Une Américaine reçoit un implant dans le cerveau pour atténuer ses troubles obsessionnels compulsifs et son épilepsie
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Une patiente américaine souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sévères et d’épilepsie s’est fait implanter des électrodes dans le cerveau. Grâce à la stimulation cérébrale profonde, les symptômes de ses deux maladies se sont nettement améliorés. Une première mondiale.
Amber Pearson, une Américaine de 34 ans et patiente au Oregon Health & Science University (OHSU) a reçu un implant cérébral pour traiter ses crises d’épilepsie. Ses médecins ont réussi à utiliser ce même implant pour lutter contre un autre trouble dont elle souffre, des TOC.
L’intervention chirurgicale a enfin soulagé la patiente des symptômes de ses deux maladies, et la procédure est toujours efficace même quatre ans plus tard. L’étude de cas a été publiée dans la revue Neuron.
Bien qu’on utilise parfois cette expression à la légère, le TOC est une maladie psychique grave qui touche 2 à 3% des Français. Cette forme de trouble anxieux peut réellement handicaper les patients dans plusieurs facettes de leur quotidien.
Le TOC se caractérise par deux principaux symptômes. D’une part, les obsessions : des pensées dérangeantes, envahissantes et récurrentes qui engendrent une forte anxiété. D’une autre part, les compulsions : des comportements ou des rituels que le patient se sent obligé de répéter – c’est pour lui la seule manière d’apaiser l’anxiété causée par ses obsessions.
Par exemple, le patient peut être obsédé par l’idée d’avoir oublié de verrouiller sa serrure, au point où il sera incapable de quitter sa maison, car il reviendra sans cesse la vérifier. Et pas qu’une ou deux fois… Une personne atteinte de TOC peut répéter sa compulsion plusieurs centaines de fois dans une même journée.
“Avant de commencer le traitement de stimulation cérébrale profonde, je me lavais les mains jusqu’au sang. Mes mains étaient si sèches que ma peau se crevassait dès que je pliais les doigts, raconte Amber Pearson dans un communiqué. Mon TOC avait le contrôle sur ma vie.”
En plus du temps perdu à refaire les mêmes actions et de la douleur qu’elles peuvent causer, ce trouble complique souvent les relations interpersonnelles et cause ainsi d’importantes souffrances psychologiques. Et malheureusement pour les patients atteints de TOC, plus du tiers d’entre eux ne répondent pas aux traitements et sont condamnés à vivre, revivre et revivre encore leurs obsessions et leurs compulsions. C’était le cas d’Amber Pearson, qui désespérée, a demandé à son médecin d’essayer une nouvelle technologie pour s’en sortir.
Un “pacemaker” dans le cerveau
La jeune américaine, souffrant aussi d’épilepsie, devait recevoir un implant de stimulation cérébrale profonde, une technologie utilisée depuis 2013 pour prévenir les convulsions chez certains patients atteints d’épilepsie résistante aux médicaments. Essentiellement, il s’agit d’un appareil similaire à un pacemaker… mais dans le cerveau !
Des électrodes sont placées directement dans la zone du cerveau impliquée dans l’épilepsie et sont connectées à un boîtier inséré sous la peau du crane, appelé le neurostimulateur. Celui-ci enregistre l’activité cérébrale et détecte les signaux électriques anormaux, précurseurs d’une crise. Il peut donc envoyer des impulsions pour bloquer le signal des convulsions avant même qu’une crise d’épilepsie ne se déclenche.
D’une pierre, deux coups
En effectuant des recherches avant sa chirurgie, Amber Pearson a découvert que la stimulation cérébrale profonde pouvait, dans de rares cas, être employée pour traiter d’autres conditions telles que les TOC. La patiente de l’OHSU a donc demandé à ses médecins d’essayer de faire d’une pierre deux coups avec l’implant, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.
Pour ce faire, le professeur de chirurgie neurologique de l’École de Médecine de l’OHSU Ahmed Raslan a modifié la trajectoire des électrodes pour que celles-ci atteignent le noyau accumbens, une zone du cerveau associée à la motivation et à l’action, qui joue un rôle dans les TOC. “En ciblant deux parties du cerveau, on pouvait obtenir un second bénéfice”, raconte Ahmed Raslan dans un communiqué.
Programmer l’implant
Une fois l’implant posé, en 2019, le neurostimulateur avait immédiatement été activé pour prévenir les crises d’épilepsie, et avec succès. Mais pour apaiser les symptômes de TOC, l’équipe de recherche médicale devait d’abord analyser l’activité cérébrale de la patiente afin de détecter les signaux électriques associés à ses obsessions et compulsions. Pendant plusieurs mois, Amber Pearson a subi une série de tests dans lesquels elle était exposée à des situations neutres et à d’autres qui déclenchent son anxiété. Par exemple, elle était principalement stressée par des enjeux de santé et de sécurité donc la nourriture pouvait provoquer une réponse de stress, alors que lire la laissait indifférente.
Ces expériences ont été menées dans son quotidien, en laboratoire et en réalité virtuelle pour avoir le maximum de précision. Pendant tout ce temps, l’implant dans son cerveau détectait les pics d’activité électrique associés à ses obsessions et compulsions. Ainsi, les médecins ont pu programmer le neurostimulateur pour qu’il envoie des signaux électriques qui contrecarrent ses symptômes de TOC en cas de provocation.
Retrouver une qualité de vie
Quelques mois seulement après l’activation du neurostimulateur pour son TOC, la patiente rapportait qu’elle ne vivait plus certaines de ses obsessions et qu’elle ne sentait donc plus la nécessité de s’engager dans ses comportements compulsifs. Plusieurs années après l’opération, elle estime qu’elle passe environ 30 minutes par jour à répéter ses compulsions, alors qu’elle pouvait y passer plus de 8 heures par jours avant l’intervention !
Amber Pearson peut enfin vivre indépendamment de ses parents et est capable de faire des choses qu’elle n’aurait jamais cru possible, comme être en compagnie de quelqu’un qui mange, ou quitter la maison sans toute sa routine de vérification. “Maintenant, je ne me soucis rarement de ce qui se passe chez moi quand je ne suis pas là et je remarque moins d’obsessions et de compulsions au fil du temps, dit-elle. Je suis enfin capable d’avoir des relations saines avec mes proches”.
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c’est formidable ce que la science peut faire quand elle œuvre dans le bon sens !
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@Mister158 Elon Musk s’occupe attentivement de ça, les piles ne seront pas livrées avec la télécommande, mais vu le nombre de bargeots en liberté, on devrait rendre ça obligatoire après une condamnation (même avec sursis)
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patricelg PW Addict DDL Rebelle Windowsien Ciné-Séries Cluba répondu à duJambon le dernière édition par
@duJambon Faire sauter la puce à distance serait un plus aussi
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Un implant neuronal pour restaurer la marche chez les patients atteints de Parkinson
Gravement handicapé par sa maladie de Parkinson, un patient peut désormais marcher presque normalement grâce à un système d’électrodes fixées sur sa moelle épinière. Cette percée est l’oeuvre d’une équipe scientifique lausannoise spécialisée dans les neurosciences.
Après avoir fait remarcher des patients atteints de lésions de la moelle épinière, la neurochirurgienne Jocelyne Bloch et le neuroscientifique Grégoire Courtine se sont associés avec une équipe de recherche de Bordeaux pour faciliter la marche des personnes atteintes de Parkinson.
Des troubles de la marche surviennent chez 90% des personnes présentant un stade avancé de la maladie de Parkinson. “D’où l’idée de développer une neuroprothèse pour corriger les troubles locomoteurs de ces patients”, explique Grégoire Courtine, professeur en neurosciences à l’EPFL, au CHUV et à l’Université de Lausanne (voir le communiqué).
Aujourd’hui, “on constate qu’en stimulant la moelle épinière, de la même façon que nous l’avons fait chez des patients paraplégiques, on arrive à corriger les troubles de la marche dus à la maladie de Parkinson”, ajoute la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, professeure au CHUV, à l’UNIL et à l’EPFL, et codirectrice du centre .NeuroRestore avec Grégoire Courtine. La prouesse est détaillée lundi dans la revue Nature Medicine.
“Ce n’est donc pas dans la moelle épinière, mais au-dessus. Et puis ces électrodes sont connectées à un neurostimulateur, qui a la taille et la forme d’un pacemaker, sous la peau, et qui fonctionne avec une télécommande qui nous permet de faire des réglages.”
Un malade à un stade très avancé
Le premier patient a été opéré en 2021 et l’équipe va poursuivre l’expérience sur un groupe de six malades de Parkinson. Car un autre patient a aussi reçu l’implant, mais avec moins d’effets dans sa vie de tous les jours, et les essais doivent se poursuivre.
La fondation Michael J-Fox a versé un million de dollars pour favoriser la recherche.
“Maintenant, (…) je peux marcher d’un point à un autre sans me soucier de la façon dont je vais y arriver”, résume auprès de l’AFP le patient français opéré avec succès. “Je peux aller me promener, aller faire des courses seul. Aller faire ce que je veux”, indique Marc, 62 ans.
Ce sexagénaire est atteint depuis une trentaine d’années d’une maladie de Parkinson, à un stade donc très avancé. Il ne parvenait plus à marcher qu’avec de grandes difficultés.
C’est le cas de presque tous les patients quand la maladie a beaucoup progressé. Ils sont notamment atteints de “freezing”, un blocage soudain qui provoque souvent une chute.
Source vidéo et plus: https://www.rts.ch/info/sciences-tech/medecine/14448498-un-implant-pour-restaurer-la-marche-chez-les-patients-atteints-de-parkinson.html
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Des implants testés pour retrouver le contrôle de bras paralysés
Un patient tétraplégique pourra peut-être bientôt à nouveau bouger ses bras grâce à un implant cérébral / La Matinale / 1 min. / le 28 septembre 2023Pour la première fois, un implant cérébral couplé à un implant stimulant la moelle épinière est testé afin de permettre à un patient tétraplégique suisse de bouger à nouveau ses bras, mains et doigts par la pensée.
C’est la première fois que cette double technique est employée pour les membres supérieurs, a annoncé mercredi l’entreprise néerlandaise Onward.
La combinaison de ces deux technologies avait déjà permis à un patient paraplégique de retrouver un contrôle naturel de la marche par la pensée, une avancée qui avait fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature en mai.
Mais “la mobilité du bras est plus complexe”, remarque la chirurgienne Jocelyne Bloch, qui a réalisé les opérations d’implantation. Même si par rapport à la marche, le problème de l’équilibre ne se pose pas ici, “la musculature de la main est assez fine, avec plein de petits muscles différents qui sont activés en même temps pour certains mouvements”, ajoute-t-elle.
Deux opérations à LausanneLe patient, qui souhaite rester anonyme, est un homme suisse de 46 ans ayant perdu l’usage de ses bras après une chute. Deux opérations ont eu lieu le mois dernier au CHUV à Lausanne.
La première pour placer l’implant cérébral de quelques centimètres de diamètre au-dessus du cerveau, à la place d’un petit bout d’os crânien. La deuxième pour placer les électrodes développées par Onward au niveau de la moelle cervicale, reliées à un petit boîtier implanté dans l’abdomen.
L’implant cérébral – ou interface cerveau-machine, ICM – enregistre les régions du cerveau qui s’activent lorsque le patient réfléchit à un mouvement, et les communique aux électrodes. Une sorte de “pont digital”.
“Ça se passe bien pour l’instant”, a décrit la professeure Jocelyne Bloch, du service de neurochirurgie du CHUV. “On arrive à enregistrer l’activité cérébrale, et on sait que la stimulation marche. (…) Mais il est trop tôt pour parler de ce qu’il a fait comme progrès, ce qu’il est capable de faire maintenant”, ajoute celle qui a cofondé Onward et reste consultante pour l’entreprise.
Résultats attendus ultérieurement
Le patient est en phase d’entraînement, pour s’assurer que l’implant cérébral reconnaisse bien les différents mouvements souhaités. Les mouvements perdus devront être ensuite maintes fois répétés avant de pouvoir devenir naturels. Le processus prendra “quelques mois”, selon Jocelyne Bloch. Deux autres patients doivent participer à cet essai. Les résultats complets seront publiés ultérieurement.
Des stimulations de la moelle épinière ont déjà été utilisées par le passé pour réussir à faire bouger le bras de patients paralysés, mais sans couplage avec un implant cérébral. Et des implants cérébraux ont déjà été utilisés pour qu’un patient puisse commander un exosquelette.
L’organisation Battelle s’est elle servie d’un implant cérébral pour restaurer le mouvement dans le bras d’un patient – mais équipé d’un manchon d’électrodes placé sur l’avant-bras, stimulant directement les muscles concernés.
“Onward est unique dans sa volonté de restaurer le mouvement par stimulation de la moelle épinière”, couplée à un implant cérébral, a déclaré à l’AFP son patron, Dave Marver. Selon lui, cette technologie pourrait être commercialisée “d’ici la fin de la décennie”.