[USA] La police peut désormais visionner les caméras de surveillance privées en temps réel, cette mesure ne rendrait pas la ville sécurisée
-
Mais une surveillance généralisée à tout moment
Les caméras vidéo, ou télévision en circuit fermé (CCTV), sont de plus en plus répandues dans nos vies. La crainte du terrorisme et la disponibilité de caméras toujours moins chères ont encore accéléré cette tendance. L’utilisation de systèmes sophistiqués par la police et d’autres responsables de la sécurité publique est particulièrement troublante dans une société démocratique. La police de San Francisco a vu ses pouvoirs de surveillance renforcés cette semaine après que le conseil de surveillance de la ville a voté pour accorder au département de police l’accès aux caméras de surveillance privées en temps réel. Cette police peut désormais visionner les caméras de surveillance privées en temps réel. Le conseil de surveillance de la ville a voté en faveur de cette mesure controversée, à laquelle s’opposaient l’EFF et l’ACLU.
La police pourra désormais accéder aux caméras non municipales avec le consentement du propriétaire pour surveiller en direct les événements publics de grande envergure et les enquêtes. C’est une grande perte pour les groupes de défense de la vie privée et des droits civils, mais une grande victoire pour la police de San Francisco, le maire London Breed et le bureau du procureur, qui estiment que la nouvelle ordonnance permettra de lutter contre la criminalité.
La proposition, mise en œuvre sous la forme d’un programme pilote d’un an, permettra à la police de surveiller les flux vidéo privés pendant une période de 24 heures dans les situations suivantes : en cas d’urgence mettant la vie en danger, pour se redéployer lors d’un événement de masse et pendant les enquêtes criminelles. Les groupes de défense des libertés civiles tels que l’EFF et l’ACLU ont vivement critiqué cette nouvelle mesure, qui, selon eux, va accroître la surveillance de groupes déjà marginalisés dans la ville. Dans un billet de blog, Matthew Guariglia, analyste politique de l’EFF, a écrit que le large éventail de crimes pouvant déclencher l’activation des caméras permettrait une surveillance généralisée à presque tout moment.
Le vote, qui a été adopté à 7 contre 4, a approuvé un programme pilote d’un an qui permettra à la police de surveiller les images des caméras privées de la ville avec le consentement des propriétaires des caméras. Le département de la police de San Francisco (SFPD) n’aura pas un accès permanent aux caméras, mais pourra se brancher sur le réseau dans certaines conditions, par exemple lors d’enquêtes sur des délits, y compris des délits mineurs et des crimes contre la propriété. Le SFPD pourra également accéder aux images des caméras privées lors d’événements publics de grande envergure, tels que des manifestations, même s’il n’y a aucun soupçon qu’un crime ait été commis.
« Ne vous méprenez pas, des délits tels que le vandalisme ou le passage en dehors des clous se produisent dans presque toutes les rues de San Francisco, quel que soit le jour, ce qui signifie que cette ordonnance donne essentiellement au SFPD la possibilité de mettre toute la ville sous surveillance en direct, indéfiniment », a écrit Guariglia. Cependant, le maire de San Francisco, London Breed, a déclaré que la nouvelle législation était une mesure nécessaire pour accroître la sécurité publique dans la ville, qui a dû faire face à une augmentation du taux de criminalité.
Selon une enquête de l’Agence des droits fondamentaux, 83 % des Européens sont opposés au partage des données de leur visage avec les autorités et 94 % à leur partage avec des entités privées. Cependant, on assiste aujourd’hui à une prolifération de l’adoption de la surveillance de masse biométrique par les gouvernants de certains pays y compris les pays de l’Union européenne. Le 24 novembre de l’année dernière, le nouveau gouvernement allemand a demandé une interdiction européenne de la surveillance de masse biométrique.
Notons que la biométrie est la science qui porte sur l’analyse des caractéristiques physiques ou comportementales propres à chaque individu. Par surveillance biométrique de masse, il faut entendre la reconnaissance faciale, mais encore l’analyse des émotions et des comportements par la vidéosurveillance, les prédictions automatisées en raison de caractéristiques physiques, l’analyse automatisée biométrique de nos profils sur les réseaux sociaux, l’analyse automatique de nos voix et de nos comportements.
Une surveillance de masse biométrique utilise des technologies numériques automatiques par intelligence artificielle pour la reconnaissance de caractéristiques physiques ou comportementales des personnes présentes dans les lieux publics, à des fins d’identification ou de prévention des risques. La biométrie signifie de façon simplifiée la « mesure du corps humain ».
En vertu de la législation européenne sur la protection des données, les données biométriques sont particulièrement sensibles et leur traitement est interdit, sauf en cas « d’intérêt public substantiel », sous réserve de conditions strictes de nécessité et de proportionnalité. Selon un rapport, un nombre croissant de pays suivent la Chine en déployant l’intelligence artificielle pour suivre les citoyens, selon un rapport d’un groupe de recherche publié mardi. Selon la Fondation Carnegie pour la paix internationale (une organisation non gouvernementale ainsi qu’un cercle de réflexion et d’influence global, organisation dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion des intérêts des États-Unis sur la scène internationale), au moins 75 pays utilisent activement des outils d’IA tels que la reconnaissance faciale pour la surveillance. L’indice des pays où une forme de surveillance de l’IA est utilisée inclut les démocraties libérales telles que les États-Unis et la France, ainsi que des régimes plus autocratiques.
Innovations technologiques françaises dans la vidéosurveillance
De nombreuses entreprises françaises œuvrent pour la mise en place d’intelligence artificielle (IA) au cœur de la vidéosurveillance. La startup française Aquilae illustre cet exemple dans la mesure où elle propose une solution qui équipe des sites sensibles tels que des bases militaires. En effet, une vidéosurveillance couplée d’IA comporte d’autant plus d’intérêts qu’elle peut analyser des situations et des images et ainsi assister l’opérateur humain derrière cette caméra.
Grâce à son logiciel de vidéo surveillance intelligente JAGUAR, la PME Evitech est en mesure de détecter toute intrusion physique, mais également d’analyser toute allure suspecte. En effet, un individu s’arrêtant plusieurs fois, faisant demi-tour ou chutant peut être repéré. Elle compte parmi ses clients des sites de production d’électricité ainsi que des infrastructures pétrolières.
Si les caméras peuvent détecter des mouvements grâce aux images, elles le peuvent maintenant grâce aux sons. Tel est le défi qu’a relevé Sensivic, une startup française ayant développé une intelligence artificielle capable de détecter du son sur une image. Ces caméras peuvent surveiller un site à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur. Lorsque le son est différent du modèle défini auparavant, il envoie une notification. Le détecteur capte le son et oriente ainsi la caméra vers la source sonore. Cette solution équipe majoritairement les villes. Il convient toutefois de noter que ces caméras n’ont pas le droit de conserver ces enregistrements.
Outre les caméras fixes, les drones jouent un rôle important dans la protection des sites. En effet, ils permettent d’effectuer des rondes en permanence et ont une réelle utilité sur des sites très étendus comprenant certains accès limités. Implantée à Bordeaux, Azur Drone propose par exemple un produit en mesure de surveiller les sites sensibles à l’instar de sites industriels ou des raffineries. Le 4 février 2021, il a été annoncé que ce système était en cours d’expérimentation pour la surveillance du site d’Orano à La Hague (Manche). Même si l’utilisation de ces drones est très surveillée par la CNIL, Skeyetech a obtenu une première autorisation de vol par la DGAC en 2019.
Mais si la France est soutenue par de nombreuses applications technologiques, elles semblent cependant freinées par des résistances culturelles et éthiques. « Nos résidents et nos petites entreprises veulent que nous nous concentrions sur la sécurité dans la ville pour tous ceux qui vivent et travaillent », a déclaré Breed dans un communiqué. « Il s’agit d’une politique sensée qui trouve un équilibre entre la nécessité de donner à nos policiers un autre outil pour relever les défis importants en matière de sécurité publique et de tenir pour responsables ceux qui enfreignent la loi. »
Bien que l’ACLU n’ait aucune objection à ce que des caméras soient installées dans des lieux publics spécifiques et très en vue qui sont des cibles terroristes potentielles, la volonté de couvrir nos espaces publics et nos rues de vidéosurveillance serait une mauvaise idée. Voici quelques raisons présentées par l’ACLU :
La véritable raison pour laquelle les caméras sont généralement déployées est de réduire les délits plus mineurs. Mais il n’a même pas été démontré qu’elles pouvaient le faire. En Grande-Bretagne, où les caméras ont été largement déployées dans les lieux publics, les sociologues qui ont étudié la question ont constaté qu’elles n’avaient pas réduit la criminalité.
« Une fois que les chiffres des crimes et des infractions ont été ajustés pour tenir compte de la tendance générale à la baisse des crimes et des infractions », ont constaté les criminologues dans une étude, « des réductions ont été constatées dans certaines catégories, mais rien ne permet de penser que les caméras ont réduit la criminalité dans son ensemble dans le centre-ville. » Une étude réalisée en 2005 pour le ministère de l’Intérieur britannique a également révélé que les caméras n’avaient pas réduit la criminalité ou la peur de la criminalité (tout comme une étude réalisée en 2002, également pour le gouvernement britannique).
L’un des problèmes liés à la création d’un système de surveillance aussi puissant est que l’expérience nous apprend qu’il sera inévitablement utilisé de manière abusive. Les systèmes de caméras de surveillance sont susceptibles d’être utilisés à mauvais escient de cinq manières différentes :
L’abus criminel
Les systèmes de surveillance offrent aux forces de l’ordre une occasion tentante d’abus criminels. En 1997, par exemple, un haut responsable de la police a été surpris en train d’utiliser les bases de données de la police pour recueillir des informations sur les clients d’un club gay. En consultant les numéros d’immatriculation des voitures garées dans le club et en faisant des recherches sur les antécédents des propriétaires des véhicules, il a tenté de faire chanter les clients mariés. Imaginez ce que quelqu’un comme lui pourrait faire avec un système de caméras d’espionnage dans toute la ville.
Les abus institutionnels
Il arrive que de mauvaises politiques soient définies au sommet et que l’ensemble d’un organisme chargé de l’application de la loi soit orienté vers des fins abusives. Cela est particulièrement susceptible de se produire dans les périodes d’agitation sociale et de conflit intense autour des politiques gouvernementales. Pendant le mouvement des droits civiques et la guerre du Viêt Nam, de nombreux services de police dans tout le pays - a mené des opérations illégales pour espionner et harceler les militants politiques qui contestaient la ségrégation raciale et la guerre du Viêt Nam.
Abus à des fins personnelles
Les puissants outils de surveillance créent également des tentations d’abus à des fins personnelles. Une enquête du Detroit Free Press a ainsi montré qu’une base de données accessible aux forces de l’ordre du Michigan était utilisée par des agents pour aider leurs amis ou eux-mêmes à traquer des femmes, menacer des automobilistes après des altercations sur la route et suivre des conjoints séparés.
Ciblage discriminatoire
Les systèmes de caméras vidéo sont exploités par des êtres humains qui apportent à ce travail tous leurs préjugés et leurs partis pris. En Grande-Bretagne, on a constaté que les opérateurs de caméra se concentraient de manière disproportionnée sur les personnes de couleur. Selon une étude sociologique sur le fonctionnement des systèmes, « les Noirs avaient entre une fois et demie et deux fois et demie plus de chances d’être surveillés que ce que l’on pourrait attendre de leur présence dans la population ».
Voyeurisme
Les experts qui étudient le fonctionnement des systèmes de caméras en Grande-Bretagne ont également constaté que les opérateurs, pour la plupart des hommes (et probablement ennuyés), utilisent fréquemment les caméras pour espionner les femmes avec voyeurisme. Les chercheurs ont constaté qu’une femme sur dix était visée pour des raisons entièrement voyeuristes. De nombreux incidents ont été signalés aux États-Unis. Dans l’un d’eux, la police de la ville de New York, à bord d’un hélicoptère censé surveiller la foule lors de la convention républicaine de 2004, a braqué une caméra vidéo infrarouge sur un couple amoureux profitant de l’“intimité” nocturne de leur balcon sur le toit.
Sources : Vidéo, developpez.com
-
et voilà, on y arrive, fini la vie privée, c’était sympa
-
J’aurais précisé dans le titre que ça se passe aux US et non en FRANCE.
-
C’est probablement juste une question de temps…
A Genève, la police va demander les images de vidéosurveillance aux entreprises ou aux particuliers en cas d’accidents ou de rodéo (au autre), je ne crois pas que ce soit légal, mais la pratique est depuis longtemps courante.
-
[FRANCE] Surveillance de masse : trois plaintes contre le ministère de l’Intérieur déposées auprès de la Cnil
L’association La Quadrature du Net a déposé trois plaintes collectives auprès de la Cnil, portées par 15 248 personnes, à propos des caméras de surveillance, la reconnaissance faciale et le fichage de masse de la population française.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), gendarme de la cybersécurité des Français, a été saisie par La Quadrature du Net à propos d’une surveillance de masse jugée abusive et répressive par l’association. Cette dernière a dans son viseur le ministère de l’Intérieur et sa “technopolice”, à l’origine d’une politique de surveillance de masse. La Quadrature du Net a déposé trois plaintes collectives auprès de la Cnil concernant trois dispositifs de surveillance : la multiplication des caméras de surveillance, une utilisation abusive de la reconnaissance faciale et un fichage de masse.
L’association explique que le droit français n’autorise une mesure de surveillance qu’à condition d’être absolument nécessaire, et se doit d’être proportionnée au crime ou délit qui la nécessite. “On ne chasse pas une mouche avec un porte-avions”, illustre La Quadrature du Net.
Une première plainte a été déposée contre le fichier TAJ, ou Traitement des antécédents judiciaires, rassemblant les informations de toute personne concernée par une enquête, du plaignant au témoin, soit aujourd’hui plus de 20 millions de fiches selon l’association. Elle juge ce fichier illégal pour deux raisons : les données seraient utilisées abusivement, mais également conservées plus longtemps que la loi ne l’autorise. Ce fichier servirait également de support à la police et la gendarmerie pour opérer de la reconnaissance faciale en dehors de tout cadre légal.
Une deuxième plainte a ensuite été déposée contre la vidéosurveillance généralisée, problématique qui inquiétait déjà la Cnil. La multiplication des caméras de vidéosurveillance aux quatre coins du pays n’a, selon l’association, jamais été clairement justifiée. “La vidéosurveillance est alors illégale, car disproportionnée et sans justification”, écrit La Quadrature du Net dans sa publication.
Enfin, la troisième plainte concerne le fichier TES, ou Titres électroniques sécurisés, qui conserve les photos de chaque personne ayant une carte d’identité ou un passeport. Chaque citoyen français, donc. Cette plainte vise à dénoncer “l’absence de nécessité et de proportionnalité de ce fichier”.
La balle est dorénavant dans le camp de la Cnil, capable de sanctionner tout manquement à la sécurité des citoyens. L’association écrit : “La Cnil doit maintenant prendre en compte la voix des milliers de personnes qui ont rejoint la plainte et montrent leur opposition ferme à cette dynamique de surveillance et au déploiement de ces technologies qui échappent le plus souvent à tout contrôle.”
-
@Aerya a dit dans [USA] La police peut désormais visionner les caméras de surveillance privées en temps réel, cette mesure ne rendrait pas la ville sécurisée :
J’aurais précisé dans le titre que ça se passe aux US et non en FRANCE.
ca commence toujours comme ca et ca arrive chez nous après
-
@Ashura a dit dans [USA] La police peut désormais visionner les caméras de surveillance privées en temps réel, cette mesure ne rendrait pas la ville sécurisée :
J’aurais précisé dans le titre que ça se passe aux US et non en FRANCE.
ca commence toujours comme ca et ca arrive chez nous après
Pas pour tout, j’attends toujours mon Dodge Ram, et mon boeuf aux hormones.