L'histoire le la télévision analogique, ou séquence nostalgie
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Avant le streaming, il existait la télévision et ses débuts n’ont pas étés foudroyants et même, plutôt mouvementés.
La première télévision, à peu près digne du nom, ne diffusait pas 24 heures sur 24 et sa couverture n’était guère étendue avec un unique émetteur sur la tour Eiffel qui couvrait à peine quelques kilomètres carrés pour les originaux (radio amateurs et scientifiques) équipés de grandes antennes et de récepteurs. C’était en 1935 et la définition (résolution) n’était que de 180 lignes, en analogique, on ne pouvait pas parler de pixels, le balayage horizontal étant continu…
Puis, vint un émetteur plus performant de 480 lignes qui diffusait une image fixe dans un rayon de 100 km. Il émettait sur 46 MHz avec une puissance de 7,5 kW, tandis que l’ancien émetteur 180 lignes de la SFR-CSF est réutilisé pour diffuser le son sur 42 MHz.
Diverses démonstrations sont effectuées lors de l’exposition Universelle de Paris de 1937 qui est ensuite transférée pour essais au studio de la rue de Grenelle. A la même date les premières émissions tous les soirs de 20 h à 20 h 30 sont diffusées. Il y a une centaine de postes chez les particuliers.
Avec le début des essais de télévision en 455 lignes en 1938, Radio-PTT Vision change de nom et devient Radiodiffusion nationale Télévision, l’émetteur devient, dès lors, le plus puissant du monde (30 kW).
Le système administratif de la radiodiffusion publique est modifié par un décret du 29 juillet 1939 signé par le président du Conseil Édouard Daladier, faisant de la Radiodiffusion française, et donc du service de télévision qui lui est rattachée, un monopole d’État qui cesse de dépendre du ministère des PTT pour passer sous l’administration de la Radiodiffusion française nationale, nouvellement créée à cet effet, dotée d’un budget autonome et placée directement sous l’autorité du président du Conseil.
Le studio de la rue de Grenelle se met en vacances annuelles le 31 juillet 1939 et ne rouvrira jamais. Radiodiffusion nationale Télévision ne diffuse plus alors que des films, documentaires et actualités au moyen de son télécinéma Grammont et s’identifie avec l’indicatif Télé-Cinéma Radiodiffusion nationale1.
Avec l’entrée en guerre de la France le dimanche 3 septembre 1939 à 17 h, les autorités militaires ordonnent la cessation des émissions et prennent le contrôle de l’émetteur de la tour Eiffel. Les Français s’en rendent à peine compte car il n’y a pas plus de 300 postes récepteurs sur l’ensemble du territoire, que l’on regarde aussi dans quelques rares lieux publics.
Quelques émissions sont encore diffusées de façon épisodique à des fins d’entretien de l’émetteur, mais elles ne sont pas annoncées dans la presse afin que les Allemands ne puissent utiliser le signal de l’émetteur pour repérer Paris et la bombarder. Le 6 juin 1940, les techniciens de la Radiodiffusion nationale sabotent l’émetteur pour le rendre inutilisable par les Allemands qui sont aux portes de Paris.
En 1943, alors que la France est occupée par l’Allemagne, les occupants mettent en place leur émetteur sur la Tour Eiffel. La Fernsehsender Paris qui diffuse des émissions en français et en allemand en 455 lignes pendant deux heures par jour (de 19H00 à 21H00) qui est reçue théoriquement par un millier de récepteurs (essentiellement installés dans les hôpitaux et les foyers pour soldats).
En 1945, la France Gaulliste reprend son pouvoir et remet en place son émetteur de la Tour Eiffel (en 441 lignes) après la restitution du sommet de la Tour Eiffel aux autorités françaises par les troupes américaines qui l’avaient réquisitionné.
En 1949 une redevance audiovisuelle de 4 000 anciens francs par an (40 francs ou 6 € par an) est instaurée pour les quelque trois mille possesseurs de téléviseurs (jusqu’alors, seuls les équipements radio sont assujettis à la redevance).
Le journal télévisé apparaît ainsi en 1949, sur une idée de Pierre Sabbagh.
Il est construit, à ses débuts, de bric et de broc avec de vieilles pellicules d’actualités cinématographiques. Aucun présentateur n’apparaît à l’écran. Des émissions de variétés comme 36 chandelles ou encore La Joie de Vivre font également leur apparition et deviennent régulières. Elles ne sont diffusées que pour un public encore très restreint.
La diffusion de la télévision française à la nouvelle norme de 819 lignes débute officiellement le 25 avril 1950, en parallèle de la diffusion au standard 441 lignes qui doit être maintenue jusqu’en 1958.
Le premier direct télévisé voit le jour en 1950 avec la pièce de théâtre “Le Jeu de l’amour et du hasard” de Pierre Carlet de Marivaux. Le téléviseur est présent dans moins d’un pour cent des foyers français. Il y a alors, à peine 600 heures de programmes par an (environ une heure et demi par jour).
Dans les années 1950, la télévision se cherche. Elle expérimente de nouvelles émissions, qui deviennent peu à peu habituelles.
En 1953 apparaît sur les ondes de l’unique chaîne française, la RTF (Radiodiffusion-Télévision Française), ce que l’on considère aujourd’hui comme la première mire : la mire au cheval de Marly.
Ce panneau était destiné au réglage des téléviseurs (rapport hauteur/largeur, netteté, niveaux de gris), il était diffusé quelques minutes avant les émissions, qui ne duraient toujours pas longtemps à l’époque.
Variante de 1953. Le gros bouzin devant le type n’est pas un casque de réalité virtuelle, mais une caméra d’époque.
Quand il n’y avait pas d’émission, l’écran affichait ça:
Dans la nuit du 3 janvier 1956, à l’issue d’une longue soirée de couverture des élections législatives, un incendie détruit la majeure partie des équipements de l’émetteur 441 lignes au sommet de la tour Eiffel. Cet incident produit un écran noir pour ses quelques dernières centaines de téléspectateurs. Face au montant nécessaire pour le reconstruire alors qu’il est censé définitivement être supprimé deux ans plus tard, le gouvernement préfère retenir la solution d’une indemnisation aux téléspectateurs lésés, avec des facilités pour l’acquisition d’un nouveau récepteur en 819 lignes. L’espace ainsi libéré au sommet de la tour Eiffel va d’ailleurs permettre, quelques années plus tard, d’y installer un émetteur expérimental en 625 lignes UHF destiné à diffuser la future deuxième chaîne.
En 1957, 50 % seulement des Français peuvent recevoir la télévision (mais ne l’ont pas forcément, il s’agit ici de la zone couverte par les émetteurs).
En 1958 encore, à peine 10 % des foyers sont équipés en téléviseurs.
24 décembre 1959, la télévision s’offre en cadeau de noël une pendule pour célébrer l’approche du 1 500 000ème téléspectateur. La pendule de Houriez permettait de régler sa montre et de patienter durant les interludes et les fréquentes interruptions techniques.
Pour les interruptions plus longues, il y avait le petit train de Maurice Brunot:
En 1960, 2 800 heures annuelles de programmes sont atteintes (7 heures et demi par jour).
En 1964 la RFT devient l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française).
Le monopole d’état sur les télécommunications freine le développement de la télévision française. L’ORTF proposera longtemps un nombre restreint de chaînes et d’heures de diffusion.
Toujours en 1964, la deuxième chaîne est inaugurée. Des programmes en couleur (compatibles noir et blanc) commencent à y être diffusés à partir de 1967. Pour régler les couleurs de son téléviseur, une mire couleur est mise en service !
C’est aussi le passage obligé du 819 lignes en 625 (diminution de la résolution), nécessaire pour la transmission de l’information couleur. Ce passage nécessite l’acquisition d’une télévision possédant les deux standards pour pouvoir continuer à visionner la première chaîne.
L’augmentation de canaux nécéssaires à la diffusion des ces programmes sur tout le territoire impose l’ouverture de la bande UHF, alors que précédement la bande VHF suffisait à la diffusion de la une. Une raison de plus pour passer à la caisse. Les téléviseurs se hérissent de plus en plus de boutons (VHF/UHF et 819/625 lignes).
Exemple de programme TV en 1964 (cliquez pour aggrandir):
Le vendredi soir et le samedi soir, les gens sortaient, pas de TV pour ceux qui ne pouvaient pas.
La première émission couleur en France, notez la joie, l’entrain et l’intérêt des contenus de l’époque:
Petite anecdote, la France utilise un standard nommé secam, les américains, eux, utilisent le ntsc, une norme tellement sensible aux perturbations qu’elle est vite surnommée Never Twice the Same Color (jamais deux fois la même couleur).
C’est à cette époque aussi qu’apparaissent les niçoises, dont les fleurs des chapeaux servaient de repères pour les réglages. Les téléviseurs couleurs étaient munis de deux boutons supplémentaires, un pour l’intensité de la couleur et l’autre pour l’équilibrage r/v/b. Il faut dire qu’ils chauffaient dur avec leur tubes électroniques et que les réglages à froid dérivaient vite au bout d’une minute ou deux.
Il y a toujours des pauses et des problèmes techniques, mais en couleur s’il vous plait maintenant Enfin, pour ceux qui avaient la chance de pouvoir s’offrir une TV couleur.
Longtemps perçue comme la voix officielle du gouvernement qui s’invite chaque soir dans les salons des Français, elle diffusera néanmoins des programmes très populaires comme la piste aux étoiles et Cinq colonnes à la une, mais tout ce qui n’entrait pas dans le cadre de la morale et le bon goût de l’époque était banni (et à l’époque on était rigoriste).
A la charnière des années 1960-1970, l’histoire de la télévision s’accélère.
On passe de 2 950 heures de programmes en 1963 à 5 207 heures de programmes en 1967 (14 heures par jour).
1er octobre 1968, le jour où la pub débarque à la télé. C’est une publicité pour Boursin qui sera la toute première de l’histoire de la télévision française.
Le 21 juillet 1969, la retransmission des premiers pas sur la lune est un événement suivit par plus de 600 millions de spectateurs dans le monde.
L’apparition de nouvelles chaînes ouvre l’ère de la concurrence et de la course à l’audimat. Les mesures d’audiences se faisaient d’abord par sondages, puis par des boutons poussoirs sur un appareil chez un panel de volontaires.
Fin 1972, la troisième chaîne voit le jour. Pas de mire pour elle, juste une image fixe du logo aux heures creuses.
Le début et l’arrêt des émissions était signalé par ceci:
Fin 1974, l’ORTF, qui gérait jusque là tout l’audiovisuel français, éclate en 7 sociétés indépendantes, dont TF1, Antenne 2 et France régions 3. La gestion des émetteurs de télédiffusion est prise en charge par la société TDF (à ne pas confondre avec le Tour De France) et impose une mire identique, la fameuse mire TDF. Viendrons ensuite M6, Canal + et la cinquième.
On passe de 5 974 heures de programmes en 1969 à 11 673 heures en 1984 (ce qui fait 32 heures par jour pour l’ensemble des trois chaînes).
Lors des années 80 et 90, les chaînes vont chacune à leur tour abandonner la mire, à la faveur d’un régime d’émissions 24h/24. La dernière mire fut aperçue le 6 janvier 2002 sur France 3.
La première diffusion du son en Stéréo grâce au procédé NICAM (un codec) a eu lieu en septembre 1994 avec la chaîne TF1. Hé oui, jusque que là, le son n’était que monophonique. Pour en profiter, il fallait encore racheter une TV et remplacer son magnétoscope VHS.
C’est à la fin de l’année 2011, que la suppression de la diffusion analogique des chaînes nationales par voie terrestre, sur satellite et le câble s’est effectuée en France, remplacée par le numérique et la TNT…
Sources: https://www.histoire-pour-tous.fr/inventions/744-invention-de-la-television.html
et https://www.vivelapub.fr/retrospective-la-mire-tv/
et https://fr.wikipedia.org/wiki/Télévision
et de nombreux autres sites pour quelques petits détails par ci par la.Et si jamais vous souhaitez savoir ce que la télévision à pu vous faire: https://scienceetonnante.com/2013/06/03/les-images-subliminales-mythe-ou-realite/
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Whaooou quel voyage, merci pour ce moment comme dirait V.T.
J’ai pu voir une partie de cette évolution, mes premiers souvenirs remontant à l’île aux enfants! et à celà:
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@michmich J’ai rajouté de la neige et le petit train de maurice brunot pendant que tu écrivais, qu’est-ce que ça pouvait être chiant de voir ce truc alors qu’on attendait la diffusion de Zorro.
Enfin… Zorro finissait toujours par arriver
Un petit voyage dans le temps ?
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Désolé pour les nombreux rajouts après coup, mais plus je parle du sujet, plus j’ai envie d’en parler
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@duJambon tu me fais revivre toute mon enfance !!!
mais là je suis vieux ça me donne envie de pleurer de voir ça !!!
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Me rappelle quand il ont diffusé la mission Apollo 11 je regardais j’avais 4 ou 5 ans ! oups !!
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@Mister158 a dit dans Un peu (très peu) d'histoire le la télé, ou séquence nostalgie :
@duJambon tu me fais revivre toute mon enfance !!!
mais là je suis vieux ça me donne envie de pleurer de voir ça !!!
Bel hommage à cet article, merci
Ne radote pas, tu n’est pas tout seul et tu n’est pas vieux, tu est une personne ayant accumulé une expérience considérable, apte à effectuer des choix pertinents et dont l’avis compte.
Reprend donc un bout de chocolat, wokistes/antiracistes, ne regardez surtout pas ça !
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@duJambon a dit dans Un peu (très peu) d'histoire le la télé, ou séquence nostalgie :
Désolé pour les nombreux rajouts après coup
Ah bin surtout pas, rajoute, rajoute ou déroule
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@michmich Voilà, je t’en ai rajouté une bonne couche
Un peu plus d’histoire et un peu moins d’émotion pour @Mister158
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ben oui, j’ai connu la télé avec seulement 1 chaine
mais quelque part, j’en ai vu plus que vous des révolutions, la télé couleur, les Marité et Gilbert Carpentier etc …
sans parler d’ordi en noir et vert allant jusqu’à la 4k en milliards de couleurs etc …
ça en fait quand même lol
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@Mister158 Tu n’est pas le seul à avoir eu un trs-80
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@duJambon a dit dans Un peu d'histoire le la télévision analogique, ou séquence nostalgie :
@Mister158 Tu n’est pas le seul à avoir eu un trs-80
Moizau…!
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@duJambon mon dieu mais j’ai commencé au moins trois an avant que ne sorte cet appareil !
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Juste par curiosité, quel âge avez vous les gars ?
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@Psyckofox Canonique Mais je te rassure, je n’étais pas né pour la première TV.
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Ben si on parle d’âge canonique, j’ai la quarantaine (42 ans pour être plus précis )
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@Psyckofox Même pas un tamalou !
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j’en ai 64 et oui c’est toute mon enfance,
il a fallut que j’ai 11 ou 12 ans pour que mes parents puissent s’offrir une télé !
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Z’etes tous des gamins ! J’ai connu Vincent Auriol (pas personnellement )…et je me souviens très bien d’avoir vu le couronnement d’Elizabeth 2 en mondovision en direct !
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Un centenaire ?
On tient peut être le doyen du site