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    Doit-on attribuer une personnalité juridique aux animaux, fondée sur une meilleure reconnaissance de leur sensibilité et de leur intelligence ? Découvrez les avancées du droit animal dans le dernier volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science)

    À mesure que les chercheurs découvrent la richesse de l’existence animale – les animaux peuvent tisser des relations sociales complexes, sont capables d’innovation, éprouvent de la souffrance, font preuve d’empathie… – il est un domaine qui ne peut ignorer ces avancées : le droit. Avec une question, lancinante : jusqu’à quel point l’animal peut-il être un sujet de droit ? En France, les premières protections accordées à l’animal remontent au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle – il s’agissait alors de condamner les mauvais traitements infligés en public aux animaux, chevaux notamment, une disposition qui visait autant à prévenir les comportements violents et à protéger la morale publique que l’animal lui-même. Mais les animaux domestiques ou captifs ne sont formellement reconnus par le droit comme des êtres vivants doués de sensibilité que depuis une petite cinquantaine d’années seulement.

    Ni personne ni bien

    La loi fondatrice de 1976 sur la protection de la nature dispose ainsi à travers son fameux article L. 214-1 que « l’animal est un être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Cette évolution du Code rural a été complétée par de nombreux ajouts issus de la réglementation européenne, qui précisent les conditions d’abattage, de transport ou encore d’élevage des animaux : depuis 1994, il n’est par exemple plus possible d’élever les veaux de boucherie dans la pénombre et muselés, comme cela se pratiquait pour garantir une viande plus blanche.

    En France, les animaux domestiques ou captifs ne sont formellement reconnus par le droit comme des êtres vivants doués de sensibilité que depuis la loi de 1976 sur la protection de la nature et son article L. 214-1.

    Depuis 2015, c’est le Code civil lui-même, le « père de tous les codes » né à l’époque napoléonienne, qui, dans son article 515-14, reconnaît les animaux comme des êtres sensibles. « C’est une avancée, dans la mesure où le Code civil ne faisait jusque-là aucune mention de l’animal en tant que tel, précise Léa Mourey, avocate et enseignante en droit animal à l’université de Strasbourg. Il ne distingue en effet que deux catégories, les personnes et les biens, c’est-à-dire les choses appropriées. » Pour autant, le texte précise presque aussitôt que « sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens ». « C’est toute l’ambiguïté du Code civil, qui ne qualifie plus l’animal de “bien” mais d’“être vivant”, tout en continuant à l’affilier au régime des biens », relève Léa Mourey.


    Plusieurs textes juridiques précisent les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux.

    « On se retrouve face à une fiction juridique difficile à interpréter, cette phrase paraissant dire une chose puis son contraire », regrette la juriste Muriel Falaise, maîtresse de conférences en droit privé à l’université Jean Moulin de Lyon. Certains professionnels du droit dénoncent en ce sens un simple toilettage sans réelles conséquences dans l’enceinte des tribunaux. « On a beaucoup parlé de réforme symbolique, poursuit Léa Mourey. Mais l’article 515-14 est encore récent et il n’est pas impossible que des juges s’en saisissent dans le futur et en fassent une interprétation plus audacieuse qui fera évoluer la jurisprudence. »

    Les petits pas de la jurisprudence

    Bien qu’encore peu nombreuses, des décisions commencent d’ailleurs à être prises par la justice, qui rappellent que l’animal est un être vivant sensible. En 2018, lors d’une affaire opposant deux personnes qui revendiquaient la propriété d’un chien, la cour d’appel de Poitiers a ainsi considéré qu’il fallait prendre en compte les garanties apportées par chacune quant aux conditions de vie de l’animal et s’appuyait pour cela sur le fameux article L. 214-1 du Code rural. De même, à la suite d’une affaire jugée en 2015, il n’est plus possible pour un élevage d’animaux de compagnie de proposer à un acheteur le remplacement d’un animal qui aurait déclaré de graves problèmes de santé, comme s’il s’agissait d’un produit de consommation. Désormais, le Code de la consommation n’autorise plus que le dédommagement financier de l’acquéreur lésé, au motif que l’animal n’est pas un bien de consommation comme un autre et que des liens se sont tissés entre le propriétaire et son animal.


    La jurisprudence enrichit petit à petit le droit animal en France. En 2018, lors d’une affaire opposant deux personnes qui revendiquaient la propriété d’un chien, la cour d’appel de Poitiers a considéré qu’il fallait prendre en compte les garanties apportées par chacune quant aux conditions de vie de l’animal.

    Si la protection juridique de l’animal continue de se renforcer petit à petit dans l’Hexagone – c’est le cas de la dernière loi sur la lutte contre la maltraitance animale de novembre 2021, qui renforce notamment les sanctions contre la maltraitance des animaux domestiques et assimilés et organise la disparition progressive des animaux sauvages dans les cirques et les spectacles animaliers –, un grand nombre d’incohérences et d’angles morts subsistent.

    La notion de « propriété » évoquée par l’article L. 214-1 exclut de facto les animaux sauvages libres, qui ne relèvent d’aucune protection particulière : en 2023, arracher les ailes d’une mouche est un jeu d’enfant, sadique mais légal, et aucune loi n’interdit formellement d’infliger des souffrances à un renard ou à une corneille. « À une nuance près, corrige Muriel Falaise. Car à partir du moment où vous attrapez une bête sauvage, un juge peut considérer que vous en devenez propriétaire ; dès lors, il peut lui faire bénéficier des mêmes règles que celles applicables aux animaux captifs ou domestiques. » Pour autant, rien ne l’y oblige et les sanctions restent rares. À l’inverse, un animal d’élevage qui se retrouve lâché en pleine nature perd toutes ses protections. « Un faisan vivant en enclos est considéré comme doué de sensibilité, mais il perd cette qualité dès qu’il est libéré et passe de l’autre côté de la barrière », donne en exemple Muriel Falaise.

    S’inspirer du statut des personnes faibles

    Si l’on veut mieux protéger l’animal, reconnaître un statut de protection à l’animal sauvage en liberté est un préalable indispensable pour Léa Mourey. Mais comment faire pour dépasser la distinction entre « personnes » et « biens », qui semble aujourd’hui entraver tout nouveau progrès du droit animal ? Ni personne, ni bien, l’animal se retrouve en effet dans un entre-deux qui l’empêche d’être considéré comme un sujet de droit à part entière. Le vocabulaire du droit est souvent une source d’incompréhension dans le débat public, rappelle Sonia Desmoulin, chercheuse au laboratoire Droit et changement social1. Dans le langage courant, les mots « personne » ou « personnalité » semblent tracer un signe d’égalité entre les humains et les autres animaux. À l’inverse, dire que ces derniers sont des « biens » donne l’impression de les assimiler à des objets inertes. Mais en réalité, les concepts juridiques n’ont pas le même sens. « En schématisant, les “personnes” désignent les acteurs du système juridique, autrement dit toutes entités susceptibles de se disputer entre elles à propos de quelque chose. Les choses ou les “biens” sont, elles, ce qui peut faire l’objet d’une telle dispute. Cela concerne notamment tout ce dont on peut avoir la propriété. »

    En droit, une « personne » n’est donc pas forcément un humain, ni même un être doué de sensibilité. « Des entreprises ou des associations bénéficient par exemple du statut de “personne morale” », rappelle la chercheuse. Rien n’empêcherait donc en théorie de reconnaître une personnalité juridique à l’animal. C’est précisément cet argument que font valoir les juristes à l’origine de la Déclaration de Toulon de mars 2019, proclamée à l’issue d’un colloque consacré au droit animal. Cette déclaration, qui se veut à vocation nationale et internationale, vise la mise en place, au niveau légal, d’une nouvelle catégorie de personnes, celle des « personnes physiques non humaines » qui obtiendront des droits différents de ceux des personnes physiques humaines.

    Si des entités juridiques fictives, comme des entreprises, sont des sujets de droit, pour quelle raison ceux qui sont en vie et qui sont des êtres sensibles ne devraient pas l’être ?

    « Certains objectent que les droits sont toujours assortis de devoirs, et que c’est ce qui empêche d’attribuer une personnalité juridique aux animaux, explique Léa Mourey. Mais les humains les plus faibles, certains adultes sous tutelle, ou encore les très jeunes enfants, se voient reconnaître les mêmes droits que l’ensemble des êtres humains sans être en mesure d’observer des devoirs en retour, comme le rappelait dès les années 1970 le philosophe australien Peter Singer. On pourrait donc s’inspirer de leur statut particulier. »

    D’autant que l’idée de « personnalité juridique animale » vise d’abord à octroyer des droits fondamentaux, comme le rappelle Sonia Desmoulin : ne pas souffrir inutilement, voir ses besoins vitaux respectés, avoir la possibilité d’être représenté en justice… « Des textes et des décisions de justice existent en ce sens dans d’autres pays, comme l’Équateur, la Colombie, l’Inde ou la Nouvelle-Zélande par exemple », indique la chercheuse.

    En Amérique du Sud, l’Habeas corpus invoqué

    En novembre 2016, le tribunal de Mendoza, en Argentine, a reconnu une femelle chimpanzé comme personnalité juridique physique pouvant bénéficier de l’Habeas corpus qui garantit que nul ne peut être emprisonné sans jugement – une première mondiale. La juge en charge de l’affaire a donc ordonné la libération du chimpanzé Cécilia, dont les conditions de détention dans une cage du zoo de Mendoza ont été considérées comme déplorables ; libérée, cette dernière a rejoint un sanctuaire pour grands primates. Lors de cette affaire, la magistrate s’est interrogée : « Si des entités juridiques fictives, comme des entreprises, sont des sujets de droit, pour quelle raison ceux qui sont en vie et qui sont des êtres sensibles ne devraient pas l’être ? » et en a appelé au législateur pour faire évoluer la loi.


    En Argentine, le chimpanzé Cecilia, maltraitée dans un zoo, a été libérée par la justice et a pu rejoindre un sanctuaire pour animaux.

    En juillet 2017, c’était au tour de la Cour suprême de justice de Colombie de statuer sur la libération d’un ours à lunettes détenu dans un zoo de Bogota et de lui accorder le droit à la liberté, en l’occurrence celui de revenir vivre dans les montagnes de la réserve où il avait passé les dix-huit premières années de sa vie. « Ce type de décisions reste difficile à mettre en place au niveau des cultures juridiques occidentales, remarque Sonia Desmoulin, car cela suppose de trouver de nouveaux équilibres (entre droits fondamentaux et personnalité juridique) et de créer des hiérarchies entre les différents types de sujets de droit. C’est un très gros chantier, mais qui n’est en rien impossible. » Reste à savoir qui, du législateur ou du juge judiciaire, osera s’en emparer le premier. ♦

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    Source : lejournal.cnrs.fr

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    Groupe d’oies cendrées volant au dessus du viaduc de Millau, Vallée du Tarn, Aveyron. C’est la combinaison de plusieurs systèmes de navigation qui permet aux animaux tels les oiseaux migrateurs d’effectuer de longs trajets sans se perdre.

    Compas céleste, chronomètre interne et mémoire exceptionnelle permettent aux animaux de se projeter aussi bien dans le passé que dans le futur pour prendre des décisions. Quatrième volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science)

    Imaginez un être de quelques millimètres de long à peine, capable de parcourir plusieurs centaines de mètres pour trouver de la nourriture et de revenir sans se perdre à son point de départ, chargé du précieux butin. Cet exploit, des milliards de fourmis l’accomplissent chaque jour partout sur la planète. Et malgré la petite taille de ces insectes, il n’est pas resté longtemps inaperçu des naturalistes… « Au XIX<sup>e</sup> siècle déjà, Darwin s’émerveillait de la façon dont les insectes sociaux, abeilles, fourmis, arrivaient à retrouver leur nid et, dès les années 1880, les scientifiques comme le Français Jean-Henri Fabre se sont employés à déplacer des fourmis et n’ont pu que confirmer leur incroyable sens de la navigation », rappelle Antoine Wystrach, éthologue au Centre de recherches sur la cognition animale1 à Toulouse. La question, dès lors, n’a cessé de se poser : mais comment font-elles ?

    Etude des capacités de navigation des fourmis au Centre de recherches sur la cognition animale. Au XIXe siècle déjà, Darwin s’émerveillait de la façon dont les insectes sociaux arrivaient à retrouver leur nid.

    L’exemple des fourmis d’Australie étudiées par l’éthologue donne un bon aperçu de leurs incroyables compétences. « Sur le terrain, il arrive que le vent souffle fort et que des bourrasques projettent les fourmis à plus de dix mètres sans jamais réussir à les perdre, puisqu’elles retrouvent systématiquement leur nid ! » témoigne le chercheur, qui a décidé de reproduire l’expérience avec un souffleur de feuilles, afin de mieux comprendre les stratégies à l’œuvre. Il a alors observé un drôle de comportement : juste avant d’être soufflées, les fourmis s’accrochent au sol avec leurs pattes et semblent lire leur orientation dans le ciel. « Leurs antennes permettent de détecter la direction du vent par rapport à leur corps – est-ce qu’il vient de leur gauche, de leur droite, de derrière…, explique l’éthologue_. Combinée à la lecture du ciel, cette information leur permet d’en déduire d’où souffle le vent par rapport à celui-ci._ » La preuve par l’expérience : lorsque les chercheurs bloquent leur accès au ciel au moment où elles s’arc-boutent au sol, les fourmis sont dans l’incapacité de retrouver leur chemin.

    La fourmi, le podomètre interne et le compas céleste

    La navigation chez tous les animaux, grands ou petits, combine en réalité deux stratégies universelles : l’intégration du trajet, qui permet à l’animal d’avoir une première estimation de la distance parcourue et de la direction prise, et l’utilisation de repères terrestres mémorisés. « Les fourmis du désert sont les championnes du monde d’intégration du trajet, raconte Antoine Wystrach_. Elles estiment la distance parcourue au nombre de pas qu’elles font – on parle de podomètre interne, car si on les équipe de petites échasses à l’aller et pas au retour, cela brouille leur estimation ! –, et évaluent la direction grâce au compas céleste : la position du Soleil dans le ciel, la polarisation de la lumière (que l’œil humain ne perçoit pas), la variation d’intensité de la lumière dans le ciel, mais aussi le changement subtil de couleurs (plus vert côté soleil, plus ultraviolet de l’autre côté)… sont autant d’indices qui font de ce compas céleste un instrument très fiable_. » Avantage de l’intégration du trajet : cette technique fonctionne dès la toute première sortie du nid. Inconvénient : utilisée seule, elle ne permet pas à la fourmi de retrouver son chemin si elle est déplacée à vingt mètres de son nid.

    C’est là qu’intervient la seconde stratégie : celle des repères terrestres. On ne parle pas ici de mémoriser telle branche ou tel caillou, croisés en chemin… Ce sont en effet des scènes visuelles complètes que les fourmis « impriment » tout au long du parcours. Leur vue à très basse résolution et leur champ visuel à 300 degrés leur permettent d’embrasser toute une scène en un seul coup d’œil, sans détails superflus, et donnent une signature spécifique à chaque endroit traversé.

    « En réalité, ces différentes techniques de navigation sont plus ou moins sollicitées suivant les espèces, explique Antoine Wystrach. Celles du désert feront plus confiance à l’intégration du trajet, tandis que les espèces qui vivent en forêt feront davantage appel aux repères terrestres. Mais c’est bien la redondance des systèmes utilisés qui permet à toutes d’effectuer des trajets de plus en plus précis et de revenir en ligne droite au nid, une fois la nourriture trouvée. » Il n’y a rien de mécanique dans ces comportements : on voit durant la phase de développement des jeunes fourmis leurs compétences en navigation se renforcer à mesure que les jours passent, preuve que l’apprentissage et l’expérience sont primordiaux pour le développement de ces capacités cognitives.


    Les fourmis “enregistrent” des scènes visuelles complètes tout au long du parcours, ce qui leur permet de rebrousser chemin sans se perdre.

    La carte mentale du chimpanzé

    Plus proches de nous génétiquement, nos cousins chimpanzés ont révélé très récemment des qualités de navigation qui dépassent pourtant de loin les aptitudes des humains ordinaires : ils utilisent pour s’orienter une véritable carte spatiale mentale. À l’origine de cette découverte, Christophe Boesch, primatologue, directeur émérite à l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig, en Allemagne, travaille depuis plus de quarante ans au cœur du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire. « C’est un environnement de forêt tropicale humide extrêmement dense, dont la canopée se situe à environ une trentaine de mètres de hauteur. De celle-ci, émergent de grands arbres d’une cinquantaine de mètres de haut, tandis que de plus petits se développent plus bas. Sans boussole, un humain qui décide de s’y aventurer se perd dans les 20 premiers mètres. Mais les chimpanzés, eux, évoluent avec aisance sur des territoires de 25 à 30 kilomètres carrés. »

    Pour comprendre comment ces primates arrivent à s’orienter dans un milieu aussi complexe, une seule solution : se munir de GPS et les suivre dans la forêt dense, afin de cartographier leurs moindres déplacements. Mais pour cela, le chercheur a dû s’armer de patience. À la différence des études menées en captivité, de loin les plus nombreuses chez les primates, étudier les capacités cognitives des grands singes en milieu naturel demande du temps, beaucoup de temps : il faut près de cinq ans pour qu’un groupe de chimpanzés s’habitue à une présence humaine…


    Pour trouver les fruits juteux et sucrés qu’il affectionne, le chimpanzé est capable de parcourir chaque jour une distance de 5 à 10 kilomètres dans la forêt dense.

    Pour trouver sa nourriture favorite, les fruits juteux et sucrés qui poussent surtout sur les grands arbres émergents, les plus rares dans la forêt, le chimpanzé est capable de parcourir chaque jour une distance de 5 à 10 kilomètres dans la forêt humide. « Nous avons fait une carte complète de tous les arbres de la forêt où les chimpanzés vont manger, ce qui représente près de 15 000 végétaux. Puis nous avons retracé tous les trajets des chimpanzés sur ce territoire durant cinq années. Cela nous a permis de voir s’ils allaient au hasard lorsqu’ils quittaient leur nid, ou s’ils avaient un but précis. »

    La notion du temps qui passe

    Résultat : non seulement les singes vont en ligne droite d’un arbre à l’autre, en cheminant au sol, mais ils accélèrent à l’approche de leur destination. Comme s’ils avaient une carte mentale précise de la position des arbres qui les intéressent, mais aussi des distances entre ceux-ci. Autre motif d’étonnement : ils se souviennent de la production de fruits d’un arbre et y reviennent la saison suivante au moment de la fructification. « En forêt tropicale, la fructification des arbres peut être très erratique, complète Christophe Boesch. Certaines espèces produisent des fruits tous les ans, d’autres tous les quatre à cinq ans. Quand les chimpanzés inspectent la forêt et qu’ils repèrent un arbre “ irrégulier” en train de fructifier, ils vont inspecter tous les individus de la même espèce. » Preuve que ces primates ont de solides connaissances botaniques en plus de leurs capacités de navigation, puisqu’ils savent différencier les espèces d’arbres et connaissent leurs cycles. Preuve, aussi, qu’ils ont la notion du temps qui passe et sont capables de se souvenir des événements du passé pour prendre des décisions dans le présent.

    Cette mémoire des événements, dite « mémoire épisodique » (que s’est-il passé, où, quand ?), les humains, qui s’en croyaient les seuls détenteurs, l’ont longtemps refusée aux animaux. Mais comme de nombreux autres supposés « propres de l’homme », force est de constater qu’elle est bien présente dans le monde animal, comme le raconte l’éthologue Christelle Jozet-Alves, au laboratoire d’Éthologie humaine et animale2 à Caen. « Depuis le début des années 1970 et les études menées chez l’humain après des traumatismes cérébraux, on fait la distinction entre deux types de mémoire, explique la chercheuse. La mémoire sémantique, qui est la mémoire factuelle de toutes les connaissances que nous avons sur le monde qui nous entoure, et la mémoire dite “épisodique”, qui est la mémoire des événements personnellement vécus et ancrés dans un contexte spatio-temporel. C’est cette mémoire épisodique qui est par exemple défaillante chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. »


    Le geai buissonnier a pour habitude de cacher sa nourriture dans une centaine de cachettes différentes et de la récupérer parfois jusqu’à une année plus tard.

    Faute de pouvoir interroger les animaux pour savoir s’ils avaient des souvenirs, on s’était imaginé que ceux-ci en étaient dépourvus… Jusqu’à la petite révolution intervenue à la fin des années 1990 : un travail mené à Cambridge sur les geais buissonniers, une espèce de corvidés qui a pour habitude de cacher sa nourriture dans une centaine de cachettes différentes et de la récupérer parfois jusqu’à une année plus tard. « En leur fournissant à la fois des vers frais, leur péché mignon, et des noix, on s’est rendu compte qu’une fois passée la date de péremption des vers frais, qui ne présentaient alors plus d’intérêt pour eux, les oiseaux ne ciblaient plus que les cachettes où ils avaient placé les noix. Preuve qu’ils ont la notion du temps qui passe, et des souvenirs spatio-temporels précis. »

    Questions pour une seiche

    Christelle Jozet-Alves s’est intéressée, elle, à un tout autre genre d’animaux : les céphalopodes. « Si on connaissait leurs exceptionnelles capacités de camouflage, les scientifiques ne s’attendaient pas à grand-chose sur le plan des capacités cognitives de ces invertébrés », raconte la chercheuse, qui a pourtant réussi à démontrer dès 2013 qu’on les avait sous-estimés : quand il s’agit de déguster sa nourriture préférée, en l’occurrence la crevette par opposition au crabe, la seiche démontre qu’elle a tous les attributs d’une mémoire de type épisodique. Elle est capable de faire des voyages mentaux dans le passé, mais aussi dans le futur, pour prendre des décisions dans le présent. Ainsi, quand les seiches qui évoluent dans les aquariums du laboratoire ont la possibilité de manger des crevettes le soir, et qu’on leur présente du crabe dans la journée, elles finissent par délaisser le crabe pour ne manger que les crevettes du soir ; mais si la présence de crevettes le soir devient imprévisible, il leur faut trois jours à peine pour changer de comportement et manger systématiquement le crabe qu’on leur présente en journée.


    La seiche possède une mémoire remarquable des événements du passé.

    Jamais en manque d’inspiration, les chercheurs vont même jusqu’à poser des questions aux seiches afin de tester leurs souvenirs ! Comme dans cette expérience où la seiche doit toucher avec un tentacule l’un des trois panneaux qu’on lui présente – chaque panneau portant un symbole différent. « On la met dans trois situations : soit face à une proie enfermée dans un tube (stimulus visuel), soit face à une odeur (stimulus olfactif), soit on lui présente un tube vide et pas d’odeur (rien, donc), et après une période d’apprentissage, la seiche arrive sans peine à désigner le panneau correspondant à chaque situation », rapporte Christelle Jozet-Alves.

    Une mémoire liée au mode de vie

    L’expérience en tant que telle peut alors débuter : l’éthologue refait l’exercice, puis tourne les talons sans poser de question. Trois heures plus tard, elle revient et présente deux panneaux seulement, « je vois » ou « je sens », sans refaire de manipulation. La logique voudrait que la seiche désigne le panneau « rien », mais celui-ci n’est pas proposé… Comprenant qu’on l’interroge sur le précédent exercice, le céphalopode désigne alors le panneau correspondant à ce qui s’est produit trois heures plus tôt.

    En matière de déduction, Sherlock Holmes ne ferait pas mieux ! « On a fait cette expérience avec plusieurs individus, une fois par individu, et on a eu 100 % de succès », s’émerveille encore la chercheuse, qui explique l’excellente mémoire de la seiche par son mode de vie très particulier : « La seiche vit 23 heures sur 24 camouflée et se déplace une heure par jour seulement pour chercher sa nourriture, car elle a énormément de prédateurs. Durant ce laps de temps très court, elle doit savoir exactement où aller, quand, et revenir au plus vite à son point de départ. »

    Fascinée depuis l’enfance par les céphalopodes, Christelle Jozet-Alves témoigne avoir changé de regard sur ces animaux depuis qu’elle a découvert leurs remarquables capacités cognitives et ne cache pas les contradictions auxquelles son métier l’expose : « La captivité permet de faire progresser la connaissance et le regard que l’on porte sur cet animal, mais elle pose en retour au chercheur que je suis de vraies questions éthiques. » ♦

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    Source : lejournal.cnrs.com

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    Dans les fratries, les jeunes babouins de la réserve de Tsaobis (Namibie) semblent avoir des réactions de jalousie qui interpellent les scientifiques.

    Les travaux sur les émotions ressenties par les animaux dévoilent une vie psychique riche et des liens sociaux qui vont jusqu’au deuil. Troisième volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science.)

    On sait depuis longtemps que les larmes du crocodile n’ont rien à voir le chagrin, mais il n’est plus interdit de penser que certains poissons éprouvent de véritables peines de cœur. C’est en tout cas ce qu’affirme une équipe de biologistes du laboratoire Biogéosciences1, à Dijon, preuves à l’appui. Chloé Laubu, Philippe Louâpre et François-Xavier Dechaume-Montcharmont ont ainsi décrit récemment comment le cichlidé zébré, petit poisson bleuté d’Amérique centrale, en l’occurrence une femelle, perdait manifestement tout enthousiasme dès qu’on la séparait de son compagnon mâle, apportant la preuve expérimentale que les animaux éprouvent des émotions complexes.

    Si chacun d’entre nous peut se convaincre tous les jours au contact de son chien ou de son chat que les animaux expérimentent la joie, la colère ou la tristesse, cette intuition reste très liée à notre vécu. Sujet complexe s’il en est, l’exploration des émotions animales reste en effet un défi pour la science, alors que les recherches ne cessent de s’intensifier depuis que l’éthique et la souffrance animales sont devenues des sujets de société.


    Le cichlidé zébré femelle perd son optimisme lorsqu’on la sépare de son compagnon mâle : elle ne prend plus la peine de soulever le couvercle d’une boîte potentiellement remplie de friandises.

    Ce sont d’ailleurs les protocoles initialement imaginés dans les années 1990 pour étudier le bien-être des animaux d’élevage qui ont rendu possible l’observation des émois amoureux du cichlidé zébré : en l’occurrence, le protocole du verre à moitié vide et du verre à moitié plein, qui permet d’identifier les individus plutôt optimistes et ceux qui sont plutôt pessimistes. « On apprend aux poissons à ouvrir le couvercle de deux boîtes, l’une contenant une petite friandise et dotée d’un couvercle noir, l’autre vide et dotée d’un couvercle blanc, raconte Chloé Laubu. Ce n’est pas un geste habituel pour eux, l’exercice est fastidieux et suppose de leur part une vraie motivation. » On remplace ensuite les deux boîtes par une troisième, au couvercle gris, donc au contenu incertain. Les poissons qui tentent quand même leur chance sont déclarés optimistes, les autres pessimistes. On place alors des femelles à proximité de mâles pour qu’elles forment un couple stable avec l’un d’entre eux. Si on les prive ensuite de la présence de ce mâle, elles deviennent pessimistes dans le sens où elles renoncent à ouvrir le couvercle gris. Preuve, selon la chercheuse, que l’état émotionnel se modifie selon la présence ou l’absence de son partenaire.

    Démonstrations d’empathie

    Les affinités entre individus sont donc bien réelles. Si la protection d’une mère pour son petit est un comportement communément admis dans le règne animal, les primatologues observent de longue date les liens qui se tissent ou non entre individus d’un même groupe. On sait aussi que les vaches préfèrent toujours paître avec les mêmes « copines » et que leur comportement se modifie si l’on modifie les groupes. Depuis le début des années 2000, on s’intéresse de manière plus expérimentale à ces liens d’attraction. Des expériences ont montré, par exemple, qu’ils s’exprimaient chez des oiseaux, les cailles notamment : placés au bout d’un tapis roulant à contresens, de jeunes cailleteaux déploient toute leur énergie pour rejoindre certains de leurs congénères, réunis à l’autre bout du local, lorsque d’autres les laissent totalement indifférents.


    Biologiste du comportement, Alain Boissy travaille depuis plus de vingt ans sur les émotions des animaux d’élevage.

    Au-delà des liens d’affinité ou de parenté, les scientifiques constatent qu’il existe aussi de véritables comportements d’empathie chez de nombreuses espèces. « Certains animaux se soucient de ce qui arrive aux autres et sont capables d’entraide, confirme Dalila Bovet, éthologue au laboratoire Éthologie, cognition, développement, à l’université Paris-Nanterre. Cela ne relève pas simplement de l’anecdote, ce sont des compétences avérées par des protocoles expérimentaux. » L’une d’entre elles joue sur la gourmandise des rats, grands amateurs de chocolat. Un premier rat peut accéder sans difficulté à sa friandise préférée, mais pas l’un de ses camarades, piégé dans un enclos très réduit. Au lieu de se précipiter sur le chocolat, le premier rat va d’abord délivrer son congénère, et cela sans même obtenir de récompense supplémentaire. Cela peut même se vérifier sans récompense à la clé : le premier rat cherchera à délivrer son compagnon avant de reprendre ses occupations.

    Sens de la justice

    « Cet altruisme purement gratuit se manifeste même chez des animaux qui ne sont pas apparentés ou qui ne se rendront jamais la pareille. On peut aller dans certains cas jusqu’à parler d’un sens de la justice chez les animaux », poursuit la chercheuse, qui fait référence ici aux expériences du primatologue néerlandais Frans de Waal. Celui-ci a fait travailler deux chimpanzés, avec comme récompense des jetons donnant droit à du concombre. Mais lorsque le chercheur donne du raisin, meilleur que le concombre, à l’un des deux singes, l’autre refuse de travailler, sans doute saisi, selon certains chercheurs, par un sentiment d’injustice.

    Une autre primatologue, Élise Huchard, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive2 de Montpellier, s’intéresse désormais à la jalousie, car elle est convaincue qu’il s’agit là d’une porte d’entrée pour mieux comprendre le vécu émotionnel des animaux. Au sein d’une population de babouins qu’elle suit depuis plus de vingt ans au cœur de la réserve de Tsaobis, en Namibie, elle tente de décrypter les réactions de jalousie parmi les fratries. « Lorsqu’une mère toilette l’un de ses petits, elle lui manifeste de l’attention et de l’affection, raconte la chercheuse. Or, il arrive que l’un de ses autres petits vienne interférer dans l’opération. Nous essayons de comprendre s’il fait cela simplement pour rediriger le toilettage vers lui ou plutôt pour perturber celui de son frère ou de sa sœur, en un mot pour nuire à la relation qu’il ou elle entretient avec sa mère, par jalousie. D’après ce que nous pouvons observer, c’est plutôt cette seconde hypothèse qui doit être retenue. »

    Sentiments amoureux, jalousie, empathie… La recherche réussit à cerner chez l’animal des vécus plus complexes que de simples émotions de joie ou de tristesse. Les animaux sont des êtres sensibles, présents au monde comme de véritables sujets, même si en apporter la démonstration reste un vrai défi. « Comme dans le cerveau humain, on sait que les animaux vertébrés possèdent un système limbique, les structures neuronales qui gèrent les émotions et la mémoire, explique le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont les mêmes vécus que nous, d’autant que notre système de perception est différent, voire très différent : comment repérer les émotions que ressent un animal face à une couleur ou une odeur que nous-mêmes ne percevons pas ? »

    Un individu, une émotion

    Alain Boissy, biologiste du comportement des animaux, a ouvert une autre voie, davantage fondée sur la psychologie cognitive. À l’occasion de travaux réalisés pour le compte de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) sur le bien-être animal à partir des années 2000, il a été amené à évaluer le rôle de la cognition dans les réactions émotionnelles. « Des expériences en psychologie humaine ont montré, explique-t-il, que face à une situation donnée, tout individu traite l’information de façon quasi automatique et inconsciente pour évaluer s’il s’agit de quelque chose de nouveau, de soudain, d’agréable ou au contraire de désagréable, et s’il peut exercer un quelconque contrôle sur la situation. Ce processus d’évaluation permet de comprendre pourquoi deux individus, confrontés aux mêmes circonstances, ne ressentent pas nécessairement la même émotion ou la même intensité d’émotion. »

    Lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde de la même manière. Ce biais systématique dans son jugement entretient un état d’humeur négatif qui persiste dans le temps.

    Le chercheur a validé l’existence de ce processus chez des agneaux en modulant une caractéristique dans leur environnement : nouveau par rapport à familier, soudain par rapport à lent, prévisible contre imprévisible, contrôlable versus incontrôlable, etc. Ainsi, après avoir appris aux agneaux à appuyer sur un poussoir pour déclencher une distribution d’aliments d’une quantité donnée, le simple fait de diminuer par quatre cette récompense provoque un mouvement de retrait de la tête et un temps de latence avant que l’animal commence à manger. « Lorsque l’agneau est testé une seconde fois, il est moins enclin à appuyer sur le poussoir, contrairement à ses congénères qui continuent de recevoir la quantité initiale, raconte Alain Boissy. Ce qui indique que l’agneau agit sur le poussoir avec l’intention d’obtenir une quantité donnée d’aliments. Si la situation ne répond plus à ses attentes, il éprouve une émotion négative, inférée ici par la modification subtile de son comportement et des modifications transitoires de son activité cardiaque. »

    Une vie psychique réelle

    Des signes comportementaux et physiologiques qui expriment une réelle vie psychique chez les animaux, au même titre que celle connue chez les humains. Sans chercher à plaquer notre propre lecture psychologique sur les réactions des animaux non humains, le biologiste constate que des réactions de peur de l’animal sont souvent liées à ce qu’il perçoit comme nouveau et soudain, de la frustration est ressentie quand la situation qui a changé ne satisfait plus ses propres attentes ou, inversement, de la joie si la situation répond au-delà de ses attentes.


    Un zèbre essaie de « réveiller » une femelle gestante morte lors de la mise bas (parc d’Etosha, Namibie).

    Dans quelle mesure l’émotion provoquée par un changement influence-t-elle alors la façon dont l’animal analyse la situation à laquelle il fait face ? C’est de cette question que sont nés les travaux entrepris sur les animaux inspirés du principe du verre à moitié vide ou à moitié plein évoqué plus haut. « On montre que lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde comme peut le faire un autre individu non soumis à ces expériences émotionnelles. Ce biais systématique dans son jugement entretient par inertie un état d’humeur négatif qui persiste malgré une amélioration éventuelle de son environnement », explique Alain Boissy.

    Un état psychique qu’on peut alors qualifier de véritable souffrance animale, qui va bien au-delà de la simple douleur physique, et que les autres animaux du groupe sont d’ailleurs capables de percevoir. Les bovins, qui ont un bulbe olfactif très développé, ont la capacité de percevoir des substances odorantes déclenchées par le stress d’un individu, ce qui entraîne des réactions d’alerte dans le troupeau. Une vache pourra ainsi hésiter à entrer dans un enclos où l’une de ses congénères a souffert auparavant.

    La question du deuil

    Quelle est l’intensité ou la profondeur de ces sentiments ? La question reste ouverte, mais depuis les années 2010, les chercheurs n’hésitent plus à l’aborder frontalement en s’interrogeant sur la question du deuil et sur les réactions des animaux face à la mort d’un proche. Une orque qui porte à la surface de l’eau son petit mort-né pendant dix-sept jours, une femelle chimpanzé qui semble vouloir ranimer le petit qu’elle vient de perdre… Les récits ne manquent pas, mais ont longtemps relevé de l’anecdote.

    Les observations s’accumulent, qui donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche.

    Désormais, l’attitude de l’animal face à la mort est étudiée au sein de la thanatologie comparée. Élise Huchard, qui la documente dans le cadre de son projet de recherche sur les babouins, explique qu’il y a « une composante émotionnelle – on parle de deuil chez les humains –, mais aussi une composante cognitive, qu’étudie ma collègue Alecia Carter, en déployant des expériences simples sur le terrain, à savoir le concept de mort qu’ont les animaux. Celui-ci est complexe et implique, entre autres traits, que la mort ait une cause, qu’elle soit irréversible ou encore universelle, en un mot la conscience de la mort ».

    Comme dans le cas de la jalousie, les deux chercheuses observent les comportements des babouins lorsque la mort d’un individu survient au sein du groupe. Elles constatent par exemple que si un petit encore accroché en continu au pelage de sa mère meurt, celle-ci le porte parfois avec un bras, parfois avec la bouche, pendant plusieurs jours, ce qui lui demande un réel effort et complique ses gestes habituels et les longs déplacements qu’elle doit faire pour se nourrir. La mère, parfois aussi le père, continue à protéger le petit cadavre des autres adultes et à le toiletter. De telles observations, encore parcellaires, s’accumulent pour différentes espèces et donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche socialement. L’étude, effectuée sur le terrain, sera forcément de longue haleine, mais ses résultats pourraient dévoiler un peu plus, encore, toute la richesse de la vie psychique de l’animal. ♦

    A lire sur le même thème :
    De l’animal-machine à l’animal sujet
    Etonnantes cultures animales

    Source : lejournal.cnrs.fr

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    @Hadès a dit dans De l’animal-machine à l’animal-sujet :

    Et pour le dessin du chimpanzé il est aussi doué que moi

    Perso c’est encore pire…:lolilol:
    text alternatif

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    @Pollux , je plussoie, car combien d’expériences de rapidité et de mémorisation faites avec des singes, des dauphins et d’autres espèces sont hallucinantes, aucun humain ne serait capable d’arriver au même résultat. Nous n’utilisons sûrement pas la même partie de notre cerveau, en tout cas pour nous, pas la bonne.
    L’apologie de la barbarie a eu pour conséquence la “suprématie” de notre espèce, voilà d’où nous vient notre prétendue supériorité. Et on n’en est pas sortis, l’illusion d’un monde en paix est une chimère qu’il faudra tôt ou tard oublier. Une civilisation qui n’est pas issue de la barbarie n’existe pas, sauf quelques tribus si petites et si minoritaires qu’on se fait un plaisir de détruire dès que découvertes.
    Je remarque que des intervenants sont vraiment concernés… Raccoon, Rapace… 🙂
    Merci à l’auteur en tout cas.

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    Oyé wareziens!

    J’aime observer toute sorte d’animaux marins et terrestres, de l’hippocampe en passant par la baleine jusqu’à l’éléphant, j’en suis fièrement folle, surtout de la smart faune !

    Au supermarché, allez donc vers le rayon animal pour y rechercher quelque chose de riche en protéines pour votre petit chaton.

    Lisez un peu les formules écrite sur les sachets de croquettes pour chats, mais qui pourrait témoigner du “goût meilleur et amélioré” ?

    Enfin bref,
    hormis, des chats et des lapins, je n’ai pas de chien et je n’en ai jamais eue… Je me contente juste de ceux de mes amis^^

    Bien sur, d’autres préfèrent des paresseux de compagnie ou des “meufs”…^-^

    Pour revenir sur la loi contre la maltraitance animale et de ce qui sera désormais interdit à partir du 1er
    janvier 2024, si j’ai bien compris…

    Brièvement, je dirais que ça ouvre la porte sur l’éléphant dans la pièce dont personne ne voulait parler…

    Bonne nouvelle pour Tom & Jerry, donc^^

    xx