Comment éviter que l’IA élimine votre CV sans même le lire
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Les entreprises utilisent toujours plus d’algorithmes pour sélectionner des dossiers. Problème: ils sont biaisés. Que faire pour maximiser vos chances?
En bref:
- Les logiciels dopés à l’IA éliminent automatiquement des CV en quelques secondes.
- Les algorithmes peuvent discriminer selon le genre, l’âge ou l’origine du candidat.
- Il faut adapter son CV avec les mots-clés exacts de l’annonce.
Vous avez postulé pour le job de vos rêves, mais un refus tombe quelques secondes après l’envoi de votre dossier. Parfois même au beau milieu de la nuit. Pas de panique: ce n’est pas forcément votre profil qui est en cause. Il se peut que ce soit l’intelligence artificielle (IA) qui ait, en réalité, scellé votre sort.
Les logiciels de traitement de dossiers automatiques trient les CV en fonction de critères prédéfinis pour aider les recruteurs à identifier rapidement les profils les plus qualifiés. Voici comment ces outils, souvent loin d’être impartiaux, fonctionnent… et surtout, comment mettre toutes les chances de votre côté. Nos conseils.
Comprendre ce qui se passe vraiment
Les entreprises croulent sous les candidatures. Certaines en reçoivent des milliers par an. Pour trier plus vite, elles s’appuient sur des logiciels de présélection – souvent dopés à l’IA – capables d’éliminer un CV en quelques secondes.
Problème: ces algorithmes sont nourris par des données parfois incomplètes ou désuètes, donc pas toujours neutres. «Si les données montrent qu’une entreprise embauche beaucoup plus d’hommes que de femmes, un algorithme mal programmé pourrait considérer les hommes comme mieux outillés que les femmes pour le poste mis au concours», explique Angela Müller, directrice d’AlgorithmWatch Suisse, qui a publié une étude sur le recrutement publiée en 2023
Autrement dit: si vous êtes une femme, une personne plus âgée, ou portant un nom à consonance étrangère, votre CV peut être rejeté avant même d’avoir été lu.
Avant de postuler: élargissez vos opportunités et ne faites pas confiance aux suggestions automatiques
Les algorithmes des plateformes (Facebook, LinkedIn, Google) décident parfois à votre place quelles offres d’emploi vous voyez. Résultat: vous pouvez passer à côté d’un poste simplement parce qu’une IA estime, à tort, qu’il ne vous correspond pas.
À faire:
- Consultez directement les sites carrière des entreprises qui vous intéressent. Créez des alertes emploi avec des mots-clés neutres pour élargir votre champ.
- Utilisez plusieurs canaux: LinkedIn, Jobup, JobCloud, Indeed, site officiel, e-mail RH.
Ce qui peut vous pénaliser… sans que vous le sachiez
Même sans mentionner votre sexe ou votre âge, l’algorithme peut les deviner grâce à ce qu’on appelle des «proxys», des informations annexes qui en disent long. Des exemples?
- Porter un prénom typé («Aurélie», «François»)
- Avoir fréquenté une école genrée
- Des loisirs connotés (yoga, scoutisme, etc.)
- Un parcours professionnel typique d’une génération.
Notre conseil pratique: relisez votre CV comme si vous étiez un robot. Supprimez les informations non essentielles (âge, photo, état civil, activités trop stéréotypées). Misez sur les mots-clés du poste: ils comptent beaucoup plus que les détails personnels.
Adoptez les bons réflexes pour un CV «IA-compatible»
Utilisez le vocabulaire de l’annonce
Les algorithmes comparent votre CV mot pour mot au texte du poste au concours. Si votre document n’utilise pas les mêmes termes techniques, le logiciel peut conclure – à tort – que vous ne correspondez pas. Et vous êtes éliminés automatiquement, même si vous êtes parfaitement qualifiés. Reprenez donc les intitulés exacts: compétences, logiciels, responsabilités, verbes d’action. Cela ne signifie pas copier-coller, mais parler la même langue que l’annonce. Par exemple, si l’entreprise demande une expertise en «gestion des parties prenantes», inutile d’écrire «relations externes»: l’IA ne fera pas le lien. Un bon CV est celui dont les mots-clés résonnent immédiatement avec les exigences du poste.
Soignez la lisibilité
Les IA ne «lisent» pas comme un humain: elles déchiffrent. Les colonnes, les tableaux, les icônes, les lignes graphiques ou les mises en page très design peuvent devenir illisibles pour le logiciel, qui saute alors des sections entières. Pour éviter ces erreurs, misez sur un format simple: une seule colonne, un texte propre, des titres classiques – Compétences, Expérience, Formation. Utilisez des puces, pas des pictogrammes. Exportez un PDF texte brut et léger, idéalement issu d’un document Word ou Google Docs. Vous augmentez ainsi la probabilité que toutes vos informations soient comprises et intégrées.
N’exagérez pas les retouches
Face aux biais algorithmiques, certains candidats tentent de «neutraliser» leur identité: suppression de la photo, modification du prénom, effacement de la date de naissance ou des indices d’âge. Ces stratégies, documentées dans des études, ne résolvent pas le problème – elles créent même parfois des incohérences détectées par les systèmes. Et surtout, elles vous privent d’éléments qui peuvent valoriser votre profil auprès d’un recruteur humain.
Concentrez vos efforts sur ce que l’IA analyse vraiment: des compétences claires, un vocabulaire cohérent et une structure lisible. Le véritable enjeu n’est pas de se camoufler, mais d’être compris sans ambiguïté par la machine… puis par l’humain.
Préparez deux versions de votre CV
Les recruteurs n’utilisent pas tous les mêmes outils: certains disposent de logiciels très stricts qui éliminent les CV trop longs ou trop graphiques, tandis que d’autres – notamment dans l’administration, l’enseignement, la santé ou les grandes organisations – attendent un dossier détaillé, presque narratif. Pour maximiser vos chances, préparez donc deux versions complémentaires.
- Un CV court (1 page), pensé pour les entreprises tech, les agences ou les cabinets RH qui travaillent avec des outils de tri automatisés. Il va droit au but, reprend précisément les mots-clés de l’annonce et présente vos compétences de manière très structurée. C’est le CV qui passera le plus facilement les filtres.
- Un CV long (2 à 3 pages), destiné aux recruteurs qui lisent les candidatures à la main. Il permet de développer vos expériences, de détailler vos réalisations, d’ajouter des projets, publications, références et certifications. Ce format met en valeur votre expertise auprès d’un œil humain.
Avantage: vous adaptez ainsi votre dossier au canal de candidature utilisé, sans jamais sacrifier ni la lisibilité pour les robots ni la richesse de votre parcours pour les recruteurs humains.
Ce que les entreprises devraient faire (et que vous pouvez exiger)
Les recruteurs aussi ont des devoirs. Une IA doit être développée à partir de données représentatives et encadrée éthiquement.
Vous pouvez donc demander:
- qui analyse votre dossier (humain ou machine)
- quels critères ont été utilisés
- et comment contester un refus automatique.
Notre astuce: si une entreprise ne peut pas vous répondre, notez ce manque de transparence. Il en dit souvent long sur sa culture RH.
Même les offres d’emploi qu’on vous propose sont filtrées par l’IA
Avant même de postuler, l’algorithme peut vous exclure… sans que vous le sachiez. Résultat: un poste de chauffeur poids lourds est montré à 90% d’hommes, et celui d’auxiliaire de crèche à 90% de femmes. Les chauffeuses de camion comme les auxiliaires masculins de crèches se sont ainsi retrouvés discriminés, tout simplement parce qu’ils n’ont pas eu connaissance des postes au concours.
Nos conseils:
- Cherchez activement les offres sur plusieurs plateformes: ne comptez pas uniquement sur les suggestions d’emploi automatiques.
- Abonnez-vous directement aux sites de carrière des entreprises visées.
- Paramétrez vos alertes avec des mots-clés neutres pour élargir vos opportunités.
Source: https://www.tdg.ch/emploi-comment-eviter-les-discriminations-de-lia-a-lembauche-151680204930
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Salut,
La plupart des sociétés, outre les sites d’offres d’emplois, utilisent des outils IA pour trier les candidatures. Ça remplace feu les stagiaires et permet aussi de gagner en efficacité. C’est aussi bien moins cher que de passer par des recruteurs.
C’est pas réservé à Carrefour et LaPoste, j’ai même eu des clients type TPE/PME qui utilisaient ça.Il faut faire des CV “ATS” : https://www.apec.fr/candidat/optimiser-votre-candidature/candidature/fiches-avis/optimisez-votre-cv-pour-passer-le-filtre-des-ats-.html
ChatGPT and co, en version gratuite, peuvent refondre un CV pour qu’il soit mieux pris en compte par l’IA.
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Salut
Je suis en plein dans le sujet actuellement. Je prends bonne note des infos que j’ai lu. -
@duJambon a dit dans Comment éviter que l’IA élimine votre CV sans même le lire :
Il faut adapter son CV avec les mots-clés exacts de l’annonce.
Le truc de base qui existe depuis la nuit des temps. La même chose pour la lettre de motivation.
Par contre, j’ai toujours fait des trucs très graphique car l’IT s’y prête et c’est toujours bien passé.
Je me rappelle encore de mon CV photoshopé qui reprenait la GUI de Facebook à l’époque
Je faisais même des sites web pour mon CV accessible via un QR Code qui donnait plus d’informations dedans si le recruteur était intéressé et voulait en savoir plus.
A savoir qu’en plus, ma lettre de motivation elle aussi, portait les mêmes paramètres graphiques que le CV.
Tout le graphisme était cohérent.C’est le truc qui fait que mon CV n’arrivait pas dans la pile des “A jeter”
Tout ça à toujours fait son petit effet et j’ai toujours eu des remarques très positives sur le CV papier et numérique.Soit ça passe, soit ça casse. Perso, c’est toujours passé.