En Inde, le comité de censure cinématographique du pays a reçu le pouvoir de supprimer les films piratés des plateformes comme YouTube.
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Le ministère indien de l’Information et de la Radiodiffusion a annoncé vendredi que les titulaires de droits d’auteur, leurs agents, « et/ou toute autre personne » peuvent déposer une plainte en remplissant ce qui semble être un formulaire papier. Le ministère ajoute que si le plaignant n’est pas titulaire d’un droit d’auteur ou n’a pas été autorisé par celui-ci, des audiences individuelles peuvent être envisagées au cas par cas.
Le projet de loi indien sur le cinématographe (amendement) a été présenté pour la première fois en 2019 dans le but de mettre à jour la loi sur le cinématographe de 1952, afin de mieux protéger les cinéastes.
En avril 2023, le Cabinet de l’Union indienne a donné son feu vert au projet de loi et, en juillet, il a été adopté par les deux chambres du Parlement. L’ objectif principal de ces amendements est de réduire le piratage généralisé des films en ligne, mais ils contiennent également des mesures liées à la certification des films. Cela détermine en fin de compte le contenu que les citoyens sont autorisés à consulter et dans quelles circonstances, ainsi que le contenu qu’ils ne doivent pas du tout voir.
Ce processus est géré par le puissant Conseil central indien de certification des films (CBFC), un organisme au sein du ministère gouvernemental de l’Information et de la Radiodiffusion ( I&B ). Une annonce de ce dernier vendredi révèle de nouveaux pouvoirs anti-piratage pour la CBFC en vertu de la législation récemment adoptée.
CBFC habilitée à ordonner aux intermédiaires de mettre fin au piratageLe ministère de l’Information et de la Radiodiffusion commence par attirer l’attention sur l’article 6AB de la loi modifiée sur le cinéma.
6AB. Personne ne doit utiliser ou encourager l’utilisation d’une copie contrefaite d’un film pour l’exposer au public dans un but lucratif : (a) dans un lieu d’exposition qui n’a pas été autorisé en vertu de la présente loi ou des règles établies en vertu de celle-ci ; ou (b) d’une manière qui équivaut à une violation du droit d’auteur en vertu des dispositions de la loi sur le droit d’auteur de 1957 ou de toute autre loi en vigueur à l’heure actuelle.
Une fois cela établi, le ministère note que, puisqu’un amendement récemment inséré permet au gouvernement de s’impliquer pour assurer le respect de ce qui précède, c’est exactement ce qu’il a l’intention de faire.
« En outre, l’article 7(1B)(ii) nouvellement inséré dans la loi sur le cinématographe prévoit que le gouvernement peut prendre des mesures appropriées pour supprimer/désactiver l’accès à une telle copie contrefaite exposée/hébergée sur une plate-forme intermédiaire d’une manière contraire à la section 6AB mentionnée ci-dessus », ajoute l’annonce.
Action appropriée comme suit
Comme on pouvait s’y attendre, la lutte contre la distribution de films piratés en Inde se fait dans le cadre de la loi sur le droit d’auteur. Cependant, le ministère de l’Information et de la Radiodiffusion note que puisqu’il n’existe pas de « mécanisme institutionnel » pour « prendre directement des mesures » contre les films piratés, l’article 7(1B)(ii) mentionné ci-dessus en fournira désormais un.
Le ministère affirme avoir « établi un mécanisme institutionnel composé d’officiers nodaux chargés de recevoir les plaintes contre le piratage et d’ordonner aux intermédiaires de supprimer les contenus piratés sur les plateformes numériques ».
Nommés par le ministère, les « Nodal Officers » se trouveront au siège du Central Board of Film Certification ( CBFC ) à Mumbai et dans divers bureaux régionaux des principaux centres de production cinématographique. À partir de là, ils recevront des plaintes concernant le piratage en ligne, puis demanderont aux plateformes de supprimer les contenus incriminés.
Quelles plateformes sont concernées et qui peut déposer une plainte ?
Dans un communiqué publié vendredi, les responsables ont mentionné directement YouTube et Telegram, mais il ne semble y avoir aucun obstacle évident au retrait de contenu d’un réseau social ou d’une plateforme d’hébergement vidéo.
« Conformément à la loi modifiée sur le cinéma, les agents régionaux du CBFC ont été habilités à émettre des ordonnances visant à supprimer les films piratés de toute source telle que Telegram et YouTube à la suite d’une plainte. Les plateformes devront agir et supprimer le contenu reproduit illégalement dans un délai de 48 heures », a déclaré un responsable.
Quant à savoir qui peut déposer une plainte, les titulaires originaux des droits d’auteur ou ceux autorisés à agir en leur nom sont clairement définis, comme on pouvait s’y attendre. Cependant, l’annonce du gouvernement indique que les non-titulaires de droits d’auteur peuvent également déposer des plaintes, la même chose s’appliquant à ceux qui n’ont pas l’autorisation des titulaires de droits d’auteur pour retirer le contenu contrefait.
L’offre d’examiner les plaintes déposées par des non-titulaires de droits d’auteur et sans autorisation des titulaires de droits d’auteur est certainement intéressante. Bien que toutes les personnes impliquées dans les films ne soient pas titulaires de droits d’auteur (certaines auront une licence, par exemple), ne pas avoir d’autorisation pour agir ressemble beaucoup à ne pas avoir d’autorisation, mais il peut y avoir quelques exceptions.De nombreuses plaintes peuvent causer quelques problèmes
Étant donné que les « agents nodaux » peuvent envisager une audience pour traiter de telles plaintes au cas par cas, leur nombre devra être extrêmement faible afin de ne pas dépasser leurs capacités. Pour l’ensemble de l’Inde, seuls 12 membres du personnel ont été affectés au traitement des plaintes déposées dans le cadre de cette initiative. Pour mettre cela en perspective, il existe des sociétés anti-piratage en Inde qui déposent des plaintes auprès de Google à un rythme qui dépasse 300 000 par semaine.
On ne sait pas encore si les plaintes seront acceptées en ligne, mais l’annonce officielle de vendredi était accompagnée d’un exemple de formulaire de plainte qui semble destiné à être rempli manuellement, probablement avec un stylo. On ne peut qu’imaginer le chaos si cela reste le cas, mais au moins les listes seront probablement assez courtes, si « joindre » une feuille de calcul Excel n’est pas une option.
Source: https://torrentfreak.com/film-censors-given-powers-to-remove-pirated-movies-from-youtube-231104/