Le coût des rêves
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Un lieu de culte ou un centre commercial: que sont devenus les stades qataris?
Avec 200 milliards d’euros investis et une capacité dépassant le nombre d’habitants, le Qatar avait promis une utilisation durable de ces infrastructures après le coup de sifflet final. Cependant, la réalité actuelle est bien loin de ces assurances. L’un des stades est devenu un lieu de prière, tandis qu’un autre est destiné à être démoli pour laisser place à des hôtels et des centres commerciaux. La question qui persiste: le Qatar est-il sur le point de se retrouver avec des vestiges coûteux et inutiles?
Un an après l’effervescence de la Coupe du Monde au Qatar, les stades se transforment en ce que l’on redoutait: des “éléphants blancs”. Une prédiction qui s’avère de plus en plus juste alors que certains de ces monuments sportifs sont réaffectés de manière surprenante.
Les “éléphants blancs”, ces édifices imposants dont le coût d’entretien dépasse leur utilité, semblent hanter le Qatar post-Coupe du Monde. Les stades, conçus pour être des joyaux durables et respectueux de l’environnement, paraissent plutôt être devenus de véritables fardeaux pour le pays.
Parmi ces monuments au coût exorbitant, le Stade 974, qui se voulait être le symbole d’un Qatar durable et d’une Coupe du Monde “neutre en carbone”, reste solidement en place. Composé de 974 conteneurs, le stade aurait dû être déménagé vers une nouvelle destination, mais un an plus tard, il n’en est rien. Les coûts d’entretien continuent de grimper, mettant en lumière le défi financier et logistique de maintenir ces structures.
Autre exemple: le Education City Stadium, destiné à être un lieu de culte du football, accueille maintenant jusqu’à 35.000 fidèles venus prier sur la pelouse. De même, l’Al Bayt Stadion est sur le point de devenir un hôpital sportif, un changement qui souligne l’adaptabilité nécessaire pour justifier les investissements massifs dans ces infrastructures temporaires.
Le “Lusail Boulevard”, qui menait au stade de la finale, regorge quant à lui de restaurants et de bars où le personnel dépasse souvent la clientèle. Les projets de conversion sont en cours, mais la réalité demeure incertaine.
Education City StadiumPar ailleurs, les bonnes intentions environnementales semblent être en “stand-by”, en raison de l’organisation de la Coupe d’Asie l’année prochaine et des Jeux asiatiques en 2030. De plus, les ambitions du Qatar pour accueillir les Jeux olympiques de 2036 et la Coupe du Monde des clubs en 2025 ajoutent une couche de complexité à la situation.
Ce bilan, un an après la Coupe du Monde, soulève encore une fois des questions essentielles sur la gestion post-événementielle des infrastructures sportives gigantesques. Alors que le monde se tourne vers le Qatar pour des réponses, l’équilibre entre la grandeur des projets et leur utilité à long terme est de nouveau remis en question, mettant en lumière les défis et les responsabilités qui accompagnent la réalisation d’événements sportifs de cette envergure.
Het Al-Bayt Stadium
Het Al Janoub Stadium -
JO de Paris 2024 : craintes sécuritaires et dépenses colossales
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a présenté ce 23 mai un protocole de sécurité pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Un dispositif d’envergure sera mobilisé pour un événement coûteux et hors norme. «un enjeu de sécurité exceptionnel», a résumé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin : le 26 juillet 2024, la cérémonie d’ouverture de la 33e olympiade de l’ère moderne se déroulera à Paris. Pour faire face aux défis sécuritaires, le ministre a présenté un protocole avec les principaux acteurs de l’organisation des JO 2024, la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du Comité d’organisation des Jeux (et triple médaillé d’or en canoë) Tony Estanguet. la première fois que la cérémonie se passera en dehors d’un stade a rapporté Darmanin.
La cérémonie de tous les dangers La cérémonie d’ouverture sera «inédite» dans l’histoire moderne des Jeux : pour la première fois, elle se déroulera en extérieur, c’est-à-dire «en dehors d’un stade», a noté Darmanin. L’événement aura lieu le long de la Seine entre la bibliothèque François Mitterrand et la tour Eiffel, a-t-il rapporté. Les athlètes ne défileront pas sur une piste d’athlétisme comme habituellement mais à bord de bateaux. S’en suivra un spectacle artistique et musical puis la cérémonie protocolaire à proprement parler avec les officiels. La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques constitue un enjeu de sécurité exceptionnel : plusieurs centaines de milliers de spectateurs, 10 000 athlètes, 200 chefs d’État et plusieurs milliards de téléspectateurs.
En tout, ce sont 115 bateaux qui seront mobilisés pour transporter quelque «10 000 athlètes», toujours selon le ministre. Environ «200 chefs d’États et de gouvernements» assisteront au spectacle, mais aussi «plusieurs centaines de milliers» de spectateurs sur place. L’AFP évoque même le chiffre de 400 000 personnes. Dans ses annonces, le ministre de l’Intérieur a fait part d’une mobilisation elle aussi inédite avec 35 000 membres des forces de sécurité intérieure en plus des renforts issus de la sécurité privée. Pour le gouvernement français, un faux pas serait déplorable. Gérald Darmanin estime ainsi que plusieurs milliards de personnes vont regarder la cérémonie. En cas d’incident majeur, les retombées en matière de tourisme pourraient être dramatiques. En 2022, la finale de la Ligue des champions de football qui devait avoir lieu au stade Krestovski de Saint-Pétersbourg mais qui fut finalement déplacée au Stade de France à Saint-Denis avait été le théâtre de violents incidents. La responsabilité du ministre de l’Intérieur avait alors été largement pointée du doigt.
Partage des responsabilités et coût incertain Les Jeux olympiques impliquent un important dispositif sécuritaire, à plus forte raison dans une ville comme Paris particulièrement exposée à la délinquance. Les chiffres du ministère de l’Intérieur font ainsi état d’une augmentation de 24,6% des coups et blessures volontaires en 2022 dans la capitale. Le premier policier de France compte sur le développement du système de vidéosurveillance pour faire face aux enjeux sécuritaires et fait valoir une augmentation de 400 caméras à Paris, portant le total à 4 400. En tout, 25 millions d’euros seront ainsi alloués à ce seul dispositif. A la menace sécuritaire directe, s’ajoute celle, potentielle, des attaques de drones, qui inquiète les autorités françaises, mais aussi la question du cyber.
Ainsi, le ministre évoque «quatre milliards d’attaques» de ce type lors des Jeux de Tokyo en 2021 pour un événement sportif qui n’avait accueilli que très peu de public, crise sanitaire oblige. Au Japon, les Jeux devaient initialement coûter 6 milliards d’euros et la facture finale s’est élevée à 12 milliards. Pour Paris, l’audition initiale (2017) évoquait un coût à 6,6 milliards, elle est aujourd’hui chiffrée à 8,8 milliards. Un total qui ne prend pas en compte le coût de la sécurité. Celui-ci pourrait pourtant faire gonfler le budget. Le chiffrage d’un pré-apport de la Cour des comptes évoquait à l’été 2022 un coût de 419 millions d’euros pour les dépenses de sécurité de l’État. La cérémonie d’ouverture, exceptionnelle, n’était alors pas prise en compte.
Les Jeux olympiques de Paris sont un événement majeur pour la France et le président de la République entend faire de cette manifestation sportive un moment historique de sa présidence. Après les faux pas en matière de ventes de billets, jugés trop chers par les Français, les autorités publiques vont devoir se montrer rassurantes sur la sécurité et éviter de faire exploser le budget.
Source: [link removed]/france/105629-jo-paris-crainte-securitaire-depenses