L'hydrogène vert, c'est pas pour tout de suite, mais le turquoise, peut-être
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Vert, gris, bleu, rose… Les couleurs pour qualifier l’hydrogène se multiplient, chacune décrivant la façon dont il est produit.
En bref
- L’hydrogène « turquoise » est formé à partir de méthane qui alimente un réacteur. Ce réacteur le chauffe à haute température (1000 à 2000 °C) en l’absence d’oxygène.
- De ce procédé le méthane se décompose en hydrogène (H2) et en noir de carbone solide , tout en évitant de produire du CO2 en retour.
- L’hydrogène « gris » — qui représente 95 % de l’hydrogène produit aujourd’hui — émet 9,89 kg CO2e/kg. C’est donc près de 10 fois plus que l’hydrogène « turquoise » !
- Aujourd’hui, la production d’hydrogène « turquoise » se trouve à un niveau d’émission proche de l’hydrogène « vert » (0,03 à 0,37 kg CO2e/kg), mais elle est 3 fois moins gourmande en énergie, un chiffre pouvant théoriquement grimper jusqu’à 7 en améliorant les procédés.
- Si le réacteur est entièrement alimenté en biogaz issu de déchets ménagers, l’intensité carbone chute à -5,22 kg CO2e/kg ! Dans un scénario où le gaz fossile et le biogaz sont mélangés, seuls 10 % de biogaz suffisent pour une intensité carbone nulle.
La viabilité économique de l’hydrogène turquoise repose sur le noir de carbone:
Le noir de carbone est essentiellement utilisé dans les pneumatiques, mais aussi les colorants, les peintures, les piles et les batteries. Ce coproduit rend le procédé économiquement intéressant, mais aussi stratégique : il y a aujourd’hui une pénurie de noir de carbone en Europe, car l’essentiel de la production provient de Russie et d’Ukraine.
Ne risque-t-on pas de se retrouver avec une production de noir de carbone supérieure à la demande ?
Si la totalité de notre production d’hydrogène actuelle était remplacée par de l’hydrogène turquoise, le marché serait effectivement très vite saturé et l’on se retrouverait avec des « montagnes » de carbone solide. Les industriels étudient déjà la pyrolyse de 2e ou 3e génération. Le noir de carbone pourrait être utilisé pour de nouvelles applications massives, comme dans les matériaux de construction ou l’amendement des sols. La dernière solution serait de l’enfouir. Plutôt que de stocker du CO2, le stockage de noir de carbone pourrait contribuer à diminuer les GES. Mais cette étape ne devrait être atteinte que si le procédé se développe à des échelles phénoménales.
Quel rôle l’hydrogène turquoise a‑t-il à jouer dans la transition énergétique ?
À plus ou moins long terme, l’hydrogène « turquoise » pourrait jouer un rôle majeur pour les applications actuelles de l’hydrogène en remplaçant les procédés de SMR. La production actuelle d’hydrogène — utilisé pour la sidérurgie, l’agriculture ou le raffinage — s’élève à 60 millions de tonnes chaque année. Cela représente près de 2 % des émissions totales de CO2 dans le monde, car il est produit à 96 % par SMR. Il faudrait donc déjà commencer par réduire ces émissions avant de développer de nouvelles applications !
L’hydrogène « turquoise » a un rôle majeur à jouer pour décarboner l’industrie de l’hydrogène. Malgré l’engouement actuel pour l’électrolyse de l’eau, ce procédé est extrêmement énergivore et n’est aujourd’hui pas rentable : l’hydrogène « turquoise » a lui atteint une maturité technologique et un modèle économique d’ores et déjà soutenable.
Reste encore à régler les problèmes domestiques de stockage et danger d’explosion.
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@duJambon merci super intéressent
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Transition énergétique: Une étude choc torpille les promesses de l’hydrogène bleu
Les «majors» en font leur joker climatique. L’hydrogène bleu d’origine fossile affiche un bilan carbone pire que le gaz naturel, alerte le centre CIEL à Genève.
Article pour abonné: https://www.tdg.ch/une-etude-choc-torpille-les-promesses-de-lhydrogene-bleu-788518352279
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Histoire de pas tout mélanger.
Je n’ai pas pu lire l’article que tu donne en lien, mais la centrale d’Iberdrola de Puertollano en Espagne dont la photo figure en tête d’article n’a rien à voir avec la production d’hydrogène turquoise dont parle ton premier message.
A Puertollano le procédé utilisé est l’électrolyse de l’eau, l’électricité utilisée étant produite par des panneaux solaire, l’industrie appelle cela l’hydrogène vert, et pas bleu comme titre l’article de tdg.ch
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Suivant la matière première le procédé et l’origine de l’énergie utilisé, on a pour l’instant 10 “couleurs” d’hydrogène.
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Moi j’aime bien le rose!
https://www.h2-mobile.fr/dossiers/hydrogene-rose-tout-savoir/
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@Pollux a dit dans L'hydrogène vert, c'est pas pour tout de suite, mais le turquoise, peut-être :
Je n’ai pas pu lire l’article que tu donne en lien, mais la centrale d’Iberdrola de Puertollano en Espagne dont la photo figure en tête d’article n’a rien à voir avec la production d’hydrogène turquoise dont parle ton premier message.
Photo d’illustration sûrement, pas vraiment important dans le contexte, on peut toujours s’en plaindre à la tdg
Quant à moi, je ne vais pas virer au violet pour si peu. -
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@Pollux Non je n’ai pas pu le lire complètement, je ne suis pas abonné, mais il parle bien d’hydrogène bleu, la photo, elle, est bien une photo d’illustration, voir la légende:
Je n’ai pas trouvé l’article original du ciel, ni sur son site Genevois, ni à l’unige. On en verra surement la couleur dans quelques jours. Un truc pareil fera des vagues.
Je ne suis pas inquiet, je n’ai pas d’intérêts dans l’hydrogène…