Blue Origin enverra aussi des astronautes sur la Lune
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La NASA annoncé vendredi avoir choisi l’entreprise spatiale américaine Blue Origin pour construire un deuxième système d’alunissage (le premier est SpaceX), destiné à amener des astronautes sur la Lune.
L’alunisseur a été sélectionné pour la mission Artémis 5, qui doit avoir lieu en 2029. Il devra auparavant démontrer sa sûreté en réalisant un atterrissage sur la Lune sans équipage. Le milliardaire Jeff Bezos, fondateur de Blue Origin, s’est dit vendredi sur Twitter «honoré de faire partie de ce voyage avec la NASA».
Le montant du contrat s’élève à 3,4 milliards de dollars, mais John Couluris, vice-président chargé du transport lunaire chez Blue Origin, a précisé lors d’une conférence de presse que l’entreprise contribuerait elle-même «bien au-delà» de ce montant pour développer le vaisseau.
Le programme Artémis est le programme américain de retour sur la Lune, composé de missions de difficulté croissante. Il a démarré avec la mission Artémis 1, qui a envoyé un vaisseau autour de la Lune à l’automne dernier, sans équipage. La mission Artémis 2 enverra, elle, quatre astronautes autour de la Lune à l’automne 2024, sans y atterrir. L’identité des heureux élus, trois Américains et un Canadien, a récemment été révélée.
Artémis 3 sera ensuite la première mission à déposer des astronautes sur la surface lunaire depuis 1972. Elle est officiellement prévue fin 2025, un calendrier dont il est largement considéré qu’il ne sera pas tenu. Les deux missions suivantes, Artémis 4 (en 2028) et Artémis 5 (2029), atterriront également toutes les deux sur la Lune, mais passeront d’abord par une nouvelle station spatiale en orbite lunaire, Gateway – qui n’existe pas encore.
En 2021, la NASA avait choisi SpaceX pour construire l’alunisseur d’Artémis 3. Le contrat s’élevait à 2,9 milliards de dollars, même si SpaceX contribue aussi à l’effort au-delà de ce montant. Blue Origin, également en compétition pour ce premier contrat, avait porté plainte contre la NASA, l’accusant d’avoir choisi une seule société et non deux comme elle l’avait laissé entendre. Mais la plainte avait été rejetée.
En 2022, SpaceX avait également été choisi par la NASA pour l’alunisseur de la mission Artémis 4. Parallèlement, l’agence spatiale américaine a lancé un appel d’offres à destination d’autres compagnies pour la suite du programme.
«Nous voulons davantage de mise en concurrence. Nous voulons deux alunisseurs», a déclaré vendredi le patron de la NASA, Bill Nelson. «Cela signifie que vous avez davantage de fiabilité, et une alternative de secours.»
L’alunisseur de Blue Origin, baptisé Blue Moon, fera 16 mètres de haut et pèsera 45 tonnes une fois rempli de son carburant – de l’hydrogène et de l’oxygène liquides.
Plusieurs compagnies sont partenaires du projet: Boeing, Draper, Astrobotic, Honeybee Robotics, et Lockheed Martin. Cette dernière développera un élément crucial: une sorte de navette, chargée d’aller ravitailler Blue Moon autour de la Lune. Blue Origin prévoit d’utiliser sa fusée New Glenn, qui n’a encore jamais volé, pour lancer à la fois son alunisseur et cette navette.
Les astronautes décolleront eux à bord de la capsule Orion, propulsée jusqu’à la Lune grâce à la nouvelle méga fusée SLS de la NASA. Ces deux éléments ont été testés à vide durant Artémis 1, et le seront avec équipage durant Artémis 2.
Pour Artémis 3, Orion s’amarrera directement à l’alunisseur de SpaceX. Deux astronautes descendront alors sur la Lune pour environ une semaine (deux autres resteront à bord d’Orion). Une fois leurs expériences terminées, les deux aventuriers remonteront dans l’alunisseur, jusqu’à Orion, qui ramènera les quatre membres d’équipage sur Terre.
Par la suite, Orion viendra s’accrocher à la station spatiale Gateway, et les astronautes passeront par elle avant d’embarquer à bord de l’alunisseur de SpaceX (Artémis 4), ou de Blue Origin (Artémis 5).
Toutes ces missions visent le pôle Sud de la Lune, où se trouve de l’eau sous forme de glace. Le but du programme Artémis est d’apprendre à vivre sur la Lune, afin de tester toutes les technologies nécessaires à un voyage plus périlleux encore: vers Mars.
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Blue Origin retourne dans l’espace après un an d’échecs
Après avoir été immobilisée pendant plus d’un an, la fusée New Shepard de Blue Origin est revenue dans le ciel et a effectué son 24e vol depuis le site de lancement 1 de la société dans l’ouest du Texas alors qu’elle transportait 33 charges utiles aux confins de l’espace.
La mission sans équipage a décollé le 19 décembre 2023 à 10 h 42 CST avec la capsule spatiale RSS HG Wells au sommet du booster NS.9. Après la séparation, le booster a atteint une altitude maximale de 347 208 pieds (105 829 m) avant de revenir sur Terre pour un atterrissage motorisé. Pendant ce temps, la capsule a atteint 347 601 pieds (106 941 m) avant d’être parachutée vers un atterrissage sur le sol du désert à 10 h 52 CST pour une durée totale de mission de 10 minutes et 13 secondes.
Le lancement d’aujourd’hui a eu lieu après la panne du New Shepard 23 le 12 septembre 2022, lorsque le moteur principal est tombé en panne une minute et quatre secondes après le début du vol. La fusée s’est inclinée, activant le système d’abandon de la capsule non équipée, ce qui a poussé la capsule à l’écart. Après avoir atteint une altitude de 37 000 pieds (11 278 m), le RSS HG Wells a atterri intact, tandis que le booster a été détruit lors de l’impact avec le sol.
L’incident a donné lieu à une enquête de six mois menée par la FAA, qui a ordonné des modifications du moteur-fusée BE-3PM afin de le rendre moins sensible aux températures élevées.
“Un merci spécial à tous nos clients qui ont effectué des vols scientifiques importants aujourd’hui et aux étudiants qui ont envoyé des cartes postales pour faire progresser notre avenir en matière de vie et de travail dans l’espace au profit de la Terre”, a déclaré Phil Joyce, vice-président principal de New Shepard. “La demande pour les vols New Shepard continue de croître et nous sommes impatients d’augmenter notre cadence de vols en 2024.”
La vidéo ci-dessous récapitule le vol du New Shepard 24.