[Critique] Trap de M. Night Shyamalan : un tour de passe-passe convoquant la meilleure version du cinéaste
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Trap ne fait pas exception à la règle des films de Shyamalan qui joue avec son spectateur, particulièrement ici dans l’approche nouvelle du cinéaste pour son protagoniste, puisqu’il est aussi l’antagoniste (un serial killer). Tel un «Qui est-ce?» confiné, jouons à coeur joie pour comprendre le profil: celui du tueur, mais aussi du film.
Un sacré programme, d’abord: le générique de début montre des chemins tracés petit à petit sur une sorte de carte dont il est impossible de distinguer des frontières. Et l’enjeu est simple: il va falloir comprendre les multiples déambulations d’un personnage, tueur en série émérite, pour définir les frontières de son terrain de jeu, pour mieux détruire le périmètre de 3000 policiers qui l’entourent. Si Trap excelle sur la représentation de son espace (une salle de spectacle) et de son contexte (un concert transformé en piège), jusqu’à rappeler les tournis spatiaux de Snake Eyes de Brian De Palma, la frontière qui se joue le plus dans le film est celle qui sépare le Boucher, serial-killer minutieux, de Cooper, père de famille gâtant sa fille au spectacle de son artiste préférée. Comment l’un complète l’autre? Comment lier ces deux identités?
Dans cette révélation, Shyamalan y puise un récit équivoque, où l’agacement vis-à-vis du tueur peut faire vaciller cette vision a priori positive d’une figure paternelle. Le tueur quasi-intouchable n’a aucune frontière. Se fondant parfaitement dans la foule, et même au sein même du personnel du stadium. Sa déambulation paraît parfaite, l’afflux d’idées d’échappatoire et de tentatives de se fondre dans la masse paraissent plus folles les unes des autres, jusqu’à servir un café à un représentant du SWAT. Un profil indestructible, en somme. Le jonglage avec l’identité paternelle permet en revanche d’y ajouter un contrechamp quelque peu vacillant, où les regards douteux de sa fille rencontrent un masque qui tombe au ralenti, mais qui tombe quand même. Comme lors de cette scène totalement surréaliste où Cooper, alors à côté de sa fille en plein show, lui propose de s’infiltrer dans une trappe au sol et placée juste à côté d’eux. La déambulation toquée du tueur rencontre, finalement, le fourvoiement du père.
On pense aux multiples identités de Split, mais aussi aux adultes de Signes, figures d’autorité en proie à des forces inconnues, voire supérieures qui les font vaciller dans leurs prises de décision et leur foi. Quel est le profil donc? Certainement pas celui du père, principale victime également de l’explosion du contexte spatio-temporel du film, puisque Shyamalan fait sortir ses personnages de la salle pour y déployer des contours essentiellement centrés sur la réaction du Boucher: et ce d’une manière que nous garderons secrète compte tenu des nombreuses surprises qui s’y produisent. Le père est mort, vive le tueur? Tel est aussi le programme dramatique de Shyamalan, plus concentré que jamais à détourner, comme à son habitude, les codes du drame familial (à se demander même s’il n’a pas fait ce film pour sa fille qu’il a convoquée pour interpréter l’artiste que la fille de Cooper admire tant).
Qui est le profileur?
Ce nouveau film de Shyamalan, grâce à cette étude de trajectoires identitaires, nous fait renouer avec l’un des plus grands motifs de sa filmographie. Il y a ce personnage de profileuse travaillant pour la police lors du déploiement du piège, le seul qui semble préoccuper les plans du Boucher dans la salle, tant sa description de plus en plus précise de l’homme à abattre tend les regards vers son unique silhouette. Encore une fois, cela reste de l’ordre de l’équivoque, tant Shyamalan aime tordre les représentations attendues du scénario. À la fois les indices décrits par la profileuse qui font faire arrêter plusieurs pères et la mère du Boucher qui apparaît et disparaît dans le cerveau de ce dernier, telle une manifestation paranormale. Elle est une profileuse, mais de quoi exactement tant les conséquences sont toujours dérivées du but à atteindre, à la fois sur le plan du contexte (le piège) et du protagoniste (le trauma maternel du Boucher).
À ce niveau de complexité dans les identités et dans l’intention même d’identifier, Shyamalan joue au profileur dans sa façon de relater des personnages dont les actions et personnalités finissent toujours par dériver. Il est le seul maître à bord dans cette déconstruction de l’apparente maitrise des éléments, puisque le Boucher, lors d’un final pas si twistant, mais au potentiel dramatique somptueux, finira par se tromper. Quel est le profil, donc? Shyamalan s’est au fond toujours posé cette question: quand il fallait identifier David Dunne comme le super-héros de Incassable ou le guérisseur sauveur de narf dans La jeune fille de l’eau, quand il fallait repousser la révélation de l’apparence des aliens dans Signes (immense trauma au passage) ou découvrir celle des cavaliers de l’Apocalypse dans Knock at the cabin… Shyamalan, cinéaste profileur qui n’en a jamais fini de nous faire demander qui nous sommes. Un tueur.
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ca donne envie
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@Deadpunk a dit dans [Critique] Trap de M. Night Shyamalan : un tour de passe-passe convoquant la meilleure version du cinéaste :
ca donne envie
Yep… Moi aussi
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Et moi donc ^^
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Trap réalisé par M. Night Shyamalan
Avec :
Josh Hartnett
Ariel Donoghue
Saleka ShyamalanSynopsis :
Un père et sa fille adolescente assistent à un concert pop, où ils réalisent qu’ils sont au centre d’un événement sombre et sinistre.
Avis :
L’idée du film est pas mal du tout, ça commençait bien même si je ne suis pas fan qu’il y’ait la fille à Night dans le film (son concert ressemble + à une publicité promotionnelle…et je parle même pas des scènes ou ça part en incohérence totale en mode Twitch).
Très mitigé pour ma part, j’en attendais + de ce long métrage. -
Vu hier, j’ai aimé
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Argumente, pourquoi tu as aimé, ce que tu as aimé ?
^^Tu vois sur AlloCiné ?
J’ai aimé…5 étoiles
Enfin je dis ça…t’as aimé quoi ^^
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J’ai aimé tous ses calculs pour éviter la volaille … et la FIN (sans spoiler) ^^
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Voilà ok ^^
Moi j’ai aimé la première partie (pour le concert même si bien foutu, j’aurai préféré une autre chanteuse que la fille à Night et pour la deuxième partie, elle part un peu dans tous les sens).
Je parle en tant que fan de M. Night Shyamalan.
Je trouve que depuis phénomène, Old etc, c’est pas encore ça…à croire qu’il a perdu son mojo (j’y croyais pourtant avec Split ou il avait remonté le niveau).Avant quand tu avais du Shyamalan, tu savais que t’allais te taper une claque monumentale (enfin bref )
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Et juste avant de mater TRAP, j’avais revu SIGNS
Cette nuit je mate BORDELANDS (2024)