Notre seul espoir face au réchauffement climatique sera-t-il de jouer à l’apprenti-sorcier et d’obscurcir le ciel?
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Relâcher d’immenses quantités de soufre dans notre atmosphère pour refroidir la Terre serait l’équivalent d’une éruption volcanique majeureAlors que limiter le réchauffement à 1,5°C semble de plus en plus inatteignable à cause de notre incapacité à réduire nos émissions de CO2, les solutions les plus désespérées d’hier semblent envisageables aujourd’hui. Comme injecter d’immenses quantités de soufre dans l’atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil. L’équivalent d’une éruption volcanique majeure, ce qui serait dangereusement facile à mettre en œuvre, préviennent de nombreux scientifiques.
Contrer les effets du réchauffement
À tel point que dans les milieux scientifiques, il paraît de plus en plus certain que nous devrons recourir aux méthodes de la dernière chance: modifier durablement le fonctionnement naturel de notre planète pour inverser les dégâts, ou au moins réduire les dégâts que nous avons déjà causés. Un ensemble de procédés qualifié de géo-ingénierie, et qui apparaît de moins en moins comme de la science-fiction.
Or, selon un sondage mené par le média américain New Scientist, un nombre croissant de climatologues s’attend à une mise en place bien réelle de ces méthodes, jusqu’ici théoriques, pour contrer le réchauffement climatique. En particulier l’injection stratosphérique d’aérosols afin d’augmenter l’albédo de l’atmosphère, soit son pouvoir réfléchissant. En d’autres termes, il s’agirait de simuler les effets d’un événement volcanique majeur en relâchant de grandes quantités de dérivés de soufre, qui assombriraient notre planète.
S’inspirer des volcans
Car l’injection d’aérosols a l’avantage d’être facile et bon marché à mettre en œuvre, par rapport à d’autres expériences de géo-ingénierie. Inspirée de l’éruption du mont Pinatubo en 1991, cette méthode ne nécessiterait, en théorie, qu’entre un et huit milliards de dollars par an d’investissement.
“Autrefois considérée comme une idée marginale, la perspective de compenser le réchauffement climatique en libérant d’énormes quantités de particules réfléchissant la lumière du soleil dans l’atmosphère terrestre fait désormais l’objet d’une réflexion scientifique sérieuse”, admet pour sa part l’université Columbia dans un communiqué.
Le problème, c’est que libérer de telles quantités de gaz dans une atmosphère déjà fragilisée pourrait avoir des conséquences délétères (pluies acides, comme à l’époque du smog en ville). Ces aérosols perturberaient vraisemblablement le rythme des pluies dans certaines régions du monde. Plus grave, ils pourraient aussi dégrader la couche d’ozone qui protège notre planète des rayonnements solaires, alors que nous avons su faire face à ce péril-là au siècle dernier. Le fameux trou dans la couche d’ozone pourrait à nouveau s’agrandir.
Jouer à l’apprenti-sorcier
Et c’est en partant du principe que tout se déroule comme lors des simulations. La géo-ingénierie reste, par définition et sans doute pour quelques décennies encore, un objet purement théorique. “Il ne s’agit pas seulement d’introduire cinq téragrammes [million de millions de grammes] de soufre”, insiste Miranda Hack dans une étude publiée dans la revue Nature. L’endroit et le moment sont importants, et auront une influence décisive sur l’effet réel de ces émissions sur notre planète.
Or, et c’est là un danger supplémentaire pointé par certains des climatologues qui jugent crédible le recours à cette solution risquée. Elle serait tellement facile à mettre en place qu’elle ne nécessiterait pas de consensus à l’échelle mondiale, et un petit nombre de pays - voire d’individus, souligne Columbia - pourraient prendre une initiative incontrôlée. Ce qui reviendrait à jouer à l’apprenti-sorcier avec la Terre, au risque que la solution ne fasse que nous rajouter de nouvelles crises sur les bras.
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Et l’agriculture dans tout ça ? Ça rappelle “l’hiver nucléaire” et la disparition des dinosaures… On va bien finir par réussir à flinguer ce qui vit sur cette planète ! Sapiens est bien connu pour son imagination (à court terme…)
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L’agriculture, la végétation et tout ce qui a besoin du soleil. On est vraiment une civilisation dégénérée pour s’évertuer à chercher de mauvaises solutions technologiques alors qu’un recul permet de voir qu’on a fait bien plus de mal que de bien en 200 ans de technologie débridée.