[Critique] Destination Finale : Bloodlines : la mort leur va (toujours) si bien
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Dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu à la grande faucheuse pour réaiguiser sa lame et replonger nos petits corps flasques dans le bain chaud d’une saga où la mort n’a jamais été un accident mais une œuvre d’orfèvre sadique. Dans Destination Fianle: Bloodlines, Zach Lipovsky et Adam B. Stein signent un retour acéré où la moindre vis mal serrée devient l’avant-goût d’un massacre à la chaîne. C’est bien simple : on entend presque le tic-tac de la faucheuse en train d’aiguiser ses faux, comme un chef qui prépare sa planche à découper. Et cette fois, elle travaille en famille.
Car oui, Bloodlines brasse du sang sur plusieurs générations. Retour en 1959 : une tour clinquante, croisement de Space Needle et d’une sorte de phallus faussement architectural, s’apprête à accueillir Iris et son amoureux pour ce qui devait être une demande en mariage et qui vire au massacre vertical. La scène d’ouverture annonce la couleur : contre-plongées dissonantes, gros plans distordus sur des objets aussi anodins qu’un seau d’eau glacée ou une bouteille de bière, chaque plan suinte l’anticipation du pire. Et quand on croit avoir deviné l’engrenage, le film s’amuse à faire durer la tension, en mode sadique assumé.
On rit, on grimace, on savoure chaque « fusil de Tchekhov » avec la jubilation d’un gosse dans un magasin de pétards : bouteille, piercing nasal, râteau, trampoline, chambre d’IRM, seau, lampadaire… Bloodlines est un inventaire à la Prévert, où chaque élément introduit devient fatalement déclencheur d’un chaos burlesque dans la [censored] tradition du cartoon gore. Si les Destination Finale ont toujours fricoté avec la comédie noire, celui-ci assume pleinement ses penchants pour le slapstick, version Evil Dead. Sam Raimi n’aurait d’ailleurs par renié ce ballet des horreurs.
Mais là où le film surprend, c’est dans sa relecture de ses propres codes. Le spectateur est complice, jamais dupe. Il sait que tout est mécanique, qu’aucune échappatoire n’est possible, que les prémonitions ne sauvent personne. Et pourtant il y croit encore, comme ces ados qui fuient le tueur en courant droit vers le piège. Car Bloodlines joue aussi avec nos nerfs et nos souvenirs : la tour du passé est revisitée dans les cauchemars de Stefani, petite-fille d’Iris, incapable de dormir sans rejouer mentalement la catastrophe originelle. Et si Iris avait survécu ? Et si, quelque part, entre deux flashbacks, elle détenait encore des réponses ? Le film distille ses indices avec une malice de conteur de feu de camp.
Ce qui frappe, au fond, c’est cette capacité qu’a la saga à convoquer des thématiques métaphysiques dans un écrin de viscères. Libre arbitre ? Karma ? Parallèles avec Le Septième Sceau (1957) de Bergman ? Sans doute. Mais ici, c’est Moe qui enfonce ses doigts dans les orbites de Larry, pendant que Curly balance une tronçonneuse dans le dos du premier. On rit nerveusement devant tant de cruauté stylisée, comme si les Trois Stooges étaient possédés par Lucio Fulci.
Quand la BO balance Etta James, Air Supply ou Kelly Clarkson, c’est tout un jukebox de second degré qui éclate, complice avec un public qui n’a jamais pris cette saga pour ce qu’elle ne voulait pas être. L’ironie est mordante, mais jamais cynique. La mort est inévitable, soit, mais elle est aussi chorégraphiée avec une telle minutie qu’on en redemande. Un train passe ? Ce n’est pas pour la balade. Un salon de tatouage ? Ce n’est pas pour l’esthétique. La logique de l’univers Destination Finale ne repose pas sur le hasard, mais sur une sorte de justice cosmique, où les salauds meurent mal, et les innocents„. un peu moins salement.
Et puis il y a cette scène, bouleversante, ultime. Le chant du cygne de Tony Todd. Le croque-mort Bludworth revient une dernière fois, six mois après la mort de l’acteuL Maigre, souffrant, et plus imposant que jamais. Sa voix gronde comme un orage au loin, et dans ce corps en sursis, il insuffle une dignité tragique à toute la saga. C’est plus qu’un caméo : c’est un adieu à la scène, un cadeau posthume, une preuve que l’art peut sublimer même les dernières heures. Il fait le lien entre le réel et la fiction, entre la mort inévitable et son rituel filmique. À ce moment-là, le film bascule dans une autre dimension. Nous ne sommes plus dans le gore, mais dans le sublime.
Destination Finale : Bloodlines n’est pas qu’un baroud d’honneur. C’est une célébration. De la peur, du grotesque, de la mise en scène comme mécanique du sort. C’est une orgie de meurtres stylisés qui, sous son apparente bêtise, interroge nos rapports à la fatalité. Comme dans ces vieux films japonais où les esprits reviennent hanter les vivants, ici, c’est le souvenir de nos fautes qui déclenche les mécanismes de la destruction.
C’est peut-être ça, la véritable morale du film : la mort, ce n’est pas la fin. C’est le style dans lequel on y arrive qui compte.
–> Toutes les critiques sérieuses ont l’air conquises. Hâte de faire mon propre avis et de voir un film d’une franchise que j’ai kiffé dans mon adolescence. Et puis bon, tout cinéphile averti ne peut louper l’ultime caméo de Tony Todd, RIP
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Depuis un petit moment je voulais le mater (moi aussi je suis fan de la franchise même si le 1 surpasse les autres épisodes avis perso).
Je vais mater ça ce soir tiens ^^ -
Celui avec le tronc d’arbre et le camion sur l’autoroute, c’était masterclass aussi
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Je ne posterai pas la critique de destination finale par écran large, même si elle m’a fait mourir de rire, juste le titre de la critique:
“Destination Finale 6 : critique Mourir peut attendre”
Sinon, je le regarderai peut-être, chacun prends son pied où il peut, surtout depuis la fermeture de uporn…
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undefined Violence a fait référence à ce sujet
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écran large sont des mange merde, suffit de les lire pour s’en rendre compte. C’est le JV.com du cinéma
Il sont tout le temps à côté de la plaque.Jeanine à 50 ans, ne connait rien au cinéma, sa culture cinématographique c’est Asterix et Obélix et autres niaiseries de films/séries TV Fr, j’en passe et des meilleurs, mais elle peut donner son avis pour le site et écrire des “critiques”
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Voilà t’as tout dit.
La première fois que j’avais lu les critiques là bas au tout début de ce site poubelle, j’étais à douter de moi et je me posais des questions du genre "Diantre, est ce que je vois vraiment de la merde, ai je vraiment des goûts vraiment à l’ouest ? " Et puis au fur et à mesure des années, j’ai compris où je mettais les pas…sur un site de merde ou chaque frustré venait chier sa critique bidon.
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Pour ma part, je ne regarde quasiment jamais les critiques, au pire les notes données.
mais préfère me faire mon opinion par moi-même, très souvent visionnée 2 fois surtout si j’ai le sentiment de m’ennuyer (si c’est un navet, je m’endore dessus ou je ne vais pas jusqu’au bout)
Quant à DF6, je vais attendre une sortie VF d’ici quelques temps pour en profiter tranquillement sur le canapé, tout comme le futur Jurassic…