L'UE parvient à un accord pour faire de l'USB-C un chargeur commun pour la plupart des appareils électroniques
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Un coup dur pour le port Lightning d’Apple
L’Europe a conclu un accord pour faire de l’USB-C un chargeur commun pour tous les téléphones et appareils électroniques, dans le but de réduire les déchets électroniques et les inconvénients liés aux chargeurs incompatibles. « En vertu des nouvelles règles, les consommateurs n’auront plus besoin d’un chargeur et d’un câble différents à chaque fois qu’ils achètent un nouvel appareil, et pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques portables de petite et moyenne taille », a déclaré le Parlement européen dans un communiqué de presse
Les législateurs de l’Union européenne sont parvenus à un accord sur une législation qui obligera tous les futurs smartphones vendus dans l’UE - y compris l’iPhone d’Apple - à être équipés du port USB-C universel pour la recharge filaire d’ici l’automne 2024. La règle s’appliquera également à d’autres appareils électroniques, parmi lesquels les tablettes, les appareils photo numériques, les écouteurs, les consoles de jeux vidéo portables et les liseuses. Les ordinateurs portables devront se conformer à la règle à une date ultérieure.
La législation est en cours d’élaboration depuis plus d’une décennie, mais un accord sur son champ d’application a été conclu ce matin à la suite de négociations entre différents organes de l’UE.
Les acheteurs pourront également choisir s’ils souhaitent acheter de nouveaux équipements électroniques avec ou sans chargeur.
L’UE a travaillé avec l’industrie pour réduire le nombre de chargeurs de téléphones portables de 30 à 3 au cours de la dernière décennie, a-t-elle déclaré l’année dernière. Le plus gros impair est le port iPhone Lightning d’Apple qui est utilisé par environ 20 % des appareils vendus en Europe. Apple n’a pas encore répondu à la législation, mais en 2020, a déclaré que la pression pour un chargeur de téléphone universel « étoufferait l’innovation ».
Depuis 2009, l’entreprise a systématiquement dénoncé ce projet, expliquant qu’il nuirait à l’innovation dans le domaine. « Le temps qu’il a fallu pour aller de l’avant avec ce projet montre le pouvoir d’Apple, qui jusqu’ici est parvenu à retarder le processus, pendant que d’autres constructeurs ont accepté d’utiliser le port USB-B, et maintenant USB-C », expliquait l’eurodéputée verte Saskia Bricmont au New York Times en septembre dernier. Affirmer que la proposition de la Commission européenne de faire de l’USB-C la seule norme pour le chargement filaire des smartphones étoufferait l’innovation serait une énorme absurdité. Pour Anna Cavazzini, présidente de la commission de protection des consommateurs du Parlement européen, « si quelque chose de mieux que l’USB-C émergeait, les règles s’adapteraient. »
Un autre problème qui n’est pas tout à fait clair est la manière dont l’UE souhaite que les fabricants gèrent différentes normes telles que DisplayPort pour la vidéo. En ce qui concerne la fourniture d’énergie, l’UE a simplement déclaré que « les consommateurs recevront des informations claires sur les caractéristiques de charge des nouveaux appareils, ce qui leur permettra de voir plus facilement si leurs chargeurs existants sont compatibles ». L’USB-C version 2.1 prend en charge jusqu’à 240 watts de puissance, contre 100 watts auparavant, mais il n’existe aucun moyen clair d’identifier la puissance qu’un câble donné peut prendre en charge.
L’UE jette chaque année 12 000 tonnes de chargeurs, dont beaucoup sont inutilisés, selon des analystes. Dans le même temps, les consommateurs dépensent environ 2,4 milliards d’euros en chargeurs autonomes non inclus avec les appareils.
Après les vacances d’été, le Parlement et le Conseil devront approuver formellement l’accord avant sa publication au Journal officiel de l’UE. Il entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel et ses dispositions commenceront à s’appliquer après 24 mois. Les nouvelles règles ne s’appliqueront pas aux produits mis sur le marché avant la date d’application.
Avec ces règles, les consommateurs n’auront plus besoin d’un dispositif de charge différent à chaque fois qu’ils achètent un appareil.Communiqué du Parlement européen
À l’automne 2024, l’USB Type-C deviendra le port de charge commun à tous les téléphones mobiles, tablettes et appareils photo dans l’UE, ont convenu les négociateurs du PE et du Conseil.
L’accord provisoire sur la directive modifiée relative aux équipements radioélectriques établit une solution de charge unique pour certains appareils électroniques. Cette législation s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de l’UE visant à rendre les produits dans l’Union plus durables, à réduire les déchets électroniques et à faciliter la vie des consommateurs.
En vertu des nouvelles règles, les consommateurs n’auront plus besoin d’un dispositif et d’un câble de charge différents à chaque fois qu’ils achètent un nouvel appareil, et pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques portables de petite et moyenne taille. Les téléphones mobiles, les tablettes, les liseuses électroniques, les écouteurs intra-auriculaires, les appareils photo numériques, les casques et les écouteurs, les consoles de jeux vidéo portables et les enceintes portables qui sont rechargeables via un câble filaire devront être équipés d’un port USB Type-C, quel que soit leur fabricant. Les ordinateurs portables devront également être adaptés aux exigences dans les 40 mois suivant l’entrée en vigueur du texte.
La vitesse de charge est également harmonisée pour les appareils autorisant la charge rapide, ce qui permet aux utilisateurs de charger leurs appareils à la même vitesse avec n’importe quel chargeur compatible.
Une meilleure information et un meilleur choix pour les consommateurs
Les consommateurs disposeront d’informations claires sur les caractéristiques de charge des nouveaux appareils, ce qui leur permettra de vérifier plus facilement si leurs chargeurs actuels sont compatibles. Les acheteurs pourront également choisir d’acheter les nouveaux équipements électroniques avec ou sans dispositif de charge.
Ces nouvelles obligations entraîneront une plus grande réutilisation des chargeurs et aideront les consommateurs à économiser jusqu’à 250 millions d’euros par an sur les achats inutiles de chargeurs. On estime que les chargeurs jetés et inutilisés représentent environ 11 000 tonnes de déchets électroniques par an.
Encourager l’innovation technologique
À mesure que la technologie de recharge sans fil se répand, la Commission européenne sera habilitée à élaborer des actes dits délégués sur l’interopérabilité des solutions de recharge.
Citation
Le rapporteur Alex Agius Saliba (S&D, MT) a déclaré : « Aujourd’hui, nous avons fait du chargeur universel une réalité en Europe! Les consommateurs n’auront plus à acheter un chargeur avec chaque nouvel appareil mobile. Nous sommes fiers que les ordinateurs portables, les liseuses électroniques, les oreillettes, les claviers, les souris d’ordinateur et les appareils de navigation portables soient également inclus. Nous avons également amélioré l’information et l’étiquetage pour les consommateurs et ajouté des dispositions sur le chargement sans fil, car il s’agit de la prochaine évolution de la technologie de chargement ».
Vers l’USB-C sur l’iPhone ?
L’introduction d’un «chargeur commun» est une tentative de l’UE à la fois de réduire les déchets électroniques et de faciliter la vie des consommateurs. Les législateurs espèrent qu’à l’avenir, les téléphones et gadgets similaires n’auront pas besoin d’être livrés avec un chargeur dans la boîte, car les acheteurs auront déjà les accessoires appropriés à la maison.
L’accord aura le plus grand impact sur Apple, qui est le seul grand fabricant de smartphones à utiliser encore un port propriétaire au lieu de l’USB-C. En 2021, Apple a vendu 241 millions d’iPhone dans le monde, dont environ 56 millions en Europe.
Lorsqu’il lui a été demandé lors d’une conférence de presse si l’UE ciblait spécifiquement Apple, Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur de l’UE, a répondu que ce n’était pas le cas. « La règle s’applique à tout le monde. Elle n’est adoptée contre personne », a déclaré Breton. « Nous travaillons pour les consommateurs, pas pour les entreprises, et nous devons donner des règles à ces entreprises; des règles claires pour entrer dans le marché intérieur ».
Le rapporteur Saliba a ajouté : « Dans deux ans, si Apple veut vendre ses produits sur notre marché intérieur, il devra respecter nos règles et son appareil devra être USB-C ».
Cependant, le communiqué de presse de l’UE indique que la nouvelle législation s’applique aux appareils « qui sont rechargeables via un câble filaire ». Cela signifie qu’Apple pourrait éviter d’ajouter USB-C à ses appareils en créant un téléphone qui ne se charge que sans fil (comme le laissent entendre les rumeurs). Cependant, des rapports récents indiquent que la société teste des iPhones avec USB-C en interne, et l’analyste Apple Ming-Chi Kuo affirme qu’Apple pourrait faire le changement dès l’année prochaine. Apple utilise déjà la norme USB-C sur les ordinateurs portables et certaines tablettes.
La Commission européenne a annoncé ses plans actuels pour cette législation en septembre dernier, mais les efforts du bloc pour forcer les fabricants à utiliser une norme de charge commune remontent à plus d’une décennie. Dans les années qui ont suivi, les fabricants d’Android ont convergé vers le micro USB puis l’USB-C comme norme de charge commune de choix, tandis qu’Apple est passé de l’offre de téléphones avec son connecteur propriétaire à 30 broches à Lightning.
Sources : communiqué de presse, developpez.com
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Quelques fois l’UE prend de bonnes décisions.
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USB Type-C : la directive européenne au journal officiel, l’application en décembre 2024
La Commission européenne a publié la directive 2022/2380 au journal officiel. Elle donne le rythme que vont devoir suivre les acteurs concernés. De très nombreux produits sont concernés, en plus des smartphones qui drainent l’attention.
La directive 2022/2380 dispose que les états membres ont jusqu’au 28 décembre 2023 pour préparer les mesures prévues. Ils auront un an pour les mettre en place, car au 28 décembre 2024, ces mesures deviendront contraignantes et les entreprises s’exposeront à des poursuites si elles ne les respectent pas. Ces délais ne sont pas surprenants, puisque l’annonce du 4 octobre prévenait déjà que la généralisation de l’USB-C serait « une réalité en 2024 ».
Les smartphones premiers concernés, mais pas les seuls
Le cœur de cette directive est bien sûr le port USB-C imposé à de nombreuses gammes de produits. Les smartphones sont au-devant de la scène, car ils semblent visés plus que tout autre pour éviter la multiplication des chargeurs. L’Europe veut un monde dans lequel tout chargeur peut être utilisé pour recharger à peu près n’importe quel autre appareil. Ce sera techniquement possible, mais les performances de ces chargeurs peuvent fortement varier.
Au premier rang des smartphones, on trouve surtout l’iPhone. C’est le seul modèle actuellement vendu ne disposant pas d’un port USB-C. L’iPhone 14, sorti il y a quelques mois, dispose toujours d’un port Lightning. Apple a dit toute sa déception quand la décision d’harmonisation a été prise.
Mais l’entreprise aurait sans doute mieux fait de se taire, car elle ne pouvait plus rien y faire. Surtout, l’USB-C s’est généralisé dans les produits de la Pomme depuis plusieurs années, notamment sur les Mac et les iPad (pour ces derniers, seul l’ancien iPad 9, toujours au catalogue, n’en possède pas). L’iPhone était son seul produit à ne pas en avoir, et il semblait évident que c’était une simple question de temps. Il ne reste donc qu’à savoir si la bascule se fera sur l’iPhone 15 l’année prochaine ou l’iPhone 16 en 2024.
Les téléphones portables ne sont pas les seuls visés par la directive, qui cible tout appareil muni d’une batterie et que l’on peut recharger par câble.
Les tablettes, liseuses, appareils photos numériques, consoles de jeux vidéo, casques audio, écouteurs intra-auriculaires, haut-parleurs portatifs, souris, claviers sans fil et systèmes de navigation portables devront s’y coller, même si beaucoup de produits lancés au cours des deux dernières années en sont déjà équipés. Pour Apple, il y aura d’ailleurs du travail, car les accessoires vendus n’utilisent pas encore d’USB-C, à l’exception notable de la télécommande de la dernière Apple TV.
Le cas des ordinateurs et autres exceptions
La directive ne concerne pas forcément tous les produits « à recharger ». Il faut en effet que l’appareil soit assez grand pour embarquer un port USB-C. Les montres connectées seront ainsi exemptées pour la plupart. Même chose pour d’autres petits appareils, comme les trackers de santé. En revanche, leurs chargeurs devront y passer.
Pour les ordinateurs, les portables sont visés par la directive, puisqu’ils intègrent une batterie et se rechargent par câble. Ils obtiennent cependant une rallonge : 2026. La situation dépendra également de la puissance nécessaire pour les recharger. La directive concerne pour l’instant tous les appareils disposant d’une recharge allant jusqu’à 100 W, limite du protocole de chargement « Power Delivery » de l’USB. Des évolutions sont prévues, notamment jusqu’à 240 W. La Commission européenne prend bien soin de préciser que la règle du connecteur unique s’étendra alors à d’autres produits.
Un peu tard ?
Dans le texte, les instances européennes insistent sur l’idée de préserver le marché intérieur d’une fragmentation. On pourrait lui rétorquer qu’elle arrive bien tard, car de très nombreux constructeurs n’ont pas attendu pour se pencher sur la question.
L’USB-C est ainsi répandu dans les chargeurs de smartphones depuis plusieurs années. La norme était un progrès face aux anciennes, y compris le MicroUSB, puisqu’elle permet un branchement dans n’importe quel sens. On en trouve également sur une bonne partie des ordinateurs vendus, tout comme sur les cartes mères et de nombreux autres produits d’usage courant, comme les cigarettes électroniques.
La directive 2022/2380 vient donc imposer des règles dans un marché qui s’était déjà engagé sur cette voie depuis un moment. L’Europe semble ainsi en retard, le texte ne visant finalement que quelques retardataires, dont Apple sur les smartphones.
Mais la directive ne fait pas qu’agir sur la situation actuelle. Elle empêchera que certains constructeurs soient tentés par un nouveau connecteur propriétaire.
En outre, la norme USB Type-C ne concerne que le connecteur. Elle ne dit rien de la puissance fournie ni surtout du débit. Dans ce domaine, c’est un beau bazar - comme on a pu le voir encore en septembre – et chaque constructeur fera ses propres choix.
Source : nextinpact.com