Thunderbird 115 Supernova : une vraie version majeure aux multiples améliorations
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Après des travaux intensifs, la version 115 de Thunderbird, nommée « Supernova », est disponible depuis quelques jours. Elle comporte de nombreuses améliorations ainsi qu’une interface remaniée. Prise en main.
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Les dernières années n’ont pas été tendres avec le client email, lancé par Mozilla en 2003. Le logiciel a connu une alternance de hauts et de bas dès sa plus tendre jeunesse. Le projet Minotaur avait en effet été lancé juste après Phoenix (qui allait devenir Firefox), mais sans vraiment trouver son public. C’est le succès de Firefox qui a provoqué un regain d’intérêt pour Minotaur, qui fut alors renommé Thunderbird.
Dans les années 2010, Thunderbird commence à perdre l’attention de Mozilla. En 2012, la gouvernance du projet change. Mozilla évoque alors des ressources plus limitées ainsi qu’une envie d’impliquer davantage la communauté. Cette évolution se renforcera dans les années suivantes, surtout à partir de 2015 quand le projet est séparé de Firefox, réduisant encore son rôle dans le développement de Thunderbird.
Depuis début 2020, le projet est géré par MZLA Technologies Corporation, une filiale de Mozilla Corp, dans l’idée notamment d’insuffler un vent nouveau. Entre temps, Firefox Quantum était passé par là, renouvelant les technologies utilisées dans le navigateur. Le client email n’était pas au niveau et son développement végétait.
Puis, en février dernier, l’équipe annonce que la version 115 de Thunderbird sera largement modernisée. Il est alors question d’effacer la dette technique, de rythme mensuel pour les nouvelles versions et surtout d’une nouvelle interface. Maintenant que cette nouvelle mouture majeure est disponible, quoi en penser ?
Les tailles des installateurs varient selon la plateforme : environ 50 Mo pour Windows, 75 pour Linux et 120 pour macOS. Dans ce dernier cas, il s’agit d’un binaire universel, adapté aux Mac Intel et Apple Silicon. L’application est exécutée nativement sur les machines équipées de M1 ou M2.
Une nouvelle présentation, mais pas par défaut
La nouveauté la plus visible est la nouvelle identité visuelle, qui passe autant par une interface remaniée qu’un logo modernisé, visible dans l’icône de l’application. Cependant, que vous fassiez la mise à jour sur votre installation actuelle ou que vous récupériez Thunderbird pour la première fois, la nouvelle présentation en trois colonnes n’est pas active par défaut, quand bien même elle est mise en avant par Mozilla sur le site officiel.
Même en installation neuve, Thunderbird 115 affiche une organisation classique : les dossiers à gauche, la liste des courriers en haut à droite, le contenu du courrier sélectionné en bas à droite. Comment faire alors pour basculer sur la vue en trois colonnes ?
Il faut changer deux réglages. L’un est intuitif à trouver : dans le menu général, accessible depuis le bouton hamburger en haut à droite dans la barre de titre (et nommé menu Application), rendez-vous dans Affichage > Disposition, puis cliquez sur « Verticale ». Thunderbird passe alors en vue à trois colonnes, mais les informations sont écrasées dans celle du milieu. En haut de celle-ci figure l’autre réglage : cliquez sur le bouton dans le coin supérieur droit puis sur « Vue en fiches ». L’ordre est également croissant par défaut, ce que l’on peut changer par le même bouton.
Disposition en trois colonnes, en vue classique puis en fichesIl est probable que ce choix ait été fait pour ne pas perturber les utilisateurs de longue date. Rien n’empêche effectivement les nouveaux venus de basculer sur l’affichage en trois colonnes, qui a le mérite d’être plus en phase avec ce qui se fait ailleurs depuis des années, notamment Outlook chez Microsoft et Mail chez Apple. Tout le monde n’est cependant pas converti à cette approche. On aurait souhaité en revanche que les réglages pour y parvenir soient réunis au même endroit, car la disposition en colonnes sans la vue en fiches est inutilisable.
Le menu Application recèle d’importants réglages et a clairement bénéficié d’un gros travail de cohérence. On peut y choisir le degré de densité de l’information dans Thunderbird, toutes les options de présentation y sont rassemblées, de même que les paramètres généraux et les réglages des comptes, les modules complémentaires, ou encore les outils comme l’importation/exportation des courriers et le gestionnaire de clés OpenPGP. On regrette cependant qu’il soit un peu trop discret à notre goût. En outre, son placement près des boutons de contrôle de la fenêtre le rend aisément ratable.
On remarque bien sûr le nouveau « chrome » de l’interface, avec sa robe grise et une barre latérale donnant accès aux rubriques principales de l’application : courrier, carnet d’adresses, agenda, tâches et messagerie instantanée (IRC, Matrix, Odnoklassniki, XMPP). Chaque rubrique ouvre un onglet et est accessible via un raccourci clavier, respectivement de Alt + 1 à Alt + 5. On remarque simplement que cette barre n’est pas bleu marine comme sur les captures de Mozilla. On peut retrouver facilement ces couleurs en faisant un clic droit sur la barre et en cliquant sur « Personnaliser ». Il suffit alors de changer la couleur du fond et celle des boutons.
Les onglets dans Thunderbird
Cette barre, très pratique au demeurant, n’est pas nouvelle. Son apparence a été rafraichie, mais son fonctionnement garde la même redondance, car Thunderbird fonctionne toujours avec des onglets. Lorsque l’on ouvre le calendrier, les contacts ou encore la messagerie instantanée, la rubrique s’ouvre à chaque fois dans un onglet. La bascule entre les rubriques se fait donc à la fois via la barre et dans les onglets. On peut cacher cette barre latérale, mais pas les onglets.
La barre de titre, qui contient un champ de recherche très visible, est également une barre d’outils. Comme dans Firefox, elle est entièrement personnalisable, via un clic droit. On peut y placer pratiquement toutes les fonctions. Notez que celles relatives aux courrier (Répondre à tous, Déplacer vers, Supprimer, etc.) seront alors redondantes avec celles présentes dans les courriers eux-mêmes. Des fonctions dont l’apparence est d’ailleurs vieillotte, avec la multiplication des cadres et des icônes un peu trop petites. Notez que la barre de titre cache par défaut celle des menus, que l’on peut réafficher via un clic droit.
Les dossiers, dans la colonne de gauche, reçoivent eux aussi plusieurs améliorations. Depuis le menu « … » en haut à droite de la colonne, on accède désormais aux modes. On pourra alors afficher par exemple les étiquettes (tags), dont chaque couleur pourra renvoyer sur les courriers concernés. Bien sûr, chaque étiquette peut être modifiée, pour le nom comme pour la couleur. On peut également en ajouter d’autres que cinq fournis par défaut.
L’apparence générale de Thunderbird semble toujours datée, même si le bond est significatif. Thunderbird est avant tout une application multiplateforme, et ce gris omniprésent, s’il a l’avantage d’être neutre, ne s’intègre réellement dans aucune des plateformes visées. Même constat pour les notifications, Thunderbird ayant les siennes propres, à l’apparence plus que rétro. Supernova n’est cependant qu’un premier pas, les travaux continueront.
Dans le reste de l’application
Une grande part du travail en cours est la modernisation du code. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une réécriture. Des pans entiers de Thunderbird ont été remplacés, notamment pour se débarrasser de l’ancien code en XUL, au profit du HTML et du CSS, comme Firefox en son temps. Mozilla affirme que les performances sont bien meilleures, et nous pouvons confirmer qu’en plusieurs jours d’utilisation, la réactivité de Thunderbird s’est révélée excellente. Seule l’importation massive de plusieurs milliers de mails a provoqué un ralentissement temporaire.
L’ajout des comptes mériterait un effort dans sa présentation. La sobriété de son design et l’avalanche de texte rendent l’ensemble un peu confus. On cherche également le bouton pour ajouter un compte, que l’on finit par trouver dans le menu gris « Gestion des comptes » en bas de la colonne de gauche.
Pour la configuration des comptes, l’expérience varie en fonction du type. Par exemple, bien que la compatibilité avec les comptes Microsoft 365 ait été améliorée, notre première tentative a échoué, malgré une reconnaissance instantanée des bons serveurs. Le problème survient si le compte bénéficie d’un abonnement Microsoft 365. Auquel cas la méthode d’authentification doit être changée pour OAuth 2.0, en entrée comme en sortie.
L’ajout d’un compte Apple demande également une manipulation particulière. Il faut se rendre sur le site AppleID et créer en effet un mot de passe d’application. La procédure est simple, encore faut-il la connaître. Une fois muni du mot de passe, la connexion poursuit son chemin. Concernant les comptes Gmail, il n’y a rien de particulier à noter, la fenêtre de connexion étant commune à toutes les applications tierces. Quant aux compte IMAP classiques, le processus ne réserve aucune surprise.
Améliorations multiples et dans le support d’OpenPGP
La gestion d’OpenPGP, elle, a été nettement améliorée, avec par exemple le support des phrases de passe par utilisateur, la possibilité de signer et chiffrer en même temps par défaut, celle d’envoyer ses clés OpenPGP vers des serveurs VKS et HKP, l’affichage de la date de signature dans les courriers, l’ouverture du gestionnaire par un raccourci clavier, le support des serveurs HKP renvoyant une clé par adresse email, la notification à l’utilisateur quand un chiffrement imbriqué est détecté, etc. Puisque l’on parle de chiffrement, sachez que les signatures S/MIME utilisant MD5 ou SHA1 sont désormais rejetées automatiquement.
On note également de nombreux ajouts à travers les rubriques. Par exemple, les fiches contacts sont compatibles avec les liens pour les numéros de fax et de téléphone, déclenchant ainsi l’application liée en cas de clic. Thunderbird sait également ouvrir les fichiers eml dans des onglets séparés. Le protocole OAuth 2.0 est supporté pour Fastmail, on peut utiliser du CSS pour l’en-tête des courriers dans la fenêtre de rédaction, et Thunderbird envoie désormais un agent utilisateur minimal avec chaque email (on peut lui demander dans les options de ne pas le faire). À noter également, presque toute l’interface peut maintenant être naviguée au clavier, avec Tab et les flèches.
On trouve aussi des corrections de bugs permettant à des fonctions existantes de mieux remplir leur rôle. Par exemple, la section newsgroups peut maintenant être réorganisée par glisser/déposer. Autre cas important, plusieurs changements permettant à Thunderbird d’être correctement pris en charge par les lecteurs d’écrans pour les personnes malvoyantes. Autres exemples, l’ouverture d’un lien interne dans un PDF se rend bien à la section visée plutôt que d’ouvrir un nouvel onglet avec une copie du document, le vidage de la corbeille se fait bien quand la quarantaine est active, le changement de moteur de recherche par défaut est préservé à la fermeture de l’onglet Paramètres, la détection automatique des connexions SSL/TLS fonctionne enfin correctement, etc.
La liste complète des changements est disponible sur cette page du site officiel. On pourra notamment y consulter la copieuse liste des corrections.
Une vraie version majeure
Que penser de cette version 115 « Supernova » ? L’application vient de recevoir une mise à jour nécessaire sur bien des points. Au contraire de l’interface Photon arrivée il y a quelques années, il ne s’agit pas cette fois d’un simple ravalement de façade. Supernova pose les bases de ce que va devenir Thunderbird, maintenant que Mozilla (via sa filiale) y consacre un peu plus de moyens, avec la participation de la communauté.
Thunderbird 115 est une vraie version majeure, dans le sens plein du terme. Les améliorations sont nombreuses et touchent à presque tous les aspects de l’application. Le travail est conséquent, d’autant que des pans entiers du code ont été réécrits. Les performances sont au rendez-vous, la compatibilité générale avec les comptes a été augmentée et, de manière générale, le logiciel s’utilise d’une manière plus logique, avec les bonnes options aux bons endroits.
On attend maintenant que les développeurs et la communauté aillent encore plus loin. Il est dommage par exemple de réserver la nouvelle présentation aux options, d’autant qu’elles ne sont pas si simples à trouver, en particulier la « Vue en fiches ». Fonctionnellement, nous n’avons rien à vraiment reprocher à Thunderbird, à part peut-être une compatibilité Exchange qui réclame une extension payante. Les améliorations à porter sont surtout dans le domaine UI/UX, l’interface de Thunderbird restant toujours assez « brute » et ne tenant pas compte des canons esthétiques de chaque plateforme.
Le rythme de développement ayant changé, Thunderbird 116 arrivera dans moins de trois semaines. Il est d’ailleurs possible d’en récupérer la bêta depuis le site dédié. Dans les notes de version, on peut lire qu’elle réclamera d’ailleurs Windows 10 au minimum côté PC, et au moins macOS 10.15 côté Mac.
Source : nextinpact.com
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Et maintenant, il utilise la config des anciennes versions, ce qui n’était pas le cas des premières beta, où l’on se retrouvait avec un programme vierge de toute config.
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Testé et gardé
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Déployé hier en MAJ auto en France.