De 10 à 45 € de bonus pour la réparation : une avancée majeure pour l’économie circulaire
-
Getty Images - RéparationLe 15 décembre 2022 marque l’entrée en vigueur du “bonus réparation”, une réduction directement applicable par les réparateurs sur le prix de leurs prestations. Une incitation bienvenue et nécessaire à faire durer ses produits, dans le contexte écologique et économique actuel.
81 % des Français ont une bonne image de la réparation de produits électroménagers et high-tech. Pourtant, seuls 36 % d’entre eux réparent (ou font réparer) leurs produits lorsqu’ils tombent en panne.
Si l’on en croit l’Ademe (Agence de la transition écologique), le premier frein à la réparation est son prix, suivi de l’accessibilité des réparateurs, l’accès aux pièces détachées ou la difficulté de réaliser un diagnostic. Résultat, lorsque le prix d’une réparation dépasse 30 % du prix d’un produit neuf équivalent, les consommateurs préfèrent jeter et racheter.
Un bonus incitatif sur de nombreux types de produits
Or, on le sait, 80 % du coût écologique des produits électroniques provient de leur fabrication. Dans le contexte d’urgence environnementale dans lequel nous sommes, prolonger la durée de vie des produits n’a jamais été aussi important. C’est la raison pour laquelle plusieurs acteurs de l’économie circulaire se battent depuis des années pour qu’une législation réellement favorable à l’industrie de la réparation soit adoptée. Bonne nouvelle, une évolution de la loi Agec (anti-gaspillage et économie circulaire) prévoit l’entrée en vigueur, ce 15 décembre 2022, du fonds de réparation.
Grâce à ce dispositif, les usagers de produits en panne vont pouvoir les faire réparer à moindre coût, profitant d’une remise sur le prix de la réparation directement déduite de leur ticket de caisse chez un réparateur. Contrairement à ce que l’on pouvait craindre au départ, la liste des produits éligibles est très longue, dépassant de loin le seul cadre des produits soumis à l’indice de réparabilité. On y trouve, en vrac, les appareils photo numériques, les hottes aspirantes, les micro-ondes, les outils électroportatifs, les enceintes, les machines à café ou encore les robots culinaires.
20 % du coût de la réparation en moyenne
Mais alors, de quelle remise exactement les consommateurs peuvent-ils espérer bénéficier en se rendant chez un réparateur appliquant le “bonus réparation” ? En moyenne, les éco-organismes aux manettes du fonds de réparation indiquent que le soutien financier est de l’ordre de 20 % du coût de la réparation. Le bonus s’échelonne de 10 € (bouilloire, sèche-cheveux, rasoir, fer à repasser…) à 45 € (ordinateurs).
Petite précision qui a son importance : “Si le montant TTC de la facture est inférieur au montant du soutien financier, la réparation n’est pas prise en charge par le fonds”. À noter également que le bonus s’applique uniquement dans le cadre de certains seuils de facturation pour une poignée de produits. C’est le cas pour les ordinateurs portables, les imprimantes et scanners, les moniteurs et les ordinateurs fixes.
Pour mieux s’y retrouver dans les montants des bonus réparation qui s’appliquent au lancement du dispositif, en fonction des catégories de produits concernés, ce tableau du label QualiRépar est très pratique.
QualireparLes éco-organismes à la baguette de QualiRépar
Pour gérer ce dispositif, ce sont Ecosystem et Ecologic qui ont été choisis. Ces deux éco-organismes sont, pour rappel, déjà chargés de la collecte et du recyclage des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) dans le cadre de l’écoparticipation que les consommateurs versent sur l’achat de produits neufs. Le fonds de réparation est, pour sa part, directement alimenté par les contributions des fabricants, dans le cadre de la “responsabilité élargie du producteur” mise en place dès 2006. Une évolution logique de la loi, qui les oblige à prendre en charge la collecte et le recyclage de leurs déchets et veut désormais en limiter la production.
Ici, leur rôle est d’accompagner les réparateurs et gérer la partie financière du fonds de réparation. Raison pour laquelle il leur a fallu créer un label certifiant les réparateurs, de sorte à pouvoir aiguiller le consommateur vers ceux qui sont en mesure d’appliquer le dispositif et leur proposer une réduction sur les réparations.
Un maillage territorial fort pour pouvoir garantir une proximité de service
Ce label, c’est QualiRépar. Réservé aux réparateurs professionnels, c’est le sceau à chercher pour s’assurer d’avoir affaire à une entreprise compétente appliquant le bonus réparation. Il appartient aux professionnels intéressés de faire la démarche de labellisation, sachant que les éco-organismes proposent des kits de candidature et autres aides afin qu’un maximum d’entreprises puissent, au plus tôt, intégrer le dispositif.
Getty Images“Afin de pouvoir lancer le dispositif auprès des clients, il est d’abord nécessaire de constituer un réseau solide de réparateurs labellisés, pour alimenter l’annuaire dédié. Il nous semble essentiel qu’il y ait une bonne représentativité de différents profils de réparateurs (artisans, réparateurs industriels, SAV fabricants et distributeurs), ainsi qu’un maillage territorial fort pour pouvoir garantir une proximité de service”, indique Ecosystem.
Pour le professionnel labellisé qui va réparer votre appareil, la démarche est simple : il doit vérifier l’éligibilité du produit au bonus réparation, appliquer la réduction correspondant directement sur la facture TTC qu’il vous présente et faire une demande de remboursement auprès d’un éco-organisme dans un deuxième temps. Ils sont remboursés “dans les 15 jours” par le dispositif. Les réparateurs “avancent” le bonus réparation à leurs clients, pour être tout à fait clair.
Pour trouver un réparateur labellisé QualiRépar autour de chez vous, le plus simple est d’utiliser l’un des annuaires officiels disponibles, directement sur le site du label QualiRépar, ou sur les sites d’Ecologic et d’Ecosystem. Au lancement du dispositif, on en dénombre environ 400 sur tout le territoire, et le réseau devrait rapidement s’étoffer.
Une excellente nouvelle pour l’économie circulaire
Sans surprise, l’entrée en vigueur de ce dispositif est saluée par les acteurs de l’économie circulaire. Les réparateurs, d’abord, qui sont au cœur d’une industrie qui doit absolument se développer pour nous aider à faire face aux défis de sobriété qui s’imposent à nous. Nous avons pu nous entretenir avec Charles Bocquillon, directeur général de Save, l’une des principales enseignes de réparation de smartphones labellisée QualiRépar.
“Nous sommes ravis que les écoparticipations puissent dorénavant être utilisées pour promouvoir la réparation et accompagner financièrement les consommateurs avec une aide, de 25 € pour les smartphones par exemple. Si la réparation est déjà intéressante économiquement, cette aide va apporter un argument supplémentaire important”, reconnaît-il avant de plébisciter le choix d’un modèle reposant sur la certification des réparateurs agréés : “Nous voyons d’un très bon œil la labellisation QualiRépar du réparateur, car elle permet de garantir des intervenants de qualité”. Pour information, Save a obtenu la labellisation QualiRépar de son magasin pilote de Paris Wagram et a lancé la labellisation de son réseau de près de 200 magasins en France.
Save“Ce dispositif va rassurer, inciter et accompagner financièrement les consommateurs pour effectuer une réparation plutôt que de se rééquiper en neuf. Même si, pour le moment, nous n’avons pas rencontré de client qui attendrait le lancement du fonds pour réparer, il est certain que, progressivement, les consommateurs privilégieront les réparateurs labellisés pour profiter de ce bonus réparation”, termine le dirigeant.
En pleine crise de l’inflation, pouvoir allonger la durée de vie de ses objets est plus que jamais une urgence
Les associations qui militent pour l’allongement, nécessaire, de la durée de vie des produits sont également ravies. Parmi elles, Hop (Halte à l’obsolescence programmée) a été l’une des plus actives sur la création du fonds de réparation. “Nous avons obtenu ce fonds dans la loi, et sa mise en œuvre au 15 décembre est une excellente nouvelle pour les consommateurs et l’environnement. Nous serons au rendez-vous pour vérifier sa bonne application au-delà des effets d’annonce, car, en aucun cas, ce fonds ne doit être dévoyé de ses objectifs : l’accessibilité à la réparation par une aide rapide et simple pour le consommateur. En pleine crise de l’inflation, pouvoir allonger la durée de vie de ses objets est plus que jamais une urgence”, commente Laetitia Vasseur, cofondatrice et déléguée générale de Hop, qui ajoute que le dispositif doit s’étendre, dès 2023, à de nouvelles catégories de produits.
Quelques griefs toutefois. Le directeur général de Save regrette que “ce bonus ne s’applique pas aux produits dits cassés, situation qui génère le plus de réparations dans nos magasins devant les changements de batteries sur lesquelles la remise est appliquée”. Quant à Hop, l’association déplore que soient exclues les “opérations rendues nécessaires par des dysfonctionnements ou des défauts logiciels”. Dommage, en effet, qu’un blocage logiciel nécessitant un dépannage ne puisse donner lieu à une réduction sur l’intervention, sachant qu’il s’agit là aussi d’une situation pouvant déboucher sur l’achat anticipé d’un produit neuf.
Contactée, l’Ademe n’a pas été en mesure de nous préciser les objectifs chiffrés du fonds de réparation. Nous ne savons donc pas encore combien le gouvernement et la filière réparation espèrent sauver de produits de la benne chaque année grâce à ce dispositif. On espère, quoi qu’il en soit, que cela encouragera un maximum de Français à se tourner vers la réparation avant de penser au rééquipement.
Source : www.lesnumeriques.com
-
Bonne nouvelle il était temps
-
@Indigostar Merci, j’ai transmis le lien à mon frère super-expert en réparations audio/vidéos et autres bignolos électroniques domestiques & pros (y compris médicaux et appareils de collection pour lesquels il est difficile ou impossible d’obtenir des shémas techniques anciens disparus).
Avec ce regain du réparable, il va regretter d’avoir clôturé son activité qui lui coûtait plus en charges qu’en revenus en tant qu’artisan indépendant.
Néanmoins, même à la retraite pour percevoir pas grand chose de pension, il continue d’être sollicité par un clientèle locale qui débarque chez lui quotidiennement pour réparer tel ou tel objet. Le bouche à oreille fonctionne toujours par réputation.
Ça lui fait un appoint d’argent de poche mais il rend surtout bien service à qui la TV ou la friteuse est tombée en panne puis réparée à moindre frais, sans possibilité d’en acheter une neuve par exemple. Et pour les pièces détachées même rares, il a toujours un vaste carnet d’adresse de fournisseurs et de bons plans.