La CNIL sanctionne le loueur de véhicules Ubeeqo pour la géolocalisation de ses clients
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La Commission nationale de l’informatique et des libertés a également choisi de rendre publique cette sanction. L’amende est de 175.000 euros.
Ubeeqo conservait un historique de certaines des données de géolocalisation collectées, pendant une durée excessive, allant jusqu’à plus de huit ans, selon la CNIL. (Jacques Witt/SIPA)La CNIL, gendarme de la vie privée des Français, a prononcé une amende de 175.000 euros à l’encontre du loueur de véhicules Ubeeqo, filiale du groupe Europcar, lui-même dans le giron de Volkswagen , pour avoir géolocalisé ses clients « de manière quasi permanente », a-t-elle indiqué jeudi dans un communiqué.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés a donc choisi de rendre publique cette sanction, ce qu’elle fait traditionnellement pour envoyer un message à tout un secteur d’activité.
Plus de huit ans
Ubeeqo, spécialiste de la location courte durée et de l’autopartage à Paris et dans plusieurs grandes villes européennes, « collectait des données relatives à la géolocalisation du véhicule loué, tous les 500 mètres lorsque le véhicule était en mouvement, lorsque le moteur s’allumait et se coupait ou encore lorsque les portes s’ouvraient et se fermaient », a constaté la CNIL lors d’un contrôle.
« En outre, la société conservait un historique de certaines des données de géolocalisation collectées, pendant une durée excessive », allant jusqu’à plus de huit ans, a-t-elle précisé dans son communiqué.
Ubeeqo, société française fondée en 2008 et qui a rejoint le groupe Europcar en 2015, a fait valoir que ces données permettaient « d’assurer la maintenance et la performance du service » d’autopartage, de « retrouver le véhicule en cas de vol » et de « porter assistance aux clients en cas d’accident », selon la CNIL.
Maintenance et vol
La Commission, en lien avec les autres autorités européennes de la protection des données, a considéré « qu’aucune de ces finalités ne justifie une collecte de données de géolocalisation aussi fine » et que la société Ubeeqo avait notamment manqué au « principe de minimisation des données » inscrit dans le RGPD, le règlement européen sur la protection des données.
De plus en plus active sur le front de la défense de la vie privée numérique étant donné la digitalisation de la société, la CNIL sanctionne en fonction d’un pourcentage du chiffre d’affaires des acteurs économiques concernés. Ses pouvoirs ont augmenté avec la mise en place du RGPD. En janvier, elle avait estimé que Google et Facebook ne permettaient pas aux internautes français de refuser les cookies aussi facilement que de les accepter. Google avait donc écopé de la plus forte amende jamais prononcée par cette autorité, d’un montant de 150 millions d’euros et Facebook de la troisième, d’un montant de 60 millions.
En début de semaine, le gendarme de la vie privée avait appelé le Parlement et le gouvernement à se prononcer sur des usages qu’il estime aujourd’hui contraire au droit en matière de caméras de vidéosurveillance « augmentées » .
Source : lesechos.fr