[Critique] The Sadness
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Il en va du cinéma gore comme des virus : ils frappent par vagues successives. Cet incroyable premier long-métrage retrouve les excès de brulots devenus impensables depuis l’aube des années 1980, tout en leur apportant des mutations qui n’appartiennent qu’à lui. L’été sera chaud !
Décidément, les zombies et autres infectés ont la peau dure. Ressuscité subitement il y a vingt ans (vous savez, L’Armée des morts, 28 jours plus tard…), le thème avait ensuite été archi exploité par un nombre astronomique de bandes de qualité variable, au point de paraître tari pour un bon moment. Mais c’était compter sans The Sadness, œuvre un peu sortie de nulle part (une production taiwanaise réalisée par un Canadien exilé) et qui a fait sensation dans les festivals fantastiques pendant l’année écoulée.
Il faut dire que le film, non content de revitaliser une figure chère aux fans, en rebat complètement les cartes. Pourtant, l’intrigue n’a rien d’original, un clin d’œil opportuniste à l’actualité (la pandémie de Covid) accouchant d’un récit assez linéaire. Un jeune couple a une petite dispute matinale, tandis que la télévision parle d’un nouveau virus qui pourrait connaître une dangereuse mutation. De fait, alors que le garçon fait amende honorable en accompagnant la fille au métro qui la mènera au boulot, ils sont témoins des effets d’une sanglante altercation. C’est seulement le début d’une épidémie galopante d’agressions, dues à des malades devenus ivres de violence. Le jeune homme décide ainsi de traverser une ville livrée au chaos pour rejoindre sa dulcinée… Cependant, l’expression du visage des équarrisseurs — là où les contaminés affichent d’habitude une hostilité impersonnelle, ils arborent au contraire un étrange sourire vicelard - montre que nous avons ici affaire à quelque chose d’assez inédit.
Infection consciente
Une page d’Histoire. À partir des œuvres du regretté George Romero, les morts-vivants et leurs descendants les infectés font entrer le fantastique dans l’âge de l’aléatoire et du meurtre par réflexe. Tandis que leurs ancêtres aristocratiques comme le vampire jetaient leur dévolu sur des proies de choix, les zomblards attaquent tout ce qui leur passe à portée de griffe ou de mâchoire, sans se soucier de ce qui va se passer la minute suivante.
L’originalité première de The Sadness est de prendre cette évolution à rebours. Les contaminés sont doués de parole et tout à fait conscients de leurs méfaits. On découvre même qu’ils peuvent agir par rancune ou par obsession, n’hésitant pas à poursuivre une victime en particulier. Cet acharnement rend particulièrement râpeuses des scènes d’horreur dantesques comme l’invasion d’un snack, soldée par une marmite d’huile bouillante renversée sur la tête du cuistot, ou encore une mêlée générale dans un wagon de métro dont les parois finissent baignées de sang.
Mais il y a encore plus troublant. Par principe, zombies et infectés déchainent totalement leurs pulsions homicides et dévoratrices, à l’exception de toutes les autres. Mais après tout, pourquoi n’’auraient ils pas d’autres désirs à assouvir ? The Sadness répond sans ambages à la question, en montrant des créatures animées de furieuses pulsions sexuelles. Les massacres deviennent ainsi des sortes d’orgies sanglantes où la douleur se mêle au plaisir, faisant tomber tous les tabous. Dans une scène littéralement impensable, un type est longuement torturé, mais ayant chopé le virus pendant ce temps, il finit par avouer qu’il a éprouvé un intense plaisir masochiste !
Pourquoi tant de haine ? À y bien regarder, l’explication était sous nos yeux depuis le début. Toutes les silhouettes de The Sadness manifestent une espèce d’indifférence polie et hypocrite, voire un cynisme sans complexe - comme ces passagers du métro qui dégainent leurs téléphones pour filmer les agressions, au lieu de réagir. Il est donc clair qu’une fois leurs inhibitions abolies par le virus, les enragés laissent libre cours à un ressentiment longtemps accumulé, visant des personnes précises : ce voisin avec qui on se la joue serviable mais dont on envie Ia jolie compagne, ces belles secrétaires qu’on croise tous les jours et qui n’accorderaient pas même un regard à un businessman entre deux âges.
Le film reprend ainsi un thème classique (infectés et humains ne seraient pas si différents les uns des autres), mais en lui donnant une vigueur nouvelle. On pense un peu à The Crazies de Romero, où on distinguait de moins en moins les malades d’une population rendue hystérique par l’état de siège. La différence est que la colère vient de beaucoup plus loin. Voyez cet employé du métro qui insulte l’héroïne en lui réclamant le téléphone qu’il lui a prêté. Habitué aux insanités proférées par les monstres, le spectateur n’y prête guère attention, avant de se dire : « Hé, mais il n’est pas censé être infecté, celui-là ! ». C’est que la frontière entre les comportements des uns et des autres se fait toujours plus ténue, accréditant l’idée selon laquelle le virus serait comme la matérialisation d’une envie de revanche longuement mûrie. Bref, le ver était déjà dans le fruit.
Le Gore contre -attaque
Le crescendo culmine dans un dernier acte démentiel, qui utilise adroitement le décor (une aile d’hôpital désaffectée) pour basculer dans la folie pure. Même si la mise en scène a parfois recours à l’ellipse et à la suggestion, les péripéties deviennent vraiment hors de contrôle : coit dans un œil crevé, nouveau-nés exterminés, entre autres joyeusetés. The Sadness retrouve ainsi la frénésie d’un cinéma qu’on croyait disparu. Auparavant, on pouvait encore se dire qu’il s’inscrivait dans la tradition du gore grotesque et bariolé, allant des Herschell Gordon Lewis des sixties aux premières réalisations de Peter Jackson comme Bad Taste et Brain Dead.
Mais là, il finit par se rapprocher de certains films sans concession du tournant des années 1980, italiens notamment, apportant une facture contemporaine (narration dynamique, effets spéciaux et réalisation efficaces) à des bandes qui tenaient à la fois de la grosse farce sardonique et du cri désespéré dans la nuit. Ironiquement, celles-ci étaient seulement visibles dans les salles de cinéma mal famées et dans l’enfer des vidéoclubs.
Beaucoup les ont ainsi découvertes via une collection de cassettes éditées par René Chateau, dont le slogan était : « Les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Or, un heureux miracle a voulu que The Sadness soit distribué en salles. Il faut donc en profiter, car ce sera sans conteste l’événement de l’été en termes d’horreur pure. Une horreur pure qui ne finit jamais de renaître tel un Phénix.
Par Gilles ESPOSITO
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Alors tu l’as enfin regarder ?
je t’avais dit ca gicle a souhait
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@ashura a dit dans [Critique] The Sadness :
Alors tu l’as enfin regarder ?
je t’avais dit ca gicle a souhait
Ouai je l’ai vu dans sa version UNCUT et niveau gore ça envoi sec !
Rare de voir cela en 2022.Le film malgré son scénario basique est très efficace
je mettrai incessamment sous peu une interview de Rob Jabbaz sur la conception du film
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@violence a dit dans [Critique] The Sadness :
@ashura a dit dans [Critique] The Sadness :
d’ailleurs je vais poster le nouveau cube si ta pas encore vu
@Ashura nope pas vu mais ça m’intrigue
remake du 1 version jap
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Ce truc est d’une tristesse lamentable.
Pas de scénario, une histoire téléphonée et du gore même pas impressionnant.
Même la fin est banale, 1H40 de perdue…
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Chacun son délire car ça fait un bail qu’on a pas vu un truc pareil. Après pour le gore, on n’as peut être pas vu le même film car ça n’y va spa sde main morte non plus.
Heureusement qu’il existe ce film.
Après si tu veux du gore hardcor j’ai pleins de films allemand a te proposer genre nekromantic, violent shit, ou les guinea pig par exemple mais c’est pas trop mon délire.
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@Violence Ça baigne dans le sang, y’a des entrailles, des morceaux de corps, des gens qui bouffent des trucs mollement du bout des lèvres, il y a même une tronche qui éclate, oui dans ce sens là, c’est gore, classique, mais c’est quand même assez fade du point de vue action, il y a beaucoup de plans statiques, ça manque un peu d’horreur et d’action quoi
Pour les films allemand, nein danke ! Je ne fais pas dans la contemplation non plus.
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Arf, je pense que tu exagéres quelque peu mais je respecte tout a fait ton point de vue.
La plupart des effets gore sont des effets pratiques a l’ancienne et rien que ça en 2022 c’est exceptionnel et ça m’a fait du bien que de voir autre chose que du CGI dans le genre.
Ce virus qui donne cette envie irrésistible de baiser quelque chose teintée de sadisme tout en gardant toute leur tête est pour moi un truc que je n’ai jamais vu dans le traitement du zombie/virus. Dans ce sens, c’est assez inédite et rafraîchissant.
C’est filmé assez nerveusement. La partie finale dans l’hôpital est intéressante avec ses jeux de couleurs et de néon. Côté scenar, comme dit plus haut, c’est classique mais on n’a jamais eu de truc de fou dans le genre, j’en attendais rien de ce côté là. (Seul Danny Boyle avait rehaussé le niveau mais ça n’allait pas loin non plus ni eau gore ou scenar)
On n’est pas souvent raccord sur la perception des choses niveau films mais si on sait que c’est un premier essai fait avec très peu de moyen, je le trouve efficace, respectueux du genre tout en dynamisant et il a assez de choses a faire valoir. Loin du Hollywood à la WWZ ou Je suis une légende.
Si on fait une moyenne des notes torrent tomatoes, IMDb et AlloCiné plus toutes les critiques spécialisées dans le genre, soit un nombre conséquents d’avis en tt genre, le film s’en sort plus qu’honorablement.
Ce n’est pas un film de ouf exceptionnel, certainement pas, mais lamentable, je ne dirais pas cela. En tt cas, il est loin de m’avoir laissé ce ressenti même si je m’attendais à mieux. En tt cas il dépoussière le genre.
PS: la tête explosée, a l’ancienne, c’est une référence a Scanners. J’ai trouvée ça fun
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@Violence a dit dans [Critique] The Sadness :
Ce virus qui donne cette envie irrésistible de baiser quelque chose teintée de sadisme tout en gardant toute leur tête est pour moi un truc que je n’ai jamais vu dans le traitement du zombie/virus. Dans ce sens, c’est assez inédite et rafraîchissant.
Tu devrais regarder des films de cul c’est pas vraiment nouveau.
Mais je suis surement blasé (du gore, what else ?), d’où ma réaction.
Et je trouvais scanners (en VHS) déjà seulement amusant à l’époque.
Je préfère le genre SAW.
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C’est bien pr cela que je dis qu’on est pas souvent raccord sur ce qu’on le regarde globalement car Scanners est devenu un classique de Cronenberg pour les fans de films de genre au fil des années et même à sa sortie.
Dans le cinéma porno, il y a eu de belles choses mais c’était avant que le cinéma porno devienne tout simplement du porno dégueulasse.
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@duJambon a dit dans [Critique] The Sadness :
Je préfère le genre SAW.
Ha le genre torture porn donc. Étonnant
Pourquoi pas. J’ai adoré le premier, le 2 ou 3 why not et ensuite j’ai arrêté. Mais le 1 est excellent, il l’avais agréablement surpris a sa sortie