Loin d’être une nouveauté, l’usurpation d’identité consiste à utiliser, par moyens détournés, le nom, prénom et données d’un tiers, à son insu. Elle a connu ses heures de gloire à travers d’innombrables affaires, en région parisienne, autour de Sarcelles, (Val-d’Oise) notamment, où de véritables réseaux organisés avaient pillé des comptes bancaires en falsifiant de nombreux documents (fiches de paie, justificatifs de domicile…), en contractant des crédits à la consommation.
Si les organismes bancaires traditionnels se montrent de plus en plus exigeants sur les ouvertures de compte et la délivrance des moyens de paiement, ce n’est pas forcément le cas pour les organismes uniquement présents sur le web. Certaines officines de crédit à la consommation se contentent de quelques justificatifs (RIB, fiches de paie et facture d’électricité) sans pousser plus loin les vérifications. « Pour les escrocs, c’est un jeu d’enfants, poursuit ce spécialiste. Une fois qu’ils ont mis la main sur une carte d’identité, il suffit de réaliser de faux documents sous le nom de la victime et d’agir très vite ». Il y a quelques années, de fausses pièces d’identité pouvaient se revendre entre 300 et 5000€ dans des bars de Seine-Saint-Denis.
Selon une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, l’usurpation d’identité touche plus de 210 000 Français chaque année. La digitalisation croissante aggrave le phénomène. Chaque année, des milliers de données personnelles, en Europe, sont récupérées par des escrocs spécialisés dans les montages de dossiers frauduleux.
Ces informations récupérées illicitement sur des sites internet non sécurisés donnent lieu à un véritable marché de revente sur des plateformes spécialisées. Dans le haut du spectre de la délinquance, ces données nourrissent des membres de réseaux criminels, en lien avec le trafic d’armes et les stupéfiants. Selon une enquête de Kaspersky Lab, spécialiste russe de la protection des systèmes informatiques, « plus de 60 000 identités numériques volées ont été découvertes à la vente, en 2019, sur le « darkweb », les réseaux parallèles cachés sur la Toile.
Le fait d’usurper l’identité d’un tiers en vue de porter atteinte à son honneur est puni d’un an de prison et de 15 000 € d’amende, selon l’article 226-4-1 du Code pénal. Ce délit est puni des mêmes peines lorsque l’usurpation est commise sur internet (phishing, keyloggers ou écoute électronique).
Source: https://www.ladepeche.fr/2022/12/22/suicide-de-regis-paluzzano-comment-lusurpation-didentite-est-devenue-un-jeu-denfants-en-france-10882239.php