C’est quoi le « sealioning », cette nouvelle technique de harcèlement en ligne ?
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C’est une forme de harcèlement qui semble prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Ces dernières semaines, de nombreux internautes - souvent des comptes d’experts ou de chercheurs - se plaignent d’être importunés, après avoir posté une publication, par d’autres utilisateurs qui, de manière tout à fait courtoise, les assaillent de questions afin soi-disant de mieux comprendre le sujet abordé. Cette technique, le sealioning (« faire l’otarie ») qui consiste à engager une discussion ou un débat, tout à fait poliment, par des demandes d’arguments ou d’explications parfois insistantes, s’avère être une façon déguisée mais redoutable de troller une conversation.
- Le sealioning (« faire l’otarie »), qui consiste à engager une discussion ou un débat, tout à fait poliment, par des demandes d’arguments ou d’explications parfois insistantes, prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux.
- « Bien que les questions puissent paraître innocentes, elles ont un but malveillant et ont des conséquences nuisibles », explique Amy Johnson, chercheuse au Berkman Klein Center for Internet & Society.
- Pour Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux, et enseignant à Sciences Po Paris, « le sealioning est surtout un outil de plus dans la guerre informationnelle ».
Le terme sealioning est apparu pour la première fois en 2014 après la publication d’une bande dessinée réalisée par David Malki, dans laquelle une otarie ou lion de mer (« sea lion » en anglais) s’immisce dans une conversation pour demander de manière insistante et absurde à deux autres personnages de justifier leur manque d’intérêt pour les otaries. La communauté des gamers s’est alors emparée à l’époque de cette expression dans le cadre du Gamergate, une vaste affaire de cyberharcèlement qui avait notamment visé la créatrice de jeu Zoë Quinn.
« L’objectif, c’est de vous faire passer pour quelqu’un d’agressif »Près de dix ans après son apparition, cette pratique qui a pour but d’agacer son interlocuteur tend à se généraliser sur les réseaux sociaux. « Ce sont des gens qui arrivent sur votre fil, et qui vous disent ‘‘je ne comprends pas, expliquez-moi ce truc-là, ou bien cela’’. Et qui vous force à dérouler tout un argumentaire pédagogique, avec la sensation que vous œuvrez pour le bien de vos idées. Pour au final s’apercevoir que la personne en face de vous n’est absolument pas réceptive, connaît déjà sur le bout des doigts son contre-argumentaire, et qu’elle est en fait juste là pour vous épuiser, et avoir le dernier mot », détaille Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux, et enseignant à Sciences Po Paris, lui-même être très régulièrement victime de sealioning.
Enseignants, chercheurs, et spécialistes du fact-checking sont en effet souvent pris pour cibles. « Quand on enseigne, le réflexe naturel lorsqu’on vous pose une question, c’est d’essayer d’y répondre. Mais ça devient vite agaçant pour les gens qui ont affaire à ce genre d’individus, et ça peut être démoralisant », ajoute le spécialiste des réseaux sociaux. « L’objectif, c’est finalement de provoquer une réaction de colère, pour ainsi faire passer la personne interrogée pour quelqu’un d’agressif, pas ouverte au débat, voire même qui s’oppose à la liberté d’expression. Souvent je finis par bloquer ces personnes pour avoir la paix », explique également un internaute qui tient un compte spécialisé sur les questions environnementales.
Une nouvelle stratégie « dans la guerre informationnelle »
Au-delà du trolling, le sealioning peut vite tourner au harcèlement. « Cela a pour but d’user la patience, l’attention et les efforts de pédagogie de la personne ciblée, mais aussi de dépeindre cette personne comme étant irrationnelle. Bien que les questions puissent paraître innocentes, elles ont un but malveillant et ont des conséquences nuisibles », explique Amy Johnson, chercheuse au Berkman Klein Center for Internet & Society, un centre de recherche à l’université Harvard spécialisé dans l’étude du cyberespace.
Beaucoup sont ceux qui en effet assimilent aujourd’hui cette pratique à une forme de cyberharcèlement. « Nous avons vu cette méthode largement utilisée dans certains débats récents. Sous les traits du debunking, de la recherche de la vérité et de la quête du bien, on peut assister à des effets de meute, où plusieurs dizaines de personnes font du sealioning, en faisant abstraction des conséquences : c’est participer à une forme de harcèlement, pour étouffer l’autre », précise le collectif Debunkerdehoax, spécialisé dans l’analyse du complotisme et de l’extrême droite.
Mais pour Fabrice Epelboin, le sealioning est surtout un outil de plus « dans la guerre informationnelle ». « Le but du jeu n’est pas d’engager un débat et d’établir la vérité, mais c’est de gagner, d’avoir le dernier mot. Dans n’importe quelle stratégie de guerre, épuiser l’adversaire s’avère être une tactique efficace. Ça l’est tout autant que de répandre de nos jours des fake news », ajoute le spécialiste des réseaux sociaux, qui relativise toutefois l’impact de cette nouvelle pratique. « Ce sont souvent des petits comptes avec peu d’abonnés qui s’adonnent à cela. Si bien que les algorithmes ne vont que très rarement mettre en avant leur publication ».
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Ah, mais j’ai déjà vu ça je ne savais pas que c’était un sport international
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merci beaucoup pour cet article, je connaissais le principe mais pas sous le nom là…
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Hadès Trolls DDL Pastafariste Rebelle Windowsien PW Addict Membrea répondu à Rapace le dernière édition par
@Rapace moi non plus j’appellais ça juste des casses couilles
Après le nom sealioning est plus classe
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Technique bien connue et reloud… qui est assez marrante à utiliser pour les comploplo sur les réseaux. Essayez c’est assez magique.
Le sophisme appelé Whataboutism est aussi bien répandu
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Lu sur un autre forum:
“Sealioning” j’ai pu lire un article concernant ce mot bizarre. Il s’agit d’une nouvelle forme d’harcèlement sur le web qui consiste à vous poser la même question de 10000 manières mais toujours très poliment. L’intention profonde étant de nuire en vous faisant sortir de vos gongs et passer pour un méchant. J’ai déjà vu ça sur discord dans les questions posées à chaton qui reste cool tout de même. Vata lui démarre au quart de tour j’avoue qu’il m’arrive aussi d’avoir ce comportement mais c’est que ma mémoire n’est plus aussi performante mais cela se fait sans malignité