[Critique] Kill : Dernier train pour New Delhi
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Un bon film de baston situé dans un train: cette production indienne s’accorde à une telle définition dans un premier temps. Mais un basculement sidérant la conduit ensuite dans l’enfer d’un massacre sans pitié dont on ressort avec le corps et le cœur pleins de cicatrices.
Parfois, un film emporte le morceau grâce à un fonctionnement diabolique en deux temps. Le début s’avère un poil décevant et suscite chez le spectateur d’importantes réserves, avant que celles-ci soient complètement balayées par un coup de force imprévu, lequel donne puissance et raison d’être à la structure d’ensemble. Ce double effet Kiss Cool est justement ce qui fait tout le prix de Kill, film d’action indien qui arrive par bonheur sur nos grands écrans. La dramaturgie est bien dans le ton du cinéma du sous-continent, depuis toujours drogué au mélodrame à base d’amours contrariées par les différences de classes sociales. Ici, le pauvre berger est un cador des commandos de l’armée indienne. En guise de princesse, il roucoule en cachette avec la fille d’une riche et bonne famille, que son nabab de père a bien sûr promise à un homme bien-né. En vue du mariage, la belle est ainsi embarquée dans un voyage en train, où elle a la surprise de retrouver son amant secret, accompagné d’un de ses potes bidasses. En fait, la présence des deux soldats d’élite sera bien utile, puisque l’express est pris d’assaut par un groupe de plusieurs dizaines de malfrats bien décidés à dévaliser les passagers, avec une nette préférence pour les nantis du wagon de première classe…
– Kill ne lésine pas sur les faces-à-face sauvage.TERMINUS…
C’est donc parti pour une longue bataille rangée au cours de laquelle les deux militaires, profitant de l’exiguïté du train et de ses recoins, s’escriment à protéger les voyageurs et à repousser la bande de truands. OK, la chose n’est pas au niveau de certains films d’action extrême-orientaux qui sont parfois sortis de nulle part pour sidérer subitement le public mondial, comme l’indonésien The Raid ou le thaïlandais Ong-Bak.
Mais le réalisateur Nikhil Nagesh Bhat se sort joliment de l’exercice, en multipliant les combats rageurs à mains nues ou à l’arme blanche dans des espaces forcément restreints, et en ratissant l’entière topographie d’un train : compartiments latéraux, rideaux fermant les couchettes, plates-formes entre les wagons, portières, toits, etc. Cependant, le spectateur ronge un peu son frein. On se met alors à penser bizarrement aux propos acerbes de Sergio Leone sur On m’appelle Trinita.
Selon lui, ce film a marqué le moment où les producteurs ont noté que les westerns italiens ne plaisaient plus qu’aux enfants, si bien que dans les exploits suivants de Terence Hill et Bud Spencer, ces derniers ont arrêté les coups de feu, se contentant d’assommer les fâcheux au moyen de grosses mandales. Le parallèle vous paraîtra sûrement lunaire, mais le fait est que le film indien s’avère assez économe en hémoglobine.
À l’exception d’une mort de voleur qui tient surtout de l’accident, les héros se limitent à blesser ou à mettre K.0. leurs assaillants. Et compte tenu de la gravité de la situation, ces scrupules finissent par sembler absurdes. Car les méchants ne cessent de se relever et de repartir à l’attaque, et on ne voit guère comment la submersion pourrait être stoppée. Jusqu’à ce que… (ATTENTION, SPOILERS)
DESCENDS TOUT LE MONDE !
Arrive l’impensable. Nikhil Nagesh Bhat jette aux orties les convenances réservant la mort aux personnages de comparses. Une figure d’importance est carrément massacrée, dans une scène d’une cruauté insensée. On se souvient alors que le générique de début omettait le titre du film, qui s’inscrit soudain en énorme au beau milieu de la projection. « KILL », Tuer !!! À partir de là, les plaies béantes et les cadavres s’accumulent au point de transformer l’ensemble en une orgie de sang et de douleur, tandis que les protagonistes censément positifs abandonnent tout esprit chevaleresque pour se muer en bêtes sauvages.
De manière réciproque, les méchants gagnent une épaisseur humaine qu’on n’’attendait pas. Le dialogue distille l’idée qu’ils viennent d’un milieu très pauvre, mettant les pieds dans le plat du ressentiment des basses classes (castes ?) sociales. De plus, la tension est ravivée par le fait que la troupe des brigands constitue en vérité une seule et unique famille tuyau de poêle. Ainsi, chaque fois que l’un d’eux tombe, un autre en devient ivre de vengeance, souhaitant appliquer la loi du talion au nom de son frère, père, fils…
Pour être honnête, il nous faudrait probablement la science d’un spécialiste de la société et du cinéma indiens, pour expliquer la signification précise du fait de montrer une mort violente à l’écran, et la portée exacte de la transgression opérée par Nikhil Nagesh Bhat. En tout cas, pour l’œil occidental de l’observateur lointain, et pour le fan habitué à voir des monceaux de macchabées, notre réalisateur réussit un joli tour de force : en tempérant les excès dans un premier temps, il évite d’émousser la sensibilité du spectateur, et de ce fait, il assure l’impact du carnage à venir, rempli de coups de surin qui font vraiment très, très mal.
Il en va de même avec la scène étrange où les dévaliseurs, avançant dans le wagon suivant, découvrent les cadavres des leurs congénères pendus aux porte-bagages, dans une configuration qui évoque un rituel profanatoire - sans doute est-ce là une référence à un tabou de la culture indienne… Mais il est clair que cette séquence achève de transformer Kill en une authentique danse de mort primitive, bien loin du divertissement martial que semblait promettre le début du film.
– Par Gilles Esposito
– Mad Movies #385
–> Pas vu encore, je vais me rattrapé, mais un petit film de baston indien, je ne dis pas non du tout surtout quand ça à l’air bien brutal comme ça.
Après Monkey Man de Dev Patel, ça me semble pas mal ! -
@Violence a dit dans [Critique] Kill : Dernier train pour New Delhi :
Pas vu encore, je vais me rattrapé, mais un petit film de baston indien, je ne dis pas non du tout surtout quand ça à l’air bien brutal comme ça.
Après Monkey Man de Dev Patel, ça me semble pas malJ’ai maté le film y’a pas longtemps en vostfr et j’ai beaucoup aimé.
On est pas dans le Bollywood (même si il y’a des moments où j’ai eu peur que ça bascule façon Bollywood) mais bien dans un truc bien violent, sévère et bien chorégraphié comme on les aime. -
Merci mon ami @Psyckofox
Je devrais donc kiffer aussi on a les mêmes gouts en matière de bastonHâte…
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En effet @Psyckofox J’ai bien kiffé aussi ^^