À 90 mètres sous la glace, ce spéléologue alsacien découvre "un monde hors-norme, parfois inquiétant"
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Olivier Courtois, spéléologue expérimenté installé en Alsace, a découvert lors d’une expédition au Kirghizistan, l’exploration sous glacier. Une expérience à visée scientifique, menée dans des conditions extrêmes.
Olivier Courtois a parcouru bien des galeries souterraines, en Alsace où il est installé depuis plus de 20 ans, ou dans le sud de la France dont il est originaire. Il a sillonné des canyons, mené des expéditions en Pologne, dans la jungle indonésienne, sur les sommets suisses. Mais jamais encore le spéléologue n’avait exploré ce qu’il se passe sous la glace.
À l’occasion d’une expédition organisée par l’association Regard sur l’aventure dont il fait partie, sous l’égide de la fédération française de spéléologie, il a plongé quinze jours durant sous le glacier Inylchek, au cœur du Kirghizistan, tout près de la frontière chinoise. Un monde fascinant, mais aussi inquiétant. "C’est un monde vivant, la glace. Ça bouge énormément et donc le bruit est impressionnant, explique l’aventurier. Il y a des craquements, des explosions et on n’est donc beaucoup moins tranquilles et sereins que lorsque l’on évolue sur la roche."
Leur camp de base, installé à 3 500 mètres d’altitude, a imposé des conditions de vie extrêmes, "avec des températures de -15 à -20 degrés, et sous tente, un dégel impossible. C’est sûr que le sac de couchage craquait un peu quand on rentrait dedans ! La respiration n’est pas aisée non plus, vue l’altitude."
Le camp de base de l’expédition était installé à 3 500 mètres d’altitude. • Regard sur l’aventure
Pas de quoi pour autant ternir l’expérience. “Sous la glace, en fait, la température est constante, autour de 0 ou -2 degrés, donc tout à fait supportable.” Et les images qu’il ramène témoignent d’un monde “hors norme”, forcément passionnant à explorer pour un spécialiste comme lui.
200 millions de m3 d’eau engloutis sous le glacier chaque année
L’équipe, composée de onze spécialistes de la spéléologie, appuyée par des partenaires locaux, menait là la troisième expédition sur ce glacier.
“L’objectif était d’essayer de comprendre un phénomène récurrent, qui survient à chaque fin d’été : un lac glaciaire se vidange d’un seul coup, à la fin de l’été, 200 millions de m3 d’eau qui disparaissent d’un coup, en 48 heures, comme englouties par le glacier… avant d’inonder la vallée en aval. On ne sait pas quel cheminement suit l’eau, et c’est cela que nous voulions comprendre.”
Olivier Courtois et l’équipe rassemblée par l’association Regards sur l’aventure ont pu descendre jusqu’à 90 mètres sous la glace et explorer 21 gouffres glaciaires. • Regard sur l’aventure
Un phénomène de vidange qui n’a pas d’équivalent dans le monde, en termes de volume d’eau évacué et de régularité, mais qui survient dans d’autres parties du monde et qui pourrait s’accélérer et devenir plus violent avec le réchauffement climatique, potentiellement dangereux lorsque des populations vivent à proximité.
Nous avons pu explorer 21 gouffres de glace et descendre jusqu’à 90 mètres sous nos pieds
Olivier Courtois, spéléologue
“Nous sommes allés plus loin donc que les précédentes expéditions et nous avons pu confirmer les deux options envisagées pour expliquer le phénomène : la formation de bouchons de glace empêchant l’écoulement de l’eau, qui fonderaient à la fin de l’été, libérant ainsi l’eau. Ou bien la force de l’eau qui provoquerait un soulèvement du glacier, offrant la possibilité à l’eau de passer en-dessous.”
Le glacier a perdu trois mètres d’épaisseur
Mais le glacier gardera une grande partie de son mystère. “La glace offre des failles mais se referme. Nous avons exploré aussi bas que nous pouvions, l’eau s’écoulait sans doute non loin, mais nous n’avons pas pu aller au bout.”
Sous la glace, la température était constante, autour de 0 degré. • Regard sur l’aventure
Sans réelle frustration cependant, car de nombreux relevés topographiques ont pu être ramenés. Ils sont en cours d’analyse et feront l’objet d’un rapport sur lequel les scientifiques pourront s’appuyer pour continuer l’étude des glaciers et l’impact du réchauffement climatique. Celui d’Inylchec n’a pas reculé, nous explique Olivier Courtois, “mais son volume a nettement diminué ces vingt dernières années, et son épaisseur a réduit de trois mètres.”
Il n’est pas prévu pour le moment d’y retourner, car il a livré tous les secrets que la glace a bien voulu laisser voir. Mais le spéléologue alsacien retournera sous la glace si l’occasion lui est donnée, pour continuer d’explorer ce monde souterrain splendide et fragile.
Grâce à ce type d’expédition, la connaissance des glaciers et l’effet sur eux du réchauffement climatique progresse. • Regard sur l’aventure
En attendant, il continue de faire découvrir la spéléologie et le canyoning au grand public dans l’Est de la France, son activité principale, et de monter des projets d’expédition avec sa propre association, Eau Roc Explo.
Source : france3-regions.francetv.fr
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A lire lors de la prochaine canicule Merci @Raccoon triste constat de la réalité des fontes glacières.
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Merci du partage @Raccoon, intéressant article !