendez-vous ? Dans très longtemps…

    Voyager Héliopause

    Dans notre dossier sur le Système solaire, nous avons expliqué que le nuage de Oort se trouve aux confins et forme en quelque sorte une « coquille ». Les sondes Voyager en sont encore très loin.

    | À la découverte du Système solaire : le Soleil, élément central et « catalyseur » de la vie | À la découverte du nuage de Oort, aux confins du Système solaire

    Le bord intérieur du nuage d’Oort est, selon la NASA, « estimé entre 2 000 et 5 000 ua [unité astronomique correspondant à la distance Terre-Soleil] du Soleil. Le bord extérieur pourrait être à 10 000 ou même 100 000 ua du Soleil », soit entre une dizaine et une trentaine de jours-lumière, alors que, pour rappel, les sondes sont à moins d’une journée-lumière de la Terre pour le moment. Quant au bord extérieur du nuage, il se trouve entre une soixantaine de jours-lumière et 1,5 année-lumière.

    À la vitesse actuelle de la sonde – environ 60 000 km/h, soit une quinzaine de km… par seconde tout de même – il faudrait environ 28 000 ans aux sondes pour sortir du nuage de Oort (en prenant environ 100 000 ua comme limite). Dans 28 000 ans, les sondes ne seront donc qu’aux portes de notre système Solaire. Elles seront alors à 15 000 000 000 000 km, contre 20 000 000 000 km actuellement (50 ans après leur lancement).

    Dans l’espace, c’est le vide qui règne en maitre. Les sondes ne sont donc pas ralenties comme cela aurait été le cas sur Terre à cause de l’air. Sauf surprise très surprenante, elles vont ainsi continuer à avancer en gardant leur cap et leur vitesse pendant encore très très longtemps.

    Ceinture Kuiper nuage oort

    Crédits : CNES

    75 000 ans pour atteindre l’étoile Proxima

    En imaginant que les sondes soient dans la bonne direction pour rendre visite à l’étoile la plus proche de nous – Proxima du système triple Alpha Centauri –, elles devraient parcourir 4,2 années-lumière. C’est presque trois fois plus que pour atteindre la limite extérieure du nuage de Oort, ce qui nous amène à 75 000 ans environ.

    | Balade dans la Voie lactée : à la découverte du système triple Alpha Centauri

    Rappelons qu’il existe un projet un peu fou de « nano-vaisseaux » (pesant un gramme seulement) propulsés grâce à des rayons laser venant frapper de petites « voiles ». De 75 000 ans, on passerait ainsi à 20 ans seulement. Reste un problème : la latence des transmissions entre la sonde et la Terre. À la vitesse de la lumière (ce qu’il y a de plus rapide dans l’Univers), cela prendrait 4,2 années aller et autant pour le retour.

    De son côté, Trappist-1 qui faisait les gros titres en 2017 se trouve 10 fois plus loin que Proxima, à environ 40 années-lumière. On s’approcherait du million d’années pour qu’une sonde comme Voyager s’y rende.

    | Trappist-1 : sept exoplanètes, trois en zone habitable, une découverte majeure !

    Voie lactéeNous sommes ici au niveau du petit point marqué « Soleil ». Crédits : ESA

    500 millions d’années pour le centre de notre galaxie

    Et si on voulait pousser le voyage un peu plus loin en nous rendant simplement au centre galactique, c’est-à-dire au milieu de la Voie lactée (notre Galaxie) ? Il faudrait parcourir 28 000 années-lumière, soit 500 millions d’années, excusez du peu. Avec des approximations d’approximations certes, mais l’idée générale est là. On n’est de toute façon plus à quelques dizaines de millions d’années à ce stade.

    Et nous ne serions qu’au centre de notre galaxie. Pour rejoindre notre plus proche voisine, la galaxie naine du Sagittaire découverte en 1994, il faudrait parcourir 75 000 années-lumière, soit 2,7 fois plus que notre centre galactique. On passerait alors à 1,3 milliard d’années de temps de trajet. Cela en se basant sur les distances actuelles, qui changent forcément sur une aussi longue période.

    Vous voulez vous rendre dans une galaxie proche de la nôtre avec une sonde Voyager ? Andromède vous tend les bras à 2 500 000 d’années-lumière, ce qui nous donnerait plus de 40 milliards d’années pour nous y rendre, soit bien plus que l’age de l’Univers qui a 13,8 milliards d’années environ.

    Et on ne parle ici que de galaxies à quelques millions d’années-lumière de la nôtre, imaginez pour des galaxies à des milliards d’années-lumière de la Terre, et c’est sans prendre en compte l’expansion de l’Univers.

    Source : nextinpact.com

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    @Hadès a dit dans De l’animal-machine à l’animal-sujet :

    Et pour le dessin du chimpanzé il est aussi doué que moi

    Perso c’est encore pire…:lolilol:
    text alternatif

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    @Raccoon a dit dans Le niveau des élèves a baissé: la Suède range les tablettes et ressort les manuels scolaires :

    Mais je ne suis pas sûr que le tout numérique soit la cause profonde de sa méconnaissance.

    En effet, je suis d’accord, cela y participe mais ce n’est pas la seule cause.

    Si on pouvait faire cela chez nous ce serait cool, j’aurais moins de boulot 😉

    Quand je vois certains professeurs qui ne jure que par la tablette en élémentaire, ça m’agace fortement, surtout quand ça se plaint ensuite au collège que les élèves ne savent pas utiliser un ordinateur. (Bon pour cela, il faudrait déjà que le prof lui même l’utilise correctement)

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    En 2026, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) prévoit de lancer la mission ClearSpace-1. L’objectif de celle-ci est de tester une méthode pour retirer un objet de l’orbite terrestre et le faire rentrer dans l’atmosphère. La cible de la mission est déjà connue, mais récemment, l’U.S. Space Force a détecté de nouvelles pièces de débris autour d’elle. Les premières analyses suggèrent qu’il s’agit de débris provenant de l’impact d’un petit objet se déplaçant à une très grande vitesse.

    La cible de la mission ClearSpace-1 est un adaptateur de forme conique qui a été laissé par une fusée Vega lancée en 2013, et qui pèse environ 113 kg. Les morceaux de débris spatiaux ont été détectés par les systèmes de suivi, et selon les responsables, on pourrait ne jamais savoir si le « projectile » était naturel ou artificiel. L’objet n’est pas apparu sur les écrans des systèmes de suivi.

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    D’après un communiqué publié le 22 août dernier par les responsables de l’ESA, cet événement de fragmentation souligne la pertinence de la mission ClearSpace-1. On peut aussi lire que la menace la plus importante que représentent les gros débris spatiaux est qu’ils se fragmentent en nuages d’objets plus petits. Ces morceaux de débris peuvent causer des dommages importants à des satellites en activité.

    La mission ClearSpace-1

    La mission ClearSpace-1 a comme objectif de s’approcher de l’adaptateur, de le capturer, puis de le faire rentrer dans l’atmosphère terrestre où il va se désintégrer. Pour ce faire, un engin développé par l’entreprise suisse ClearSpace va être utilisé. Cet engin sera lancé par une fusée Vega-C d’Arianespace, et il va se servir de « bras » robotisés pour capturer la cible.

    D’après les premières observations après l’impact, il semble que seul un petit morceau de l’adaptateur ait été arraché. Toutefois, la mission a été conçue pour désorbiter un objet totalement intact. Ainsi, les responsables sont actuellement en train d’évaluer la situation pour savoir ce qu’il faudra faire pour la suite. Il est prévu que les analyses durent plusieurs semaines.

    Gare aux débris

    Pour le moment, il reste encore trois ans avant le lancement de la mission. Les responsables auront du temps pour trouver les points à changer ou à adapter. Cependant, cet événement montre que le problème des débris spatiaux devient de plus en plus grave. Les stations au sol ne peuvent surveiller qu’une petite portion de l’orbite terrestre, et les plus petits débris ne sont pas détectables.

    En ce qui concerne la cible de la mission ClearSpace-1, les suivis effectués par l’U.S. Space Force et d’autres stations en Allemagne et en Pologne ont montré que l’objet principal est resté intact, et il n’y a eu aucune altération significative de son orbite. Les risques pour que les nouveaux débris entrent en collision avec d’autres objets sont également négligeables.

    Sources: https://www.fredzone.org/cible-clearspace-1-touchee-par-un-debris-spatial-ard267
    Et: https://www.space.com/space-debris-cleanup-mission-target-hit

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    L’élément prisé du monde médical et de la recherche fait défaut, en partie à cause de la guerre en Ukraine. Le CERN, son plus gros utilisateur en Suisse, a renouvelé son contrat de livraison à temps

    C’est une pénurie méconnue, mais plus durable et elle n’est de loin pas seulement due à la guerre en Ukraine. L’hélium manque, c’est presque devenu une tradition dans le secteur. Cet élément était jadis utilisé pour gonfler des ballons, car il est plus léger que l’air. Il amusait aussi, car notre voix émet un son aigu si on l’inhale. Mais seuls les plus âgés d’entre nous s’en souviennent, car l’hélium a disparu des fêtes foraines il y a longtemps. Son approvisionnement est compliqué depuis une bonne vingtaine d’années, un peu partout dans le monde, malgré une demande en hausse.

    Source pour abonnés: https://www.letemps.ch/economie/la-penurie-globale-d-helium-met-les-scientifiques-sous-tension

    Pauvres gamins qui ne sont pas près de voir échapper de leurs mimines, des ballons dressés vers le ciel…

    L’hélium liquide (-273 degrés) est utilisé au Cern pour rendre les bobinages d’aimant supraconducteurs, ce qui permet d’obtenir des champs magnétiques intenses à des tailles et des portées inusitées et à faible consommation électrique. On rêve d’un élément supraconducteur à moins basse température ou mieux, à température ambiante.

  • Étonnantes cultures animales

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    @Pollux , je plussoie, car combien d’expériences de rapidité et de mémorisation faites avec des singes, des dauphins et d’autres espèces sont hallucinantes, aucun humain ne serait capable d’arriver au même résultat. Nous n’utilisons sûrement pas la même partie de notre cerveau, en tout cas pour nous, pas la bonne.
    L’apologie de la barbarie a eu pour conséquence la “suprématie” de notre espèce, voilà d’où nous vient notre prétendue supériorité. Et on n’en est pas sortis, l’illusion d’un monde en paix est une chimère qu’il faudra tôt ou tard oublier. Une civilisation qui n’est pas issue de la barbarie n’existe pas, sauf quelques tribus si petites et si minoritaires qu’on se fait un plaisir de détruire dès que découvertes.
    Je remarque que des intervenants sont vraiment concernés… Raccoon, Rapace… 🙂
    Merci à l’auteur en tout cas.

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    @michmich qu’est ce que ça faisait fantasmer ce truc, surtout à l’époque des premières branlettes lol

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    avec ça, ils sont infoutu de nous sortir une voiture sans bug électronique 😞