Ces dix dernières années ont été exceptionnellement stupides
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Méconnu en France, Jonathan Haidt est une star intellectuelle aux Etats-Unis. Professeur de “leadership éthique” à la prestigieuse New York University Stern School of Business, le chercheur a acquis une solide réputation dans le domaine de la psychologie morale via The Righteous Mind et The Coddling of the American Mind, deux best-sellers autant prisés par le grand public que scientifiquement novateurs.
Reprenant ses recherches sur les fondations morales des choix politiques et la fragilité des jeunes Américains tentés par la culture victimaire, le professeur analyse avec brio les conséquences délétères de l’expansion spectaculaire des réseaux sociaux ces dix dernières années. L’Amérique est, décrit-il, similaire à une Babel fragmentée, et l’avenir proche n’annonce rien de bon. Ce qui ne l’empêche pas, fidèle à la visée réconciliatrice qui l’anime - il est notamment cofondateur de l’Heterodox Academy, qui cherche à accroître le pluralisme, la compréhension mutuelle et le désaccord fécond - de proposer des pistes concrètes pour que nos sociétés démocratiques puissent à nouveau parler le même langage. Depuis la publication de ce brûlot, Jonathan Haidt est très sollicité par les médias américains. Mais ce francophile a accepté de s’exprimer en longueur sur sa thèse auprès de L’Express.
Jonathan Haidt : Je ne qualifie personne de stupide. En fait, dans nos sociétés, les gens sont de plus en plus éduqués et intelligents au niveau individuel. Mais je m’intéresse aux institutions et à la morale collective. Or il s’est passé quelque chose au début des années 2010. Ce sont nos institutions qui sont devenues plus stupides, en particulier celles qui produisent des connaissances. Cela a commencé par les universités, mais on a vu le phénomène se répandre dans le journalisme, en médecine ou dans le monde professionnel. Depuis 2014, j’essaie de comprendre ce qui se passe. Une stupidité structurelle s’est installée. Quelque chose ne va pas dans la façon dont nous traitons les informations.
Source et beaucoup plus: https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/exclusif-jonathan-haidt-ces-dix-dernieres-annees-ont-ete-exceptionnellement-stupides_2172265.html
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@dujambon merci pour cet article… j’me le marque pour lecture ce soir!
Voici pour ceux que ca intéresse son interview en anglais au journal US The Atlantic:
https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2022/05/social-media-democracy-trust-babel/629369/PS: j’avais pas osé poster le lien vers la version anglaise… car … bah… anglais, quoi
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@oudeis Google translate donne généralement de très bons résultats sur les pages fréquemment lues ou venant de gros sites, sans perdre la mise en page, voici par exemple une partie de la traduction de l’article en question:
Il existe un simple plug-in pour le navigateur qui permet de traduire ou sélection, ou un tout, les doigts dans le nez, très pratique aussi, pour le russe ou le chinois
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@dujambon merci… Je pense que je me suis mal mal exprimé dans le post ci-dessus! J’avais lu l’article en anglais dans l’Atlantic sans aucun problème.
Mais j’étais pas certain qu’il était autoisé ou opportun de poster le lien ici…
Comme quoi… c’est pas parce-qu’on maîtrise 5 langues qu’on est bon en communication avec les autres
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@oudeis J’avais bien compris, mais envoyer le lien via google translate est toujours mieux que rien, je l’ai eu fait et l’info était surtout pour ceux qui ne parlent pas suffisamment une langue ou une autre.
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Pas besoin de lui pour voir que le monde part en couille, entre les woke, le cancel culture, les politiciens qui suivent aveuglément les labos, les défis tiktok pour 50 de QI, les jeunes de plus en plus cons, y’a bien quelque chose qui tourne pas rond
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Oui, moi aussi je peux dire ça, mais lui, il explique pourquoi…
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L’article de “The Atlantic” est vraiment intéressant, J. Haidt explique très bien comment les RS et en particulier les fonctions “Retweet” et “Partager” servent d’accélérateur et d’amplificateurs à la propagation de stupidités et créés de la division. La parabole des fléchettes est parlante et ses explications sont convaincantes.
Mais tout de même je me suis posé la question de savoir s’il ne prenait pas en partie le problème à l’envers.
Par exemple il semble lui aussi remonté contre le phénomène woke, je suis bien d’accord que les RS ont favorisés son expansion, mais ils ne l’on pas créé.
En cherchant un peu d’info sur cet auteur, je suis tomber sur un article ou J. Braith lui même illustre bien mon propos.
Extrait
En octobre 2015, une étudiante prénommée Olivia, née aux USA de parents émigrés du Mexique, écrivit une lettre à la doyenne de son université, le Claremont McKenna College de Los Angeles. Elle s’y disait triste de constater que les Latinos étaient nombreux parmi les personnels subalternes de son université – jardiniers, concierges, mais rares parmi le personnel administratif et surtout dans le corps enseignant. Elle avait, disait-elle, l’impression d’être elle-même, en tant qu’étudiante, en quelque sorte surnuméraire ; acceptée pour remplir le quota de Latinos, exigé par la politique de diversification des admissions de l’Université.
La doyenne, Mary Spellman, lui répondit : “Merci de m’avoir écrit. Nous avons beaucoup à faire en tant qu’université et en tant que collectivité. Voudriez-vous discuter avec moi un de ces jours de ces sujets ? Ils sont importants à mes yeux et l’équipe éducative et moi-même, nous travaillons à mieux servir les étudiants, spécialement ceux qui ne rentrent pas dans le moule du Claremont McKenna. J’adorerais en parler davantage avec vous.”
Que croyez-vous qu’il arriva ? Olivia se sentit insultée par l’évocation d’un “moule” à laquelle elle semblait ne pas correspondre. Elle ne répondit donc pas à la lettre de Mrs Spellman. Mais plusieurs semaines après, elle entama, sur Facebook, a une campagne contre la doyenne. Une copie de la lettre, à ses yeux, insultante, était accompagnée du commentaire “Je ne rentre donc pas dans le moule de notre cher Claremont McKenna. Sentez-vous libres de partager.”
Tout le campus fut bientôt en émoi. Des manifestations furent organisées en soutien à Olivia. Deux étudiants entamèrent une grève de la faim. Les cours furent perturbés. On réclamait le renvoi de la doyenne “insensible” à la souffrance de l’étudiante. Mrs. Spellman avait pourtant fait preuve d’une empathie manifeste et d’un désir sincère d’aider l’étudiante à se sentir plus à l’aise dans l’université.
La stupidité de cette Olivia qui n’a pas compris le sens de la phrase, son intolérance, cette posture victimaire sont elles le fruit des RS ou les RS ne servent-ils que d’écho ?
En tout cas l’article m’a donner envie de lire ses bouquins mais à priori il n’y a pas d’édition en français.
Merci dujambon pour ce bon conseil
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