[Dossier] Death Games Movies
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De Rollerball à Squid Game en passant par le chef d’œuvre indépassable Battle Royale , les représentations de sociétés futuristes ou contemporaines sous forme de jeux barbares se sont toujours fait l’écho des Injustices sociales à travers le monde. Les dés sont pipés. la méritocratie est un mythe entretenu pour vendre des aspirations illusoires, et les velléités de contestation sont assimilées et recrachées sous forme ludique, pour mieux les étouffer.
Il faut remonter à 1959 et La Nuit de tous les mystères de William Castle pour voir émerger les grandes figures récurrentes du genre « death game ». Une compétition en lieu clos, des candidats par l’odeur du gain alléchés, un maître de cérémonie grand bourgeois, cynique, avec ses propres desseins derrière la tête. À mi-chemin entre l’attraction foraine et le thriller horrifique, le film mise avant tout sur l’efficacité de son dispositif au détriment de tout discours, et c’est son droit le plus absolu. L’année 1975 enfante les deux premiers jalons décisifs, en plein cœur d’une décennie de défiance envers le pouvoir politique américain. Côté série A, Rollerball de Norman Jewison dépeint un monde entièrement régi par des corporations après « la grande guerre des industries », la mémoire collective est confiée à une intelligence artificielle manipulable à merci, capable en outre d’effacer des siècles entiers par mégarde.
Le sport appelé Rollerball, ne serait-ce que par ses apparats, évoque immanquablement les jeux du cirque et exalte les foules à l’avenant, mais l’une de ses huiles justifie avant tout sa création pour « démontrer la futilité de l’effort collectif ». La popularité de Jonathan E., le joueur vedette incarné par James Caan, va forcément à l’encontre de ce simulacre et le personnage doit disparaitre, d’une manière ou d’une autre, quitte à changer les règles en cours de route et accroitre la violence du jeu.
Cette montée en puissance se voulait répulsive, elle ne fera que galvaniser le public, à l’écran comme dans les salles obscures, au point qu’il fut sérieusement envisagé, au grand dam de Jewison, de créer une ligue de Rollerball dans le monde réel.Côté série B, le quasi chef-d’œuvre (à une grosse dizaine de plans près) La Course à La mort de l’an 2000 repose lui aussi sur la figure charismatique d’un participant, le mystérieux Frankenstein, rescapé miraculé de la grande course transcontinentale organisée dans des États-Unis dystopiques. Tous les coups sont permis, écraser des piétons rapporte plus ou moins de points en fonction de l’âge de la victime. La télévision gouvernementale ne cache même pas de la fonction propagandiste de l’événement et n’hésite pas une seconde à faire passer les rebelles attaquant le convoi pour des terroristes français (sic !). Comme dans Rollerball, la ténacité du héros sert d’incitation ferme mais polie à la rébellion contre l’establishment. Il s’est développé, au fil des années et du culte exponentiel du film, un conflit de paternité quant à la charge politique de cette satire hilarante, dont la responsabilité échoit selon les points de vue à son réalisateur Paul Bartel ou à son producteur Roger Corman. Pour les départager, il suffit de jeter un œil au remake indigne que le second a produit il y a trois ans, l’effroyable La Course à la mort de l’an 2050 de G.J. Echternkamp. D’une laideur numérique repoussante, le film déploie un sens de la caricature inoffensif à force de bêtise et de littéralité.
BAD TASTE
En pleine euphorie des années Reagan, le triomphalisme américain marginalise la critique et les death games ne ressurgissent qu’en 1987… dans une version aseptisée, stupide, annonciatrice de la capacité du capitalisme à assimiler sa critique et à la régurgiter en pur produit de consommation. Le Running Man de Stephen King (signé de son pseudonyme Richard Bachman) est un pamphlet proto-anarchiste, conclu par un attentat kamikaze à l’avion sur un immeuble ? Le film de Paul Michael Glaser le transforme en combat de catch pétulant, hurlement bovin en faveur du spandex et du fluo (mieux vaut lui préférer son cousin français Le Prix du danger, belle itération du film de chasse à l’homme). Deathrow Gameshow de Mark Pirro ne brille pas non plus par sa finesse. Le trait est lourd, très lourd, les paupières se ferment, quand bien même le film introduit un gimmick narratif voué à être coopté par le Course à la mort de Paul W.S. Anderson et ses trois séquelles ineptes, ou par le diptyque Les Condamnés : les candidats sont des condamnés à mort caressant l’espoir de gagner un peu d’argent avant leur exécution, voire de recouvrer la liberté. Le présentateur/producteur très mal joué par John McCafferty achète littéralement la vie des prisonniers, et lorsque le jeu se voit annulé, il se retrouve avec leurs cadavres sur le dos.
Et Deathrow Gameshow de se conclure par une série de fausses publicités avec les macchabées, une touche de mauvais goût qui pourrait avoir son charme si elle n’évoquait un peu trop le sketch du « Front Unifié pour les Décédés » du Hamburger Film Sandwich de John Landis. Rayon mauvais goût, le film de Mark Pirro trouve un successeur de taille avec U******e Game de Mark Neveldine et Brian Taylor (2009), déjà douteux à sa sortie, d’une ringardise hallucinée douze ans après - il faut revoir le montage sur l’immonde morceau The Bad Touch de Bloodhound Gang pour le croire, vision de cauchemar graveleuse suintante de beauferie où les corps ne s’appartiennent plus. Grâce à des puces implantées dans la nuque, des condamnés à mort sont poussés à s’entretuer dans un jeu baptisé Slayers, tandis que les usagers d’une communauté virtuelle nommée Society sont pour la plupart de nouveaux travailleurs du sexe manipulés par des gamers grimaçants systématiquement filmés dans le noir, en plongée et en fish-eye. Soit la pire insulte jamais adressée à la communauté vidéoludique, à égalité avec Cyprien de David Charhon, sorti la même année.
En 2020, Guns Akimbo de Jason Lei Howden prend la relève avec un zeste de modernité : l’antihéros est puni de son comportement de troll et forcé d’intégrer une compétition mortelle, un flingue cloué dans chaque main. À cheval sur le wokisme via le personnage de Samara Weaving, Guns Akimbo présente dans le même temps ses antagonistes comme des hackers plus à droite que Jeff Bezos, fait mine de dénoncer l’exaltation de la violence tout en s’y vautrant. Le même flou caractérise Nerve (2016) de Henry Joost et Ariel Schulman. Révélés par le documentaire Catfish, véritable leçon de malhonnêteté intellectuelle consacrée aux mythomanes d’Internet, les deux réalisateurs signent ici un objet fermement convaincu de dénoncer des trucs et de balancer des machins au terme d’un récit arbitraire, persuadé d’être sexy quand il n’est que vulgaire.
LES PLOUCS SE REBIFFENT
Bien qu’exempté d’ultra-violence, Nerve rejoint par son inanité artistique la flopée de petits torture porn qui ont pullulé dès le début des années 2010, les Would You Rather (2012), l’'Escape Room de 2017, celui de 2019 et sa séquelle de 2021, le contradictoire No Escape Room de 2018, le piégeux No Escape de 2020, l’Action ou vérité de 2012 ou enfin celui, absolument fendard en VF, de 2018. Ces rejetons bâtards de la saga Saw ne partagent avec leur géniteur que le goût pour le supplice de personnages interchangeables qui, à des degrés diversement implicites, mériteraient ce qui leur arrive. Le jeu n’est qu’un dispositif comme un autre, son lien avec l’enfance ou avec les modes de divertissement du moment n’est jamais réfléchi, la chair à canon doit souffrir, point.
Pour trouver un minimum de sens, il faut taper dans des productions encore plus modestes. La saga The FP , initiée par Jason Trost en 2011, bientôt riche d’un troisième épisode aux premières images démentes (au sens clinique du terme), avait tout pour rejoindre les parangons de débilité du paragraphe précédent, dans ce même élan autoparodique conscient qui a animé la décennie précédente, de Kung Fury à Sharknado. Dans la petite ville de Frazier Park, des ahuris en survet’ des années 1980 s’affrontent sur une version pirate de Dance Dance Revolution, où le swag d’un participant peut tuer son adversaire par le seul pouvoir de la synchronicite. Dans un schéma narratif miroir des films sportifs post Rocky, J-Tro et ses homies échangent des dialogues trépanés, mélange d’argot redneck, de tchatche de rappeur blanc persuadé d’être noir et de répliques aussi ijconiques que tocs, répétées inlassablement jusqu’à les vider de leur sens. Derrière l’apparente nostalgie se profile l’envie d’en découdre avec l’étroitesse d’esprit de certaines petites villes américaines, où le réalisateur a traîné ses basques.
Dans ce panorama aux vagues airs post-apocalyptiques, les parties de « Beat Beat Revolution » sont un passage obligé pour accéder au pouvoir suprême, et sont filmées avec une emphase délicieusement déplacée. Union Furnace de Nicholas Bushman (2015) navigue dans la même ruralité américaine oubliée et dans le même dénuement budgétaire, quand bien même la présence de ce bon vieux Keith David pourrait suggérer le contraire, Des désœuvrés acceptent de participer à un jeu et se retrouvent à la merci d’un gang d’organisateurs sadiques, manifestement aisés et du genre cocardiers, arborant des masques d’animaux typiques des fantasmes conspi du genre société secrète. Entre la répétitivité narrative, une image terne et des performances inégales, affleure un désespoir très fin de siècle, voire de civilisation. Une sensation partagée par Cheap Thrills d’E.L. Katz (2013) et son humour noir glaçant, synthétisé avec brio par le plan final : du sang et des biffetons, l’alliance totémique du prolo américain du XXI° siècle. Ce regard classiste explique en partie l’impasse de The Game de David Fincher (1997, spoiler à l’horizon): parce que le héros appartient à la classe dominante, il ne peut rien lui arriver, et le film se conclut fatalement dans un étrange renoncement antinarratif, véritable trou noir dramaturgique où Michael Douglas retourne chez lui la queue entre les jambes, avec un t-shirt moche comme souvenir.
Une anomalie vient compléter ce tableau des jeux mortels d’outre-Atlantique, et non des moindres : la saga Hunger Games, riche de quatre films qui firent les grandes heures de la mode des adaptations de romans « Young Adult ».…. et sans doute la plus éloquente démonstration du processus de digestion de toute graine de révolte par le grand entertainment industriel. Critique ouverte d’un régime autoritaire basé en grande partie sur le divertissement, la franchise vire au manuel de terrorisme dans son ultime volet, sans que personne ne s’en soit ému à une époque où la sortie du Made in France de Nicolas Boukhrief ne cessait d’être repoussée, contexte anxiogène oblige. Et les Funko Pop de Katniss Everdeen de devenir les nouveaux t-shirts Che Guevara, tandis que les résistants à la junte militaire thaïlandaise ou les partisans de Aung San Suu Kyi en Birmanie reprenaient à leur _ compte son salut à trois doigts.
HOSTEL EUROPE
L’ouverture récente du cinéma russe aux joies du blockbuster grossier l’a fatalement amené à se risquer à sa propre version des jeux de la faim, avec l’indéfendable The Arena d’Andrey Voigin (2017). Dans un Moscou post-apocalyptique où les survivants craignent des catastrophes naturelles, un D] tribal dirige une compétition de danse où seul survit le candidat ayant déployé le plus d’énergie, cette dernière étant recueillie et stockée. Nos vaillants héros finissent par découvrir que cette précieuse denrée ne sert pas à apaiser les volcans et les tremblements de terre, mais à nourrir la soif d’immortalité de la classe dirigeante. Gober ces couleuvres narratives est une chose, supporter l’esthétique hideuse du film et ses dialogues crétins en est une autre.
Des écueils partagés par Survival Game de Sarik Andreasyan, qui reprend l’équivalent russe du jeu du loup-garou. Dans cette version futuriste, les éliminés sont tués par une projection virtuelle de leur plus grande peur. Les interactions entre les candidats font mine d’aborder quelques sujets de société, mais le script s’attache surtout à bien rester en surface, et à se rattraper dans ses mises à mort inutilement spectaculaires.
Côté gore, Dizlayk de Pavel Ruminov (2016) a de quoi contenter tous les amateurs de barbaque n’ayant jamais vraiment compris l’utilité du concept d’« influenceur ». Censées se retrouver dans une villa pour les besoins promotionnels d’une boisson énergétique, huit stars de l’Internet russe vont devoir deviner qui veut les exterminer à la façon d’un « Saw du pauvre » — la formule vient du film lui-même, parangon de cynisme beaucoup plus terrifiant sur le fond que sur la forme. Ces tentatives russes rappellent, en bien moins sympathiques, les inoffensifs essais bis de l’exploitation italienne en la matière que furent Le Gladiateur du futur de Joe D’Amato (1983) et 2072, les mercenaires du futur de Lucio Fulci (1984). Des extrapolations sur une vision « moderne » des jeux du cirque, aussi généreuses que possible mais sans grande singularité au sein de la masse des post-apo italiens. Le Fulci s’autorise tout de même cette petite piste de réflexion au détour d’un dialogue : « Nous avons conçu les ordinateurs pour qu’ils soient nos esclaves, nous sommes devenus les leurs. ». Pas vraiment du Baudrillard, mais le cœur y est.
Si la contribution belge Play or Die de Jacques Kluger (2019) peine à se distinguer des torture porn à la No Escape Room, il faut reconnaître aux expérimentations espagnoles un certain panache, La Cellule de Fermat de Luis Piedrahita et Rodrigo Sopeña (2007) rejoue Cube avec une bande de mathématiciens, ne parvient pas toujours à renouveler son dispositif et paie les pots cassés de son casting inégal, La bosse des maths est en outre une maladie ingrate à refiler, mais les efforts fournis laissent l’impression d’une déclinaison originale du genre. Pour son premier long-métrage solo, sans la tutelle d’Alejandro Amenäbar (qui s’occupe tout de même de la bande originale), Mateo Gil s’aventure avec Jeu de rôles (1999) dans une sphère mystérieuse assez inexplicablement grillée par le titre français. Les soupçons du personnage d’Eduardo Noriega sont non seulement confirmés mais décuplés par le cynisme de Ia situation: à la tête d’un héritage providentiel, le suspect le plus évident dépense sans compter pour un jeu grandeur nature aux multiples dérapages.
La paranoïa infuse également Intacto de Juan Carlos Fresnadillo (2001), le plus singulier de la bande des trois : des individus considérés comme chanceux s’affrontent pour récupérer la bonne fortune de leurs adversaires dans une sorte de Highlander du mektoub. Pour ce faire, ils participent à des jeux souvent mortels, dont le plus cintré consiste à courir dans une forêt les yeux bandés en croisant les doigts pour ne pas se manger un arbre en pleine tronche. Particulièrement bien réalisés, écrits et photographiés, incarnés par des acteurs constamment à la frontière du cabotinage, ces deux derniers films sont à la fois inscrits dans leur territoire et touchent à des malaises sociétaux universels. Et s’il y a un sujet sur lequel la vieille Europe ne manque pas de revenir, c’est bien l’immigration.
Dans 13 Tzameti de Géla Babluani (2005), un Géorgien égaré en France récupère une invitation de son employeur overdosé et atterrit dans une bicoque isolée où se joue une compétition de roulette russe. Il finit par récupérer la mise, avant d’être abattu froidement par le frère d’un concurrent décédé. Dans son remake américain, le réalisateur délaisse totalement le sous-texte du déracinement, écope d’un casting absurde (Mickey Rourke ? Jason Statham ?? 50 Cent ???), passe à la couleur après avoir filmé l’original en noir & blanc et en délivre une parodie involontaire. Immigration Game de Krystof Zlatnik (2017) va beaucoup plus loin. L’Allemagne du film n’accueille plus aucun réfugié. Pour acquérir la nationalité, il faut remporter l’épreuve télévisée du jeu-titre: arriver vivant à la grande tour d’Alexanderplatz en échappant à des chasseurs autorisés à tuer leurs proies. Il faut se figurer un mélange entre American Nightmare et le Running Man de King filmé à l’épaule, en grande partie improvisé et conclu par un retournement grotesque. Comme bon nombre de ses camarades américains, ce bis allemand hésite en permanence entre dénonciation de la violence et vautrage voluptueux dans ses écarts graphiques.
MASSACRES UNIFORMES
Question ultra-violence et dégoulinance, il ne faut surtout pas provoquer le cinéma japonais sous peine de se manger une déflagration comme le premier Battle Royale de Kinji Fukasaku (2000), qui amena en son temps cette question : si le début du nouveau millénaire se montre aussi radical, à quoi aurons-nous droit par la suite ? À rien d’aussi définitif, en fait. Tant du côté de son abominable séquelle de 2003 - d’une candeur extrémiste tout aussi malvenue à l’époque que 18 ans plus tard -que de ses succédanés comme Kill Onigokko de Yüichi Onuma (2004) ou Tokyo 10+01 de Higuchinsky (2003), le choc ne sera plus au rendez-vous. Les lycéennes et lycéens sont vite devenus des proies sacrificielles de choix: il est désormais tout à fait courant de les massacrer indistinctement, en masse, comme dans l’ouverture du Tag de Sono Sion (2015) ou celle de As the Gods Will de Takashi Miike (2014), adaptation extrêmement bourrine du manga Jeux d’enfants de Muneyuki Kaneshiro et Akeji Fujimura.
Les corps explosent, sont réduits à l’état de magma sanguinolent: les jeux mortels japonais se font le reflet de l’extrême compétitivité de la société nipponne, présente dès le milieu scolaire. Ces œuvres en parodient les jeux de cour de récréation comme les schématismes, la répartition entre gros durs, figures charismatiques, innocents prêts à exploser - parfois littéralement - sous la pression. Battle Royale a été perçu par beaucoup de spectateurs avertis comme la source d’inspiration pour la série Squid Game, sur la foi de son prologue et son jeu de 1, 2, 3, soleil fatal. Il y aurait pourtant plus de matière à polémiquer du côté de l’anime et de la série de films Kaiji, d’après le manga de Nobuyuki Fukumoto, dans lesquels des endettés et désœuvrés acceptent de participer à une compétition supervisée par des privilégiés. Le héros est un véritable punching-ball psychologique systématiquement manipulé - chacun des trois films s’achève par le vol de sa part du butin par l’un(e) de ses comparses, ce qui le force à redémarrer à zéro. La partie de pierre, feuille, ciseaux inaugurale et les jeux suivants sont prétexte à des démonstrations ampoulées de statistiques, de prédéterminations fumées délivrées dans des monologues hystériques, Les gagnants sont ensuite écrémés par une épreuve de traversée entre deux immeubles, en équilibre sur une fine poutre.
Le manga de Fukumoto a par ailleurs été transposé de façon très curieuse dans le blockbuster chinois sous acide Animal World de Yan Han (2018), featuring Michael Douglas en maître de cérémonie Cabotin, Cet acharnement sadique sur les protagonistes n’est pas sans rappeler la saga Gantz (manga de Hiroya Oku décliné en anime, séries et films live), où des cadavres en sursis doivent traverser de multiples dimensions pour affronter des ennemis improbable, gagner des points, nourrir une grande sphère noire, espérer comprendre ce qui se passe. Les révélations de ces récits au très long cours (extraterrestres, figures divines) arrivent toujours comme un cheveu sur le soupe, del ex machina forcément déceptifs après toutes los épreuves traversées, L’important, selon l’inévitable formule, n’est pas l’aboutissement mais le chemin parcouru, et les véritables amis étaient dans nos cœurs depuis le début, comme le confirme la série Alice Borderland. Le show, adapté du manga de Haro Aso, st fait l’écho de toutes les thématiques susmentionnées.
CALAMAR PAS TRES FRAIS
En matière de synthèse de toutes les œuvres évoquées, la série Squid Game de Hwang Dong-hyuk se pose donc en nouvelle référence. Le divertissement sud-coréen s’était déjà frotté au genre avec son adaptation télé du manga Liar Game de Shinobu Kaitani ou avec le film A Million de Cho Min-ho (2009), mais ce n’étaient que des répétitions avant ce grand saut dans le vide, notoirement porté à bout de bras par son auteur pendant plus d’une décennie avant d’être récupéré par Netflix, avec le succès que l’on connaît. Les neuf épisodes reprennent tous les codes de représentations classistes, le socle déterministe comme moteur narratif, les personnages archétypaux. La fiction mange à la fois au râtelier du désir inaccessible d’ascension sociale et à celui de la métaphore du milieu scolaire, dans le monde des adultes comme dans celui de l’enfance.
C’est bien là le plus fâcheux dans son appréciation : Squid Game arrive après toutes les batailles et ne propose pas grand-chose d’original Il faut ne pas avoir vu Battle Royale pour être choque par sa violence, ni aucun de ses prédécesseurs pout ne pas s’attendre au sort funeste de la quasi-totalité des personnages. Il est à parier que son sidérant succès tient à la découverte par un nombre conséquent de spectateurs de l’indépassable savoir-faire sud-coréen.
Quoi qu’on pense de ses ressorts scénaristiques (et il y aurait à redire, notamment sur les très gênantes scènes avec les « VIP »), Squid Game bénéficie d’une mise en scène efficace, d’acteurs attachants, d’une direction artistique aux petits oignons. Les apparitions de Gong Yoo (Dernier train pour Busan) ou Lee Byung-hun (J’ai rencontré le Diable) n’auront sans doute pas le même effet sur le public international que sur les spectateurs sud-coréens, mais ces scènes n’en sont pas moins marquantes. Œuvre terminale du genre, la série est en passe de devenir un marqueur culturel, au point d’inquiéter jusqu’aux plus hauts sommets de l’Éducation nationale française qui multiplie les appels aux parents afin que ceux-ci surveillent les écrans de leur progéniture. Après tout, c’est vrai : au-delà de l’excitation des préados à l’idée de regarder un objet qui n’est pas censé leur être destiné, il serait dommage que la jeunesse ait envie de changer les choses après avoir regardé une série télé.…
Par François CAU
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@kourhage c’est vrai ça, de plus @Violence en portait l’avatar.
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Ben ce n’est pas un Death Games Movie mais + un film, en partie, sur une expérimentation scientifique gouvernementale sur un détenu
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@psyckofox de plus d’un autre niveau, mes excuses les plus plates à ses successeurs.
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@Kourhage @michmich
Oui en effet, @Psyckofox, Orange mécanique ne se situe pas dans cette catégorie qui est très spécifique…
Mais c’est un putain de film!!
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