A Turin, les premiers modules pressurisés de la future station orbitale lunaire "sortent de terre"...
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Dans le Piémont, Thales Alenia Space construit déjà les modules des futures stations orbitales lunaires. Ou quand la réalité rattrape la fiction.
Derrière les bâtiments décrépis de ce gigantesque complexe industriel construit de tôles et de briques, où des zones entières ont été abandonnées à la végétation, les premiers modules des futures stations spatiales lunaires sortent déjà de terre. Car TAS s’est adjugé de beaux morceaux du programme Artemis de la Nasa (lancé en 2017 par Donald Trump), qui signera le retour de l’homme sur l’astre voisin. Une première depuis la dernière mission Apollo (17) en 1972. Artemis aura trois phases : un premier vol test sans équipage, un deuxième avec astronautes à bord du vaisseau spatial Orion et enfin une dernière mission avec alunissage. “A partir de 2024-2025, les astronautes pourront soit décoller pour se poser sur la Lune, soit s’amarrer à la future station spatiale à bord de la capsule Orion pour faire la navette vers la Lune”, résume-t-on chez le groupe franco-italien.
Cette station, baptisée Lunar Gateway, sera comme une petite soeur de l’ISS même si elle sera plus éloignée et n’accueillera pas de vols habités de longue durée (quatre astronautes pour trois mois maximum). Elle sera davantage un port d’attache orbital de la Lune afin d’y mener des expérimentations et, prochainement, d’amorcer le grand voyage vers Mars. A bord de la Gateway, on retrouve donc les principales agences partenaires de l’ISS - la Nasa, bien sûr, mais aussi les agences spatiales européenne (ESA), japonaise (Jaxa) et canadienne (CSA). Et pour le compte de l’ESA, Thales Alenia Space a obtenu le contrat du principal module habitable (I-HAB, 327 millions d’euros) et celui dédié aux communications et au ravitaillement (Esprit, 295 millions d’euros). TAS a aussi été sélectionné par l’américain Northrop Grumman pour fournir la structure du module Habitation And Logistics Outpost (Halo) qui sera rattaché à l’avant-poste habitation et logistique.
A quelques pas de son bureau, sous l’imposante verrière de l’usine, des pièces cylindriques de 3 à 4 mètres de diamètre sont déjà soudées, vérifiées, contrôlées, et ce malgré les vents contraires de l’économie mondiale. “L’aluminium a augmenté de 70% ces derniers mois. Or nos contrats n’ont pas de clauses de variation de prix. Nous prenons ces coûts sur nos marges”, confie Tiziano Pegorin, le directeur de la production. Il faudra environ neuf mois à ses techniciens pour assembler le Meccano géant de Halo. En attendant, pour se projeter, les équipes de Walter Cugno ont monté un appartement témoin grandeur nature au milieu d’une petite salle tapissée d’étoiles. On s’y voit déjà.
A l’intérieur du module I-HAB de la “Lunar Getaway”Et dans un environnement fermé et hostile, l’eau est un enjeu vital. “Sur l’ISS on la réutilise déjà à 98%. Mais pour être autosuffisant, nous testons une centrifugeuse qui filtre et recycle l’urine”, ajoute Thomas Fili en nous tendant deux bouteilles en verre aux étiquettes surprenantes. L’une contient de “l’eau pour Astronautes” avec un drapeau américain, la seconde de “l’eau pour Cosmonautes” avec un drapeau russe. Surprise ! ces véritables pièces de collection de l’ISS n’ont pas vraiment le même goût. “Vous voyez, l’américaine est nettement meilleure que la russe”, s’amuse le jeune homme un brin ironique. Même dans l’espace, les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
Source et plus: https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/a-turin-visite-a-bord-de-la-future-station-spatiale-lunaire_2177259.html