[Dossier] Godzilla : vieux lézard que jamais
-
Avec la sortie de Godzilla Minus One (visible sur les écrans français les 7 et 8 décembre), Toho donne le coup d’envoi du 70° anniversaire de sa licence phare. Le studio japonais continue de profiter des bienfaits commerciaux du MonsterVerse de Legendary avec la série Monarch: Legacy of Monsters en cours de diffusion Sur Apple TV+ et du prochain Godzilla x Kong: The New Empire, attendu en salles en avril 2024. En France, l’actualité est encore à Shin Godzilla qui sort enfin sur support physique grâce à Spectrum Films, tout en s’offrant un tour de France sur grand écran via Splendor Films. État des lieux de la décennie passée d’une franchise plus lucrative que jamais.
Fin 2014, Toho comptabilise les scores du Godzilla de Gareth Edwards produit par Legendary et distribué par Warner Bros. Le studio japonais attendait fébrilement les retours public et critique en espérant que cette nouvelle mouture made in USA redore le blason du monstre, toujours amoché par la version de Roland Emmerich produite en 1998. Cinq cent vingt-quatre millions de dollars de recettes plus tard, Toho laisse Legendary mener la barque pour les productions US à venir tout en décidant de lancer une réinvention locale de la créature. Le studio veut frapper un grand coup en redonnant à Godzilla une pertinence dans le Japon contemporain avec une vision artistique forte. Pour cela, les décisionnaires doivent s’écarter des réalisateurs formés et contractualisés au sein de la compagnie. Cette philosophie animait déjà Godzilla: Final Wars (2004), où Ryühei Kitamura (Versus) s’offrait une orgie de kaïju et d’arts martiaux. Malgré une distribution internationale, c’est ce film anniversaire qui stoppa net la franchise, jusqu’au retour en grâce de 2014.
POWER DUO
Après ce succès inespéré, la Toho s’associe avec la société Cine Bazar et passe commande de leur nouveau Godzilla à deux esprits assoiffés de monstres : Hideaki Anno et Shinji Higuchi. Présent aux débuts du studio d’animation maudit Gainax, Higuchi impose ensuite sa griffe sur le tokusatsu en supervisant les SFX de l’incontournable trilogie Gamera (1995-1999) de Shüsuke Kaneko. Grâce à une mise en scène innovante des miniatures, il magnifie les séquences de combats en « suitmation » — où des acteurs en costume incarnent les créatures géantes —, et il propose même la modélisation des premiers kaiïju en images de synthèse au Japon avec le dernier volet de 1999. Higuchi participe à la création de plusieurs blockbusters pour Toho et signe en 2015 avec l’adaptation live controversée de L’Attaque des Titans un tokusatsu hybride où les environnements numériques accompagnent marionnettes et humains costumés.
De son côté, Anno, cofondateur torturé de Gainax et éminence grise de Neon Genesis Evangelion, rédige le script de Shin Godzilla et prévoit d’en superviser la postproduction. L’homme est très occupé : il doit mettre un terme définitif au chemin de croix de Shinji Ikari avec Evangelion: 3.0+1.0 Thrice Upon a Time, mais veut d’abord saisir l’occasion de réaliser un Godzilla. Il s’associe alors à son vieux comparse de Gainax Shinji Higuchi, et le duo se voit doté d’environ 15 millions de dollars, soit un dixième de l’enveloppe du film d’Edwards, pour concrétiser Shin Godzilla. Rétrospectivement, l’un des plus gros risques de Shin Godzilla est de présenter son monstre-titre comme une créature évolutive : d’abord sorte de queue géante aquatique, il se mue ensuite en mammifère rampant, puis bipède, avant de prendre enfin la forme d’un monolithique lézard géant à l’épiderme de magma. Les spectateurs étaient loin de se douter des nouvelles capacités du monstre, notamment une gueule s’ouvrant telle celle des Reapers de Blade II pour laisser échapper son tir nucléaire de haute précision, arme qui se développe sur son épine dorsale et sa queue. L’ouvrage The Art of “Shin Godzilla” a révélé de nombreux designs extrêmes concoctés par Mahiro Maeda, mais finalement tempérés par Toho, qui souhaitait conserver un semblant de contrôle sur la licence. Ce Godzilla de 2016 permet à la créature de retrouver son statut de divinité implacable, et le plan final du film continue de hanter les spectateurs presque dix ans plus tard, alimentant les débats otakus du monde entier.
– Dans Shin Godzilla, au dernier stade de son évolution, le monstre-titre apparait comme un lézard géant à l’épiderme de magma, pouvant tirer, non seulement avec sa bouche mais aussi avec son dos et sa queue, un tir nucléaire de haute précision.DÉRAISON D’ÉTAT
Shin Godzilla s’est imposé comme un passionnant film-concept, où le gouvernement japonais s’englue dans d’interminables réunions, le processus décisionnel semblant alors figé. Toujours à l’affût de messages politiques, les esprits occidentaux auront tôt fait de voir en ce film une parabole de la gestion arthritique par les équipes de Naoto Kan du séisme du Tôhoku du 11 mars 2011 et de l’incident nucléaire de la centrale de Fukushima. Difficile effectivement de voir autre chose en Shin Godzilla, tant les scènes de conférences de presse et les visions de bateaux projetés dans les airs rappellent les images de la double catastrophe. Sur ce terrain, le long-métrage a d’ailleurs éclipsé la plupart des fictions, respectables au demeurant, qui se faisaient l’écho des événements de 2011, tels que les films Fukushima, le couvercle du Soleil et Fukushima 50, ou encore la série The Days.
Sous couvert de politique-fiction, Shin Godzilla est le prétexte parfait pour Anno de rendre hommage à l’héritage de Toho et notamment à son cinéaste préféré : Kihachi Okamoto. La plupart des séquences de réunions sont quasiment des citations du Jour le plus long du Japon (1967), film de guerre discursif d’Okamoto. Anno place directement Shin Godzilla dans la continuité expérimentale de ses précédentes œuvres live, Love & Pop (1998) et Ritual (2000), avec son montage cut et ses axes de caméras improbables. Quant aux vingt minutes finales de Shin Godzilla, elles sont une relecture de l’Opération Yashima de l’épisode 6 d’Evangelion, le BTP et le génie civil remplaçant ici l’Eva-01.
Relevant presque de la profession de foi pour Toho, Shin Godzilla sort en plein été 2016 et engrange plus de 8 milliards de yens (environ 75 millions de dollars), ce qui le classe parmi les plus gros succès de l’année au Japon. Bien que n’ayant — et c’est tant mieux — engendré aucune suite, Shin Godzilla a permis à Anno et Higuchi de développer une trilogie intertextuelle prolongée par Shin Ultraman et Shin Kamen Rider. Côté manga, Naoki Urasawa semble rendre hommage à Shin Godzilla avec sa série Asadora!, débutée en 2018, où il est notamment question d’une queue géante rappelant le film d’Anno et Higuchi. Le 29 octobre 2023, pour accompagner la sortie de Godzilla Minus One, le duo présente Shin Godzilla Ortho, sorte de « Black & Chrome » du chef d’œuvre d’origine, kaiju eiga terminal qui attend toujours d’être surpassé…
– Différentes tailles de Godzilla au fil des âges.POLYGONES ET MÉTAMORPHOSES
La Toho tente ensuite une opération inédite en plaçant son lézard star au cœur d’une trilogie en animation 3D chapeautée par Polygon Pictures et écrite par Gen Urobuchi (Kamen Rider Gaim, Psycho-Pass, Puella Magi Madoka Magica…). Réalisé par Hiroyuki Seshita et Kôbun Shizuno, le film d’animation Godzilla : la planète des monstres présente l’Humanité en train de fuir la Terre à la suite d’une invasion de kaiju et atteignant finalement une planète lointaine, qui se révèle inhospitalière. Le capitaine Haruo Sakaki impulse alors le retour sur la planète d’origine des humains et entreprend de mener une mission consistant à supprimer Godzilla, qu’il tient pour responsable de la mort de ses parents. Mais si vingt-deux ans ont passé sur le vaisseau spatial, 20.000 se sont écoulés sur Terre. Sakaki met donc le pied sur une planète bleue sauvage, où la nature a repris ses droits tandis que Godzilla culmine désormais à 300 mètres !
Afin de diffuser astucieusement Godzilla : la planète des monstres, Toho sort le film en salles au Japon en novembre 2017 et le distribue à l’international sur Netflix début 2018. Mais le film convainc peu de monde : l’intrigue à base de migration interplanétaire et de Terre sauvage était prometteuse sur le papier, mais se marie mal avec les thématiques traditionnelles du kaiju eiga. Le deuxième film de la trilogie animée, Godzilla : la ville à l’aube du combat, convoque les Houtua, peuple de Mothra, ainsi que Mechagodzilla, réduit ici à l’état de ville métallique inerte encastrée dans le sol. L’ultime volet, Godzilla : le dévoreur de planètes, se révèle sensiblement meilleur, Toho jouant ici sa carte joker : King Ghidorah. Le combat qui confronte Godzilla au dragon tricéphale s’avère assez gracieux, même si ce dernier adopte une nouvelle forme plus serpentine et éthérée un peu déceptive.
Nourrie de bons concepts mais sabordée par une absence constante de rythme, cette trilogie demeure l’une des étapes les moins fructueuses de la licence. Pourtant, Toho a bien manœuvré en la proposant sur Netflix, devenue la terre d’accueil des licences Kaiju déclinées en animation (Pacific Rim: The Black, Gamera : régénération…). C’est donc logiquement sur la plateforme que sort Godzilla : l’origine de l’invasion (2021). Fruit de l’association entre les studios Bones et Orange, cette minisérie, toujours en animation, exploite le filon narratif de Shin Godzilla. La trame suit une équipe de jeunes scientifiques tentant d’endiguer une invasion de kaiju tandis qu’un vieil inventeur loufoque met au point son prototype de robot géant : Jet Jaguar. Le film prend le parti pris audacieux de ramener les kaïiju à hauteur d’homme pour des confrontations plus équitables. À l’instar de Shin Godzilla, le titan radioactif passe par plusieurs stades évolutifs, qui empruntent aux designs d’autres kaiju (Varan, Titanosaurus…) avant d’acquérir sa forme finale. Sans être un sommet du genre, Godzilla : l’origine de l’invasion est une série appliquée qui rend un bel hommage aux différentes ères de la saga.
– Godzilla: l’origine de l’invasionNOUVELLE VIE POUR VIEILLES CANAILLES
Novembre 2020, Toho lance le Godzilla Fest -plus volontiers appelé G-FEST — un événement annuel qui aura lieu tous les 3 novembre, date de sortie du premier Godzilla de 1954, avec pour objectif d’annoncer les temps forts à venir de la franchise tout en célébrant les techniciens qui ont contribué à son rayonnement. La firme japonaise lance la première édition avec Godzilla Appears at Godzilla Fest, un bref film promotionnel de Kazuhiro Nakagawa convoquant les techniques traditionnelles du tokusatsu dans lequel le lézard géant détruit un décor miniature à ciel ouvert. Le réalisateur, révélé en 2014 par son court-métrage Day of the Kaïiju, grimpe vite les échelons du tokusatsu et devient l’assistant réalisateur de Shinji Higuchi sur le diptyque L’Attaque des Titans, poste qu’il reprend sur Shin Godzilla et Shin Ultraman, tout en gagnant ses galons de réalisateur à part entière sur les dernières séries Ultraman (Zetto, Decker et Blazar).
Le premier G-FEST étant un franc succès, Toho met en branle la deuxième édition. Désormais, chaque événement sera l’occasion de célébrer les kaiju majeurs du studio. Ainsi, Nakagawa rempile avec Godzilla vs. Hedorah, qui marque le cinquantième anniversaire du monstre toxique Hedorah. Les deux titans s’affrontent en plein jour au cœur d’un complexe industriel. Nakagawa a bien appris les leçons de Higuchi : sa caméra balaie en contreplongée les miniatures pour amplifier le gigantisme des créatures. Pour satisfaire la fanbase du monde entier, Toho diffuse le court-métrage en direct, au cœur du G-FEST, mais également en live sur la chaîne YouTube Godzilla Channel, qui retransmet l’événement avant de proposer le film en replay. Pour le tournage, la firme japonaise dépoussière deux costumes conçus en 2004 pour Godzilla: Final Wars par le légendaire suit maker Shinichi Wakasa.
La formule du G-FEST étant bien rodée, les créateurs des programmes courts souhaitent toutefois améliorer la qualité de ces petites productions. En 2022, Fest Godzilla 3: Gigan Attacks permet à Nakagawa de passer la seconde pour proposer un produit tout aussi respectable que son travail sur les séries Ultraman. Le plateau 6 des studios Toho est mis à la disposition du projet et l’équipe de Nakagawa peut concevoir le duel nocturne qui oppose Godzilla à Gigan sur un décor miniature digne de ce nom, bénéficiant en outre de la photographie atmosphérique de Keizô Suzuki. Shinichi Wakasa et sa société MONSTERS, INC. élaborent un nouveau costume de Gigan en respectant scrupuleusement le design original de 1972 — une « suit » créée via une campagne de crowdfunding sur le site japonais Ubgoe.
La réhabilitation des kaïju malmenés de l’ère Shôwa se poursuit en novembre 2023 avec une quatrième édition du G-FEST qui rend hommage à Godzilla 1980. Fest Godzilla 4: Operation Jet Jaguar renoue cette fois avec la période martiale de la franchise. L’affrontement entre Godzilla et le robot géant Jet Jaguar est coordonné par l’immense action director Keiya Tabuchi, qui sortait de la production tumultueuse de Shin Kamen Rider. Le court se conclut par un cliffhanger promettant un combat contre King Ghidorah qui culminera en 2024 avec Fest Godzilla 5: All Monsters Showdown.
– G-FEST 2013PRODUITS DE SYNTHÈSE
En 2018, Toho organise un concours via son label de création de contenus numériques GEMSTONE avec pour consigne la production d’un sujet court dédié à Godzilla. Takuya Uenishi vient à bout de la concurrence avec son court-métrage G vs. G, où un Gigan en CGI au design rafraîchi abat une armada de jets des forces japonaises d’autodéfense avant d’affronter un splendide Godzilla (lui aussi en images de synthèse) enragé comme jamais. Technicien VFX formé dans l’art du compositing 3D, Uenishi avait travaillé au sein du studio Shirogumi sur les deux volets de L’Attaque des Titans réalisés par Shinji Higuchi avant de s’occuper de la modélisation de Shin Godzilla. impressionné par le travail d’Uenishi, Toho permet au jeune réalisateur de concevoir Godzilla vs. Gigan Rex, une suite officielle de G vs. G. Un peloton de Gigan se mesure aux forces aériennes japonaises avant d’affronter Godzilla, bientôt défié par Gigan Rex, version pimpée du monstre classique équipé d’un plastron-laser et de fouets-crochets.
Projeté durant le G-FEST de 2022, Godzilla vs. Gigan Rex rend hommage à l’ère Heisei de la saga tout en proposant de mémorables séquences aériennes rappelant le travail d’Higuchi sur Gamera 3. Sur Godzilla vs. Megalon, Uenishi a la lourde tâche de redorer le blason du kaiju insectoïde crée un demi-siècle plutôt dans Godzilla 1980 de Jun Fukuda. Uenishi tente ici une approche hybride où les prises de vue réelles vont s’entremêler à l’animation 3D. Le récit est également plus élaboré puisqu’une jeune prêtresse va invoquer Megalon. En utilisant la 3D, Uenishi réussit enfin à exploiter pleinement le potentiel de cette créature, quicrache « des dards destructeurs, combine ses deux avant bras-foreuses avant d’annihiler Tokyo. Godzilla se transforme presque en héros shônen : il peut désormais projeter son énergie atomique de ses poings tout en convertissant son épine dorsale en propulseur. Il ne serait pas étonnant de voir Uenishi, qui a su proposer des courts-métrages qui redynamisent le kaiju eiga, devenir l’une des stars du genre dans les années à venir…
– Dans Monarch : Legacy Of Monsters, lors de l’arrivée à Tokyo de Cate Randa (Anna Sawai), un pictogramme à l’effigie de Godzilla fait ressurgir en elle les souvenirs de l’attaque du monstre qu’elle à vécue à San Francisco.PIÈTRE DOUGHERTY
Retour à l’été 2014. Si de nombreux spectateurs ressortent frustrés du Godzilla de Gareth Edwards, notamment à cause du temps de présence assez ( bref du Roi des Monstres à l’écran, le succès appelle forcément une suite. Alors qu’approche la séparation : avec Warner, Legendary finalise une belle opération en sécurisant les droits de King Kong auprès d’Universal Pictures. Mais Legendary, fraîchement achetée par le conglomérat chinois Wanda Group, poursuit néanmoins le partenariatavec Warner pour bâtir un univers partagé entre Godzilla et Kong. En retour, Universal peut distribuer Pacific Rim: Uprising, avec l’insuccès que l’on connaît. Survival efficace ponctué par quelques fulgurances brutales, Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts sécurise 568 millions de dollars et entérine le MonsterVerse.
Legendary, annonce Godzilla : Roi des Monstres de Michael Dougherty pour 2019 et Godzilla vs Kong pour 2020. Entre-temps, Steven Spielberg chauffe le public avec le caméo de Mechagodzilla dans Ready Player One (2018). Toutes les planètes s’alignent pour Dougherty, qui annonce un film pour les fans avec l’emploi des monstres-stars de Toho (Mothra, Rodan, King Ghidorah…) et des thèmes musicaux d’Akira Ifukube arrangés par Bear McCreary. Millie Bobby Brown, star de Stranger Things, garantit de faire rappliquer le public ado. Et pourtant, Godzilla ne cumule que 110 millions de dollars aux USA pour un budget d’environ 200 millions, hors frais de marketing. C’est la douche froide, même si le film se rattrape à l’international avec 270 millions supplémentaires.
Comment expliquer la contre-performance d’un film parfaitement calibré pour un public de non-aficionados ? Voici quelques éléments de réponse : le trauma fondateur du personnage de Kyle Chandler évoque trop celui de Joseph Brody, incarné par Bryan Cranston dans l’épisode de Gareth Edwards ; les combats de monstres, magnifiquement designés sont peu lisibles, la faute à des plans trop chargés ou mal cadrés : le film gave trop l’oie, à force de cumuler les références à l’univers Toho, tout en les détournant parfois de leur sens premier (le « Burning Godzilla », l’Oxygen Destroyer…). Ajoutons à cela que d’autres spectateurs, toujours refroidis par l’approche suggestive d’Edwards, ne font pas le déplacement.
– Godzilla Minus One propose des scènes hallucinantes de conquêtes de territoire par le roi des monstres, dans des quartiers de Tokyo en pleine reconstruction post-seconde guerre mondiale.UN FAUTEUIL POUR DEUX ROIS
Legendary, qui a déjà engagé les frais sur Godzilla vs Kong, doit vite rattraper le coup. L’épidémie de la Covid-19 débute et la date de sortie est reportée pour faire l’objet d’une distribution hybride en mai 2021. Aux USA, le film sort en salles tout en étant mis en ligne sur HBO Max. En Chine, le film rencontre un beau succès en salles et fait l’objet d’une promotion intensive au Japon. En France, le film est directement proposé en streaming sur MyCanal. Vu le produit fini, on devine sans problème que Legendary et Warner ont supprimé le maximum de références possibles à Godzilla II, en amputant le temps à l’écran de certains personnages quitte à en faire disparaître certains. Les trous narratifs béants ne seront jamais colmatés : le personnage de Shun Oguri, star japonaise du film, est simplifié au montage final ; Godzilla passe de protecteur de la Terre à monstre maléfique sans la moindre explication.
Warner et Legendary ont décidé de tout ramasser sur deux heures et de miser au maximum sur les combats de monstres, parfaitement lisibles, orchestrés parle superviseur VFX John « DJ » Des Jardin. Le combat final en plein Hong Kong (financement chinois oblige) opposant Godzilla et Kong - qui est clairement le héros du récit -, est un bonbon acidulé assez réjouissant. Malgré ces nombreux remaniements et une sortie dans un contexte sanitaire encore fragile, Godzilla vs Kong rassemble 470 millions de dollars à travers le monde et permet à Legendary d’envisager la suite des événements avec Godzilla x Kong : The New Empire d’Adam Wingard, prévu pour 2024, dans lequel Godzilla risque fort de n’être qu’un guest de luxe.
À l’heure où Godzilla Minus One s’offre un démarrage spectaculaire au Japon, Toho inonde le marché avec la figure de Godzilla : parcs d’attractions, pachinko, jouets, café en canette… Il devient même le héros de formats courts pour les plus jeunes comme dans les séries Godziban ou Chibi Godzilla Raids Again, où son feu mortel allume désormais les bougies d’anniversaire. Il s’invite aussi dans les jeux vidéo GigaBash et Godzilla Voxel Wars, prouvant que sa silhouette est déclinable à l’infini.
Certes Godzilla, en faisant chuter la température de son souffle atomique, a servi les intérêts du « Cool Japan », mais que lui faudra-t-il faire pour enfin régner sur le monde ?
– Par Fabien mauro
– Mad Movies #377 -
Voilà donc ce fameux lézard .
Merci pour l’article, t’assure toujours l’ami -