Il pleut des satellites
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Rappelez-vous. C’était en janvier dernier, et de nombreux témoins de l’ouest et du centre de la France rapportaient une étrange observation : un fuseau lumineux se déplaçant dans le ciel et se fragmentant au fur et à mesure de son avancée… Le phénomène, impressionnant, n’avait pas résisté à l’analyse : il s’agissait de la rentrée atmosphérique d’un satellite de la tristement célèbre constellation Starlink (société SpaceX), mettant en évidence la forte densité de satellites en panne…
Un semestre plus tard, ils reviennent. Ou plutôt, ils continuent, et sont toujours plus nombreux… Près de 500 satellites sont revenus rejoindre les 1 900 déjà en orbite en début d’année. Et plus de 270 sont tombés en panne. Un manque de fiabilité et d’anticipation illustré notamment, début février, par la perte quasi-simultanée de 40 satellites (sur 49 fraîchement lancés) à cause d’un orage géomagnétique provenant du Soleil.
C’est un autre de ces cadavres de satellites qui a surpris des centaines de curieux (notamment des festivaliers du Hellfest, à Clisson (44)) qui levaient les yeux vers le ciel depuis l’Ouest de la France et la région parisienne (Figure 1), le 27 juin, à 00h 12min TU (soit 02h 12min, heure locale française).
A cette heure, le satellite Starlink-2023 (NORAD = 47605, ID international = 2021-009BK), lancé le 4 février 2021 (à 06h 19min TU) par une fusée Falcon 9 (de la société SpaceX) depuis Cap Canaveral lors de la 18ème salve de satellites Starlink (voir vidéos ci-dessous), venait de rentrer dans l’atmosphère terrestre, agrémentant le ciel de nombreux fragments lumineux, témoins de la destruction de l’objet alors qu’il survolait le territoire français, survolant Nantes et remontant en direction de la région parisienne. Une manifestation de plus de la pollution physique associée à ce projet, dont l’objectif est de mettre près de 40 000 satellites en orbite, et à laquelle s’ajoute une pollution visuelle que craignent et dénoncent actuellement les astronomes du monde entier.
L’astrophysicien Jonathan McDowell indiquait dans la foulée que 14 satellites de SpaceX étaient « en cours de descente » à la même période. « Il n’est pas rare d’avoir plusieurs entrées la même semaine », ajoutait-il alors. Le compte Twitter Starlink Insider a également suivi le « désorbitage contrôlé » du satellite 30062, ce qui semble confirmer le fait que c’est SpaceX qui a procédé à la manœuvre.
Quelques jours auparavant, le 20 juin 2022 à 22h 30min UT, c’est un autre déchet spatial, bien plus impressionnant, car bien plus massif, qui avait été observé depuis l’Espagne et le Sud-Ouest de la France (Figure 2). Ce dernier n’était cependant pas associé à la constellation de satellites Starlink, puisqu’il s’agissait d’un étage de fusée chinoise CZ-2F (NORAD = 52798, ID international = 2022-060B)qui avait décollé deux semaines plus tôt, le 5 juin (à 02h 44min TU) depuis le centre de lancement de satellites de Jiuqan (Chine) dans le cadre de la mission Shenzou 14.
Source: https://www.vigie-ciel.org/2022/07/05/quand-les-satellites-tombent-du-ciel/
Sortez couvert ! Et (re)faites-vous le film Gravity…
Cette image générée par ordinateur et publiée par l’Agence spatiale européenne (ESA) le 15/04/08 montre des objets en orbite basse (LOE) autour de la Terre depuis le pôle NordESA / AFP