Avatars hyper réalistes
-
Peut-être avez-vous vu ces portraits artistiques de vos amis qui envahissent votre feed Instagram. Ils sont créés grâce à Lensa AI, une application d’édition de photos qui existe depuis 2018, mais dont la fonctionnalité virale «Magic Avatar» a été lancée fin novembre.
Lensa transforme les selfies en œuvres d’art. Ses avatars ont été partagés en masse sur les réseaux sociaux, mais cette application sexualiserait les photos et blanchirait la peau.
Lorsque vous installez l’application, celle-ci vous demande de télécharger 10 à 20 photos de vous-même. Puis, vous appuyez sur un bouton et grâce à une intelligence artificielle, l’app se charge de générer les portraits. Vous n’avez plus qu’à les poster sur Instagram pour faire comme tout le monde, c’est super, non?
L’application a beau être gratuite, la fonctionnalité «Magical Avatar» est payante. Mais ce bémol n’a pas l’air de freiner les consommateurs. Au cours du mois dernier, l’app a connu un pic significatif avec la sortie des avatars magiques. Selon le site Techcrunch, en novembre, l’appli a été téléchargée 1,6 million de fois, soit une hausse de 63,1% par rapport aux 219 000 téléchargements d’octobre. Les Etats-Unis sont le plus grand marché de Lensa AI, mais l’application est particulièrement populaire au Brésil en ce moment. Sur l’ensemble des téléchargements de novembre, 31% provenaient du Brésil, où les installations ont augmenté de 24,45% d’un mois sur l’autre.
Lensa et sa fonction «Magical Avatar» posent trois problèmes: le premier concerne l’usage des photos. Andrew Couts, expert en cybersécurité et rédacteur pour le magazine Wired, a déclaré à Good Morning America qu’il est presque «impossible» de savoir ce qu’il advient des photos d’un utilisateur après leur téléchargement sur l’application, même si la politique de confidentialité de Lensa prétend qu’elles sont automatiquement supprimées après la génération des avatars.
Le deuxième souci, c’est que les images générées par Lensa, aussi bluffantes soient-elles, sont créées grâce à la technologie Stable Diffusion, mais aussi sur la base d’un modèle entraîné avec le travail de vrais artistes, comme l’explique le site Fast Compagny. Et cela peut poser problème dans la mesure où ces artistes ne consentent pas forcément à l’utilisation de leurs œuvres pour l’entraînement de l’IA.
Troisième problème et pas des moindres: la sexualisation des photos. Une rédactrice de Wired en a fait l’expérience. L’application génère non seulement des nus, mais attribue également à certaines images des caractéristiques sexuelles caricaturales, comme des poses lascives et des poitrines gigantesques. «Par exemple, j’ai reçu plusieurs résultats entièrement nus alors que je n’avais téléchargé que des photos de tête.» Pire, certaines femmes ont rapporté à la journaliste qu’elles ont été blanchies par l’application. Selon le magazine, les générateurs d’art IA échappent totalement à la modération de contenu. De quoi refroidir légèrement, surtout si c’est juste pour avoir des likes sur Instagram.