Chine : une loi sur les jeux vidéo provoque une panique boursière
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En voulant “lutter contre l’addiction” aux jeux vidéo, la Chine a perdu des dizaines de milliards de dollars de capitalisation… Numéro un mondial du secteur, le géant chinois Tencent a vu, vendredi 22 décembre, son action plonger de plus de 12 % à la clôture de la Bourse de Hongkong. Tandis que son rival, NetEase a plongé de 24,6 %.
En cause : un projet de loi qui prévoit d’interdire aux jeux en ligne d’accorder des récompenses aux joueurs se connectant tous les jours ou dépensant pour la première fois dans un jeu. Des mécanismes d’incitation courants dans le secteur.
D’après le texte, publié par le journal China Daily, cette nouvelle législation obligera aussi les joueurs à s’enregistrer sous leur véritable identité. S’ils ne la donnent pas, ils ne pourront pas accéder à l’intégralité des services d’un jeu vidéo en ligne.
En outre, avec ce projet de loi, les éditeurs se voient, une nouvelle fois, imposer des thématiques proscrites. Dans leurs jeux, ils ne pourront plus introduire d’éléments s’opposant aux principes fondamentaux de la Constitution chinoise, mettant en danger l’unité nationale ou la culture du pays. Le projet de loi envisage également de faire du jeu vidéo un moyen d’influence de la Chine à l’international. Les éditeurs sont ainsi invités à “développer une culture socialiste avancée” et “transmettre l’excellente culture traditionnelle chinoise”.
“Revoir” et “améliorer” les nouvelles mesures
Toutefois, vu l’effondrement des actions en bourse des deux leaders du secteur, le gouvernement envisage de retravailler son projet de loi. “Au vu des inquiétudes et avis émis par toutes les parties”, les autorités chinoises “vont étudier prudemment” les nouvelles mesures envisagées, “les revoir et les améliorer”, a rapporté la télévision chinoise CCTV ce samedi 23 décembre. Les régulateurs pourraient modifier des termes dans le projet qui prévoient de plafonner le rechargement des comptes des joueurs et la capacité des utilisateurs à se connecter chaque jour, ajoute CCTV.
Les premières mesures de Pékin régulant le secteur du jeu vidéo datent de 2021 dans le cadre d’une répression sur le secteur de la tech avec notamment une limitation stricte du temps que les mineurs peuvent passer en ligne à jouer. La fin du gel dans l’attribution des licences avait laissé penser que Pékin relâcherait son étreinte sur l’industrie des jeux vidéo.
Mais dans sa version actuelle, le projet des autorités de régulation annoncé vendredi est destiné à limiter les achats de jeux en ligne et à prévenir les comportements addictifs. Le projet de règlement réitère par ailleurs l’interdiction de contenus de jeux en ligne qui “mettent en péril l’unité nationale” ou “la sécurité nationale”, ou encore qui “nuisent à la réputation et aux intérêts nationaux”.