Suite au rachat par Reworld, la rédaction de Gamekult rend son tablier
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Game over, insert a new redac
En juin, Reworld Media annonçait le rachat de la plupart des sites du groupe TF1 (via Unify), dont deux plus importants, Gamekult et Les Numériques. Ce rachat est effectif depuis le 18 octobre. Un mois plus tard, la quasi-totalité de la rédaction annonce « le cœur lourd » qu’elle s’en va, à partir du 7 décembre.
C’est hier soir, lors d’un live que l’on peut notamment retrouver sur
, que le rédacteur en chef de Gamekult, Nicolas Verlet, et le rédacteur en chef adjoint, Florian Velter, ont annoncé la mauvaise nouvelle. La presque intégralité de l’équipe rédactionnelle a décidé de rendre son tablier, y compris, que l’on trouvait également sur Les Numériques. Une aventure de 20 ans pour plusieurs membres de l’équipe. Une émotion palpable, que l’on retrouve dans l’article associé sur le site.
« C’est une décision extrêmement lourde, que ses membres prennent avec beaucoup d’émotion et de tristesse », peut-on ainsi lire. La rédaction souhaite avant tout remercier les lecteur « du plus profond de son coeur et de son esprit journalistique pour votre soutien indéfectible, qui l’a portée pendant de longues années ».
La décision n’a pas été prise sur un coup de tête. Les deux rédacteurs en chef indiquent en effet avoir cherché des solutions, mais s’être rendu compte que ce serait très difficile, voire impossible de continuer à travailler dans les conditions qu’ils souhaitaient.
L’équipe ne souhaite pas opérer dans le nouveau cadre fixé par Reworld Media et dont on ne sait pas grand-chose pour l’instant, sinon que le nouveau propriétaire veut « réenchanter » Gamekult, si l’on en croit des sources d’IGN. Éléments classiques de langage pour qui mène la barre et doit écoper en même temps.
À la suite de l’émission, un communiqué a été
, remerciant les lecteurs de leur soutien, « en dépit d’un contexte économique et médiatique toujours plus hostile », faisant ressortir à demi-mots le cœur du conflit. Une dimension éthique que l’on retrouve dans d’autres témoignages comme celui de Ludostrie, pigiste depuis 10 ans chez Gamekult, qui évoque « les contraintes du sous-effectif et de la pression de la rentabilité ».
Les départs commenceront le 7 décembre et s’étaleront jusqu’en janvier.
L’arrivée fracassante de Reworld Media signifie le plus souvent un processus identique, au terme duquel les anciens rédacteurs s’en vont – via leur clause de cession, comme dans le cas de Gamekult – pour laisser place à des contenus achetés moins chers et avec une porosité accrue entre information et publicité, comme en témoigne un article d’Arrêt sur Images d’août 2019, qui qualifiait alors l’entreprise de « cauchemar de l’avenir du journalisme ».
Plus récemment, on peut citer le cas de Science & Vie, qui s’est lui aussi vidé de sa rédaction suite au rachat par Reworld Media. Rédaction qui, en grande majorité, est partie fonder un autre magazine, Epsiloon.
Qu’en sera-t-il de Gamekult ? Selon IGN, qui dit avoir parlé avec « des proches du dossier », Gamekult sera largement remanié. « On souhaite complètement repenser l’offre éditoriale avec une nouvelle équipe plus fraîche » aurait indiqué une source. « Si on est forcément déçu des départs, ceux-ci sont un moyen de relancer une vieille machine qui a peut-être fait son temps », ajoute-t-elle.
Reworld chercherait un « responsable de marque »
Reworld se serait notamment lancé à la recherche d’un nouveau rédacteur en chef, ou plutôt un « responsable de marque » : « Nous comptons bien faire venir des rédacteurs en interne, et nous pouvons compter sur deux pigistes encore en place », indique une source, selon laquelle « il faut réenchanter Gamekult ». De nouveaux formats seraient prévus, avec une intégration « pleine et assumée » des réseaux sociaux qui fournirait de nouveaux « leviers de rentabilité ». Des propos repris comme tels et
par
sur Twitter.
Les lecteurs répondront-ils présents ? Le site possède actuellement 12 000 abonnés prémium. Reworld semble avoir de grands plans, mais Gamekult est avant tout une équipe, qui s’en va. Le groupe devra composer avec une coquille vide.
Sale temps pour la presse
C’est quoi qu’il en soit un changement important, symptomatique d’un certain état de la presse en France. Nos confrères parlent d’ailleurs « du résultat d’une usure globale, ancienne face au combat nécessaire pour rester fidèle à Gamekult, ses valeurs et ses principes. Une usure qui s’ancre évidemment dans la période noire que traverse la presse depuis des années maintenant, et la presse spécialisée, la presse vidéoludique en particulier ».
On se souvient par exemple de Canard PC qui a dû licencier trois personnes il y a quelques mois, ainsi que Next INpact sauvé par ses lecteurs en juillet. Et encore, on ne parle pas des procédures en cours avec Altice vs Reflets, et Avisa Partners contre plusieurs médias, dont Next INpact.
Source : nextinpact.com
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Malheureusement, l’argent n’est plus là !
Les gens s’informent et lisent sur internet, peu achète encore le journal…
Le monde évolue et maintenant le rentable passe avant tout … qui parle de Taylorisme lol