[Making Of] Sous la seine : Préproduction (Partie 1)
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Paris Outragé! Paris brisé! Paris martyrisé ! Paris… attaqué par un putain de requin !
Vous ne rêvez pas : la ville lumière est le décor d’un film d’horreur aux ambitions inédites, production Netflix pilotée par le capitaine Xavier Gens.Plongée dans le tournage du premier grand film de monstres français.
Le réalisateur de l’excellent Cold Skin a décidé de revenir au thriller aquatique, en braquant cette fois-ci son objectif sur un prédateur égaré en plein Paris, à quelques jours d’un événement sportif mondial. Plutôt que d’attendre sagement l’arrivée du film sur Netfix cet été, nous vous proposons de décortiquer la fabrication de ce blockbuster français bien plus sérieux et spectaculaire qu’on pourrait le croire, via un making of en six parties que nous inaugurons dans ces pages.
Xavier Gens envisage de filmer des requins depuis très longtemps. Le script de Vanikoro dédié au naufrage de l’expédition La Pérouse - projet en gestation depuis plus d’une décennie -s’ouvrait déjà sur une furieuse attaque de squales. « J’avais imaginé une séquence très violente » revendique l’auteur, « parce que c’est ce qui s’est réellement passé. Quand le bateau s’est crashé contre le récif, le sang des gens qui étaient tombés à l’eau a attiré des requins, et ça a été un carnage. Un jour je ferai ce film, je ne lâcherai jamais l’affaire ! »
En attendant de pouvoir explorer les profondeurs de l’océan Pacifique, Gens a trouvé avec Sous la Seine une occasion d’assouvir ses fantasmes de tension en eaux troubles.
Le projet a été développé pendant six ans par les producteurs Édouard Duprey et Sebastien Auscher qui ont commandé un scénario à Yannick Dahan et Maud Heywang. Je suis arrivé sur le projet il y a deux ans, durant la postproduction de Farang et avec Netflix, nous avons décidé d’explorer d’autres directions. Yaël Langmann a été engagée pour refaçonner l’intrigue. J’ai à mon tour repris le scénario en préproduction, pour affiner au maximum la narration et lui donner plus de précision.
LE JUSTE TON
La grande différence entre le film de Gens et le scénario développé au cours des années 2010 réside dans le ton.
Une des premières versions était une comédie. Une autre version était beaucoup trop chère par rapport à ce qu’on pouvait espérer financer -ça se finissait carrément avec des combats entre des orques et des requins ! C’était marrant, mais ça manquait de réalisme. On a finalement décidé d’aborder le sujet au premier degré, de manière frontale et honnête. Je ne voulais pas d’un ton comique qui prenne le pas sur le récit. Même si le long-métrage inclut des éléments de satire, il reste assez sérieux. Je voulais faire un film à grand spectacle, doté d’une conscience écologique, et Netflix était d’accord.
Parmi ses références principales, Gens cite volontiers The Host de Bong Joon Ho, qui mettait déjà en scène une créature égarée en milieu urbain.
On a beaucoup parlé de ce film au sein de l’équipe, mais il fallait quand même que je tempère la conversation. The Host s’engage parfois clairement dans le registre de la comédie, et c’est même là où Bong Joon Ho est brillant : il est capable de passer du drame au rire en un clin d’œil. De notre côté, on devait garder une ligne dramatique claire, sans toutefois trop tomber dans le drame forcé. Trouver le ton juste a été un vrai défi. On est en 2024 et je suis très à l’écoute de Sea Shepherd ; je sais quel discours ils ont sur les requins aujourd’hui, et je ne voulais surtout pas que le requin soit diabolisé à l’écran. Ça devait être une victime de l’Homme avant tout. »
Le documentaire Fin d’Eli Roth constitue une autre source d’inspiration pour Gens.
Je l’ai montré à tout le monde ! C’est absolument horrible, je pense d’ailleurs que c’est le meilleur film de Roth. On ressent son engagement de la première à la dernière image : il dévoile comment on est en train de décimer une population entière uniquement parce que le cinéma a diabolisé une espèce depuis des décennies. Sous la Seine reste un film de divertissement à la Jurassic Park, toutes proportions gardées : dans le film de Spielberg, il y a ton très sérieux, il y a des monstres, et quand les dinosaures attaquent, on a vraiment peur.
BEJO À L’EAU
Si le requin constitue évidemment l’attraction principale de Sous la Seine, Xavier Gens tient à suivre les enseignements d’Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper en soignant tout autant ses protagonistes humains, et en les confiant à des comédiens solides. Moteur de l’intrigue, le personnage de Sophia, océanographe lancée aux trousses de la bête, hérite à Bérénice Bejo. Lauréate d’un Oscar pour The Artist, l’actrice n’avait jusqu’ici abordé le cinéma de genre que de façon détournée avec Coupez ! de Michel Hazanavicius, excellente suite/remake du mémorable Ne coupez pas ! de Shin’ichirô Ueda.
« Ça faisait alors quelques mois que j’avais appelé mon agent pour lui dire que j’avais envie de faire une pause » explique Bejo.
Même si je tourne moins que d’autres dans le métier, j’étais dans un moment un peu frustrant : soit on me proposait des rôles comme j’avais déjà pu en avoir, soit c’étaient des personnages peu intéressants. Mon agent m’a quand même rappelée un jour pour me parler d’un projet. Il m’a dit qu’il ne me l’aurait peut-être pas suggéré il y a cinq ans, mais que ça avait des chances de m’intéresser maintenant. Rapidement, il m’explique que c’est un film d’anticipation, et me dit que le réalisateur est génial, gentil et très travailleur. Il me raconte le pitch et je me rends compte que je n’ai jamais tourné un vrai film pop-corn. J’ai lu le scénario peu après, et j’ai réalisé que je n’avais jamais joué ces scènes là dans ma carrière.
Certes, Hollywood a l’habitude de plonger ses acteurs dans des univers fantastiques, face à des problématiques high concept, mais c’est loin d’être une tradition dans l’Hexagone. La suspension d’incrédulité devient dès lors un enjeu central devant et derrière la caméra, comme le note Bejo :
C’est amusant, je voulais qu’une amie joue dans le film, mais elle m’a dit qu’elle n’arrivait pas à croire à l’histoire. Je lui ai dit : “C’est normal que tu n’y croies pas, puisque ça n’existe pas. C’est du cinéma !” Notre travail est de faire en sorte que le spectateur ne 5€ pose pas de questions. Xavier n’en est pas à son Coup d’essai dans le genre : il a beaucoup d’expérience non seulement en tant que metteur en scène, mais aussi en tant que réalisateur de seconde équipe. Dés nos premières discussions, on s’est dit qu’il fallait être tout de suite dans l’action. On ne voulait pas essayer d’imiter les Américains, mais on voulait comprendre pourquoi leurs blockbusters fonctionnent si bien, en termes de rythme et de structure. Pour ça, ils sont vraiment très forts. Sophia évolue donc constamment dans l’action, et chaque scène raconte quelque chose par l’image. »
Le moindre plan devant participer à soutenir tout l’édifice, Gens décide de prévisualiser l’intégralité du film ; une approche qui distingue encore davantage Sous la Seine des traditions cinématographiques françaises.
– Heureuse de changer de registre, Bérénice Bejo a encouragé Xavier Gens à aller encore plus loin dans l’efficacité et la narration par l’action.GARETH À L’ÉCOUTE
« J’ai entendu parler du projet pour la première fois vers juin 2022, alors qu’on finissait Farang » se souvient la monteuse Riwanon Le Beller:
Je crois que le projet n’était pas encore officiellement lancé, et Xavier testait un peu son entourage. Il m’a demandé un jour : “Ça te dirait de bosser sur un film de requins ?” C’est totalement son truc de balancer subitement quelque chose d’aussi énorme. J’ai essayé de la jouer cool, mais les films de requins, il se trouve que c’est mon péché mignon !
Sous la Seine entre officiellement en préproduction en septembre 2022.
« J’ai lu plusieurs versions du script » poursuit Le Beller, «et Xavier m’invitait à lui donner des notes, qu’il s’en serve ou non. Je pense qu’il demandait des retours à pas mal de personnes à ce moment-là. » Un nom se distingue parmi ces conseillers de l’ombre, comme le note Xavier Gens :
J’ai pas mal consulté Gareth Evans, avec qui j’avais travaillé sur Gangs of London et Havoc. On a beaucoup échangé autour des défis techniques. Je lui ai demandé comment on pouvait tourner certains plans, s’ils étaient techniquement réalisables, et il m’a systématiquement encouragé. Il m’a dit qu’on peut à peu près tout faire, aujourd’hui, si le budget le permet. Grâce à l’accompagnement de Netflix, on a pu aller loin dans l’ambition du spectacle. Il n’empêche qu’on avançait un peu vers l’inconnu.
Pour trouver leurs marques, Gens et Le Beller se lancent très tôt dans un ambitieux processus de prévisualisation. « Dés septembre 2022 » explique la monteuse :
on est allés rendre visite à Dark Matters, le studio qui s’est occupé des animatiques. Xavier a briefé l’équipe sur ce qu’il voulait, notamment pour la longue séquence d’introduction. C’est surtout ce prologue qui a été prévisualisé en détail. D’autres scènes ont fait l’objet d’animatiques, mais elles ont pas mal changé au montage. Le climax a été prévisualisé lui aussi, mais le déroulement était très différent.
Afin de pouvoir commencer à assembler sa timeline, Riwanon Le Beller demande aux artistes de Dark Matters de lui fournir presque systématiquement un plan master de chaque séquence.
On voulait les monter comme des scènes en prises de vues réelles classiques, sans avoir à forcément délimiter les plans dés le départ. Dans certains cas, évidemment, on avait besoin de cadres précis. À partir des masters, Xavier et moi demandions des plans serrés, des plans moyens, etc. De son côté, il était très occupé sur la préparation du tournage et sur la préviz des scènes dialoguées. Il a littéralement filmé au téléphone toutes les séquences de jeu d’acteur, tels des brouillons en mouvement, et on a mélangé tous ces éléments. Pour l’introduction par exemple, Dark Matters n’avait prévisualisé que ce qui se déroulait sous l’eau. Xavier avait quant à lui filmé à l’iPhone ce qui se passait sur le bateau. On a rapidement mis en place une sorte de rituel : tous les vendredis soir, je lui envoyais le film en l’état, et on en discutait après. Il m’arrivait de demander certains plans directement à Dark Matters sans passer par Xavier, car je savais que certains allaient être nécessaires.
– Petit aperçu de la naissance du requin grâce aux bons soins des artistes de CLSFX/Atelier 69LA MÉTHODE NOLAN
« Je faisais totalement confiance à Riwanon et je la laissais prendre des initiatives ou me faire des suggestions » insiste Gens. « C’est le second film qu’elle monte pour moi, et elle a vraiment un œil très sûr. On s’entendait sur ce qu’on devait ajouter, mais aussi sur ce qu’on devait supprimer. » Certaines séquences sont ainsi élaguées avant le début des prises de vues, les expérimentations de la préviz étant jugées redondantes.
Parfois, on était presque dans Star Wars ! Je ne veux surtout pas faire de comparaison, mais quand le camion se retourne dans The Dark Knight, Christopher Nolan a décidé de filmer ça en un seul plan. Il n’avait pas besoin d’en montrer plus. Il y a dans Sous la Seine des images spectaculaires, mais il n’était pas forcément nécessaire de les étirer sur de longues minutes. Je pense notamment à une séquence assez folle, qui s’appuie principalement sur deux plans. On avait eu la même approche sur Farang, bien qu’il y ait finalement beaucoup plus d’action dans Sous la Seine.
La prévisualisation reste un processus délicat censée aider à préparer la mise en scène et prévoir les difficultés du tournage, la technique peut facilement faire basculer l’ensemble du projet dans une logique de film d’animation. « Il n’était pas nécessaire d’obtenir un résultat parfaitement homogène dès la préproduction » note Riwanon Le Beller :
Parfois, je prenais la décision de dupliquer un même plan, et on devait comprendre qu’il s’agirait de deux plans différents sur la même valeur. J’ai également décidé de piocher dans des extraits de films. Quand je n’avais pas exactement ce qu’il me fallait, j’essayais de me souvenir d’un film ou l’on trouvait un plan d’un mec qui mourait d’une certaine façon. Je le plaçais dans le pré-montage pour alléger la tâche de l’équipe des préviz.
Autre objectif du procédé : apporter dès le départ un effort de cohérence géographique à la mise en scène, ce qui est en théorie plus simple au-dessus qu’en dessous de la surface de l’eau. « Xavier réussit toujours à trouver des astuces pour fournir des repères à son public » commente Le Beller.
Durant la séquence d’introduction, les protagonistes tombent nez à nez avec un bébé cachalot. C’est à la fois un élément narratif fort, pour des raisons que vous comprendrez en voyant le film, mais ça permettait aussi d’intégrer le groupe autour d’un authentique repère géographique, afin de spatialiser plein de choses. Xavier fait très souvent ce genre de choix visuels, et j’ignore à quel point c’est conscient de sa part. Ceci étant dit, je n’ai jamais eu l’impression qu’on se perdait dans l’image, même en montant les prévisualisations. Le risque principal, c’était surtout de ne pas reconnaitre les quatre plongeurs dans le prologue, ou plus généralement les personnages durant les séquences sous-marines. Voilà pourquoi on a pris le temps de les faire vivre en amont, afin que le public puisse distinguer clairement leurs personnalités.
– Les storyboards signés Delphine Lhomme, donnent une idée de la complexité du tournage.LA VIE SUBAQUATIQUE
Évidemment, de nombreuses séquences sont storyboardées de façon classique. « Delphine Lhomme s’est occupée du storyboard » précise Xavier Gens.
Elle a réussi à synthétiser toutes nos demandes, notamment sur les scènes d’attaques de requin. On a essayé de recréer plusieurs de ses cases sous forme d’animatiques 3D, mais certains dessins ont été conservés tels quels dans le pré-film, car ils nous paraissaient plus parlants. Delphine a un trait clair et une vision très dynamique, qui retranscrit à mer veille le mouvement. Par ailleurs, on avait fabriqué des miniatures de tous les décors ; on a pu les photographier et lui donner des tas d’images pour quelle dispose d’arrière plans détaillés. Ça nous permettait aussi de garder en tête la géographie des lieux dans chaque séquence.
Comme il en a l’habitude depuis The Divide, Gens envisage très tôt des plans longs et motivés, plutôt qu’un montage rapide ou elliptique basé sur le principe du coverage. Pas question ici de se couvrir en master, en plan moyen et en plan serré, et de sculpter le film en postproduction.
Comprendre où on se situe était pour moi une priorité, et je ne voulais surtout pas d’un montage très cutté. Il y a quelques passages nerveux dans les morceaux de bravoure, mais on se retrouve plus souvent dans des mouvements développés, des plans de grue, des choses comme ça. Chaque coupe est un choix. Vu que l’action se déroule à plusieurs endroits, je tenais à ce qu’on lie le tout avec une mise en scène claire et lisible. Les mouvements de la caméra doivent empêcher les spectateurs de se perdre.
Pour assurer cette lisibilité, Gens et ses producteurs auraient pu opter pour la technique du dry for wet, visant à simuler l’immersion des personnages dans des décors sous-marins factices. « Quand on travaillait sur les préviz, on ne savait pas du tout où et comment on allait bien pouvoir tourner les séquences sous-marines » révèle la monteuse.
Je me souviens que le jour où on a briefé l’équipe de Dark Matters, on en a profité pour visiter leur studio de production virtuelle, doté d’écrans LED gigantesques. Des plans qui ont finalement été filmés à Bruxelles, à Paris ou à Alicante ont failli être tournés dans ce studio. On a mis beaucoup de temps à faire un choix entre du dry for wet et un vrai tournage sous-marin. Le pré-film a vraiment aidé à déterminer nos besoins : une fois qu’on a eu un pré-montage qui tenait à peu prés la route, j’ai décortiqué chaque plan avec Xavier, la première assistante-réalisateur Thomine de Pins, le réalisateur de seconde équipe Benjamin Gens et le directeur de la photographie Nicolas Massart. Il arrivait qu’on dise : “OK, pour celui-là, il faudra tourner le haut de l’image à Alicante, l’arrière-plan à Paris et le bas à Bruxelles.” Ces décisions ont été prises en décembre 2022, si je me souviens bien. Sans le pré-film, personne n’aurait compris ce qu’on voulait faire ; ça aurait été beaucoup trop abstrait pour l’équipe de la mise en scène. Xavier avait beaucoup d’idées en tête, mais il fallait bien les communiquer aux autres. À partir de là, on a pu commencer à bosser sur le plan de travail.
– Le réalisateur Xavier Gens et Riwanon Le Beller étudient la structure du film sur un mur de la salle de montage.NAISSANCE D’UN SQUALE
Après avoir bouclé le script de Vanikoro, Xavier Gens avait déjà appelé le maquilleur Olivier Afonso pour discuter d’une très ample scène d’attaque de grands blancs. « En parallèle » précise le maquilleur, connu pour Cloclo, Les Revenants, 9 mois ferme ou encore Titane,
il m’a toujours dit qu’il voulait réaliser un film de requins. Je le comprends : l’eau, c’est tellement cinégénique ! Il faut toutefois savoir que Xavier a tout le temps plein de projets sur le feu, et il convient souvent d’attendre qu’il les boucle avant de pouvoir commencer à travailler. Donc j’ai mis ça dans un coin de ma tête et je lui ai dit : “On en reparlera quand ce sera un peu plus concret.” Au fil des ans, on se revoyait régulièrement, je lui donnais des coups de main sur des films ou des séries, et il revenait à la charge : “Mon projet de film de requins avance !” Sur Farang j’ai senti qu’on s’en approchait vraiment, car parallèlement au film, on a organisé une première réunion. Ce devait être un an avant le début officiel de la préproduction de Sous la Seine.
On a évoqué les problèmes techniques, le look des requins, l’avantage des effets pratiques ou des effets numériques… Quand est enfin arrivée l’heure de faire des devis, on a pu alors se poser la question de ce qu’on allait réellement fabriquer. »
Avant de donner le feu vert à l’équipe de CLSFX/ Atelier 69, Gens commande une première maquette articulée à Eron Sheean, le scénariste de The Divide, qui s’avère exercer également en tant que sculpteur et maquilleur. La miniature est ensuite envoyée à Afonso pour qu’il puisse la scanner et la réimaginer avec l’aide de ses collaborateurs. « On ne voulait pas partir vers un requin mutant » insiste le réalisateur, « qui prêterait à rire ou serait trop éloigné de la réalité. »
Pascal Larue est chargé de créer le design définitif de l’animal, et mélange pour cela plusieurs espèces. Une sculpture virtuelle réalisée sous ZBrush est rapidement soumise à Gens, lequel demande quelques modifications au niveau du regard.
Un requin n’a pas d’expression, mais je voulais mettre en scène un animal en colère. Pour symboliser cela, j’ai demandé l’ajout d’une cicatrice qui permettait de froncer le regard. La couleur est en définitive un peu plus sombre que celle d’un grand blanc et la musculature est comparable à celle d’un mako, en encore plus développée. Sur les muscles dorsaux, on sent que l’animal est très puissant.
Une fois le design approuvé, une miniature est imprimée en 3D, par-dessus laquelle l’équipe d’Afonso continue de sculpter de nouveaux détails. « J’ai demandé d’autres modifications au niveau de la peau » poursuit Gens, «et d’autres cicatrices. Le modèle a ensuite été envoyé à l’équipe des effets visuels, qui a poursuivi l’effort de design sur les textures. Grâce à elles, on comprend que l’animal a vécu. J’ai lu plein d’interviews de Peter Jackson et Richard Taylor au sujet de King Kong ou du Seigneur des Anneaux : en fait, ils écrivent l’histoire de chaque détail pour renforcer la véracité de la créature. »
– Nassim Lyes retrouve Xavier Gens après l’excellent Farang.MINIATURE GÉANTE
Pendant que les artistes VFX de MPC, supervisés par Arnaud Fouquet, peaufinent leur requin digital, l’équipe d’Atelier 69 moule sa maquette définitive et produit un nouveau tirage en silicone censé accueillir des mécanismes animatroniques. « Très vite » se souvient Olivier Afonso :
on s’est rendu compte qu’il fallait fabriquer une version plus petite du requin, longue d’environ deux mètres cinquante. J’ai demandé à Xavier si ça allait être une référence pour l’équipe des effets numériques, et il a répondu que ce requin allait devoir aller dans l’eau ! Le scénario n’était pas encore tout à fait fini, donc j’ai découvert l’intrigue de cette manière. Il nous restait a priori un peu de temps, on a réfléchi dans notre coin, et puis ça s’est accéléré d’un coup. On a mené des tests dans une piscine, mais à ce moment-là, la peau n’avait pas été posée. On a pas mal basé notre créature sur des calculs théoriques, sans savoir si le requin définitif n’allait pas couler ou se retourner. »
La perspective a de quoi donner des suées à l’équipe, surtout quand on connaît l’histoire désastreuse du tournage des Dents de la mer…
Il n’y a pas longtemps en France, on avait entendu parler des galères qui avaient eu lieu en coulisse d’un film de requins. Il y a une sorte de malédiction autour de cet animal ! (rires) Par miracle, on a terminé notre créature la veille de son départ pour Bruxelles, dans les bassins de Lites Studio. J’ai envoyé une équipe là-bas, sans aucune certitude que ça allait marcher. Je n’étais pas indispensable sur place donc je suis resté à Paris. Nicolas Herlin, le responsable des animatroniques, était hyper serein, et J’ai même commencé à croire qu’il faisait un coup de bluff pour ne pas m’inquiéter. Ils ont mis le requin dans l’eau… et ça a été magique. Il a fonctionné tout seul ; il suffisait d’activer le mouvement de la queue, et il avançait. Il flottait pile au bon endroit, c’était parfait ! On a la chance d’avoir dans notre équipe un artiste du nom d’Arthur qui fait de l’apnée. Avant qu’une prise ne commence, on devait toujours replacer la créature à son point de départ; c’était le boulot d’Arthur, qui nageait sous le requin. La première fois, les techniciens n’ont pas vu Arthur, et tout le monde a cru que l’animal était télécommandé !
– Atelier 69 à du créer plusieurs maquettes du squale, dont une d’environ deux mètres cinquante, avant la version définitive en animatronique.Nous reviendrons sur les enjeux techniques, logistiques et chorégraphiques de ce tournage sous-marin dans la prochaine partie…
– Par Alexandre Poncet.
– Propos de Xavier Gens, Bérénice Bejo, Olivier Afonso et Riwanon Le Beler recueillis par l’auteur.
– Merci à Aïda Belloulid, Alix Vigin, Camille Madelaine et Nino Vella.
– Mad Movies #379 -
On se lasse un peu des requins
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@Ashura a dit dans [Making Of] Sous la seine (Partie 1) :
On se lasse un peu des requins
Rectification : TU te lasses.
Moi les shark movies, les bestioles et les peurs primaires, c’est un de mes nombreux péchés mignon
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Perso je kiffe (requin, tigre, crocodile etc etc…vas y faites vous plaiz en vous goinfrant )…une grande préférence pour les requins.
Sinon très bon dossier
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Oh un requin d’eau douce
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Un requin bouledogue peut être
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@Psyckofox a dit dans [Making Of] Sous la seine (Partie 1) :
Sinon très bon dossier
Merci de le souligner, c’est là l’important
Qu’on soit ou non amateur de shark movies, la construction d’un film est toujours intéressant. je suis du genre à toujours mater les making-of sur les DVD et BRIl y a toujours eu pléthore de films de bestioles et il y en aura toujours pour le plus grand plaisir des amateurs.
@Psyckofox As-tu vu le film d’alligators de notre frenchy national Alexandre Aja aka Crawl ? J’avais passé un bon moment avec celui-là. (La scène des toilettes était énooormme ^^) Son Piranha n’était pas mauvais non plus.
J’espère que X.GENS arrivera à un bon résultat malgré qu’il ne soit pas produit par les ricains, contrairement à A.AJA
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Mais bien sûr que j’ai maté Crawl et Piranha 3D .
Crawl était pas mal du tout (avec Claire Redfield en vedette ) et Piranha 3D n’en parlons pas (la scène du zgègue ).Il y’avait Horns (du même réalisateur) que j’avais kiffé aussi (même si boudé par certains)
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@Psyckofox piranha 3d c’est avec ceux qui ressortent d’une faille ?
Ils font un bon carnage -
Oui (tremblement de terre qui ouvre une faille faisant sortir une pléthore de Piranha préhistorique bien affamés)
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@Violence a dit dans [Making Of] Sous la seine (Partie 1) :
C’est TON avis
Du coup tu dois aimer en eaux très trouble, c’est des méga requins XXL
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