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[Dossier] Bill Gates et sa lettre ouverte aux hobbyistes : L'histoire du gamin qui a transformé le piratage en industrie du logiciel

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    écrit dernière édition par Violence
    #1

    A 20 ans, il a eu les couilles de dire à toute la communauté des hackers qu’ils étaient des voleurs. Ce gamin, c’était Bill Gates, et sa lettre ouverte aux hobbyistes de 1976 a littéralement créé l’industrie du logiciel qu’on connaît aujourd’hui.

    – Bill Gates en 1978 - Le geek qui allait changer la face du logiciel

    A l’époque, les gens pirataient allègrement tout ce qui leur passait sous la main, et je n’imagine pas leur tête quand ils sont tombés sur ce texte d’un mec de 20 piges qui explique que le piratage, c’est du vol. Ils ont du penser “Quel rabat-joie ce type !” mais avec le recul, peut-être que sans lui, on n’aurait peut-être jamais eu l’industrie du logiciel qu’on connaît aujourd’hui. Ou alors, on vivrait tous dans un monde à la Richard Stallman, avec des logiciels libres partout. Allez savoir ^^

    William Henry Gates III est né le 28 octobre 1955 à Seattle. Pas n’importe où à Seattle, hein. Dans le quartier chic de Laurelhurst. Son père, William H. Gates Sr., était un avocat influent qui mesurait 2 mètres (d’où le surnom “Big Bill”). Sa mère, Mary Maxwell Gates, était prof avant de devenir membre du conseil d’administration de plusieurs grosses boîtes, dont United Way et First Interstate Bank. Son grand-père maternel, J.W. Maxwell, était président de la National City Bank. Bref, le petit Bill n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, mais avec une cuillère en platine sertie de diamants et gravée à son nom.


    – La famille Gates - L’élite de Seattle dans toute sa splendeur

    Mais ne croyez pas que c’était un gosse de riche pourri gâté. Non, Bill était surtout un geek avant l’heure. Petit, maigrichon, avec ses lunettes épaisses comme des culs de bouteille, il se faisait chambrer à l’école publique. Ses parents s’inquiétaient de son côté renfermé et asocial. Alors en 1967 (il avait 12 ans), ils l’ont inscrit à Lakeside School, une école privée super select pour garçons où la scolarité coûtait plus cher qu’une voiture neuve.

    Et c’est là que tout a basculé. En 1968, la Mothers’ Club de l’école (l’association des mères d’élèves) avait organisé une vente de charité. Avec les 3 000 dollars récoltés, elles ont fait un truc complètement dingue pour l’époque : elles ont acheté un terminal Teletype Model 33 ASR et du temps de calcul sur un ordinateur General Electric via une connexion téléphonique. On parle de 1968 là ! La plupart des universités n’avaient même pas ça. C’était comme si aujourd’hui, une école primaire achetait un ordinateur quantique.


    – Le Teletype Model 33 ASR - La machine qui a tout changé

    Bill a alors 13 ans quand il touche un ordinateur pour la première fois. Et là, BOOM ! Le coup de foudre total. Il raconte qu’il a passé des heures et des heures devant ce terminal, à programmer en BASIC. “On était complètement obsédés”, dira-t-il plus tard. “On sautait les cours de gym, on y allait la nuit.” Mais il n’était pas seul dans cette obsession. Un autre élève, deux ans plus vieux que lui, partageait la même passion : Paul Allen.

    Paul et Bill, c’était le duo parfait. Paul était plus calme, plus posé, avec une barbe naissante qui lui donnait des airs d’adulte. Bill était hyperactif, arrogant, avec une énergie débordante et une manie de se balancer d’avant en arrière quand il réfléchissait (un truc qu’il fait encore aujourd’hui). Ensemble, ils ont formé le Lakeside Programming Club avec deux autres potes : Ric Weiland et Kent Evans. Leur première mission ? Trouver des bugs dans le système de Computer Center Corporation (CCC) en échange de temps de calcul gratuit.


    – Paul Allen et Bill Gates à Lakeside - Le duo qui allait conquérir le monde

    Le problème, c’est qu’ils étaient un peu trop doués. Ils ont trouvé tellement de failles de sécurité que le CCC les a bannis pendant tout l’été 1969. “On avait crashé leur système plusieurs fois,” admettra Gates plus tard. Mais quand la boîte a fait faillite en 1970, les gamins se sont rabattus sur l’ordinateur PDP-10 de l’Université de Washington. Paul se faisait passer pour un étudiant en master, et Bill, du haut de ses 15 ans, le suivait partout. Jusqu’à ce qu’un prof les grille et les vire. Du coup, ils ont négocié : ils pouvaient utiliser le PDP-10, mais seulement entre 3h et 6h du matin. Résultat ? Bill a passé son adolescence à coder la nuit et dormir en cours.

    Puis en 1972, tragédie : Kent Evans, leur pote du club de programmation, meurt dans un accident d’alpinisme. Bill est dévasté. Mais la vie continue. Avec Paul, ils montent leur première vraie boîte : Traf-O-Data. L’idée était géniale : construire un ordinateur basé sur le nouveau processeur Intel 8008 pour analyser les données de trafic routier des rubans perforés utilisés par les compteurs de circulation.

    Le hic c’est que leur machine ne marchait qu’une fois sur deux lors des démos. “Un représentant du comté est venu pour voir notre super machine,” raconte Paul. “On a appuyé sur le bouton et… rien. Nada. Le type est reparti en rigolant.” Mais l’expérience était cruciale car Paul avait écrit un émulateur du 8008 sur le PDP-10 de l’université et cette compétence allait leur servir plus tard…


    – L’Intel 8008 - Le cœur de Traf-O-Data

    En 1973, Bill entre à Harvard. Ses parents sont aux anges. Leur fils va devenir avocat comme papa ! Sauf que Bill s’en fout complètement du droit. Il suit des cours de maths de niveau “graduate”, notamment le fameux Math 55, considéré comme un des cours les plus durs des États-Unis (sur 75 étudiants au début, seuls 20 finissent l’année). Il passe le reste de son temps à jouer au poker (il était apparemment très bon) et à programmer. “Je dormais beaucoup en journée,” avoue-t-il. Normal quand on passe ses nuits sur le PDP-10.

    Et puis, en décembre 1974, Paul débarque dans la chambre de Bill à Harvard avec le numéro de janvier 1975 de Popular Electronics. En couverture : l’Altair 8800, “le premier kit d’ordinateur miniature au monde en concurrence avec les modèles commerciaux”, disponible pour 397 dollars (439 dollars assemblé). Les deux compères comprennent immédiatement : c’est LE moment. Si les ordinateurs deviennent aussi bon marché, les gens vont avoir besoin de logiciels. “Oh merde,” dit Bill. “Ça se passe sans nous !”


    – La couverture qui a changé l’histoire de l’informatique

    Le problème c’est que l’Altair n’avait pas de langage de programmation. Juste des switches qu’on basculait pour entrer le code machine directement, bit par bit. Une vraie galère. Bill appelle alors Ed Roberts, le patron de MITS (les fabricants de l’Altair) et lui dit : “On a un BASIC qui tourne sur votre machine.” Mensonge total. Ils n’avaient rien. Roberts répond : “Si vous êtes les premiers à me montrer un BASIC qui marche sur l’Altair, vous avez un deal.”

    C’est parti pour la course contre la montre. Paul ressort ses compétences d’émulation et code un simulateur d’Intel 8080 (le processeur de l’Altair) sur le PDP-10 de Harvard. Pendant huit semaines, de janvier à mars 1975, ils codent comme des malades. Bill écrit l’interpréteur BASIC, Paul l’émulateur. Mais ils réalisent qu’ils ont besoin de routines mathématiques en virgule flottante sophistiquées. Entre alors en scène Monte Davidoff, un étudiant de Harvard qui traînait dans le même dortoir. “Je peux faire un système de virgule flottante qui tiendra dans la mémoire,” promet-il. Il sera alors payé 400 dollars et de la bouffe gratuite.

    Faire tenir un interpréteur BASIC complet dans 4K de mémoire, c’est un défi énorme. 4K c’est 4 096 octets. Le texte que vous lisez maintenant fait déjà plus que ça. Bill raconte qu’il dormait sur le sol du labo informatique Aiken à Harvard, se réveillait, codait quelques heures, et se rendormait. “J’étais le plus jeune et j’avais une passion dévorante pour que ça marche,” dira-t-il. Ils ont optimisé chaque instruction, réutilisé chaque octet possible et le 4K BASIC final laissait seulement 790 octets libres pour les programmes utilisateur !

    En mars 1975, Paul prend l’avion pour Albuquerque avec une bande perforée contenant leur BASIC. Il n’a jamais vu un vrai Altair de sa vie car tout a été développé sur l’émulateur. Dans l’avion, il réalise alors avec horreur qu’ils ont oublié de coder le bootloader, le petit programme qui charge BASIC en mémoire ! Il le code à la main pendant le vol, en assembleur, sur du papier. Arrivé chez MITS, il entre le bootloader via les switches (ça prend 10 minutes), charge la bande perforée, tape “PRINT 2+2”. L’Altair répond “4”. Miracle ! Ça marche du premier coup ! Ed Roberts est bluffé. Il signe immédiatement un contrat de distribution. “Je ne pouvais pas croire que ça avait marché,” dira Paul plus tard.

    Bill lâche alors Harvard (officiellement, il prend un “congé” pour rassurer ses parents mais n’y retournera jamais, sauf pour recevoir un doctorat honorifique 32 ans plus tard) et rejoint Paul à Albuquerque. Ils fondent Micro-Soft le 4 avril 1975 (avec un tiret, qu’ils enlèveront en 1976) et leur premier bureau est une suite de deux pièces au deuxième étage d’un building miteux au 819 Two Park Central Tower. Paul Allen est directeur des logiciels, Bill Gates est responsable du business. La répartition du capital ? 64% pour Bill, 36% pour Paul. Pourquoi ? “C’est moi qui ai lâché Harvard,” argumente Bill. Paul accepte. Une décision qui lui coûtera des milliards.


    – L’équipe Microsoft en 1978 à Albuquerque - Les geeks qui allaient conquérir le monde

    Mais voilà le problème : MITS vendait l’Altair BASIC 150 dollars avec l’ordinateur, ou 500 dollars séparément (200 dollars pour la version 8K, 350 pour l’Extended BASIC). Pour beaucoup de hobbyistes, c’était du vol. L’Altair lui-même ne coûtait que 397 dollars en kit ! Alors ils ont fait ce que les geeks ont toujours fait : ils ont piraté. Au Homebrew Computer Club de Menlo Park, la Mecque des hackers de l’époque, Dan Sokol a “emprunté” une bande perforée du BASIC et en a fait 50 copies qu’il a distribuées gratuitement. En quelques semaines, des centaines de copies circulaient. Sur les milliers d’Altair vendus, moins de 10% des propriétaires avaient acheté le BASIC.

    Le Homebrew Computer Club, c’était quelque chose. Créé le 5 mars 1975 par Gordon French et Fred Moore, il réunissait tous les mercredis soirs des dizaines (puis des centaines) de passionnés dans le garage de French, puis dans un auditorium de Stanford. Lee Felsenstein, le maître de cérémonie, dirigeait les réunions avec sa règle d’or : “Apportez quelque chose à partager.” Les membres montraient leurs créations, échangeaient des schémas, se passaient des logiciels. Steve Wozniak y a même présenté l’Apple I. Le partage était la norme, la propriété intellectuelle un concept flou. “L’information veut être libre,” c’était leur credo.

    C’est dans ce contexte que Bill pète un câble. Il calcule… avec les royalties reçues, lui et Paul gagnent moins de 2 dollars de l’heure pour leur travail. Un an de développement pour des cacahuètes ! Le coût des bandes perforées ? 10 cents. Le prix de vente ? 500 dollars. Les pirates n’avaient aucun scrupule. Alors en février 1976, Bill prend sa plume (enfin, sa machine à écrire, y’avait pas encore Word à l’époque ^^) et écrit sa fameuse “Open Letter to Hobbyists” et David Bunnell de MITS l’envoie par courrier express à toutes les publications informatiques du pays.

    La lettre commence poliment : “Une chose m’étonne : les retours que nous recevons de la part des centaines de personnes qui utilisent BASIC sont tous positifs. Deux choses me surprennent cependant : 1) La plupart de ces ‘utilisateurs’ n’ont jamais acheté BASIC (moins de 10% des propriétaires d’Altair ont acheté BASIC), et 2) Le montant des royalties reçu de MITS fait que le temps passé sur Altair BASIC vaut moins de 2 dollars de l’heure.”

    Puis il attaque direct : “Pourquoi c’est comme ça ? Comme la majorité des hobbyistes doit le savoir, la plupart d’entre vous volent vos logiciels. Le hardware doit être payé, mais le logiciel est quelque chose à partager. Qui se soucie de savoir si les gens qui ont travaillé dessus sont payés ?”

    Et là, l’argument massue : “Une chose que vous faites, c’est empêcher l’écriture de bons logiciels. Qui peut se permettre de faire du travail professionnel gratuitement ? Quel hobbyiste peut mettre 3 années-homme dans la programmation, trouver tous les bugs, documenter son produit et le distribuer gratuitement ? Le fait est que personne, à part nous, n’a investi beaucoup d’argent dans les logiciels pour hobbyistes.”

    Il enfonce le clou : “Est-ce juste de voler ? Vos actions empêchent de bons logiciels d’être écrits. Si vous voulez de bons logiciels, il faut qu’ils soient achetés. Cela permet aux développeurs de gagner leur vie et de produire encore de meilleurs logiciels. C’est aussi simple que ça.”

    Newsletter du Homebrew Computer Club
    – La newsletter du Homebrew où la lettre est parue - Ground zero de la controverse

    La lettre se termine par : “J’apprécierais des lettres de quiconque veut payer, ou a une suggestion ou un commentaire. Écrivez-moi simplement à 1180 Alvarado SE, #114, Albuquerque, New Mexico, 87108. Rien ne me ferait plus plaisir que de pouvoir embaucher dix programmeurs et inonder le marché de hobby de bons logiciels.” Signé : Bill Gates, General Partner, Micro-Soft.

    La réaction de la communauté ne se fait pas attendre ! Un tsunami de rage ! Dans les newsletters des clubs informatiques, Bill se fait traiter de tous les noms. “Capitaliste”, “profiteur”, “ennemi du partage”, “parasite”. Certains lui envoient des faux billets de 2 dollars par moquerie. D’autres des lettres d’insultes. Jim Warren, éditeur du Dr. Dobb’s Journal (dont le slogan était “Running Light Without Overbyte”), publie une réponse cinglante où il traite Gates de pleurnicheur et argumente : “Quand le logiciel est gratuit, ou si peu cher qu’il est plus simple de le payer que de le copier, alors il ne sera pas ‘volé’.”

    Certains membres du Southern California Computer Society menacent même de poursuivre Gates pour diffamation ! Mike Hayes écrit une réponse dans la newsletter du Homebrew, remettant en question les calculs de Gates et Ed Roberts de MITS doit calmer le jeu en publiant des clarifications.

    Mais la lettre a aussi déclenché une réaction constructive : le mouvement Tiny BASIC. Dennis Allison du People’s Computer Company lance alors un appel : créons un BASIC gratuit ! Li-Chen Wang code Palo Alto Tiny BASIC en quelques semaines et le met dans le domaine public avec le message prophétique “@COPYLEFT ALL WRONGS RESERVED”… 13 ans avant que Richard Stallman popularise le concept de copyleft ! Un autre développeur, Tom Pittman vend son propre Tiny BASIC 5 dollars et d’autres versions apparaissent, toutes bien moins chères que celle de Microsoft.


    – Tiny BASIC - La réponse de la communauté au “monopole” Microsoft

    En avril 1976, Bill publie “A Second and Final Letter” dans Computer Notes, plus mesurée. Il clarifie sa position : il ne parle pas des programmes que les hobbyistes écrivent pour eux-mêmes, mais des outils système comme BASIC. “Sans retour financier, qui va développer les outils dont tout le monde a besoin ?” Trop tard, le mal est fait. Bill Gates est devenu l’ennemi public numéro 1 de la communauté hacker.

    L’ironie, c’est que Bill lui-même n’était pas blanc comme neige. Pour développer Altair BASIC, il avait utilisé sans autorisation le PDP-10 de Harvard, “volant” pour 40 000 dollars de temps machine selon les estimations de l’université. Quand Harvard l’a découvert en 1977, ils l’ont menacé de sanctions disciplinaires. Paul Allen, qui n’était plus étudiant, a été banni du campus et Microsoft a dû négocier pour éviter les poursuites. “On était jeunes et stupides,” admettra Gates plus tard. Mais bon, apparemment, voler du temps CPU c’est pas pareil que voler du software…


    – Le PDP-10 de Harvard - La machine “empruntée” pour créer Microsoft

    D’ailleurs, parlons un peu des frasques du jeune Bill. En décembre 1977, il se fait arrêter à Albuquerque pour avoir grillé un stop et conduit sans permis. Il conduisait la voiture de Paul Allen, évidemment. La photo d’identité judiciaire (le “mugshot”) montre un gamin de 22 ans souriant, avec ses lunettes aviateur et son col fleuri, visiblement amusé par la situation. “J’étais avec tous les ivrognes toute la nuit,” raconte-t-il. “C’est pour ça que depuis, j’ai toujours du cash sur moi pour payer ma caution”.

    Et ce n’était pas sa première arrestation puisqu’il s’était déjà fait choper en 1975 pour excès de vitesse et conduite sans permis. Et quand Microsoft déménage à Seattle en 1978, il récolte trois contraventions pour excès de vitesse sur le trajet. Le mec avait acheté une Porsche 911 et adorait la pousser dans le désert du Nouveau-Mexique.


    – Le mugshot légendaire de 1977 - Quand Bill était un bad boy

    Mais revenons à l’histoire principale. Malgré la controverse, Microsoft grandit. En 1977, ils développent des versions de BASIC pour d’autres ordinateurs : le TRS-80, le Commodore PET, l’Apple II (Wozniak avait créé son propre Integer BASIC, mais Microsoft a vendu Applesoft BASIC qui gérait les nombres à virgule flottante). Le chiffre d’affaires explose : 16 000 dollars en 1976, 500 000 en 1977, 1 million en 1978. Bill a 23 ans et dirige déjà une boîte qui cartonne.

    En 1980, le destin frappe alors à la porte. IBM, le géant endormi, veut entrer sur le marché des micro-ordinateurs. Ils développent en secret le projet “Chess”, qui deviendra l’IBM PC. Pour le système d’exploitation, ils vont d’abord voir Digital Research à Pacific Grove, Californie. Gary Kildall, le créateur de CP/M, le système d’exploitation le plus populaire pour micro-ordinateurs, aurait dû décrocher le contrat du siècle.

    Mais le 21 août 1980, quand l’équipe d’IBM débarque, Gary n’est pas là. La légende dit qu’il était parti faire un tour dans son avion privé. Sa femme Dorothy refuse de signer le NDA (accord de confidentialité) sans avocat. IBM repart bredouille et furieux. Toutefois, la vérité est plus nuancée : Gary était en voyage d’affaires chez un client important. Il arrive l’après-midi, mais le mal est fait. Les négociations capotent sur les termes du contrat. IBM veut une licence à 250 000 dollars, pas plus. Gary veut des royalties. No deal.

    Notez que la mère de Bill, Mary Gates, siège au conseil d’administration de United Way avec John Opel, le PDG d’IBM. Est-ce une [censored] coïncidence ? Hmmm… Quand IBM cherche une alternative, Opel se rappelle alors Microsoft : “C’est la boîte du fils de Mary Gates !” et quelques jours plus tard, IBM se tourne vers Bill qui n’a pas de système d’exploitation, mais qui leur dit “Pas de problème, on peut vous en fournir un !” Culotté le mec.

    Bill court alors chez Seattle Computer Products et négocie avec Tim Paterson, qui a développé QDOS (Quick and Dirty Operating System), un clone de CP/M pour processeur 8086. Il l’achète d’abord sous licence pour 25 000 dollars, puis carrément les droits complets pour 50 000 dollars supplémentaires. Il le rebaptise MS-DOS et le revend sous licence à IBM. Le contrat est en or massif : IBM paie des royalties, mais Microsoft garde le droit de licencier MS-DOS à d’autres constructeurs. “C’était le deal du siècle,” admettra Gates. IBM pensait que l’argent était dans le hardware. Erreur monumentale.


    – L’IBM PC 5150 - La machine qui a fait la fortune de Microsoft

    Kildall crie au scandale. Il examine MS-DOS et conclut que c’est une copie de CP/M. Les commandes sont identiques ! Il menace de poursuivre IBM. Du coup, IBM propose CP/M-86 en option sur le PC… à 240 dollars contre 40 dollars pour MS-DOS. Et devinez lequel les gens ont choisi ?

    Cela dit, des analyses forensiques récentes ont montré que MS-DOS partageait des concepts avec CP/M mais n’était absolument pas une copie directe du code. Paterson s’était inspiré du manuel de CP/M, et pas du code source.

    L’histoire tragique de Gary Kildall s’est terminée le 8 juillet 1994 au Franklin Street Bar and Grill à Monterey. Il y a eu une altercation, d’autres disent qu’il est tombé mais peu importe, il a refusé les soins médicaux cette nuit-là. Trois jours plus tard, il meurt à 52 ans d’une hémorragie cérébrale. Le rapport du coroner mentionne “traumatisme contondant à la tête” et “alcoolisme chronique”. L’affaire a été traitée comme un possible homicide, mais personne n’a jamais été inculpé. Certains disent qu’il portait un blouson Harley-Davidson dans un bar de bikers. D’autres qu’il était juste au mauvais endroit au mauvais moment. Et pendant ce temps, Bill devenait l’homme le plus riche du monde.


    – Gary Kildall - Le père de CP/M, mort dans l’ombre de Gates

    En 1983, nouveau coup de théâtre. Microsoft développe des logiciels pour le futur Macintosh d’Apple. Bill a accès aux prototypes et voit l’interface graphique révolutionnaire inspirée du Xerox PARC. Le 10 novembre 1983, au COMDEX de Las Vegas, il annonce alors Windows. Steve Jobs devient fou de rage : “Faites venir Gates ici immédiatement !”

    La confrontation est épique. Dans la salle de conférence d’Apple, Jobs hurle : “Tu nous as trahis ! Je t’ai fait confiance et tu nous as volé notre interface !” La réponse de Bill est entrée dans la légende : “Eh bien Steve, je pense qu’on peut voir les choses autrement. C’est plutôt comme si nous avions tous les deux un voisin riche nommé Xerox et que j’étais entré par effraction chez lui pour voler la télé, pour découvrir que tu l’avais déjà volée.”

    Jobs reste sans voix.


    – Jobs vs Gates - Les frères ennemis de la Silicon Valley

    Le problème pour Apple c’est qu’ils avaient signé un contrat pourri avec Microsoft. Le deal permettait à Microsoft d’utiliser certains éléments de l’interface Mac pour leurs applications… sans limite dans le temps ni restriction sur l’usage dans d’autres produits. Les avocats d’Apple ont merdé grave et Windows 1.0 sort en novembre 1985. C’est nul, mais c’est un début. Apple les poursuit en 1988 puis perd son procès en 1994. Entre-temps, Windows 3.0 (1990) puis Windows 95 ont conquis le monde.

    Au fil des années, Bill est passé du geek asocial au businessman impitoyable. Les pratiques de Microsoft deviennent de plus en plus agressives. “Embrace, Extend, Extinguish”, c’est à dire adopter les standards, les étendre avec des fonctionnalités propriétaires, puis tuer la concurrence.

    Netscape ? Écrasé par Internet Explorer gratuit. Java ? Pollué par J++…etc… La liste est longue. En 1998, le département de la Justice attaque Microsoft pour pratiques monopolistiques et Bill doit témoigner. Sa déposition vidéo est un désastre : arrogant, évasif, il joue sur les mots. Le juge Thomas Penfield Jackson le compare à Napoleon et c’est pas un compliment.

    Sa mère, Mary Gates, meurt alors d’un cancer du sein le 10 juin 1994. Elle avait 64 ans. Dans sa dernière lettre à Melinda French, la fiancée de Bill, elle a écrit : “De ceux à qui on a beaucoup donné, on attendra beaucoup.” Cette phrase, tirée de l’Évangile selon Luc, a profondément marqué le couple. Bill épouse Melinda le 1er janvier 1994 à Lanai, Hawaii. Le mariage a coûté 1 million de dollars. Il a loué tous les hélicoptères et jets privés de l’île pour garantir l’intimité.


    – Bill et Melinda - Le couple philanthrope

    En 2000, Bill et Melinda créent ensemble la Fondation Bill & Melinda Gates avec 42,3 milliards de dollars. En 2006, Warren Buffett annonce qu’il donne 31 milliards à la fondation. Et en 2008, Bill quitte la direction quotidienne de Microsoft pour se consacrer à la philanthropie. Satya Nadella prend alors les rênes en 2014 et transforme Microsoft : fini le “Linux est un cancer” de Steve Ballmer, place à “Microsoft ❤️ Linux”. Visual Studio Code est open source. Microsoft achète GitHub pour 7,5 milliards. .NET devient open source. WSL permet de faire tourner Linux sous Windows. L’ironie est totale.

    Mais la plus grosse annonce est tombée le 8 mai 2025 (oui, cette année !) quand Bill a déclaré qu’il donnerait 99% de sa fortune restante (environ 200 milliards de dollars) et que la Fondation Gates fermerait définitivement le 31 décembre 2045. “Il y a trop de problèmes urgents pour que je garde des ressources qui pourraient aider les gens,” a-t-il dit. Il cite Andrew Carnegie : “L’homme qui meurt riche meurt déshonoré.”

    Entre aujourd’hui et 2045, la fondation dépensera donc plus de 200 milliards. C’est le plus gros engagement philanthropique de l’histoire moderne.

    Bill Gates aujourd’hui
    – Bill Gates en 2025 - Du capitaliste au philanthrope

    Son obsession actuelle c’est bien sûr le changement climatique et les pandémies. Il a investi des milliards dans les énergies propres via Breakthrough Energy. TerraPower, sa société de réacteurs nucléaires nouvelle génération, construit son premier réacteur à Natrium dans le Wyoming. Il finance la recherche sur les vaccins, l’agriculture durable et les toilettes sans eau. Depuis son divorce avec Melinda en 2021 (27 ans de mariage, 3 enfants), il se consacre à 100% à ces causes.

    Mais alors revenons à cette fameuse lettre de 1976. Avec le recul, Bill avait-il raison ? C’est compliqué de répondre de manière tranchée. Oui, les développeurs méritent d’être payés pour leur travail. Non, le modèle propriétaire n’est pas la seule solution. Le logiciel libre et l’open source ont prouvé depuis qu’on pouvait créer d’excellents logiciels autrement. Linux fait tourner 96% des serveurs web. Android (basé sur Linux) domine les smartphones. Kubernetes, Docker, Python, tout ça c’est de l’open source.

    Richard Stallman, le pape du logiciel libre qui a lancé GNU en 1983, a une vision diamétralement opposée à celle du Bill Gates de l’époque. Pour lui, le logiciel doit être libre comme la parole (free as in speech), pas gratuit comme la bière (free as in beer). La nuance est cruciale… on peut vendre du logiciel libre, mais l’utilisateur doit avoir accès au code source et pouvoir le modifier. Les quatre libertés essentielles : utiliser, étudier, distribuer, améliorer. C’est une philosophie, pas un business model.


    – Richard Stallman - L’anti-Gates par excellence

    Microsoft, l’entreprise construite sur le logiciel propriétaire, est aujourd’hui un des plus gros contributeurs à l’open source. En 2024, ils étaient le plus gros contributeur sur GitHub (qu’ils possèdent, certes) et TypeScript, VS Code, .NET, PowerShell, tout ça c’est open source. Et comme je vous le disais un peu avant, même Windows intègre Linux avec WSL.

    Aujourd’hui, on a un écosystème diversifié. Du propriétaire pur (Adobe Creative Suite, Microsoft Office), de l’open source financé par les entreprises (Linux, Kubernetes), du freemium (Spotify, Discord), du SaaS (Salesforce, Office 365), des app stores avec leur commission de 30% (merci Apple). Chaque modèle a ses avantages et la lettre de Gates n’avait pas tort sur le fond car les développeurs doivent manger. Mais elle était trop manichéenne et, contrairement à son code, le monde n’est pas binaire.

    Quoiqu’il en soit, Bill Gates reste une figure fascinante et controversée. Génie pour les uns, monopoliste sans scrupules pour les autres. Ce qui est sûr, c’est qu’il a changé le monde. De sa lettre provocatrice de 1976 qui a créé l’industrie du logiciel commercial à sa promesse de donner 200 milliards d’ici 2045, il n’a jamais fait dans la demi-mesure !


    – La signature qui valait des milliards


    – Source :

    https://korben.info/bill-gates-lettre-ouverte-hobbyistes-histoire.html

    V:\> █░░ PR4IS3 TH3 C0D3 ░░█ ✌(◕‿-)✌
    ╚═ Admin, Dev et auteur de la plupart des bugs de PW…

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    Pluton9undefined 1 réponse Dernière réponse
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  • Pluton9undefined Hors-ligne
    Pluton9undefined Hors-ligne
    Pluton9
    a répondu à Violence dernière édition par
    #2

    Merci @Violence

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  • Psyckofoxundefined Hors-ligne
    Psyckofoxundefined Hors-ligne
    Psyckofox
    écrit dernière édition par
    #3

    Histoire de vie très passionnante (j’espère qu’ils en feront un film tiens).
    Comme d’habitude merci pour cette mise en page ma poule 😉

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