En déclin, Mozilla en quête de bouc émissaire
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La fondation Mozilla éprouve des difficultés récurrentes à enrayer une inexorable chute de ses parts de marché dans les navigateurs. Un problème sans doute moins à chercher du côté des pratiques anticoncurrentielles que de la concurrence elle-même.
Sur le terrain des navigateurs, Mozilla a trébuché de manière critique il y a dix ans et continue de payer pour ses faux pas. (crédit : Mozilla)Mozilla a récemment publié un rapport de 60 pages appelant les régulateurs à prendre des mesures pour donner aux consommateurs une « opportunité significative d’essayer des navigateurs alternatifs ». Hélas, le problème pour la fondation n’est pas lié aux pratiques anticoncurrentielles des fabricants de navigateurs rivaux. Le problème est la concurrence elle-même, et Mozilla - de ce point de vue là - a perdu. La société affirme que sa mission est de « rassembler les citoyens », de « connecter les dirigeants » et de « façonner l’agenda » pour favoriser un « Internet sain ». Peut-être qu’il devrait plutôt passer plus de temps à construire un excellent navigateur. Pendant des années, Mozilla a conclu que sa part de marché en baisse était davantage liée à des pratiques commerciales néfastes qu’à un développement de produits médiocre. Cela l’a conduit à dire à qui veut l’entendre que chaque navigateur cherche à aller au plus vite à l’essentiel : mais tous ne sont pas bons pour autant. Il s’avère que la plupart des gens n’utilisent pas les navigateurs pour servir leurs impulsions caritatives, et veulent juste quelque chose qui fonctionne. Ce que précisément Chrome de Google a offert avec une expérience cohérente sur tous les terminaux et ce, plus que les autres navigateurs.
Mozilla ne peut pas nécessairement être blâmé pour avoir cherché des moyens de se démarquer. Que ce soit sur le bureau ou sur mobile, le navigateur Firefox de Mozilla rassemble à peine une erreur d’arrondi de part de marché. Cela ne devait pas se passer ainsi. Il n’y a pas si longtemps, Internet Explorer de Microsoft dominait les parts de marché. Les autorités antitrust ont aidé à changer cela, mais Google, et non Mozilla, a pris la place de la firme de Redmond, mais intimidation héritée d’un système d’exploitation dominant. Pendant ce temps, dès 2008, on a pu constater la chance de Mozilla de faire de Firefox une véritable plate-forme Web développée par la communauté. Cela n’a pas abouti, bien que Mozilla ait offert des innovations incroyables telles que Rust. De toute évidence, il y a des gens intelligents chez Mozilla et ils ont démontré leur capacité à repousser les limites de l’innovation. Mais pas avec Firefox. DuckDuckGo s’est ainsi taillé une niche croissante et importante dans la recherche axée sur la confidentialité, alors que Mozilla continue de perdre du terrain dans les navigateurs. Pourquoi?
Le navigateur Firefox de Mozilla a connu une baisse constante de la part de marché des ordinateurs de bureau au cours de la dernière décennie. (crédit : Mozilla)Dans son rapport, Mozilla affirme que la liberté de navigation a été « réprimée pendant des années par une architecture de choix en ligne et des pratiques commerciales qui profitent aux plateformes et ne sont pas dans le meilleur intérêt des consommateurs, des développeurs ou du Web ouvert ». Ce serait plus crédible dans la bouche de Mozilla si ce n’était pas la même entreprise qui a complètement mal géré son entrée sur le marché du mobile. Pour les consommateurs, il est essentiel de pouvoir utiliser le même navigateur sur différents appareils. Mozilla s’est assuré que des centaines de millions de personnes n’auraient pas un tel choix parce qu’il a bâclé la version mobile dès le début et bien trop souvent (quatre ans trop tard pour Android, refus de s’appuyer sur iOS par antipathie pour WebKit, tentative ratée de positionner Firefox comme un OS orienté web pour les smartphones bas de gamme, etc.). Les impulsions bienveillantes de Mozilla ont ensuite ajouté plus de distraction avec Context Graph, une tentative de réduire l’intention d’auteur sur une page Web et de la remplacer par des liens générés par Mozilla que l’utilisateur pourrait aimer davantage. Cela n’a pas fonctionné. En fait, rien de ce que faisait Mozilla ne semblait fonctionner, comme le détaillent clairement les graphiques des parts de marché mondiales pour les ordinateurs de bureau et les mobiles.
Prenez, par exemple, cette affirmation dans le rapport de Mozilla : « le choix du navigateur sur les ordinateurs de bureau a été contrecarré pendant de nombreuses années, et il n’a jamais vraiment existé sur les terminaux mobiles ». La première partie de cette phrase pourrait décrire avec précision Microsoft et IE à l’époque, mais elle ne tient pas compte de la montée en puissance de Google Chrome. Google a publié Chrome pour les OS de bureau en 2008 (à l’origine uniquement pour Windows XP) et en 2012 a lancé Chrome pour Android et iOS. Presque immédiatement, il a décollé. Une façon d’expliquer cette hausse, comme le fait Mozilla dans son rapport, est de souligner la position privilégiée que les fournisseurs de systèmes d’exploitation Microsoft, Google et Apple (sans parler de Samsung et BlackBerry) ont donnée à leurs navigateurs. Comme le rapport le suggère, lorsque les systèmes d’exploitation dominants (Microsoft et Apple) ont décidé d’offrir leurs propres navigateurs fournis avec le système d’exploitation de chaque ordinateur, les opportunités pour les navigateurs indépendants ont diminué. Sauf, bien sûr, qu’ils ne l’ont pas fait. Google a battu tous les fournisseurs de systèmes d’exploitation/navigateurs en place sur le territoire de ce fournisseur. Le rapport tente d’appliquer la même logique au mobile, affirmant que « la situation s’est aggravée avec le développement des smartphones mobiles avec des systèmes d’exploitation propriétaires et fermés (Google et Apple), et avec des appareils connectés (Google, Apple, Amazon, Facebook) - avec chaque système d’exploitation regroupant son propre navigateur ». Le regroupement est vrai. Les effets de ce regroupement, cependant, ne prouvent pas le point de vue de Mozilla. Ils prouvent le contraire.
L’utilisation mobile de Firefox est si faible qu’elle est incluse dans la catégorie « autre ». (crédit : Mozilla)Oui, Safari d’Apple est puissant sur les terminaux iOS, probablement parce que les utilisateurs trouvent qu’il est plus difficile de changer. Sur les ordinateurs de bureau, c’est Chrome de Google qui a gagné du terrain (peut-être parce qu’il est plus facile pour les consommateurs de télécharger et d’installer Chrome sur leurs ordinateurs de bureau). Il est également vrai que, du moins dans le cas d’Apple, les consommateurs qui recherchent et utilisent des navigateurs alternatifs, de nombreuses plateformes rendent difficile ou impossible de supprimer le navigateur fourni avec le système d’exploitation ; et/ou le supprimer en tant que système d’exploitation par défaut. Cela a certainement été aussi le cas avec iOS. Pourtant, il est toujours possible de trouver des moyens d’installer Chrome par défaut. Même lorsque l’on s’appelle Apple ou Microsoft, Google peut aussi écraser les alternatives.
Mozilla essaie de faire valoir que les positions relativement fortes de Google et d’Apple en matière de navigateurs conduisent à une innovation et à une qualité inférieures. Mais il est difficile d’accepter un tel raisonnement quand c’est Firefox de Mozilla, en particulier sur mobile, qui a boité bien derrière ces navigateurs leaders. En fait, tout au long du rapport de Mozilla, l’organisation semble être perdue dans une mer d’arguments qu’elle souhaite être vrais en théorie, même s’ils sont manifestement faux en pratique. En résumé, au lieu d’en faire des tonnes en rapports et arguments sur la concurrence des navigateurs, Mozilla ferait bien de construire un meilleur navigateur. Les consommateurs choisissent Chrome précisément parce qu’il offre une expérience cohérente et de haute qualité sur ordinateur et mobile. Mozilla a trébuché de manière critique il y a dix ans et continue de payer pour ses faux pas, mais plaider auprès des régulateurs ne résoudra pas les problèmes qui les ont rendus non compétitifs en premier lieu.
Source : lemondeinformatique.fr
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Firefox a possiblement fait des erreurs et manque peut-être de réactivité, mais perso je ressens un gros parti-pris dans l’écriture de cet article, serait-il sponsorisé ?
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La seule chose que je peux reprocher à Firefox, et c’est assez récent, c’est de geler complètement quand un des onglets est en attente de téléchargement, sinon, en ce qui me concerne, c’est un excellent navigateur (privé), servi par pas mal d’extensions très utiles et je ne vois pas vraiment par quoi le remplacer.
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Indigostar PW Addict Seeder I.T Guy Rebelle GNU-Linux User Membrea répondu à Pollux le dernière édition par
@Pollux a dit dans En déclin, Mozilla en quête de bouc émissaire :
Firefox a possiblement fait des erreurs et manque peut-être de réactivité, mais perso je ressens un gros parti-pris dans l’écriture de cet article, serait-il sponsorisé ?
A priori non. Il est écrit par Matt Asay, vice-président de MongoDB. Ce qui m’a plutôt étonné.
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OK, adepte de Firefox depuis sa sorti peut-être est-ce moi qui souffre de parti-pris en tout cas j’ai trouvé certains arguments très faibles voir tendancieux et je reste à peu prés convaincu que les pratiques anti-concurrentielles jouent un grand rôle dans les pertes de part de marché de cet excellent navigateur.
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La critique de l’article ignore complètement le fait que c’est la position dominante de Google dans le web qui lui a permis d’imposer son navigateur. Windows inclus IE par défaut, mais comme tout le monde a pris l’habitude d’aller sur Google pour faire une recherche et que Google propose son navigateur à ses visiteurs, Google dispose bien d’une force de frappe commerciale largement supérieure à celle de Mozilla. Ce n’est pas une histoire de qualité du navigateur.
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Article clairement à charge et depuis le titre. L’auteur se justifie de son abandon de FF ? Il y aurait pourtant beaucoup à dire sur Chrome.
Ça se fait pas de tirer sur l’ambulance. -
Tout n’est pas forcément faux dans ce qui est dit dans cet article…
Firefox n’est pas exempt de défauts non plus même si je l’aime beaucoup et que je l’utilise depuis XP…
Pour ma part, il manque encore de fonctionnalités pour mon utilisation du web comme le regroupement et la juxtaposition d’onglets que j’utilise énormément chez Vivaldi, les traductions ainsi que les chaînes de commandes personnalisées…
Ça fait partie des choses qui font que je l’ai abandonné pour mon utilisation quotidienne…
Ça n’empêche pas que c’est un très bon navigateur qui fait le job sans sourciller et que j’installe partout dans les écoles…
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torrenteur Seeder Usenet Ciné-Séries Club Torrent user PW Addict GNU-Linux Usera répondu à Violence le dernière édition par
@Violence pour la gestion des onglets c’est pas les extensions qui manquent. Pour le reste sans doute aussi.
Perso ça me va ainsi, un FF relativement nu + ses extensions favorites. Au final ton FF a plus de fonctionnalités que n’importe quel autre navigateur. -
Ben justement je ne suis pas sur de cela…
Tu peux prendre un Vivaldi qui est bien plus fournis et qui possède aussi un store d’extensions donc finalement ça reviens au même…Les extensions que j’ai testées à l’époque était lourdes et surchargeait ff niveau performance.
Ça m’avais moyennement convaincu et Vivaldi est venu combler ce manque… Ça c’est pr les onglets mais il n’y a pas que cela… (Je retesterais a l’occasion)
Je sais qu’avec Quantum, ils se sont améliorés niveau performance car j’avais retesté un petit mois mais c’est tellement bien foutu sous Vivaldi nativement sans extensions que j’y étais revenu et pr l’instant je ne suis pas prêt de reswitcher pour une utilisation quotidienne sauf si ils proposent quelque chose de neuf qui me parle plus…
Je ne sais pas, ça en tient même de la sensibilité, il lui manque un petit truc pour moi qui fait que je ne suis pas pleinement satisfait de ce qu’il propose.
Je ne veux pas faire l’avocat du diable et je vois bien que je suis en minorité ha ha mais je vous conseille d’au moins tester pour vous faire une idée et avoir des points de comparaisons…
En tt cas, FF est un bon navigateur que je continuerais tt de même à défendre pour les valeurs qu’ils proposent et Mozilla est la seule fondation a proposer cette vision. C’est pourquoi je fais ma BA et je l’installe un peu partout. (A moi seul, il est installé sur un peu plus de 400 machines… )
Édit:
Il est clair que la dominance du marché a joué un rôle majeure dans la situation actuelle mais il faut avouer que Mozilla a fait aussi de très mauvais choix qui ne l’ont pas aidé.
Pas taper svp
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Ha ba je ne dis pas le contraire, je suis au courant (j’encourage même l’utilisation de Firefox - voir mon dernier post), c’est d’ailleurs très bien mais je ne parlais pas de vie privée mais de fonctionnalités.
Sur ce sujet, Torrenteur l’a très bien dit, le manque de fonctionnalités de FF destinées à approfondir l’expérience de navigation que je déplore est largement compensé assez efficacement par la prise en charge des extensions mais pour ma part, ce n’est pas l’option que j’ai choisie pour diverses raisons évoquées
Firefox est très bien, mais en restant objectif, il n’est pas exempt de défauts (ni de qualités d’ailleurs) que je vais tenter de résumer (très, trop) rapidement :
Qualités:
- Son propre moteur de rendu
- Fiabilité
- Stable
- Vie privée
- Respect des standard du web
- isolation des sites,
- onglets sandboxés,
- blocages des publicités, cookies et traqueurs intersites
- sécurité, proactifs
Défauts:
- Austérité
- Performance même si grosses améliorations depuis Quantum
- Manque de fonctionnalités natives
- Mauvaise gestion du multiprofil
- Gestion chaotique des onglets
- Collecte et traitement des données de navigation et du compte utilisateur activés par défaut
–> D’ailleurs je lui trouve bien plus de qualités que de défauts
Pour l’utilisation quotidienne que j’ai du web, il ne me conviens plus. D’ailleurs, pour une question de… vie privée, je n’utilise pas qu’un navigateur sur le web justement
Mozilla a même décidé de s’inspirer des travaux de Google, notamment concernant les agencements d’interface, ce n’est pas rien non plus.
Concernant le sujet de base, Firefox a aussi fait de très mauvais choix comme avoir licenciés certains de ses collaborateurs les plus expérimentés et bcp d’autres, forte dépendance à Google, développés des services annexes puis abandonnés (Send, Notes), son modèle économique bancale se reposant essentiellement sur les redevances versées par Google, Baidu ou Yandex… Je crois d’ailleurs, si je ne me gourres pas, que le partenariat commercial en place avec Google depuis plusieurs années déjà, et qui devait initialement prendre fin en 2020 a été renouvelé et étendue jusqu’en 2023 au moins, même si comme je l’ai dit, la dominance des mastodontes sur le marché actuel n’aide pas.
Mais certains arrivent à tirer leur épingle du jeu comme Brave même si j’aime moins le délire crypto, il a bien des choses à faire valoir sous le capot.
Je pense qu’il faut une nouvelle stratégie claire à Mozilla pour qu’il puissent percer dans cette jungle…
EDIT: Avant de me faire défoncer:
Je le redis, Firefox est un très bon navigateur. J’essai simplement d’être objectif, de faire le tri, comparer, etc…
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Malgré ses quelques défauts j’utilise Firefox régulièrement. Au moins je suis à peu près sûr que je n’aurais pas de coups fourrés avec ce navigateur. D’ailleurs je l’ai également installé sur mon mobile à la place de chrome qui me spammait à mort et ça me va.
A noter qu’il est open source et que suis un supporter de ce type d’applications.
PS : Mon autre navigateur préféré est Brave -
Gros +1 pour Brave (Sur android, il est d’ailleurs très bien)
@Memorex91 a dit dans En déclin, Mozilla en quête de bouc émissaire :
A noter qu’il est open source et que suis un supporter de ce type d’applications.
Idem visiter le Wiki de PW pour s’en rendre compte