Risques d'espionnage, emprise des Gafam... Ces projets qui cherchent à refonder le Web
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Plusieurs projets cherchent à rendre la Toile plus sécurisée et davantage respectueuse de la vie privée. Une riposte aux Gafam et à certains régimes autoritaires.
Tim Berners-Lee, l’un des pères du Web, cherche à réparer sa création en donnant davantage de contrôle aux internautes sur leurs données personnelles.REUTERS/Stefan WermuthAprès les filets des cages de foot, la Toile. Le milliardaire américain Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, a pour objectif de faire trembler les géants du Web. En développant son Projet Liberty, il a décidé de miser 100 millions de dollars dans un pari un peu fou : créer un nouvel Internet. Son constat est sans appel après l’assaut contre le Capitole par les partisans de Donald Trump, en janvier 2021. “Les fondements de nos démocraties, mais aussi de nos sociétés sont sapés par les réseaux sociaux, explique-t-il. Le temps est venu de changer cela et de redonner le contrôle aux internautes sur leurs données personnelles.”
Aux côtés de l’université de Georgetown (Washington) et de Sciences Po Paris, l’institut McCourt veut fédérer des ingénieurs, des économistes, des sociologues, des avocats afin de penser ce renouveau. “Nous lançons un mouvement, et de nombreuses personnes, organisations, groupes industriels demandent à être impliqués, prêts à nous rejoindre, ajoute-t-il. Nous sommes au début d’une évolution du Web 2.0 participatif vers le Web 3.0.”
Grâce à la création d’un protocole open source, qui est accessible à tous, le Decentralized Social Network**g Protocol devrait être la base d’une nouvelle infrastructure publique, garante de la protection de la vie privée, sur laquelle des applications commerciales verront le jour. Une façon de modifier les usages des internautes. Puisque ces derniers privilégient quelques grands services détenus par les multinationales - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (Gafam) -, friands de données personnelles.
Crise de confiance depuis les révélations d’Edward Snowden
Mais cette menace n’est pas la seule à motiver l’entrepreneur à agir. Une autre tendance inquiète davantage les tenants d’un réseau libre, véhicule de la liberté d’expression et d’échanges d’informations. La Chine, la Russie et d’autres pays cherchent de plus en plus à accroître leur mainmise sur le cyberespace. Au “capitalisme de surveillance” à l’égard des internautes, décrit par l’universitaire Shoshana Zuboff dans son ouvrage de référence s’ajoute la surveillance de certaines nations sur leur propre population. “Nous observons deux mouvements inquiétants, la privatisation du Web par des grands groupes d’un côté et la volonté de contrôle par des régimes autoritaires de l’autre”, précise Braxton Woodham, responsable de la technologie du Projet Liberty.
Et ce n’est pas tout. L’Union européenne a identifié un troisième sujet d’inquiétude, sécuritaire cette fois. Elle reconnaît alors qu’il est temps de répondre aux risques d’espionnage et aux tentatives de sabotage à distance sur des infrastructures critiques. Sans compter la défiance des internautes victimes de cyberattaques croissantes… Le rapport “Internet de nouvelle génération 2025” évoque une crise de confiance depuis les révélations, en 2013, d’Edward Snowden. L’ancien consultant de l’Agence de sécurité américaine avait dévoilé les différentes techniques utilisées par les renseignements américains visant à exploiter des failles de sécurité restées secrètes jusqu’à maintenant. Et de citer un expert dans ce domaine, Bruce Schneier : “Internet a été en grande partie géré par les Etats-Unis, car tout le monde croyait qu’ils agissaient dans l’intérêt de tous. C’est terminé.”
Face à tous ces problèmes, l’un des pères fondateurs a décidé de réagir. Tim Berners-Lee, cherche, lui aussi, à réparer sa création avec sa start-up Inrupt et ses Solid “pods” (modules). Ces coffres-forts numériques doivent renfermer les données personnelles des utilisateurs, qui en conservent la propriété. Toute entreprise offrant un service aux internautes et voulant y accéder doit, au préalable, leur demander l’autorisation ; aucune information ne peut en être extraite ou vendue. “Tim et moi pensons que ce projet est vital pour l’avenir du Web, souligne John Bruce, son PDG. Si vous utilisez un navigateur, vous pouvez alors utiliser notre technologie.”
Des projets pilotes ont été signés avec le système de santé du Royaume-Uni (NHS), la BBC, ou encore le gouvernement des Flandres en Belgique.
Du temps et de l’argent pour faire évoluer la Toile
Selon le Français Louis Pouzin, ces multiples initiatives n’ont rien de surprenant. En 2013 il reçoit de la reine d’Angleterre le Queen Elizabeth Prize for Engineering. Sont conjointement récompensés : Vinton Cerf, Robert Khan, Tim Berners-Lee. Le nonagénaire juge ce mouvement inéluctable. “Il s’agit d’une réaction naturelle du marché face à l’emprise des Gafam, estime-t-il. Ce n’est que le début d’une multiplicité de protocoles, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils seront adoptés par les utilisateurs. Changer leurs habitudes prendra du temps et de l’argent.”
Source : lexpansion.lexpress.fr
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@indigostar a dit dans Risques d'espionnage, emprise des Gafam... Ces projets qui cherchent à refonder le Web :
Decentralized Social Network**g Protocol
ça à l’odeur d’un P2P ou Blockchain non ?
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Indigostar PW Addict Seeder I.T Guy Rebelle GNU-Linux User Membrea répondu à Ze-lol le dernière édition par
@ze-lol a dit dans Risques d'espionnage, emprise des Gafam... Ces projets qui cherchent à refonder le Web :
ça à l’odeur d’un P2P ou Blockchain non ?
Oui c’est du blockchain. Cette architecture DSNP semble correcte sur papier, mais les détails sont brumeux. J’espère que ce ne sera pas une utopie de plus.
Plus de détail ici.