Climat : l'Australie offre l'asile aux citoyens de Tuvalu, chassés de l'archipel par la montée des eaux
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Deux des neuf atolls de cet Etat polynésien ont déjà été largement submergés. Selon des spécialistes, Tuvalu sera complètement inhabitable dans 80 ans.
Une vue aérienne d’une île appartenant à l’archipel des Tuvalu, le 6 janvier 2023. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING PREMIUM / AFP)
L’archipel des Tuvalu fait partie des nations les plus menacées par le changement climatique. Pour venir en aide à ses 11 000 habitants, l’Australie a annoncé, vendredi 10 novembre, qu’ils pourront bénéficier de droits “spéciaux” pour s’installer et travailler dans le pays, en vertu d’un traité rendu public par les deux Etats.
“Nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d’avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire”, ont déclaré dans un communiqué conjoint le Premier ministre australien, Anthony Albanese, et son homologue de Tuvalu, Kausea Natano.
Le traité comprend aussi des volets consacrés à la défense, engageant l’Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d’invasion ou de catastrophe naturelle. Les Tuvalais pourront bénéficier d’un “accès aux services australiens qui leur permettront une mobilité dans la dignité”, précise le texte, qui doit encore être ratifié par les deux pays avant de devenir effectif. Il prévoit, dans un premier temps, de limiter les arrivées à 280 Tuvalais par an, pour éviter une “fuite des cerveaux”.
Enfin, le texte du traité déplore que le passage à l’action soit si tardif, alors que les effets du dérèglement climatique se font déjà sentir. Deux des neuf atolls de l’archipel ont déjà été largement submergés. Selon des spécialistes, Tuvalu sera complètement inhabitable d’ici à la fin du siècle.
L’Australie dépendante au charbon
La signature de ce traité peut être perçue comme une victoire stratégique pour Canberra, qui ambitionne d’étendre son influence dans le Pacifique face à la présence grandissante de la Chine.
Or, un rapprochement entre les petits états insulaires et l’Australie ne va pas de soi, tant l’économie australienne est dépendante du charbon et des exports de gaz, deux secteurs qui jouent un rôle déterminant dans le réchauffement climatique qui condamne les îles du Pacifique. Le sujet est depuis longtemps une pierre d’achoppement dans leurs relations. Kiribati et les îles Salomon se sont tournés vers Pékin ces dernières années. Tuvalu y reste opposé, et continue par exemple de reconnaître diplomatiquement Taïwan.
Le niveau moyen des mers et des océans a augmenté d’environ 23 cm depuis 1880, mais leur hausse s’est fortement accélérée ces 25 dernières années. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), il aura gagné 30 cm de plus d’ici à 2050, et 77 cm d’ici à 2100. Combinée aux catastrophes naturelles qui, elles aussi, vont se multiplier sous l’effet de la hausse moyenne des températures mondiales, cette hausse menace à court et moyen terme de nombreux états insulaires tels que les Maldives (océan Indien), Kiribati et Tuvalu (Polynésie) ou encore les îles Marshall et Nauru (Océanie), qui vont devenir inhabitables avant d’être avalées par l’océan.
Source : francetvinfo.fr