Linux : la colorée Garuda se distingue par son esthétique et ses performances
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Avec un brin de synthwave
Dans notre série d’articles sur les distributions Linux, voici Garuda. Basée sur Arch Linux, elle se différencie dans la foule par une esthétique propre et des choix techniques marqués. Prise en main d’un système au style néon.
Garuda Linux est une distribution relativement jeune. Elle est apparue il y a quelques années comme rejeton d’Arch Linux et en possède les attributs de base, notamment son architecture et son aspect rolling release. Cependant, à l’instar de Manjaro, elle veut en simplifier l’utilisation, notamment l’installation qui passe par Calamares.
Comme nous allons le voir, le parti pris du système est prononcé, et pas uniquement dans son esthétique très colorée. Cette distribution est développée par des passionnés sur un rythme rapide et possède quelques très bonnes idées.
Notre dossier sur les distributions Linux « secondaires » :
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- Linux : la colorée Garuda se distingue par son esthétique et ses performances
Une installation simple et sans histoire
Garauda est proposée en diverses variantes, selon l’environnement de bureau choisi. Nous avons téléchargé l’image ISO de la distribution mise en avant, utilisant KDE et nommée officiellement « KDE Dr460nized », ou simplement « KDE Dragonized ». Elle pèse environ 2,4 Go.
Des versions GNOME, Cinnamon, Xfce, MATE, LXQt-Kwin, Wayfire, Sway, i3WM et Qtile sont disponibles. Des moutures KDE Lite et KDE-Git sont également présentes. La première contient le strict minimum pour fonctionner, tandis que la seconde intègre les versions git des paquets, plus récentes donc mais également moins testées. Ces deux variantes sont fournies sans support et s’utilisent donc en connaissance de cause.
L’installation paraîtra familière à toute personne ayant déjà Calamares, comme dans Manjaro ou EndeavourOS. S’agissant d’un composant tiers et légèrement personnalisé, le fil conducteur est strictement le même. Il permet tous les choix principaux à l’installation du système, avec la langue, le choix du disque, le fuseau, la création du compte principal et ainsi de suite.
Interface et ergonomie : place aux couleurs !
Le premier contact avec Garuda Linux affiche littéralement la couleur : nous ne sommes pas sur le même terrain que Manjaro. Pas question ici de sobriété, car l’apparence est très marquée par les choix esthétiques de l’équipe de développement. L’interface va donc plaire ou déplaire instantanément, notamment par une colorisation prononcée.
De manière générale, on reste face à un environnement KDE avec Plasma, bien que transformé là encore par les développeurs pour s’approcher d’une ergonomie Mac. La barre du bas a été remplacée par un dock (Latte), tandis que celle du haut reste là, comme posée sur fond d’écran. Le coin supérieur gauche, même si invisible, permet l’accès au menu principal. Le tray est en haut à droite, avec des accès rapides à l’outil de surveillance du système, JamesDSP pour le son, le presse-papier ou encore le réseau. Tout à droite, on trouve l’accès rapide au calendrier et le menu d’alimentation.
Plasma est largement personnalisé dans cette distribution, avec un style néon que l’on retrouve aussi bien dans le dock que dans le reste du système. La distribution se sert en fait du moteur de thèmes Kvantum et du thème sweetified-plasma en version kvantum-dark. Les icônes proviennent du thème BeautyLine, pour donner ce côté très coloré et procurant une identité visuelle claire.
Les fenêtres disposent de boutons placés façon Mac – donc à gauche de la barre de titre – et ondulent lors du déplacement (on peut bien sûr désactiver cette fonction). Elles se réduisent dans le dock avec le même effet Génie que dans macOS. Leur fond est transparent, davantage pendant leur déplacement qu’en position fixe, où le fond est alors de type verre givré. Notez que les fenêtres maximisées perdent leur barre de titre et cachent automatiquement le dock.
Garuda a la bonne idée, au premier démarrage, de proposer une fenêtre offrant un accès rapide à plusieurs rubriques d’aide. Après l’installation, la distribution lance également un assistant réalisant plusieurs étapes. Il propose par exemple une mise à jour générale du système, puis pose plusieurs questions sur l’installation de certains composants, comme des pilotes spécifiques pour imprimantes et scanners, des fonds d’écran supplémentaires, des éléments et applications additionnels de KDE, ou encore des packs linguistiques asiatiques.
La même fenêtre fournira des accès au nettoyage du système, au gestionnaire de partitions ou encore à des outils spécifiques aux jeux.
Applications présentes et gestion
C’est également à ce moment que Garuda vous proposera l’installation de certaines boutiques comme Logiciels de GNOME et Discover de KDE, des noyaux supplémentaires (LTS et Hardened), des applications bureautiques (dont LibreOffice, Calligra, Abiword…), des navigateurs (très nombreux), des clients emails (Thunderbird, Kmail, evolution, Geary…), des applications de messageries (Telegram, Discord, Element, Wire, Signal, Jitsi, Zoom, Skype, Teams…), et ainsi de suite dans les catégories internet, audio, vidéo, graphique, etc.
Ce qui permet d’enchainer immédiatement sur un point important de Garuda : la création d’un instantané chaque fois que le système est modifié. Cette opération est réalisée par l’outil Snapper. Une très bonne idée, car en cas de problème, on peut revenir très simplement à l’état précédent. Sachez d’ailleurs que le seul système de fichier utilisé par Garuda est Btrfs, taillé justement pour ce genre d’utilisation.
Garuda n’est à la base pas accompagnée d’une foule d’applications. Celles fournies ont surtout trait au système. Il n’y a par exemple rien pour les emails, tandis que la section bureautique se contente de la visionneuse Okular. D’où l’intérêt de l’assistant post installation, que l’on peut relancer depuis l’application Bienvenue (la première dans le dock) en cliquant sur Setup Assistant. Après une première question sur les mises à jour système, la deuxième permettra de revenir aux installations d’applications courantes.
Un mot sur le navigateur, car il ne s’agit pas du classique Firefox. Garuda propose FireDragon, basé sur LibreWolf, lui-même un fork de Firefox. LibreWolf, disponible pour de nombreux systèmes, se distingue du navigateur de Mozilla par plusieurs modifications : pas de télémétrie, recherche privée, intégration d’uBlock Origin et des options plus strictes pour la sécurité et la vie privée.
FireDragon prend appui sur ces changements et lui ajoute une intégration renforcée avec KDE (grâce à certains patchs publiés par OpenSUSE), la compatibilité avec Wayland, l’ajout des moteurs Searx (utilisé par défaut) et Whoogle, l’intégration des extensions Dark Reader et ClearURLs, le support des comptes Firefox ou encore une personnalisation graphique poussée pour un alignement avec le reste de l’interface de Garuda.
Mais on ne peut pas dire que la distribution soit riche en applications. Pour en installer d’autres, on passera soit par l’assistant, soit par Octopi. Ce gestionnaire donne accès à l’ensemble des paquets disponibles dans le dépôt Arch Linux, auquel sont ajoutés chaotic-aur et multilib par défaut.
Octopi s’occupe de toutes les opérations d’installation et de vérification des dépendances. L’interface n’est peut-être pas aussi propre qu’une boutique comme Logiciels de GNOME, mais elle remplit les mêmes fonctions et dispose d’un champ de recherche efficace. On n’en demande pas davantage, même s’il faut bien avouer que ce type d’interface suppose que l’on sait déjà ce que l’on veut, car l’avantage des boutiques est justement de présenter des fiches d’applications et de faciliter leur découverte.
Un peu de technique
Garuda est une distribution bâtie pour les performances, ce que l’on observe aisément. Le démarrage du système est extrêmement rapide, avec un temps parmi les plus courts constatés parmi nos prises en main.
Le système n’est proposé qu’en 64 bits et uniquement pour l’architecture x86_64. Il réclame un minimum de 4 Go de mémoire et de 30 Go d’espace disque. On ne comprend pas bien ce deuxième point, car le système installé fait environ 6 Go.
Le noyau fourni n’est pas générique. Il s’agit du kernel linux-zen 5.18, un choix peu étonnant au vu de l’orientation de Garuda. Cette version spécifique est travaillée pour les performances, en particulier la latence et la réactivité du bureau. Pour un système s’orientant davantage vers le jeu, l’intégration de ce noyau a donc du sens. Son utilisation par défaut est cependant rare. Attention cependant, cette hausse de performances se paye par une activité légèrement plus élevée du processeur. Certains utilisateurs préfèrent repasser au noyau classique pour un peu plus de sobriété.
Une identité très affirmée
Le parti pris de Garuda est à la fois sa force et sa faiblesse. Ses choix techniques et esthétiques ne plairont clairement pas à tout le monde. Certaines personnes vont apprécier cet environnement aux couleurs chatoyantes et au style néon, auquel il ne manque finalement qu’un fond sonore comme un titre d’Ollie Wride ou n’importe quel morceau de synthwave.
D’autres au contraire vont fuir cette absence totale de neutralité et se dirigeront plus volontiers vers une Manjaro. Ils lui reprocheront certaines duplications de couleurs qui rendent parfois le contenu peu lisible, ou certains choix aboutissant au même résultat, comme certains textes noirs dans la console, notamment Htop. Ils pesteront aussi contre un thème sombre globalement peu efficace en pleine lumière.
Mais que l’on apprécie ou pas ce parti pris, Garuda se distingue déjà par l’installation très simple d’un système fonctionnel de type Arch Linux. Tout aussi simplement, il peut restaurer le système dans son état précédent si une mise à jour tourne mal. Son application d’accueil est bien faite et se montre très utile.
Ses performances élevées peuvent cependant être un avantage et un inconvénient. Personne n’aura rien contre un système plus rapide, sauf si cela influe sur d’autres paramètres. Le problème dans le cas de Garuda est que ces optimisations s’appliquent sans distinction de machine. Or, comme l’ordonnanceur est plus agressif, la consommation du processeur est légèrement plus élevée et il se trouve moins souvent en état de veille. L’autonomie peut donc en prendre un coup.
On peut citer quelques autres accrocs potentiels. Le principal est son équipe de développement, un groupe de passionnés qui cherchaient surtout à se faire plaisir avec un système taillé pour leurs goûts. Il peut donc se produire des changements radicaux, comme le remplacement du shell Fish par Bash l’année dernière. L’évolution de Garuda est rapide et peut impliquer d’autres cassures de ce type, même si la situation pourrait évoluer avec le temps.
Source : nextinpact.com
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Salut,
C’est le thème (& icônes) KDE Infinity Dark/Sweet Paranoia qu’on trouve pour Linux et Windows. On le trouve également pour XFCE donc sans doute la plupart des DE.
https://upandclear.org/2021/06/08/linux-windows-themes-dicones-infinity-dark-sweet-paranoia/