[Dossier] La fantasy à la télé: ma grosse épée dans ta petite lucarne !
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Il faut bien l’admettre : avant Game of Thrones , la fantasy était un peu à l’étroit sur le petit écran. Reste que la télévision nous a offert quelques beaux souvenirs en la matière et que la diffusion du Seigneur des Anneaux : les Anneaux de pouvoir (sur Prime) et House of the Dragon (sur OCS) offre le prétexte idéal pour les évoquer dans les grandes largeurs.
S’il est un genre dans lequel la fantasy a largement puisé, c’est bien celui des contes de fées. La preuve avec La Caverne de la rose d’or, tirée d’un conte pour enfants italien mais qu’on peut aisément considérer comme la première série télé déployant un véritable univers de sword and sorcery. Ou plus précisément de fantasy romance, puisqu’il est beaucoup question de tourments amoureux au cours de ces cinq téléfilms en deux parties diffusés entre 1991 et 1996 au moment des fêtes de Noël.
Pas étonnant avec pour héroïne Fantagaro (Alessandra Martines, sortie du Sinbad d’Enzo Castellari), une princesse certes rebelle et intrépide, mais qui tremble d’émotion et brûle de désir dès que le beau guerrier dont elle s’est éprise (Kim Rossi Stuart, Romanzo Criminale) pointe le bout de son glaive. Projet de Mario Bava repris par son fils Lamberto, La Caverne de la rose d’or ne cache pas ses influences, de Legend (il y a des gnomes) à Willow (il y a des nains) en passant par Ladyhawke, la femme de la nuit (il y a… des chevaux), même si on pense plus volontiers au Choix des seigneurs, romance médiévale rutilante de Giacomo Battiato avec la belle et peu farouche Tanya Roberts.
Compte tenu du peu de moyens alloués au réalisateur de Démons, on est donc en plein bis italien, avec tout ce que ça implique de trucages bricolés, d’acteurs à la ramasse (mention à Brigitte Nielsen en méchante reine), de sentiments exaltés jusqu’à l’outrance et de péripéties pas toujours très cohérentes, mais aussi de cette étrange poésie onirique que Lamberto Bava a héritée de son illustre paternel.
Cette poésie donne un charme assez addictif et parfois enivrant à ce spectacle comme surgi d’un autre âge (ou d’un cosplay, c’est selon) qui se permettait en outre un clin d’œil à Mad Max 2, Fantagaro étant armée d’une pierre-boomerang dont elle se sert pour affronter des soldats d’argile ou le beau ténébreux Tarabas (loup-garou à ses heures perdues), montée sur Crin d’or, son cheval qui parle.
Dans le genre fairy tale (mais en moins bis et plus friqué), citons également la minisérie Le 10ème royaume avec Rutger Hauer (où le fils de Blanche-Neige est projeté à notre époque après avoir été transformé… en chien !) et bien sûr la série Once Upon a Time (2011-2018). On n’oubliera pas non plus les contes arabes avec Les mille et une nuits, superbe adaptation de la traduction faite par sir Richard Francis Burton (le héros d’Aux sources du Nil) réalisée en 2000 par Steve Barron avec Jason Scott Lee en Aladdin et Rufus Sewell en Ali Baba, ainsi que Les Aventures de Sinbad (1996-1998), série créée par le scénariste de Troll Ed Naha.
– Le prince des ténèbres Tarabas (Nicholas Rogers) dans La Caverne de la rose d’or, créée par Gianni Romoli et réalisée par Lamberto Bava.Avalon tout cru
Les historiens ont beau s’écharper sur la question depuis des siècles, peu de doutes sont permis quant à l’existence réelle du roi Arthur : sa légende s’est probablement forgée non pas à partir de la vie d’un seul homme mais de plusieurs seigneurs de la guerre celtes et romains que la tradition orale puis écrite a rassemblés en un seul personnage mythologique. Arthur a donc tout à fait sa place dans l’univers de la fantasy, comme le prouvent les éléments magiques dont il est indissociable (l’épée Excalibur, l’enchanteur Merlin, la fée Morgane, le Saint Graal, l’île d’Avalon) et le nombre impressionnant de livres et de films appartenant au genre qui lui sont consacrés.
C’est bien entendu en Angleterre que la télévision s’empare pour la première fois de la légende du roi Arthur en se concentrant sur le plus fameux de ses chevaliers de la Table ronde avec Le Chevalier Lancelot, qui compte 30 épisodes diffusés sur ITV entre 1957 et 1959. Un spectacle familial fort divertissant où le héros, campé par William Russell (qui deviendra vingt ans plus tard l’un des Anciens du conseil de Krypton dans le Superman de Richard Donner), affronte dans le désordre des vassaux félons, des Vikings, Patrick McGoohan, des pirates, des fantômes, des voleurs, des sorcières et un monstre qui se révèle finalement être un drakkar.
Lancelot y est le plus souvent dépeint comme une espèce de Ethan Hunt médiéval à qui Arthur confie des missions au cours desquelles il est souvent assisté par le geek de l’époque, à savoir Merlin.
Il faut attendre 1972 pour que ITV remette le couvert avec Arthur, roi des Celtes : années 70 obligent, Arthur (Oliver Tobias, vu dans Le Trésor de la montagne sacrée avec Christopher Lee) est attifé comme une rock star à la Mick Jagger, mais la série adopte un angle « réaliste » où Merlin, Lancelot et Guenièvre ne sont même pas mentionnés, préférant mettre l’accent sur des intrigues politiques ponctuées. Qu’on se rassure, celles-ci sont fréquemment ponctuées d’escarmouches auxquelles le thème musical très western d’Elmer Bernstein tente de donner un peu d’ampleur.
La BBC contre-attaque en 1979 avec le serial The Legend of King Arthur, qui revient aux sources du mythe mais lorgne méchamment vers le théâtre filmé, l’intérêt de la chose se limitant à la présence de Patsy Kensit dans le rôle de Morgane enfant.
Magnifié au cinéma par John Boorman en 1981 avec Excalibur, Arthur revient sur le petit écran quatre ans plus tard sous les traits de Malcolm McDowell en roue libre dans le nanardesque L’Épée du sorcier de Clive Donner, qui n’a pas grand-chose à envier à Monty Python : Sacré Graal ! en termes de gags, à ceci près qu’ici ils ne sont pas volontaires. Le reste du casting est à l’avenant : Rupert Everett en Lancelot pas très viril, Candice Bergen en Morgane affublée d’une atroce perruque rouge, Liam Neeson en guerrier picte arriéré… Pas étonnant que le film, tourné en 1982, soit resté trois ans dans les tiroirs avant d’échouer sur CBS aux USA et dans les vidéoclubs pour le reste du monde.
De quoi enterrer Arthur pendant un bon bout de temps puisqu’il faut attendre le milieu des années 90 pour que soit produit Guenièvre, l’autre légende, version féministe et gentiment neuneu du mythe qui capitalise sur un casting recruté dans les séries à succès de l’époque avec Noah Wyle d’Urgences en Lancelot, Sean Patrick Flanery des Aventures du jeune Indiana Jones en Arthur et Sheryl Lee, la Laura Palmer de Twin Peaks dans le rôle-titre.
– Le cruel Vortigern (Rutger Hauer) dans le téléfilm Merlin de Steve Barron (1998).Le modeste succès commercial de Lancelot : le premier chevalier au cinéma en 1995 maintient la légende en vie jusqu’à ce qu’elle renaisse à la télévision en 1998 avec la minisérie de trois heures Merlin réalisée par Steve Barron et produite par Robert Halmi pour Hallmark la même année que sa formidable adaptation de Moby Dick.
Une pure merveille, racontée du point de vue de Merlin (Sam Neill, parfait) et donc très orientée sur l’aspect fantasy de la légende, Helena Bonham Carter composant une mémorable Morgane au sein d’un casting de prestige allant de Rutger Hauer à Isabella Rossellini en passant par Miranda Richardson, Martin Short et Lena Headey, future Cersei Lannister de Game of Thrones, dans la robe de Guenièvre. Porté par un score majestueux signé Trevor Jones, Merlin représente ce qui se fait de mieux en matière de télévision ambitieuse, la présence au générique du scénariste Edward Khmara (Ladyhawke) n’étant sans doute pas étrangère à une telle réussite.
Tirée du best-seller de Marion Zimmer Bradley Les Dames du lac et produit dans un format identique par Turner et les Allemands de Constantin Films trois ans plus tard, Les Brumes d’Avalon recrute le cinéaste Uli Edel (Moi, Christiane F.) et le génial chef-op’ Vilmos Zsigmond (La Porte du paradis) pour un résultat tout aussi recommandable. La légende y est racontée du point de vue de ses héroïnes les plus influentes (Viviane, Morgane, Morgause), tandis que l’amitié entre Arthur et Lancelot revêt des atours pour le moins ambigus et que Guenièvre a bien du mal à trouver sa place.
Très influencée par Excalibur, cette version aurait pu donner suite à des adaptations des autres volumes du Cycle d’Avalon de Bradley, mais il n’en sera rien, les accusations de pédophilie portées contre Bradley par sa propre fille n’ayant pas aidé à motiver d’éventuels projets.
C’est en 2008 que BBC One lance Merlin, dont les cinq saisons remportent l’adhésion du jeune public. C’est en effet à lui qu’elle est destinée : inspirée de Smallville, la série raconte l’adolescence de Merlin (Colin Morgan, Belfast) et Arthur (Bradley James, futur antéchrist de la série Damien) avant que celui-ci ne devienne roi, Merlin étant forcé de dissimuler ses pouvoirs à son entourage, Uther Pendragon ayant banni la magie de Camelot. Nul besoin d’avoir 15 ans pour apprécier ces aventures fort bien menées qui prennent pas mal de libertés avec le mythe mais n’en trahissent jamais l’essence.
– Le roi Arthur (Jamie Campbell Bower) en vient aux mains avec son champion Leontes (Philip Winchester) dans Camelot de Chris Chibnall et Michael Hirst.Beaucoup plus adulte et produit par le créateur des Tudors pour Starz, Camelot (2011) n’ira pas au-delà d’une saison et c’est bien dommage tant le show se distingue par une noirceur très dark fantasy qui donne la part belle à un Merlin beaucoup moins sympathique qu’à l’accoutumée (Joseph Fiennes s’en donne à cœur joie) et à Morgane, sublimement interprétée par une Eva Green peu avare de ses charmes et qui donne un portrait à la fois terrifiant et émouvant de la magicienne, consumée par la haine qu’elle porte à son frère Arthur (Jamie Campbell Bower, Stranger Things).
La série se termine sur une scène montrant Morgane, qui a pris l’apparence de Guenièvre aux yeux d’Arthur, s’accouplant avec lui pour porter son enfant, les épisodes étant par ailleurs ponctués de nombreux meurtres et viols : on l’aura compris, Camelot annonce clairement l’approche transgressive, la violence graphique et les intrigues de cour chères à Game of Thrones.
Si on passe outre Kaamelott, dont il faut bien reconnaître que l’humour parodique n’a pas très bien vieilli, la dernière production télévisée arthurienne en date est due à Netflix avec Cursed : la rebelle, adaptée du comic-book de Frank Miller. Annulée au terme de sa première saison, la série s’intéresse à Nimue (Katherine Langford, 13 Reasons Why), qui devient ici la future Dame du Lac dans une relecture post-#metoo de la légende (la tagline « Et si le roi avait été une reine ? » résume assez bien la chose à condition de ne pas y voir un double sens queer) où Arthur est un sidekick mercenaire et Lancelot un moine guerrier sanguinaire.
De la pure fantasy avec démons et sorcières, mais le résultat est nettement plus light que l’ouvrage de Miller.
Du muscle et des épées
Conan le barbare a beau triompher au box-office lors de sa sortie en 1982 et marquer de son empreinte bon nombre de films d’heroic fantasy dans les années qui suivent, le petit écran tarde à jouer des muscles, se contentant en 1983 de produire Wizards and Warriors l’espace d’une seule et unique saison de huit épisodes en mode sword and sorcery humoristique, ne serait-ce que par les coupes de cheveux furieusement eighties de ses héros.
– Le surfeur chrétien Kevin Sorbo incarne le fils de Zeus dans la série Hercule, produite par Sam Raimi et Robert Tapert.Passée la série animée Conan l’aventurier en 1992, rien ne bouge avant que Hercule ne vienne remettre les pendules à l’heure, avec le surfeur chrétien Kevin Sorbo (Kull le conquérant) dans le rôle du fils de Zeus.
Produite par le tandem d’Evil Dead Sam Raimi/Robert Tapert, cette série particulièrement divertissante n’est cependant pas aussi réjouissante que son spin-off Xena, la guerrière qui, en plus de ses qualités formelles, de ses péripéties bondissantes et du charme de Lucy Lawless, marque une nette évolution dans la représentation LGBT à la télévision puisqu’il est fortement suggéré que son héroïne est lesbienne : personne n’a oublié le couple formé par Xena et Gabrielle (Renée O’Connor), la petite fermière devenue fière amazone.
Cumulées, les deux séries ne comptent pas moins de 245 épisodes et cinq téléfilms pilotes étalés sur six ans, sans compter un deuxième spin-off intitulé Hercule contre Arès (Young Hercules en VO) racontant l’adolescence du héros incarné mollement par un jeune débutant nommé Ryan Gosling (comme quoi il avait déjà à cœur de forger son style de jeu).
Les années n’ont eu guère de prise sur Hercule et Xena : tournées en décors naturels en Nouvelle-Zélande, elles enfoncent gentiment le téléfilm Jason et les Argonautes (avec la mutante Natasha Henstridge en reine de Lemnos) et la minisérie L’Odyssée produite par Francis Ford Coppola, qui ne vaut guère que pour son casting royal (Armand Assante en Ulysse et Greta Scacchi en Pénélope, mais aussi Eric Roberts, Christopher Lee, Jeroen Krabbé, Nicholas Clay, Isabella Rossellini…) et les effets spéciaux de Jim Dark Crystal Henson.
Le Cimmérien de Robert E. Howard ressuscite en 1997 l’espace d’une saison dans la série Conan, qui réussit l’exploit d’être encore plus infâme que le remake de Marcus Nispel, l’Allemand Ralf Moeller (aperçu dans Gladiator) ne possédant par ailleurs en rien le charisme animal de Jason Momoa.
–Xena, la guerrière, spin-off d’Hercule, a encore davantage marqué les esprits, notamment grâce au charisme de Lucy Lawless.À la limite, mieux vaut se rabattre sur les trois saisons produites entre 1999 et 2002 de BeastMaster, le dernier des survivants, inspirée du film Dar l’invincible, où Daniel Goddard des Feux de l’amour reprend le rôle du guerrier-torse-nu-imberbe-qui-parle-aux-animaux tenu par Marc Singer dix-sept ans plus tôt. Fauchée mais amusante, la série vaut mieux que les suites cinématographiques du petit classique de Don Coscarelli.
Enfin, puisqu’il est ici question de manier l’épée, difficile de ne pas citer la série franco-canadienne Highlander (1992-1998) inspirée du film de Russell Mulcahy. Adoubé par Christophe Lambert dans le pilote (qu’il retrouvera au cinéma dans Highlander: Endgame, quatrième opus de la saga), Adrian Paul et son catogan incarne Duncan MacLeod, cousin de Connor et immortel comme lui.
L’occasion pour ce beau mâle aux talents d’acteur aléatoires de vivre de nombreuses aventures de nos jours et au fil des siècles qu’il a traversés (les flashes-back sont légion). Partageant son secret avec le trio de choc formé par son amante Tessa, le jeune chien fou as de la cambriole qui lui sert de sidekick et son « chroniqueur » Joe Dawson, un ancien marine privé de l’usage de ses jambes et chargé par une société secrète de surveiller les immortels.
Bien plus captivante que les suites du film original, la série s’étalera sur une centaine d’épisodes au cours desquels MacLeod croisera bien sûr d’autres immortels, des sorcières, des démons mais aussi Franck Dubosc en chevalier du Moyen Âge, des rottweilers enragés, Tomer Sisley, Joan Jett en fille de joie et Marion Cotillard qui, pour sa première apparition à l’écran, donne dans le rape and revenge puisqu’elle se fait violer par son méchant fiancé avant de le tuer à la fin de l’épisode.
Highlander aura même droit à un spin-off féminin le temps d’une saison avec L’Immortelle, qui met en vedette Amanda (Elizabeth Gracen, vue avec Steven Seagal dans Désigné pour mourir), un personnage apparu aux côtés de Duncan MacLeod, mais dont les exploits en mode polar buddy movie font pâle figure comparés à ceux du bel Écossais.
– Brunhild (Kristanna Loken) se venge du sournois Hagen (Julian Sands) dans L’Anneau sacré.Machine de guerre
Triomphe planétaire du début des années 2000, la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson est tellement gigantesque d’un point de vue esthétique que la télé n’a pas les moyens de se mesurer à une telle ampleur visuelle. Les premiers à s’y risquer sont les Allemands qui, malins, profitent de l’effet Lord of the Rings mais esquivent la comparaison en puisant dans leur propre culture – et donc dans la mythologie dont s’est largement inspiré Tolkien. Ce sera L’Anneau sacré (2004) qui raconte la légende de Siegfried terrassant le dragon tirée de l’épopée des Nibelungen popularisée par l’opéra de Wagner L’Or du Rhin, le tout mélangé à un peu de folklore scandinave.
Uli Edel reprend du service, Robert Pattinson y fait ses débuts et Kristanna Loken se venge de l’atroce série Mortal Kombat en jouant la walkyrie Brunhild, la bien-aimée de Siegfried. Tourné en Afrique du Sud pour 23 millions de dollars, ce chouette téléfilm de trois heures ne possède certes pas le souffle nécessaire pour étancher la soif des fans du Seigneur des Anneaux mais sait faire preuve d’ambition et de lyrisme, même s’il ressemble parfois à une version de luxe de La Caverne de la rose d’or.
Cinq ans plus tard, Tapert et Raimi rempilent pour Legend of the Seeker: l’épée de vérité, tirée de la saga littéraire de Terry Goodkind. Son héros, un jeune garde forestier, découvre qu’une prophétie le désigne comme celui qui libérera le pays du joug d’un tyran, quête qu’il accomplit aux côtés d’une belle sorcière et d’un vieux magicien. Sur le papier, c’est classique mais prometteur. À l’écran, c’est une autre affaire puisqu’on est loin de la noirceur parfois SM du texte original. Le public ne suit pas et la série ne dépassera pas le stade de sa deuxième saison alors que la saga s’étend sur douze tomes.
– Le Roi de la nuit (Vladimír Furdík) à l’assaut de Winterfell dans la saison 8 de Game of Thrones.Passé cet échec, personne d’autre n’ose entrer dans la danse à tel point que le sort de la high fantasy télévisée semble définitivement réglé jusqu’à ce que Game of Thrones vienne changer la donne en 2001 et pour les huit ans qui suivent.
Inutile de s’attarder sur cet authentique monument de dark fantasy plus inspiré des Rois maudits que de Tolkien puisque nous lui avons consacré un numéro hors-série il y a trois ans, si ce n’est pour dire que la série a placé la barre tellement haut qu’il sera bien difficile de l’égaler, sans parler de la surpasser. Toujours est-il que son incroyable succès, qui dépasse de loin le cercle des amateurs du genre, pousse plusieurs chaînes à se lancer dans la bataille avec des adaptations d’autres best-sellers de la fantasy.
Alfred Gough et Miles Millar, les créateurs de Smallville, se chargent ainsi des Chroniques de Shannara d’après Terry Brooks, sorte de post-apo elfique plus destiné aux fans de Harry Potter que de GOT. Amazon produit La Roue du temps d’après Robert Jordan avec Rosamund Pike dans le rôle principal, celui d’une puissante magicienne évoquant les Bene Gesserit de Dune qui livre un combat contre les forces des ténèbres menaçant d’anéantir le monde et qui doit identifier l’élu censé être la réincarnation d’un héros fabuleux.
Forcément moins complexe que les romans, ce qui n’est pas plus mal, la série donne une idée assez précise de ce à quoi devrait ressembler Le Seigneur des Anneaux : les Anneaux de pouvoir, à savoir une histoire bien racontée et des personnages bien campés malheureusement noyés dans un déluge d’effets numériques.
– Geralt de Riv (Henry Cavill) s’apprête à combattre la bruxa Vereena (Agnes Born) dans la deuxième saison de The Witcher.La Roue du temps est en tout cas plus stimulante que les incursions faites par Netflix dans la fantasy avec Dark Crystal : le temps de la résistance, préquelle du chef-d’œuvre de Jim Henson qui peine à retrouver la beauté plastique et la puissance poétique de l’original, et The Witcher, dans laquelle on a bien du mal à rentrer si on n’a pas lu les romans Le Sorceleur d’Andrzej Sapkowski ou pratiqué le jeu vidéo qui s’en inspire. Reste le charisme de Henry Cavill dans la peau de Geralt de Riv, protecteur de la princesse Ciri dans un univers médiéval où il ne se prive pas de dégainer son épée à la moindre occasion face à de multiples menaces surnaturelles.
Aussi imparfaite soit-elle, la série, qui n’en est qu’à sa deuxième saison, fait cependant preuve d’une certaine exigence et s’améliore nettement au fil des épisodes. L’avenir de la fantasy télévisée semble donc plutôt bien engagé, et c’est sans doute sous le format d’une série que Conan finira un jour par renaître de ses cendres.
Cédric DELELÉE
Mad Movies #363 -
@Violence a dit dans [Dossier] La fantasy à la télé: ma grosse épée dans ta petite lucarne ! :
Bien plus captivante que les suites du film original, la série s’étalera sur une centaine d’épisodes au cours desquels MacLeod croisera bien sûr d’autres immortels, des sorcières, des démons mais aussi Franck Dubosc en chevalier du Moyen Âge, des rottweilers enragés, Tomer Sisley, Joan Jett en fille de joie et Marion Cotillard qui, pour sa première apparition à l’écran, donne dans le rape and revenge puisqu’elle se fait violer par son méchant fiancé avant de le tuer à la fin de l’épisode.
Ah tiens je l’ai trouvée