Le Jour de la Marmotte anti-piratage : des arguments recyclés empoisonnent la tristement célèbre étude de marché de l'USTR
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Chaque année, le Bureau du Représentant américain au Commerce (USTR) publie une liste des « marchés notoires » accusés de faciliter la violation du droit d’auteur. Ce rapport, censé sensibiliser et inciter à la lutte contre le piratage, est devenu un exercice répétitif et peu efficace : les mêmes sites (comme The Pirate Bay, 1337x, Rutracker, etc.) y figurent depuis près de vingt ans, sans réel changement.
Depuis une décennie, le processus est marqué par une boucle d’accusations et de réfutations. Des organisations comme la MPA (Motion Picture Association) et la RIAA (Recording Industry Association of America) accusent régulièrement Cloudflare de protéger les sites pirates. Cloudflare rejette ces accusations, affirmant que ses services sont mal interprétés et que ces plaintes sont copiées-collées d’une année sur l’autre. L’entreprise estime que l’USTR est utilisé à tort comme un outil de pression politique pour lui imposer des obligations au-delà du cadre légal.
Des situations similaires concernent d’autres acteurs : la CCIA (Computer & Communications Industry Association), qui défend Google, Meta ou Amazon, critique également cette procédure, jugeant qu’elle ne devrait pas viser des entreprises américaines déjà engagées dans la lutte contre le piratage. Le service de streaming polonais CDA pl fait face au même phénomène : chaque année, il réfute les mêmes accusations recyclées de la MPA.
Au final, ce processus tourne en rond. L’USTR ne tranche pas sur la véracité des accusations ni sur la validité des réfutations. S’il a pu coïncider avec la fermeture de certains sites pirates, son efficacité réelle reste incertaine. Ce cycle d’affrontements met surtout en lumière les limites d’un mécanisme devenu bureaucratique, où accusations et défenses se répètent sans avancée concrète.