Requiem for a dream de retour en salles et en BR4K : l’inoubliable descente aux enfers orchestrée par Darren Aronofsky

Vingt-cinq ans après sa sortie, Requiem For A Dream ressort en version restaurée ainsi qu’en BR 4K.
Non seulement le film n’a pas pris une ride, mais son influence se fait ressentir encore aujourd’hui. Après Pi, premier film ambitieux et stylé, mais un peu ésotérique, Darren Aronofsky avait besoin d’un succès public pour transformer l’essai. Il a fait le pari risqué d’adapter Requiem or a dream, le livre d’Hubert Selby Jr. sur les différentes manifestations de l’addiction selon les générations. Aronofsky s’est si bien entendu avec Selby que celui-ci a accepté de travailler sur le script (il fera également une apparition dans le film en gardien de prison).
L’histoire de Harry Goldfarb, un jeune toxicomane de Brooklyn qui entraîne dans sa chute sa fiancée et son ami inclut aussi la mère de Harry, une retraitée accro aux show télévisés. Persuadée qu’elle est invitée à participer à son émission favorite, elle entreprend de maigrir pour se rendre présentable, et se fait prescrire un régime à base d’amphétamines qui la rendent accro et lui font perdre la tête. Jared Leto et Jennifer Connelly, dans la fleur de l’âge, incarnent avec d’autant plus d’intensité les principaux protagonistes de cette descente aux enfers qui se termine sur des images choquantes et toujours ambigües. Aronofsky avait d’ailleurs confié à Selby qu’il n’était pas sûr si les personnages mouraient à la fin. L’écrivain avait répondu dans un grand rire :
« Certainement pas, ils n’ont pas fini de souffrir ! »
Élaboré dans ses moindres détails, storyboardé d’un bout à l’autre, le film est intégralement cadencé, découpé et mis en scène selon une musicalité très précise, en accord avec le compositeur Clint Mansell, pour s’adapter au rythme des différents états psychiques des personnages, qui vont de l’excitation euphorique à la dépression. À une époque où une nouvelle génération de cinéastes (David Fincher, Alex Proyas, Gaspar Noé, Shinya Tsukamoto…) rivalisait de créativité pour inventer des grammaires inédites grâce aux nouveaux outils qui s’offraient à eux, Aronofsky a utilisé une caméra portée pour coller au plus près de chacun de ses protagonistes et faire partager leur point de vue. Un quart de siècle après sa sortie, Requiem n’a rien perdu de sa puissance dramatique et visuelle, et la récente rétrospective consacrée à Aronofsky à la Cinémathèque permet de vérifier qu’il a gardé le même niveau d’intensité dans des films aussi variés que The wrestler ou Black swan.
À sa sortie, Requiem For A Dream a été un succès critique et commercial qui a définitivement confirmé Aronofsky comme un grand directeur d’acteurs (Ellen Burstyn était nommée à l’Oscar pour son rôle) et un spectaculaire créateur de formes. Il a aussitôt été copié, mais son influence reste encore forte aujourd’hui. C’est particulièrement évident à la vision de The substance dans lequel Dennis Quaid joue un personnage manifestement similaire à l’animateur joué par Christopher MacDonald dans Requiem For A Dream. Surtout, la séquence où Ellen Burstyn se maquille a directement inspiré à Coralie Fargeat une scène identique, assumée comme un hommage. À l’époque, on avait pu reprocher à Aronofsky d’emprunter à tout va (chez Bob Fosse ou Satoshi Kon), mais il ne s’en cachait pas. Aujourd’hui, le fait qu’il soit lui-même l’objet d’emprunts est un gage qu’il a rempli son contrat.
– Source : https://www.chaosreign.fr/requiem-for-a-dream-de-retour-en-salles-et-en-blu-ray-linoubliable-descente-aux-enfers-orchestree-par-darren-aronofsky/
–> Une bonne occasion de revoir ce film qui à marqué d’une fer rouge mon adolescence.