Debian 12 : ce que la distribution a en réserve
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Debian 12 n’est pas encore là, mais il est possible de se pencher sur le système au travers de ses préversions, surtout maintenant que la distribution est en « hard freeze », signifiant que plus aucune nouveauté ne sera ajoutée. Faisons donc le tour de ses apports.
Debian est une distribution à part. En soi, les nouveautés qu’elle propose dans la version 12 n’ont rien d’extraordinaire. Pour la plupart, elles se retrouvent dans d’autres systèmes Linux depuis un bon moment déjà. La nouvelle version majeure sortira même avec des composants et applications que l’on peut considérer comme « en retard » sur d’autres distributions.
Pour Debian cependant, l’intérêt n’est pas là. D’une part, l’intégralité du cycle de vie de cette distribution est centrée sur la fiabilité. Les composants ne sont pas forcément dernier cri, mais ils sont éprouvés. Aucune mise à jour majeure n’intervient tant que le système lui-même ne passe pas à la version suivante, à l’exception de certaines applications comme le navigateur. Chaque passage d’une mouture majeure de Debian à la suivante se traduit donc par des bonds conséquents dans les paquets.
D’autre part, Debian est la racine d’un très grand nombre d’autres distributions, dont la plus connue est Ubuntu, qui sert elle-même de socle à de nombreux systèmes, dont Linux Mint. Même si ces distributions « filles » ont leurs propres évolutions, la sortie d’une nouvelle Debian est toujours une étape marquante dans le paysage Linux, d’autant que cela ne se produit que tous les deux ans en moyenne.
Debian 12, nommée Bookworm, ne fait pas exception. Elle doit arriver durant ce trimestre en version finale, mais peut être testée sans trop de problème, même s’il s’agit toujours officiellement de l’alpha 2. Comme toujours dans ce cas, nous ne conseillons pas son installation sur un environnement de production ou sur un ordinateur important. Une machine dédiée ou un environnement virtualisé sont à privilégier.
Modernisation de la base
Quand Debian 11 (Bullseye) est sortie durant l’été 2021, elle était accompagnée d’un noyau 5.10. Contrairement à la plupart des autres distributions, Debian n’utilise que des versions LTS (longterm support) du noyau et reste sur la même mouture principale pendant toute la durée de vie de sa version majeure. Actuellement, dans Debian 11.6, la version du noyau est ainsi la 5.10.0-21.
Debian 12 embarque quant à elle un noyau Linux 6.1, ce qui implique des améliorations significatives à bien des niveaux, notamment pour le support du matériel et des hausses de performances diverses (surtout sur les systèmes de fichiers). Notez que les utilisateurs peuvent tout à fait choisir de passer sur un noyau plus récent en cours d’utilisation, mais beaucoup préfèrent se contenter des seules mises à jour officielles, pour préserver la fiabilité inhérente à la plateforme.
Avec ce changement de noyau en vient un autre : l’utilisation par défaut de Pipewire pour la gestion du son, en lieu et place de Pulseaudio pour GNOME. Cette bascule a déjà été observée dans d’autres distributions et apporte une gestion plus efficace du traitement basse latence et du partage multimédia. Il est conçu pour fonctionner avec le serveur d’affichage Wayland, lui aussi utilisé par défaut dans Debian 12.
Signalons également la présence du gestionnaire de paquets Apt en version 2.6. Celle-ci amène principalement la prise en charge des firmwares non libres (propriétaires). Cet ajout va de pair avec un autre changement de Debian 12 : il n’est plus besoin de choisir entre les images ISO libres et non libres. Le téléchargement se fait maintenant sur une image unique, dont on choisit la taille en fonction des besoins (complète, netinstall, etc.). Des questions supplémentaires sont posées pendant l’installation sur la possible activation des dépôts non libres, Apt se chargeant ensuite du reste, y compris des mises à jour.
L’installateur de la distribution, actuellement en RC1, a reçu d’autres évolutions, comme l’utilisation d’un firmware UEFI 32 bits quand le système se charge sur une machine AMD64, l’abandon de win32-loader, le support de Windows 11 dans la détection du multiboot, la prise en charge d’EFI Zboot sur les machines ARM64, ainsi que quelques remaniements visuels pour adapter notamment l’interface au thème de Debian 12 (notamment le nouveau fond d’écran, nommé Emerald).
Attention cependant, il reste quelques problèmes. Par exemple, la gestion des volumes LVM chiffrés peut échouer sur des ordinateurs ayant une faible quantité de RAM, de même que le mode « guided - use entire disk and setup LVM » peut bloquer sur des systèmes UEFI.
Environnements de bureau
Voici probablement le point sur lequel les personnes se servant de Debian verront les plus gros changements. Comme pour les versions du noyau, Debian ne change en effet pas de version d’un environnement de bureau pendant son cycle de vie. Mettre à jour vers une mouture majeure de Debian signifie donc de nombreuses nouveautés, selon ce que l’on utilise.
GNOME est ainsi présent en version 43. La version 44 est sortie trop récemment en version finale pour pouvoir être intégrée, le « hard freeze » (gel de la liste des composants) de Debian 12 étant intervenu le 12 mars. Mais même ainsi, c’est un bond conséquent : Debian 11 est fournie avec GNOME 3.38 et n’a donc pas connu la branche 4X de l’environnement. Or, toutes ces versions ont apporté de nombreuses nouveautés, en particulier les moutures 40 et 41.
- GNOME 40 bascule les bureaux virtuels à l’horizontale sur les écrans multiples
- GNOME 41 prend le relai avec de nombreuses améliorations
Même constat pour les autres environnements, que l’on peut choisir à l’installation du système. KDE Plasma est ainsi fourni en version 5.27 et est rejoint par LXDE 11, LXQt 1.2, MATE 1.26 ou encore Xfce 4.18. Il s’agit à chaque fois des dernières révisions stables disponibles au moment du hard freeze.
Applications et modules développeurs
La philosophie générale de Debian est très bien illustrée par les choix des versions pour les applications et autres modules. Cas emblématique, Firefox est présent dans sa révision 102.9, autrement dit la dernière ESR (Extended Support Release). Même chose pour LibreOffice, présent en version 7.4.4, la branche 7.5 étant trop récente (ce qui correspond d’ailleurs aux propres recommandations de la Document Foundation).
Côté développement, on note tout particulièrement l’arrivée de Python 3.11 et l’abandon de python2. On y trouve aussi LLVM 15 (la version 16 est présente dans des distributions plus rapides comme Ubuntu 23.04 et Fedora 38, toutes deux en bêta), OpenJDK 11.6, PHP 8.2 ou encore Samba 4.17.
Support du matériel
C’est l’un des points forts de Debian : on peut l’installer sur pratiquement n’importe quoi. Debian profite du noyau Linux 6.1 qui apporte, comme nous l’avons mentionné, de nouveaux pilotes pour des processeurs, GPU et SoC ARM supplémentaires.
Plus spécifiquement, Debian 12 prend en charge de nombreux nouveaux appareils ARM comme les Banana Pi BPI M2 Ultra, ODROID-C4, ODROID-HC4, ODROID-N2, ODROID-N2+, le smartphone Linux Librem 5r4 (Evergreen), ainsi que le pc portable modulaire MNT Reform Version 2.
Bookworm apporte également le support de nouveaux appareils RISC-V comme le SiFive HiFive Unmatched, le BeagleV Starlight Beta et le Microchip PolarFire-SoC Icicle Kit.
Dans l’ensemble, Debian 12 s’annonce comme une énorme mise à jour et une évolution majeure de la plateforme. La version finale est attendue pour ce trimestre, mais sans plus de précisions pour l’instant.
Source : nextinpact.com
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