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    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du projet Fedora et de Fedora-fr.

    Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

    N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Robert-André Mauchin (pseudo eclipseo), empaqueteur du Projet Fedora en particulier concernant l’écosystème Go et Rust.

    Entretien

    - Bonjour Robert-André, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

    Hello,

    Je suis Robert-André, aka eclipseo ou zebob sur Internet, né en janvier 1984, un millenial donc.

    Mon parcours en informatique commence dans les années 90 avec le PC professionnel de mon père, un Amstrad PC 1512 avec 20 MB de RAM, 2 lecteurs de disquette 5 1/4 et une variante de CP/M de Gary Kidall appelée DOS Plus. Il avait aussi une interface graphique appelée GEM Desktop. On avait aussi une console appelée Alice fabriquée par Matra Hachette où je m’amusais à faire des scripts Batch.

    Ensuite on a eu un 386 avec MS-DOS, puis un Cyrix 6x86 avec Windows 95. Je cherchais à bidouiller dessus, voir ce qu’on pouvait faire avec Windows, etc. Mais le Cyrix 6x86, c’est lent par rapport à un Intel ou futur AMD K6 de l’époque, j’avais envie de tester d’autres trucs pour voir si on pouvait avoir de meilleures performances autrement. Bref, j’étais dans la campagne, sans Internet ou sans boutique informatique proche (pour les particuliers tout du moins). Mais on avait un tabac qui vendait des magazines informatiques.

    Mon magazine favori de l’époque était PC Team, édité par Posse Presse. En parallèle, j’écoute une émission quotidienne à la radio avec Francis Zegut (d’où le zebob sur IRC à l’époque) et Arnaud Chaudron appelée //Plug-In, dédiée aux « nouvelles technologies ».

    Principalement dédié aux jeux vidéo, mais avec un Cyrix 6x86 on ne va pas loin. Par contre il y avait de la bidouille, plein de shareware de logiciels et parfois on y mentionnait un truc appelé Linux. Ensuite j’ai acheté de temps à autre des magazines spécialisés Linux (je ne saurais dire spécifiquement lesquels à l’époque) qui contenaient des CD avec des distributions.

    J’ai testé les trucs de l’époque, Debian, Redhat, Mandrake, Corel Linux, Suse. Jamais Slackware néanmoins. Je ne suis jamais resté dessus longtemps, juste pour tester, voir comment ça se configure, le système de fichiers, etc. La grosse galère c’était pour configurer X, je crois que j’avais une S3 Trio 64V à l’époque. Ensuite pour configurer le modem 56K.

    Je reviens ensuite à Linux dans les années 2000. J’ai déménagé dans une vraie ville, dans un appartement qui n’a pas de prise téléphonique, mais le câble. N**s, puis Numéricable à l’époque, avec des plafonds de données. Mais du coup on peut télécharger des distributions (et la presse informatique s’est un peu écroulée).

    Je reviens donc sous Linux avec Ubuntu Linux Warty Warthog (4.10). On a GNOME 2, c’est super plus simple qu’avant, beaucoup plus accessible, je m’investis un peu dans la communauté, je fais de la traduction de GNOME 2 en français.

    J’utilise Ubuntu jusqu’à 8.04 LTS (Hardy Heron), soit 4 ans. Je commence à ne pas trop apprécier la politique de Canonical vis-à-vis de l’upstream, le fait de vouloir faire les trucs dans leur coin à leur sauce. J’ai échappé à Unity du coup, que je n’ai jamais utilisé. Je passe donc vers l’upstream Debian. Je ne saurais dire combien de temps j’y reste, mais en 2011, il se passe un truc, GNOME 3. Et j’ai beau essayer pendant plusieurs mois, ça ne colle pas pour moi.

    Je dois être trop traditionnel dans mon approche des environnements de bureau. J’avais déjà testé KDE avant en version 3 et c’était pas mon truc non plus, trop playskool. En parallèle, Debian commence à me courir sur le haricot aussi à cause de son inertie, c’est stable mais c’est vieux et j’ai envie de tester les nouveautés le plus tôt possible. Et faire mes propres packages Deb pour tester des trucs était super complexe pour pas grand-chose à mon avis.

    Donc je cherche des alternatives. Il me faut quelque chose de simple, car je ne veux pas perdre mon temps à configurer mon OS, je veux que l’installation soit simple et que le système soit utilisable juste après. Et il me faut une distribution populaire avec une communauté derrière qui soit bienveillante.

    Si je me rappelle bien à l’époque, j’avais donc Fedora et OpenSUSE dans le viseur. Je ne souhaitais pas une dérivée d’Ubuntu pour les raisons sus-cités. Gentoo non, j’ai un ordinateur portable pourri, et Arch Linux il parait que c’était compliqué à l’époque.

    Donc je me retrouve sur Fedora-fr, inscrit en octobre 2011 avec pour premier message si j’en crois mon profil :

    Petit retour sur l’Alpha : J’ai eu quelques soucis avec l’installation. Outre qu’Anaconda ne me demandait pas ma source d’installation comme d’habitude (cf. Installation sans media), il se bloquait à la copie des paquets ; apparemment il n’aime les partitions root en btrfs. Il me semblait qu’elles étaient prises en charge depuis quelque temps pourtant. Sur l’installation de GRUB les choses ont aussi changé : j’ai plusieurs disques dur, et j’installe GRUB sur le MBR du second disque sdb. Par défaut, Anaconda me propose de l’installer sur sda. Auparavant je changeais « l’ordre des disques » dans les options pour qu’il me propose de l’installer sur sdb, mais maintenant même si je modifie l’ordre, l’option d’installation reste bloquée sur sda. J’ai dû rebooter en mode « rescue » pour corriger tout ça.

    C’était l’alpha de Fedora 16.

    Apparemment j’étais passé sous KDE à cette époque avec Fedora 15 :

    Je suis « nouveau » sous KDE, donc je ne peux pas vraiment t’aider, mais j’avais un problème similaire sous F15 avec une carte similaire (Geforce 6150 intégrée). Plasma-desktop s’affolait à partir de quelques heures d’utilisation, je devais le tuer, et le relancer. Je ne sais pas exactement d’où ça vient mais peut-être qu’une extension est responsable.

    À cette époque, suite à des soucis personnels je ne contribue plus à GNOME non plus, plus la motivation.
    Je repasse sous Windows vers 2012, je me dis à l’époque, je reviendrais plus tard quand Wayland sera plus mature… Bon on est en 2024, c’est pas encore au point, mais c’est mieux.

    Je reviens en 2016 sous Fedora, on peut voir dans le forum (je retrace avec vous, car c’est un peu vague les dates).

    Après 4 ans de Windows, de retour sous Linux avec un nouveau laptop.

    Méthode d’installation : Live du spin KDE Live Workstation Problèmes majeurs : Le spin KDE boot mais n’arrive pas à l’interface graphique. Le live Workstation démarre mais kernel panic aléatoirement dans les cinq minutes d’utilisation, ce qui rend l’installation compliquée… après un google du problème, je teste plusieurs options pour désactiver acpi, sans succès. Finalement tout fonctionne avec « nouveau.modeset=0 » comme option du noyau. Soucis mineurs : Installer KDE est simple, mais désinstaller tous les programmes GNOME par défaut est toujours compliqué. Points positifs : C’est rapide et peu de chose ont changé en 4 ans. Points négatifs : Wayland n’est toujours pas prêt pour la production sous KDE.

    À partir de ce moment, je ne quitte plus Fedora Linux. Il y a toujours un dual boot sur ma machine. J’ai dû supprimer Windows définitivement quand Steam Proton est devenu plus que viable. Je n’ai pas le temps de jouer de toute façon et je n’utilise pas de logiciels métiers spécifiques.

    - Peux-tu présenter brièvement tes contributions au projet Fedora ?

    Alors, dans un premier temps j’ai envisagé de revenir à la traduction pour Fedora.

    Ensuite, le packaging RPM Spec, avec un seul fichier à remplir, c’est quand même beaucoup plus simple qu’un Deb.

    J’ai commencé par faire des paquets pour moi, le premier : https://forums.fedora-fr.org/d/66715-intel-hybrid-driver-décodage-vp9-matériel-sous-skylakekabylake

    Je suis tombé par hasard sur un post très intéressant aujourd’hui qui expliquait comment activer le décodage matériel de VP9 pour plateforme Skylake (et potentiellement encodage sur Kabylake) : https://gist.github.com/Brainiarc7/24de2edef08866c304080504877239a3 Vu que j’utilise pas mal VP9 au lieu de H.264, et que l’absence de décodage matériel sous Linux me mettait en rogne, je me suis attelé à la compilation selon les instructions données. Et donc voilà pour vous : le Intel Hybrid driver, disponible sur mon COPR : https://copr.fedorainfracloud.org/coprs/eclipseo/libva-intel-hybrid-driver/
    C’est pas mal COPR quand même pour tester des trucs.

    Mais j’ai voulu l’upstreamer dans la distribution, et du coup, le 30 août 2017 :

    Petite mise à jour: J’ai été sponsorisé et je suis donc maintenant un empaqueteur libva-intel-hybrid-driver est dans updates-testing de F26 et bientôt dans stable. À utiliser conjointement avec libva-intel-driver de RPMFusion pour bénéficier de l’accélération de VP9.

    Les premiers mois ensuite je fais pas mal de revues de paquets, on avait un énorme backlog, plusieurs milliers. Si j’en crois bugzilla :

    Product: Fedora Classification: Fedora Component: Package Review Assignee: [email protected]

    Showing 1 to 20 of 4,803 entries

    J’ai fait plus de 4,800 revues de paquets pour Fedora.

    En parallèle à cette époque, je traine un peu sur les forums, Reddit, je regarde ce que les gens souhaitent que l’on peut empaqueter.

    Et du coup je me retrouve avec plein de paquets à gérer.

    - Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

    Comme expliqué plus haut, il me fallait une distribution plus à jour que Debian, avec une communauté, facile d’utilisation. Ce qui est bien aussi avec Fedora, c’est qu’on teste assez rapidement des nouvelles technologies, PulseAudio, PipeWire par exemple me viennent à l’esprit. Mais on a souvent des Change Requests pour tester le bleeding edge, ce qui est cool.

    - Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ? Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    Alors Fedora en particulier, c’est le hasard de mon choix de distribution, c’est parce que je l’utilise que je veux l’améliorer.

    J’ai précédemment contribué à GNOME en tant que traducteur.

    Ensuite pour les besoins du packaging, j’envoie des patchs à tout un tas de projets divers et variés pour corriger des bugs. J’ai passé mes 15 jours de vacances débout mais à patcher 15/20 programmes pour FFmpeg 7.0.

    - Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Non. Tous les métiers où je suis passé sont Microsoft only, Office 365, Active Directory, Hyper V. J’ai fait un petit stage dans une boite qui développait un logiciel pour les écoles tournant sous Linux, mais j’ai du y mettre court car ça ne correspondait pas à ce je devais faire durant mon stage (je faisais du bêta testing du-dit logiciel au lieu de ce qui était prévu).

    Mon employeur actuel, ou tout du moins le client de mon employeur actuel pour lequel nous travaillons (ESN oblige), a apparemment débarqué une personne qui a trop parlé de Linux pendant son passage au siège. Donc ce n’est pas prévu. Les seules VM Linux qu’ils ont font tourner Prometheus.

    - Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

    Pas à ma connaissance. Peut-être dans le futur si je trouve une boîte qui fait plus de Linux.

    - Tu es membre des équipes Go SIG et Rust SIG, peux-tu nous expliquer leur rôle et ce que tu y fais ? Participer à deux groupes de travail n’est pas si courant, pourquoi tu participes aux deux ?

    - Ces deux langages sont modernes et ont des communautés très dynamiques, quels sont les défis que tu rencontres avec eux pour les inclure dans le Projet Fedora ?

    - Ils ont aussi des infrastructures propres pour la compilation, ce qui les distingue de Python et Perl d’une part, mais aussi de C ou C++ d’autre part, penses-tu que c’est un obstacle ?

    Alors oui, j’ai un peu de mal à y contribuer ces derniers temps, j’ai dû mettre mes contributions en pause.

    Pour Go ça a commencé avec rclone ou micro, je ne sais plus. Go est statically linked, mais la politique de Fedora est de ne pas bundler les bibliothèques. Donc il faut empaqueter toutes les dépendances.

    Pour micro, j’ai dû empaqueter des dizaines de dépendances, certaines cycliques bien sûr. À l’époque avec quelques personnes on décide de se synchroniser et monter un SIG pour pouvoir mettre à jour les paquets plus facilement.

    C’est toujours un gros bazar néanmoins, je n’ai pas trop le temps de mettre à jour, il y a des milliers de paquets. On utilise des outils écrits par Nicolas Mailhot qui fonctionnent avec GOPATH, alors que Go est passé avec un système de modules (go mod), mais on a perdu notre développeur de macros (Nicolas donc), donc pour l’instant on survit. Les interdépendances de paquets sont sans fin et c’est un problème pour mettre un logiciel à jour.

    Rust, j’ai voulu empaqueter quelques outils en ligne de commande, j’ai été ajouté au SIG, c’est un problème similaire, même si on a pas autant de dépendances cycliques. Il y a toujours beaucoup de paquets interdépendants comme Go : tu en mets un à jour et tu as toutes les chaînes de dépendances à mettre à jour.

    Au moins ils utilisent Semver. Chez Go, Semver c’est plus récent, avant tu étais content si tu avais un numéro de version et pas un hash de commit à empaqueter. Du coup si l’API change et que tu mets à jour, tu peux casser plein d’autres paquets.

    Oui c’est un gros gros obstacle.

    - Quelle valeur ajoutée de les fournir plutôt que de les importer soi-même en tant qu’utilisateur ? N’est-ce pas trop difficile de suivre le rythme de publication de Rust en particulier ?

    Alors Rust, je ne suis pas attentivement. Mais le but n’est absolument pas que les utilisateurs les installent eux-mêmes. Si tu développes en Go ou en Rust tu n’installes pas les bibliothèques Go ou Rust de Fedora, leur seule utilité pour nous est de compiler le binaire final, sans qu’il y ait des failles de sécurité à cause des bibliothèques pas à jour, qui lui sera installé par l’utilisateur.

    - Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    On a besoin de plus de contributeurs et contributrices.

    Un wiki aussi bien que celui d’ArchLinux.

    On a besoin d’une forge plus complète. J’aimerais bien qu’on mette Bugzilla de côté pour Fedora et intégrer les rapports de bug à la Forge. Mais je me doute que Redhat veut garder Bugzilla, et il est très intégré à l’infra.

    Le système d’emboarding des nouveaux contributeurs et contributrices n’est pas au point pour le packaging. Pas assez de gens font des revues, j’en ai fait plusieurs milliers, mais je n’ai plus le temps. On en a 500 dans le backlog.

    Pour être sponsorisé, il faut qu’on puisse suivre les nouveaux contributeurs et contributrices et les aider à faire des revues. On n’a pas assez de bras pour ça, ce qui les décourage.

    Et un Spin KDE Plasma mis au même niveau que Workstation avec GNOME.

    - À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

    Le bleeding edge, tester les nouvelles technologies. Matthew Miller a fait des vagues récemment en parlant d’A.I. mais il faut qu’on s’y plonge aussi pour ne pas être à la ramasse.

    Le système de vote et de discussion sur les Changes Requests. L’aspect communautaire.

    COPR / Koji.

    RPM. Je sais que le projet pense que Silverblue, les systèmes immuables c’est le futur, avec Flatpak, etc. Mais pour moi, c’est trop restrictif parfois. Je préfère un fichier SPEC.

    - Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

    Malheureusement je ne participe pas trop à la communauté Fedora, et encore moins Fedora-fr. Mes visites sur le forum ont été très peu nombreuses au fil des années. Et de manière générale, je ne suis pas très intéressé par l’internet franco-français.

    Je suis incapable de citer les personnalités de l’Internet français, Youtubers, Twitter et autres leaders d’opinion, de la toile française des deux dernières décennies. Je sais qu’il y a Nick de The Linux Experiment qui est Brestois, ou Adrien LinuxTricks, mais à part ça je ne connais pas grand monde.

    Concernant Fedora-fr, et Fedora en général, il faudrait plus d’évangélisation, et pas seulement aux rencontres linux-linuxiennes des JdLL de Lyon. Il faudrait aller dans les endroits où on ne va pas assez. Les écoles ? Fac ? Les associations d’ordinateurs usagés ? D’aides aux personnes en difficulté ? Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse, je ne suis pas un bon communicant.

    Néanmoins, on a une carte à jouer avec Microsoft qui se tire une balle dans le pied : pubs dans le Menu Démarrer, capture d’écran de ton écran pour analyse de tes données, fin du support de Windows 10 en octobre 2025… Bien sûr, la majorité des gens ne sont pas informés ou s’en contrefichent, et cela ne va pas les faire passer à Linux pour autant, mais peut-être qu’une poignée vont se poser des questions. Le Steam Deck aident aussi, même s’il est sous Arch.

    - Quelque chose à ajouter ?

    Fedora avec Plasma 6 est la meilleure.

    - Merci Robert-André pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur l’empaquetage de Fedora.

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    Prochain entretien avec Johan Cwiklinski, ancien contributeur de Fedora-fr.org et actuel mainteneur du logiciel de gestion Galette.

    – Source : https://linuxfr.org/news/20-ans-de-fedora-fr-sixieme-entretien-avec-robert-andre-mauchin-empaqueteur-rpm-go-et-rust

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    @patricelg a dit dans [Interview] 20 ans de Fedora-fr : cinquième entretien avec Thomas traducteur de Fedora :

    Je lirai plus tard mais +1 pour la présentation et mise en page

    Merci de l’avoir remarqué @patricelg
    Je mets un point d’honneur à la présentation.
    Si c’est mal présenté ou sans mis en page, aération des paragraphes, Titres, sous titres, etc… je ne lis jamais entièrement.

    Surtout que maintenant, on a des copiés/collés en markdown direct, pas d’excuses 😉

    Sinon toutes ses interviews dans le monde du libre sont très intéressantes, notamment celles sur plasma/KDE

    A savoir que @Raccoon et moi même sommes de tout petits contributeurs dans la traduction française de NodeBB, le CMS du forum à partir de la version 4 ou il y a eu de gros changements 🙂

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    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr et du Projet Fedora en lui-même, Nicolas Berrehouc alias Nicosss et moi-même (Charles-Antoine Couret alias Renault) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

    La diversité des profils permet de voir le fonctionnement du projet Fedora sous différents angles, au-delà de la distribution, mais aussi comment il est organisé et conçu. Certains points s’appliquent d’ailleurs à d’autres distributions.

    N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe, ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et de contributrices de qualité pour permettre de donner un aperçu de beaucoup de sous-projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Timothée Ravier, contributeur au Projet Fedora en particulier aux systèmes dits immuables et à l’environnement KDE Plasma.

    Entretien

    - Bonjour Timothée, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

    J’ai commencé à m’intéresser aux logiciels open source autour de 2004 lorsque j’ai découvert Firefox (version 1.0 à l’époque) par l’intermédiaire d’un ami qui l’a téléchargé pour moi sur un CD ré-inscriptible, car je n’avais pas encore l’ADSL à l’époque. J’ai ensuite découvert Linux avec Ubuntu 6.06. Après mes études d’ingénieur en sécurité informatique, j’ai travaillé à l’ANSSI pendant cinq ans sur le projet CLIP OS et je travaille désormais pour Red Hat où je co-dirige l’équipe CoreOS, qui est responsable de la maintenance de Fedora CoreOS et de Red Hat Enterprise Linux CoreOS pour OpenShift.

    - Peux-tu présenter brièvement tes contributions au Projet Fedora ?

    Mes contributions à Fedora sont liées à mon intérêt pour les systèmes orientés conteneurs, parfois dénommés immuables (immutable). Je fais ainsi partie de l’équipe qui maintient Fedora CoreOS, je suis un mainteneur des Fedora Atomic Desktops (principalement Silverblue et Kinoite) et je suis membre du KDE Special Interest Group (SIG).

    - Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

    Je suis passé par plusieurs distributions Linux (Ubuntu, Gentoo, Arch Linux) mais je suis désormais sur Fedora.

    Je pense que les « Four Foundations » de Fedora représentent bien mon parcours :

    Freedom : Je suis là parce que je suis intéressé par les logiciels libres, car ils permettent un partage, une mise en commun au bénéfice de tous. Features, First : C’est la force de la communauté Fedora d’un point de vue technologique. Je développe ce point dans les questions suivantes. Friends : Je me suis fait des amis dans la communauté Fedora et cela contribue à la bonne ambiance et la motivation pour continuer à contribuer.

    - Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

    Je préfère être proche des projets upstream et des dernières évolutions. C’est pour cela que j’étais pendant un long moment sous Arch Linux.

    Mais le processus pour pousser des changements dans Arch Linux était plutôt flou. Il est important de noter que cela a peut-être changé désormais. Mon expérience date de plus de 6 ans et je crois qu’ils ont un processus de RFC maintenant. Le fonctionnement d’Arch Linux impose aussi des mises à jour régulières et une certaine discipline lors des mises à jour liée au modèle de développement sans version fixe.

    Je commençais alors à m’intéresser de plus en plus aux systèmes à base d’images (CoreOS Container Linux et Fedora Atomic Host à l’époque) et je suis donc allé voir Fedora Atomic Workstation (ancien nom de Silverblue) pour créer une version à base de l’environnement KDE Plasma, qui est devenue Fedora Kinoite.

    Le processus pour pousser des changements dans Fedora est ce qui fait la force de la distribution. Il permet d’obtenir des discussions et des décisions sur les évolutions à apporter à la distribution pour la prochaine version.

    - Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    En dehors de Fedora, je contribue principalement au développement des projets KDE. Je fais partie de l’équipe qui maintient les applications KDE empaquetées avec Flatpak et publiées sur Flathub.

    Je contribue aussi occasionnellement à différents projets open source en fonction des besoins.

    - Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Oui, mes ordinateurs professionnels et personnels tournent sous Fedora Kinoite et mes serveurs personnels utilisent Fedora CoreOS. Une partie des serveurs que nous utilisons pour développer et produire les versions de Fedora CoreOS sont aussi sous Fedora CoreOS. D’autres sont sous Red Hat Enterprise Linux CoreOS, car ils font partie d’un cluster OpenShift.

    En gros, nous sommes aussi des utilisateurs directs des logiciels que nous développons.

    - Est-ce que tes contributions dans Fedora se font entièrement dans le cadre de ton travail ? Si non, pourquoi ?

    Une grosse partie de mes contributions se font dans le cadre de mon travail, mais toute la partie liée à KDE et aux Fedora Atomic Desktops est faite sur mon temps personnel.

    - Est-ce que être employé Red Hat te donne d’autres droits ou opportunités au sein du Projet Fedora ?

    Je n’ai pas plus de droits dans Fedora parce que je travaille pour Red Hat. Je dois suivre tous les processus de Fedora comme n’importe quel contributeur. J’ai d’ailleurs commencé à contribuer à Fedora avant d’avoir été employé par Red Hat.

    En revanche, il est indéniable que cela m’aide pour contribuer, car j’ai régulièrement l’occasion de discuter avec d’autres contributeurs Fedora dans le cadre de mon travail.

    - Tu as débuté une carrière dans la sécurité pour finalement travailler pour Red Hat en tant que mainteneur de CoreOS, Silverblue, Kinoite et contributeur à KDE, pourquoi ne pas avoir continué dans la sécurité pour cet écosystème ?

    Quelque part je continue à faire de la sécurité mais sous un autre angle. La sécurité que je faisais avant ne bénéficiait qu’à un petit nombre de personnes qui avait accès aux systèmes que l’on développait. La nouvelle version open source de CLIP OS devait rendre le système plus accessible mais le projet était complexe et je crois qu’il est désormais archivé.

    Je travaille désormais à améliorer la sécurité de Fedora CoreOS et des Fedora Atomic Desktops sans compromettre leur utilisabilité. L’objectif est de fournir une distribution Linux avec des mises à jour robustes qui soit utilisable par des non développeurs.

    - Tu participes à CoreOS pour RHEL, CentOS Stream et Fedora. Peux-tu expliquer le but de CoreOS et ses principales caractéristiques ? Quelles sont les différences entre RHEL, CentOS Stream et Fedora à ce sujet ?

    L’objectif pour les systèmes CoreOS est de faire tourner au mieux des applications dans des conteneurs. Pour Fedora CoreOS, c’est un système minimal, avec des mises à jour automatiques, proposant à la fois podman et moby-engine (Docker) installés par défaut, prêt à faire tourner des conteneurs sur un seul nœud ou dans le cadre d’un cluster Kubernetes.

    Pour Red Hat Enterprise Linux CoreOS (et CentOS Stream CoreOS), ce sont des systèmes qui forment le socle d’OpenShift (et d’OKD), une plateforme qui intègre plein de projets open source dont Kubernetes.

    Bien qu’il n’y ait pas une correspondance exacte un pour un dans la liste des logiciels inclus, Fedora CoreOS est l’upstream de CentOS Stream CoreOS et Red Hat Enterprise Linux CoreOS, de la même façon que Fedora est l’upstream de CentOS Stream, qui l’est de Red Hat Enterprise Linux.

    - L’architecture atomic a gagné du terrain sur les systèmes pour le bureau avec Silverblue et Kinoite et devient relativement populaire, peux-tu expliquer quel en est l’intérêt d’une telle conception pour ce genre de systèmes ?

    Le principal intérêt pour un utilisateur est la robustesse et rapidité des mises à jour. Celles-ci sont préparées en arrière plan alors que le système fonctionne normalement. Il suffit alors de redémarrer pour mettre à jour son système. Il n’y a pas d’attente supplémentaire ni à l’extinction ni au démarrage.

    Si une mise à jour échoue, le système reste dans l’état actuel, et il est possible de réessayer plus tard.
    Si une mise à jour introduit un problème important empêchant le démarrage du système par exemple, il est possible de redémarrer et de choisir la version précédente dans le menu de démarrage de GRUB.

    Les utilisateurs sont aussi poussés à utiliser Flatpak pour installer leurs applications graphiques et toolbox (ou distrobox) pour utiliser les applications en ligne de commandes dans des conteneurs.

    - Quels sont les défis techniques de proposer cette conception dans ces systèmes par rapport à CoreOS par exemple ?

    La principale différence est la présence d’une interface graphique. Les applications graphiques doivent être parfois adaptées pour fonctionner avec Flatpak. C’est désormais le cas de la plupart d’entre elles.

    - Tu y contribues en tant que membre de Fedora Atomic Desktops SIG, peux-tu expliquer son rôle dans Fedora et ton activité dedans ?

    Le rôle du Fedora Atomic Desktops SIG est de regrouper l’ensemble des contributeurs Fedora des différentes variantes Atomic : Silverblue, Kinoite, Sway Atomic et Budgie Atomic. Bien que chacun de ces systèmes propose un environnement de bureau distinct, ils partagent énormément d’éléments, tant au niveau des composants de base du système que de l’infrastructure Fedora. Le SIG permet donc de regrouper les contributeurs pour pouvoir les inclure dans les prises de décisions qui impactent ces systèmes.

    Je participe à la maintenance des Fedora Atomic Desktops et plus principalement de Silverblue et Kinoite. Cela peut impliquer des mises à jour de paquets, des corrections de bugs dans des projets upstream ou des rajouts de fonctionnalités pour améliorer l’expérience sur ces systèmes. Je surveille aussi que tous les Atomic Desktops continuent de recevoir des mises à jour régulièrement.

    - Penses-tu qu’un jour ces systèmes atomic deviendront la référence par défaut ? Si oui à quelle échéance ? Quelles sont les difficultés actuelles à résoudre ?

    Je l’espère ! Il est impossible de donner une échéance et cela ne dépend pas vraiment de moi. La difficulté la plus importante est la prise en charge du matériel et les pilotes qui ne sont pas intégrés dans Fedora. C’est un problème que l’on ne peut pas résoudre dans Fedora à cause des contraintes légales et qui sont traitées par le projet Universal Blue, dont la variante Bazzite (https://bazzite.gg/), est très populaire.

    - Pour la problématique des pilotes, est-ce que l’initiative du noyau unifié (d’avoir une image universelle et signée comprenant le noyau, initrd, la ligne de commande) te semble être une solution à cette problématique ?

    Ces deux sujets ne sont pas liés.

    Le problème des pilotes externes au noyau Linux upstream est divisé en deux cas principaux :

    Les pilotes propriétaires : Ils ne seront jamais ajoutés directement à Fedora pour des raisons légales et de licence. Les pilotes open source mais non inclus dans le noyau Linux upstream : Fedora met à jour le noyau Linux très régulièrement et suit les nouvelles versions stables peu de temps après leur sortie officielle. Il faut donc que ces pilotes soient mis à jour pour suivre les nouvelles versions du noyau et cela demande toujours du temps lorsque ceux-ci ne font pas partie du noyau upstream.

    Les images noyau unifiées (Unified Kernel Images ou UKI) incluent le noyau, l’initrd et la ligne de commande du noyau dans un seul fichier. Cela présente des avantages pour mettre en place une chaîne de boot mesurée, notamment à l’aide du TPM, et donc pour offrir de meilleures garanties de sécurité. Leur intégration est encore en cours dans les variantes CoreOS et Atomic Desktops.

    - Les développeurs et administrateurs systèmes ont souvent besoin d’outils qui à ce jour nécessitent souvent de recourir à rpm-ostree plutôt que Flatpak ou Fedora toolbox dans le cadre d’un système immuable. Penses-tu que ces verrous sont un réel problème et qu’ils seront éventuellement résolus dans le temps ?

    L’un des objectifs de la nouvelle initiative conteneurs bootables (« Bootable Containers ») est justement de rendre plus ergonomique la modification du système de base. Le système est distribué sous forme d’une image de conteneur standard (image OCI) et il est possible de la modifier à l’aide d’un Containerfile / Dockerfile et d’outils natifs aux conteneurs. Cela permet aux utilisateurs de ré-utiliser leurs habitudes et outils pour modifier aussi leur système de façon sûre et de partager le résultat à l’aide d’un registre d’image de conteneurs.

    Nous allons aussi ajouter à nouveau dnf (version 5) dans ces images de conteneurs pour mettre à disposition des utilisateurs une interface familière et toutes les options de dnf lors de la construction de ces images.

    Une autre piste est d’utiliser le concept des extensions systèmes de systemd (systemd system extensions ou sysexts), qui permettent d’ajouter du contenu dynamiquement à un système sans perdre les avantages de la gestion à base d’images. Les sysexts utilisent la même technologie que pour les conteneurs (overlayfs) pour ajouter des éléments (merge) au contenu des dossiers /usr et /opt de l’image de base. Je suis en train d’investiguer cette option pour rendre son usage ergonomique pour ces systèmes :

    https://github.com/travier/fedora-sysexts

    Il est aussi possible de modifier temporairement le système en utilisant un système de fichier temporaire monté au-dessus des emplacements en lecture seule (overlayfs). Les fichiers de /usr peuvent alors être modifiés et de nouveaux paquets RPM installés à la demande. Les modifications disparaîtront au redémarrage.

    - Tu participes aussi à l’équipe de KDE SIG, peux-tu expliquer son rôle dans Fedora et ton activité dedans ?

    L’objectif du KDE SIG est de proposer la meilleure expérience possible de KDE sur Fedora. Nous suivons et contribuons aussi au développement de KDE upstream.

    Je participe au KDE SIG en tant que mainteneur de Kinoite et développeur KDE.

    - GNOME reste le bureau principal de Fedora à ce jour, cependant la qualité de l’intégration de KDE progresse depuis de nombreuses années maintenant, penses-tu que la qualité entre les deux est aujourd’hui équivalente ? Est-ce que les contributions pour KDE sont freinées de par le statut de GNOME au sein du projet ?

    C’est une question très difficile, car elle est très subjective. J’utilise principalement KDE sur mes systèmes, mais j’apprécie énormément le travail de design fait sur GNOME. Pour moi c’est un choix personnel.

    D’un point de vue technologique, il est possible de trouver des éléments “meilleurs” dans GNOME que dans KDE et l’inverse.

    Il n’y a pas de bénéfice à opposer ces deux projets. C’est au contraire la collaboration qui améliore l’expérience utilisateur.

    Je ne pense pas que les contributions à KDE soient freinées par le status de GNOME dans Fedora.

    - L’équipe KDE SIG a récemment proposé d’améliorer le statut de KDE au sein du projet, quitte à même remplacer GNOME pour Fedora Workstation, peux-tu expliquer cette demande ? Penses-tu qu’un jour KDE remplacera GNOME au sein de Fedora ou de RHEL par exemple ?

    L’idée des membres soutenant cette proposition (qui ne vient pas uniquement de personnes faisant partie du KDE SIG) est de remettre en question la place de GNOME « par défaut » dans le projet Fedora (notamment Fedora Workstation). Poser cette question force le projet à clarifier les critères qui font qu’un environnement de bureau est considéré comme majeur et donc autorisé à être représenté par une “édition” comme Fedora Workstation. Tous les environnements de bureau non-GNOME ne sont actuellement pas bien présentés sur le site de Fedora notamment.

    Il est important pour un projet communautaire de pouvoir justifier ses choix, que l’on soit d’accord ou non avec les arguments présentés. Si ces choix sont perçus comme arbitraires (« c’est comme ça que cela a toujours été », « c’est un employé de Red Hat qui l’a décidé »), alors le projet Fedora perd en crédibilité. Il faut, par exemple, pouvoir justifier que GNOME est un bon choix à présenter aux utilisateurs découvrant Fedora.

    Je ne pense pas que KDE va “remplacer” GNOME dans Fedora et ce n’est pas vraiment l’idée derrière cette proposition qui a été formulée explicitement de la sorte pour forcer la discussion. L’objectif est de rendre KDE plus visible dans Fedora.

    Pour ce qui est de remplacer GNOME dans RHEL, c’est peu probable et cela serait une décision de Red Hat.

    - Penses-tu que Fedora est une distribution de référence pour utiliser KDE aujourd’hui ? Par le passé OpenSUSE, Kubuntu ou Mageia étaient souvent recommandées pour utiliser cet environnement.

    Oui ! 🙂

    Fedora propose depuis plusieurs années les dernières versions de KDE à des fréquences très proches des sorties upstream. Nous sommes actuellement l’une des premières distributions à proposer le bureau KDE Plasma dans sa version 6. Le KDE SIG suit et participe activement au développement de KDE upstream et certains développeurs KDE recommandent désormais Fedora.

    Je travaille avec Fedora Kinoite à rendre le développement de KDE plus abordable, notamment pour le test des versions en cours de développement.

    - Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    Je regrouperai l’intégralité des dépôts Git, codes sources, projets, suivi des bugs, etc. sur une (ou plusieurs) instance GitLab hébergée par le projet Fedora. C’est un projet qui est désormais en cours pour migrer vers Forgejo. Finies les instances Pagure (forge de développement Git), plus de Bugzilla (suivi des bugs). Il faudrait aussi abandonner les listes de diffusion pour utiliser Discourse à la place (transition aussi en cours).

    D’un point de vue personnel, la migration du projet KDE vers GitLab fut un facteur déterminant dans ma capacité à contribuer au projet KDE. Le mode de contributions à l’aide de Pull Requests / Merge Requests à travers une interface web est devenu un standard qui réduit significativement la difficulté pour un premier contributeur à participer à un projet.

    Je pense que c’est la prochaine étape importante pour rendre le développement de Fedora plus accessible et donc pour attirer plus de contributeurs.

    - À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

    Le processus pour proposer un changement (Change Process). C’est la clé de ce qui fait de Fedora une distribution à la pointe, qui évolue à chaque nouvelle version et qui pousse l’écosystème en avant.

    - Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

    Malheureusement, je n’ai pas eu beaucoup d’interactions avec la communauté Fedora-fr, donc je n’ai pas grand-chose à dire.

    - Quelque chose à ajouter ?

    Merci pour l’entretien !

    Si vous souhaitez en apprendre plus sur ces systèmes, je vous recommande les documentations officielles des projets ou les présentations que j’ai réalisées (une ou deux en français).

    - Merci Timothée pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur les systèmes immuables de Fedora et l’environnement KDE Plasma.

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    Prochain entretien avec Thomas Canniot, ancien traducteur de Fedora en français et fondateur de l’association Fedora-fr.

    – Source : https://linuxfr.org/news/20-ans-de-fedora-fr-quatrieme-entretien-avec-timothee-contributeur-des-systemes-immuables-et-kde

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    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

    Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

    N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Emmanuel Seyman (pseudo eseyman), ancien président de Borsalinux-fr et actuel empaqueteur dans l’écosystème du langage Perl.

    Entretien

    -Bonjour Emmanuel, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

    J’ai découvert Linux pendant mes études à l’EFREI, l’École Française d’Électronique et d’Informatique. Ma première distribution était une Red Hat Linux 4.2 que j’ai installé sur mon PC en 1997.

    En finissant mes études, je savais que je voulais travailler avec du Logiciel Libre et j’ai commencé un travail d’administrateur système et réseaux chez un hébergeur web dont les serveurs étaient sous Red Hat Linux.

    Quand Red Hat a annoncé la fin de Red Hat Linux et le lancement de Fedora, je suis passé d’une distribution à l’autre. Quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion de devenir packager (on devait en être à la Fedora 😎 et, encore aujourd’hui, je continue à maintenir des paquets.

    Ces jours-ci, je fais partie d’une équipe de gestion d’identité dans une entreprise qui fait de l’assurance-crédit. Je gère la partie Unix (essentiellement des serveurs OpenLDAP sous Linux) alors que mes collègues gèrent la partie Active Directory.

    -Peux-tu présenter brièvement tes contributions au Projet Fedora ?

    Maintenir mes paquets reste l’essentiel de mes contributions. Je gère plusieurs centaines de paquets, quasiment tous des modules Perl ou des applications écrites en Perl.

    Depuis, je fais partie du SIG Server ou j’essaie de contribuer en y apportant mon expérience dans ce domaine.

    -Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

    J’utilisais déjà Red Hat Linux à la fois au boulot et chez moi donc ça a été un enchainement logique de passer sur Fedora Core 1. Je voyais d’un très bon œil de passer sur un système plus communautaire.

    -Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

    En prenant exemple sur FreshRPMS, un dépôt logiciel pour Red Hat Linux géré par Matthias Saou, j’avais commencé à faire des paquets des logiciels que j’utilisais qui ne se trouvaient pas dans Fedora, des modules Perl pour la plupart. L’étape suivante la plus logique était de maintenir ces paquets au sein du projet Fedora et je suis donc devenu contributeur Fedora.

    -Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    À un moment donné, je me suis retrouvé à maintenir une instance de Bugzilla et j’ai commencé à remonter des bogues puis soumettre des correctifs. Au bout d’un moment, les développeurs ont jugé mes contributions suffisamment importantes pour me nommer contributeur.

    De temps en temps, je reviens sur le gestionnaire de bogues du projet pour voir.

    -Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Au niveau professionnel, j’utilise Red Hat Entreprise Linux et il m’arrive régulièrement d’ajouter certains de mes paquets à Fedora EPEL pour pouvoir les utiliser au boulot.

    -Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

    Professionnellement, j’utilise Red Hat Entreprise Linux et mon utilisation de Fedora me permet de mieux comprendre le fonctionnement de RHEL. Il m’est déjà arrivé de mettre des paquets que je maintiens dans mon temps libre dans EPEL pour que je puisse m’en servir au boulot.

    -Tu es actif au sein du SIG Perl, peux-tu expliquer le rôle de ce SIG et de ton activité dans ce groupe de travail ?

    Il y a pas mal d’interdépendances entre modules Perl et c’est utile d’avoir un canal Matrix dans lequel il y a tous les packageurs concernés pour qu’on discute ensemble lorsque quelqu’un tombe sur un problème.

    Ceci dit, le SIG Perl est relativement informel et c’est compliqué de parler d’une activité de groupe avec des rôles bien définis.

    -Qu’est-ce qui t’a poussé à travailler sur les paquets de Perl ?

    Je connais relativement bien le langage, ce qui facilite le débogage et la création de correctifs.

    -Tu es par ailleurs membre de l’association les Mongueurs de Perl, quel est ton rôle dans cette association ? Y a-t-il un lien ou une synergie entre le SIG Perl et cette association d’une quelconque façon ?

    Je suis le président de l’association depuis plusieurs années.

    Il m’arrive de parler de Fedora au sein des Mongueurs. En particulier, je vante le fait que Fedora contient toujours une version de Perl qui est très à jour et qu’on peut donc utiliser toutes les nouveautés du langage.

    Quand je vois que l’une des associations fait quelque chose de bien, j’incite l’autre à en faire autant. C’est pour cette raison que les Mongueurs de Perl publient maintenant un article sur chaque nouvelle version de Perl sur LinuxFR.

    -Tu as été aussi président de Borsalinux-fr pendant quelques années, de 2011 à 2015, peux-tu expliquer en quoi consiste ce rôle ?

    J’étais déjà en relation avec les gens de Fedora-fr parce que j’étais président de Parinux, le LUG de Paris, et qu’il nous était arrivés de planifier des évènements ensemble. Après avoir passé la main, j’ai pu trouver le temps pour participer aux activités de Borsalinux-fr et j’ai adhéré à l’association.

    Je suis arrivé dans l’association à un moment ou les relations avec Red Hat n’étaient pas au beau fixe. Red Hat ne souhaitait pas que l’association utilise “Fedora” dans son nom, car c’est une marque déposée. En plus de ça, les personnes à la tête de l’association étaient là depuis plusieurs années et commençaient à fatiguer.

    À un moment donné, l’association s’est retrouvée sans président et, lors de l’assemblée générale suivante, je me suis proposé pour le poste. Pendant mon premier mandat, j’ai surtout fait de l’administratif (changement de nom de l’association, changement de siège social, partenariat avec Red Hat…). Le suivant m’a permis d’inciter les adhérents à contribuer et d’aller présenter la distribution sur des évènements inédits pour nous.

    -En dehors de cela tu as également participé activement à la vie de l’association, peux-tu revenir sur quelques-unes de tes activités ?

    Après avoir été président de l’association pendant 4 ans, j’ai voulu passer la main (je ne trouve pas sain qu’une même personne reste à la tête d’une organisation). Renault a accepté de prendre le poste, mais on se retrouvait alors sans secrétaire. Pour combler le manque, j’ai pris le poste et je suis resté secrétaire pendant 4 ans.

    À côté de ça, je gère les goodies de l’association. De temps en temps, nous créons des goodies Fedora en plus des goodies que nous donne le Projet Fedora. Je centralise tout ça chez moi et j’envoie des goodies à chaque fois que quelqu’un représente l’association sur un évènement.

    -Tu as également été président de Parinux, quels liens il y avait entre cette activité et tes contributions au sein de Fedora et de Fedora-fr ?

    En tant que président de Parinux, je gérais le village associatif de Solutions Linux. J’ai été contacté par quelqu’un (Thomas Canniot ?) qui voulait un stand pour l’association. De mémoire, les fondateurs de l’association comptaient utiliser le salon pour se rencontrer pour la première fois et signer les statuts de l’association. C’est comme ça que j’ai appris l’existence de l’association et du site web.

    Un peu plus tard, Parinux a décidé de faire des install partys spécifique à une distribution. Pour celle de Fedora, j’ai donc contacté Fedora-Fr et une bonne partie de l’association a débarqué à la Cité des Sciences pour nous aider. De mémoire, nous avons pu faire ce genre d’évènement plusieurs fois.

    -Tu contribues également au dépôt externe RPMFusion, peux-tu expliquer la nature de tes contributions et ce qui t’intéresse dans ce projet ?

    Contribuer à RPMFusion, c’est beaucoup dire… J’ai pu apporter mon aide de deux manières différentes. Je n’ai plus les dates en tête, donc je vais donner ça dans le désordre.

    RPMFusion avait besoin d’un paquet de Bugzilla pour CentOS. J’ai donc mis Bugzilla dans EPEL et RPMFusion a pu mettre à jour sa version pour ne plus avoir a mettre à jour Bugzilla à la main.

    À un autre moment (je me souviens que c’était lors d’un FOSDEM), les admins de RPMFusion cherchaient un bugmaster, quelqu’un pour gérer leur instance de Bugzilla. Étant donné que j’avais une certaine expérience, ils m’ont proposé le poste et j’ai accepté.

    -Qu’est-ce qui te motive à participer aux activités locales ?
    Tu nous as représenté sur de nombreux salons en France, qu’est-ce qui te plaît ou qui ne te plaît pas dans ces événements ? Lesquels apprécies-tu le plus et pourquoi ? Quels intérêts trouves-tu à y aller ?

    Ça permet de rencontrer des gens et de discuter avec eux, ce qui me fait toujours plaisir. Comme on retrouve toujours un peu les mêmes gens sur les villages associatifs, ça permet aussi de passer plusieurs jours en compagnie de gens qui me sont chers. Et, honnêtement, je ne sais pas ce que je ferais de mes jours de RTT si je ne les utilisais pas pour mes activités associatives.

    Pour ce qui est du choix des salons, j’ai un faible pour Capitole du Libre, le salon toulousain, qui a un côté communautaire qui me plaît beaucoup.

    -Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    J’aimerais beaucoup qu’on soit plus nombreux à faire la distribution, que ça soit au niveau des SIG, des tests… J’aimerais beaucoup qu’on facilite le fait de passer d’utilisateur de la distribution à contributeur.

    -À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

    Je suis très attaché à la nature libre de la distribution.

    -Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

    Je participe assez peu à la communauté francophone. Je dois avouer que j’aimerais un moyen de lire le forum qui puisse se faire depuis un terminal, mais je doute que les efforts qu’il faudrait faire puissent se justifier.

    -Tu participes peu à la communauté francophone, mais tu as conservé une certaine présence au sein de l’Association Borsalinux-fr comme les relations pour les goodies avec le Projet Fedora ainsi qu’avec EVL et bien sûr ta présence sur certains évènements francophones pour nous représenter. Considères-tu tout ceci comme une symbiose entre le travail du Projet Fedora et l’Association Borsalinux-fr ?

    C’est surtout du Borsalinux-fr. En vérité, je gère les goodies essentiellement parce que je vais sur les salons (j’en ai donc besoin) et que les gens qui gèrent EVL sont des amis qui habitent eux aussi dans la région parisienne. Et soyons honnêtes, c’est loin d’être chronophage.

    -Arrives-tu à détecter ou motiver des personnes à devenir des contributeurs lors de ces évènements ?

    J’essaie surtout de convaincre les gens de faire des petits pas et passer au niveau suivant. Si quelqu’un est utilisateur, je vais l’encourager à rapporter des bogues au projet. S’il le fait déjà, je vais lui proposer de tester les versions béta de la distribution… S’il participe à l’animation du stand Borsalinux-fr sur un salon, je vais lui demander s’il ne veut pas, en plus, animer un stand sur un autre salon.

    -Quelque chose à ajouter ?

    Je trouve que ça fait déjà beaucoup… 🙂

    -Merci pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur le Projet Fedora et l’association Borsalinux-fr.

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    Prochain entretien avec Timothée Ravier, contributeur au Projet Fedora en particulier concernant les systèmes dits immuables et l’environnement KDE Plasma.

    – Source : https://linuxfr.org/news/20-ans-de-fedora-fr-troisieme-entretien-avec-emmanuel-ancien-president-de-borsalinux-fr

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    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), nous – Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) – avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

    Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

    N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a la chance d’avoir suffisamment de contributeurs de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Remi Collet (pseudo remi), empaqueteur du Projet Fedora en particulier concernant l’écosystème PHP.

    Entretien

    - Peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

    40 ans, c’est long !

    J’ai découvert l’informatique à une époque préhistorique où l’on travaillait sur des terminaux (texte) connectés à de gros systèmes avec des langages oubliés (Cobol…). Ensuite j’ai eu la chance de voir les choses changer.

    Travaillant pendant 20 ans dans une grande administration française, et parallèlement dans une université à la gestion du matériel pédagogique. J’ai vu arriver les ordinateurs personnels, les premiers réseaux locaux, GNU, Linux, Windows, Internet… Rapidement à l’université (veille technologique) et progressivement dans le monde professionnel. Les solutions OpenSource ont toujours été au cœur de mon activité, et la contribution un but personnel.

    Au départ développeur, je suis aussi devenu administrateur système et réseau.

    Je travaille désormais chez Red Hat comme développeur, principalement chargé de PHP.

    - Peux-tu présenter brièvement tes contributions au Projet Fedora ?

    Lorsque j’ai migré mon ordinateur personnel sous Linux il y a plus de 20 ans, j’ai passé beaucoup de temps sur les forums, pour apprendre des autres et aider les nouveaux.
    Cela a été très formateur.

    Ensuite je me suis investi dans la maintenance de paquets RPM pour mes besoins et pour partager. Et je me suis concentré sur le monde PHP.

    - Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

    J’ai commencé avec Red Hat Linux 5 (1997), qui est devenu Fedora Core, puis Fedora. Au départ c’est le hasard d’un serveur livré avec un CD. Et depuis j’ai toujours été fidèle à l’une des premières distributions majeures.

    - Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

    Parce que c’est “la” distribution où les choses changent.

    - Peux-tu préciser les éléments qui confirment cela de ton point de vue ?

    L’exemple le plus marquant est sans doute “systemd” qui a provoqué lors de sa sortie un débat technique très vif, mais qui est désormais sur toutes les distributions (ou presque).

    - Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    Principalement PHP et de nombreux projets autour (extensions, bibliothèques, applications…).

    - Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Oui, depuis 1997 avec l’installation d’un serveur d’accès à Internet. Et aujourd’hui sur tous mes serveurs et postes de travail.

    - Tu as été recruté par Red Hat alors que tu étais déjà dans la communauté de Fedora, comment cela s’est passé ?

    Depuis la fusion de Fedora Core + extras (2007), j’étais devenu le mainteneur du paquet PHP. Donc quand Red Hat a cherché à recruter un mainteneur spécifique pour PHP (2012), j’étais le mieux placé.

    - Ils t’ont contacté ou tu as postulé ?

    Ils m’ont contacté (cooptation), ce qui tombait bien puisque je cherchais un nouvel emploi.

    - Est-ce que la contribution à Fedora a été un élément déterminant dans le processus ?

    Clairement oui, ainsi que mon implication dans PHP, en amont.

    - Est-ce que tes contributions dans Fedora se font entièrement dans le cadre de ton travail ? Si non, pourquoi ?

    Non.

    Je contribuais au Projet Fedora avant de rejoindre Red Hat, et si j’ai la chance de pratiquer ma passion (l’OpenSource) dans mon travail, je continue aussi en dehors. Ma position m’a aussi permis d’augmenter mes contributions sur les autres projets.

    Par contre, aujourd’hui je cherche à maintenir un équilibre afin de garder une vie privée et sociale saine.

    - Est-ce que être employé Red Hat te donne d’autres droits ou opportunités au sein du Projet Fedora ?

    Non (en dehors du temps), et heureusement. Fedora est avant tout un projet communautaire.

    - Tu es actif au sein de SIG PHP, quel est le rôle de cette équipe de travail et de ton activité dans cette équipe ?

    Ce groupe n’a jamais été très actif, et je suis désormais pratiquement seul.

    - Tu es également contributeur au sein du projet PHP lui-même, quelle est la nature de ton travail pour ce projet ?

    Je contribue régulièrement au code, surtout sur des corrections de défauts rapportés par les utilisateurs de mon dépôt, de Fedora ou de RHEL. Je maintiens aussi quelques extensions (zip, mailparse, rpminfo…). Je participe aussi activement au processus de publication des nouvelles versions (QA avant annonce).

    - Quels bénéfices retires-tu de travailler sur les deux aspects du projet PHP à savoir upstream mais aussi sur la conception de ces paquets ?

    Il me semble indispensable de communiquer entre l’amont (le projet PHP) et l’aval (le Projet Fedora). Être impliqué dans les 2 projets simplifie énormément les choses. Et évidement, il est plus facile de faire évoluer un projet lorsqu’on y contribue activement.

    - Quelles simplifications cela comporte plus en détail selon toi ?

    Lorsqu’un utilisateur de Fedora (ou de mon dépôt) signale un bug, il est plus simple de le corriger en étant contributeur, soit directement, soit par le dialogue avec les autres développeurs.

    De même pour les évolutions de la distribution qui peuvent avoir un impact sur PHP (exemple: l’intégration à systemd).

    Et la réciproque est vraie pour les évolutions du projet qui peuvent affecter la distribution (exemple: la suppression d’extension ou l’ajout de nouvelles fonctionnalités nécessitant de nouveaux outils).

    Être actif dans une communauté permet d’être connu et reconnu et donc d’être écouté.

    - Tu as aussi l’un des dépôts externes les plus populaires et actifs de Fedora centré sur PHP, pourquoi as-tu créé ce dépôt ? Pourquoi tu continues à l’alimenter alors que le projet Fedora fourni déjà PHP ?

    Ce dépôt existe depuis 2005 et me permettait de partager mon travail avant de contribuer à Fedora.

    Aujourd’hui c’est là que je prépare les évolutions avant qu’elles soient intégrées dans Fedora (puis dans CentOS Stream, puis dans RHEL). Par exemple PHP 8.3 présent dans Fedora 40 était dans mon dépôt depuis presque 1 an (Juin 2023, version 8.3.0alpha1)

    Alors que Fedora fournit une seule version de PHP et une cinquantaine d’extensions, mon dépôt propose 5 versions (même 10 pour EL), ~150 extensions et 2 modes d’installation.

    - Pourquoi ne pas utiliser le système de COPR pour ce travail ?

    Copr est très intéressant pour les petits projets. Dans mon cas, ce sont des milliers de paquets. Et Copr n’est pas adapté pour les modules, ni pour les quelques paquets non libres que je maintiens (ex: Oracle).

    - Peux-tu expliquer l’importance du mainteneur de paquet dans la distribution ? Quels choix il faut effectuer, les difficultés techniques rencontrées, etc.

    C’est celui qui essai de coordonner les projets amont / aval et les utilisateurs en essayant de satisfaire des besoins parfois incompatibles de stabilité, de compatibilité, d’innovation.

    - Les “Modules” de Fedora étaient censés être un pilier de Fedora.next pour fournir différentes versions des piles technologiques, comme PHP, pour une version donnée de Fedora. Maintenant que c’est abandonné, peux-tu expliquer les raisons derrière cet échec ? Pour un empaqueteur, quelles ont été les difficultés derrière ?

    J’ai longuement écrit sur le sujet. Je retiendrais que ce projet répondait avant tout à un besoin de distribution entreprise qui n’est pas vraiment utile à Fedora avec un cycle de version très rapide (6 mois).

    La complexité du système de construction a peut-être été une raison de son échec.

    - Tu as aussi écrit la documentation française pour faire ses propres paquets RPM et tu as aidé de nombreux francophones à réaliser leurs premiers paquets, qu’est-ce qui t’intéresse à guider les débutants dans cette activité ?

    Le partage.

    Accompagner un débutant est toujours passionnant, humainement et techniquement. Cela permet aussi de répondre à des questions qu’on ne se pose pas forcément, et donc de se remettre en cause.

    - Les paquets traditionnels ne sont plus l’unique voie d’avoir un logiciel qui tourne sous Fedora. Avec Flatpak, Snap ou des solutions tels que Docker / Podman cela devient possible de s’en affranchir. Comment vois-tu l’évolution des paquets au sein d’une distribution dans Fedora ? Que penses-tu de ces évolutions ?

    Avant on cherchait à créer une distribution cohérente ou chaque composant était partagé et utilisé par les autres (une sorte de Lego).

    Aujourd’hui, et je le regrette, beaucoup ont abandonné cet objectif et beaucoup de projets préfèrent embarquer tous les composants qu’ils utilisent.

    C’est le cas de PHP avec “composer”, de langages comme Rust où la notion de bibliothèques partagées n’existe même plus. Flatpack / Snap n’en sont qu’un développement extrême.

    - N’est-ce pas aussi parce que cela résout certaines problématiques liées à la rigidité des paquets qui rendent notamment la cohabitation de versions différentes délicates ou de rendre l’environnement de travail plus modulaire ?

    Je pense que cela ne résout rien. On sait parfaitement installer plusieurs versions d’une bibliothèque simultanément.

    Disons que c’est la solution de facilité, on n’essaie même plus de faire propre. Sans parler des projets qui embarquent des copies modifiées, sans que les modifications soient reversées ou discutées.

    - Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    La communauté Fedora est composée de gens passionnés. La passion entraine parfois des positions excessives et des discussions sans consensus possible.

    La communauté des contributeurs a tué de beaux projets, comme les « Softwares Collections » ou les “modules”. Je trouve cela dommage.

    - Peux-tu expliquer ce que sont les Software Collections et pourquoi cela n’a pas abouti ? Quelles différences avec les modules notamment ?

    Les Software Collections permettent une méthode standard d’installation de plusieurs versions d’une application sans conflit espace de nom différent, installation sous /opt et sans risque d’altération du système de base.

    Le projet ayant été développé par Red Hat pour les besoins de sa distribution Entreprise il a provoqué un vif débat technique (ex: non respect de la FHS, ce qui a été corrigé par la suite) et a même provoqué l’épuisement et le départ de 2 membres du FPC.

    La complexité d’utilisation (activation de la SCL) a aussi été des raisons de leur détestation.

    Ce besoin étant quasi inexistant pour Fedora, personne n’a eu la force d’améliorer la solution qui a été abandonnée.

    Les modules permettent de fournir plusieurs versions alternatives d’une application, mais sans permettre une installation simultanée. Fonctionnellement c’est comme si chaque version est disponible dans un dépôt différent qu’il suffit d’activer.

    - À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

    La passion justement, qui reste un moteur indispensable. S’il n’y a plus de passion, plus de plaisir, autant arrêter (j’ai abandonné quelques projets pour cela).

    - Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

    La communauté Fedora est surtout composée de contributeurs. D’autres distributions ont une communauté d’utilisateurs et sont excellentes pour leur promotion.

    Je n’ai malheureusement pas d’idée magique pour augmenter la communauté Fedora-Fr.

    Je pense aussi que les contributeurs français sont souvent actifs dans la communauté globale (en anglais) plutôt que dans la communauté française.

    - Trouves-tu que c’est spécifique à la communauté francophone ?

    Je ne sais pas, je ne connais pas trop les autres communautés, mais je rencontre beaucoup de nationalités différentes dans la communauté anglophone.

    - Merci Remi pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur l’empaquetage de Fedora.

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    Prochain entretien avec Emmanuel Seyman, ancien président de Borsalinux-fr et actuel empaqueteur dans l’écosystème du langage Perl.

    – Source : https://linuxfr.org/news/20-ans-de-fedora-fr-deuxieme-entretien-avec-remi-empaqueteurs-de-paquets-rpm

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    @Popaul un conformiste. :ahah:

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    Oui il est vrai que le nouvelle gestion est pas mal du tout…