@Pollux
Après lecture d’un article un peu plus complet je reviens modérer un peu mon commentaire précédent, l’histoire ne semble pas uniquement relever de l’hystérie anti-russe ambiante.
La chute du “clown de la cybersécurité” à Bonn
Dans la profession, on le surnommait « le clown de la cybersécurité ››. Arne Schönbohm va être révoqué de son poste de chef de l’agence allemande de cybersécurité, le BSI, soupçonné de liens avec les services de sécurité russes.
Dimanche, une émission satirique et d’investigation de la télévision ZDF a mis au jour les collusions existant entre cette agence gouvernementale, dépendant du ministère de l’1ntérieur, et une association de lobbying, baptisée Conseil de cybersécurité(CSRD) - elle même fondée par ce haut fonctionnaire -, qui comptait parmi ses membres une société russe contrôlée par le FSB.
L’affaire tombe au moment où l’Allemagne fait face à une série de menaces informatiques qui semblent trouver leur origine à Moscou. Après un piratage qui avait visé en 2015 les ordinateurs du Bundestag, et le récent sabotage des gazoducs Nord Stream. La piste russe est de nouveau évoquée dans le sectionnement de câbles de communication ayant paralysé la Deutsche Bahn, le week-end dernier. Elle illustre aussi l’extrême porosité existant entre milieux d’affaires et pouvoirs publics.
Le CV d’Arne Schönbohm en témoigne. La nomination en 2016 à la tête du BSI de cet ancien consultant d’entreprise, chargé de promulguer des lois qu’il avait autrefois combattues, avait été très critiquée. “Nous vivons une crise de confiance fondamentale dans l’intégrité des structures informatiques. Placer un lobbyiste du privé à la tête du BSI par les temps qui courent témoigne d’une ignorance massive” avait critiqué le président du comite de contrôle parlementaire des services de renseignement, Konstantin von Notz (Die Grünen).
Une fois installé. Arne Schönbohm a fondé une association de conseil, le CSRD, empruntant au BSI un logo ressemblant. Puis il a placé à la présidence du CSRD un de ses anciens associés d’une société de conseil, par ailleurs politicien CDU à Potsdam, Hans-Willhelrn Dünn. C’est dans cette ville, en 2007, que la société privée de sécurité informatique, Protelion, s’est juridiquement domiciliée. Celle par qui le scandale est né.
Sous restrictions commerciales
Protelion s’avère être un faux nez d’une société russe de cybersécurité, Infotecs, fondée après la chute de l’URSS, par Andreï Tchapchaev, ancien espion russe, diplômé de mathématiques de l’École Supérieure du KGB - voie royale d’infiltration des services secrets russes dans la surveillance informatique. Un simple clic sur le site d’Infotecs permet de comprendre que cette société moscovite de plus de 1000 salariés
travaille sous contrôle de l’actuel FSB, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir adhéré au CSRD, nouant des liens avec les structures occidentales. Aux États-Unis, soupçonnée de piratage, Infotecs a été placée sous restrictions commerciales en 2018.
Hans-Witlel11m Ditnn a qualifié « d’absurdes ›› les allégations selon lesquelles son organisation serait sous influence russe. Trois grands énergéticiens allemands, Eon, Vattenfall, et EnBW, propriétaires d’infrastructures « critiques ›› ont annoncé leur retrait de l’organisation. Et les 1300 salariés de l’agence BSI attendent leur nouveau chef.