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    Vos serveurs web classiques, les censeurs les trouvent en 3 clics. Même avec un VPN foireux, même caché derrière CloudFlare, même en priant très fort, alors imaginez que vous voulez publier un truc sur le web sans que personne ne puisse remonter jusqu’à vous ? Et bien en fait c’est hyper simple avec torserv qui lance automatiquement votre site comme service caché Tor.

    Il s’agit d’un serveur web statique durci qui intègre nativement Tor. Pas de base de données MySQL qui traîne, pas de PHP qui fuite, juste vos fichiers HTML, CSS et JavaScript servis proprement. Le truc génial, c’est la configuration zéro. Vous lancez le binaire et hop, votre site devient accessible via une adresse .onion automatiquement générée.

    J’ai découvert torserv après avoir passé 2 heures à galérer avec une config manuelle d’Apache + Tor pour un petit projet perso car configurer un service caché à la main, c’est pas de la tarte. Faut éditer torrc, créer les bons répertoires, gérer les permissions, redémarrer les services… Avec torserv, tout ça disparaît. Vous pointez sur votre dossier web et c’est parti.

    Et le pire dans tout ça ? C’est que même après avoir fait votre config manuelle parfaite, vous êtes jamais sûr à 100% de pas avoir laissé trainer une faille. Un header Apache qui balance votre version, un module PHP mal configuré, un log qui enregistre les requêtes… Avec torserv, ces soucis n’existent pas. Le code est minimaliste par design.

    Pour comprendre l’intérêt, faut savoir comment fonctionnent les services cachés Tor. Contrairement à un site normal où votre serveur a une IP publique visible, un service .onion reste planqué dans le réseau Tor. Les visiteurs passent alors par plusieurs relais chiffrés, et même eux ne connaissent pas votre vraie localisation.

    Mais torserv va plus loin.

    Il embarque directement le binaire Tor, donc pas besoin d’installer quoi que ce soit sur votre machine. Et le serveur intégré écrit en Go gère tout : il lance Tor en tâche de fond, génère les clés cryptographiques pour votre .onion, et sert vos fichiers avec les bons headers de sécurité. Tout ça dans un seul exécutable de moins de 20 Mo.

    Le petit bonus sympa c’est que torserv ajoute du jitter temporel sur les réponses (50-200ms aléatoires) et du padding sur la taille des fichiers. Ça complique sérieusement l’analyse de trafic pour ceux qui voudraient identifier votre site par ses caractéristiques réseau.

    Et les cas d’usage sont nombreux. Vous pouvez par exemple héberger des documents sensibles sans passer par un cloud public. Parfait pour le journalisme d’investigation, l’activisme dans certains pays, ou même pour une entreprise qui veut éviter les fuites via des plateformes externes.

    – Mais y’a d’autres trucs cools à faire :

    Partage temporaire de fichiers : Vous lancez torserv le temps de partager des docs, puis vous coupez tout. Aucune trace. Blog personnel vraiment privé : Pour publier vos pensées sans que Google indexe tout Backup décentralisé : Pour héberger vos sauvegardes chiffrées accessibles uniquement via Tor

    Maintenant, si vous voulez tester, vous devez télécharger le binaire depuis GitHub, vous le lancez dans le dossier contenant vos fichiers web, et torserv génère automatiquement votre adresse .onion. En 5 minutes chrono vous avez un site web invisible.

    – Concrètement, ça donne ça :

    wget https://github.com/torserv/torserv/releases/download/latest/torserv-linux-amd64.zip unzip torserv-linux-amd64.zip cd TorServ ./torserv

    Et boom, vous avez un truc du genre : http://xxxxxxxxxx.onion qui s’affiche dans votre terminal. Copiez-collez dans Tor Browser et voilà.

    Ce qui m’a surpris pendant mes tests, c’est la performance. J’avais des aprioris sur la lenteur du réseau Tor, mais pour du contenu statique, ça reste très correct. Évidemment, on est pas sur de l’hébergement classique, mais pour des documents, des pages simples, ça fait le taf. Et puis l’avantage, c’est que votre bande passante n’est pas plombée puisque le trafic transite par les relais Tor.

    Et la sécurité intégré à torserv, ce n’est pas que du marketing. Le serveur limite les requêtes, filtre les tentatives d’exploitation, et expose le minimum de surface d’attaque. Bref, contrairement à Apache ou nginx avec leurs 50 000 modules, torserv fait juste ce qu’il doit faire : servir des fichiers statiques de manière sécurisée. Moins de complexité, moins de failles potentielles.

    – Voici ce qu’il propose :

    Scrubbing EXIF automatique : Vos photos sont nettoyées de toutes métadonnées avant d’être servies Headers durcis : Pas de User-Agent, pas de Referer, pas d’ETag qui traîne Localhost only : Le serveur n’écoute que sur 127.0.0.1, impossible d’y accéder depuis ailleurs que votre propre machine Pas de logs : Rien, nada, que dalle. Même sous la torture, votre serveur ne balance rien

    Après vous l’aurez compris, c’est du statique uniquement, donc oubliez WordPress, les formulaires dynamiques ou les API. Si vous avez besoin d’interactivité, faudra regarder ailleurs. Et puis, c’est plutôt récent comme projet, donc ça n’a pas encore la maturité d’un Apache.

    – Autres trucs chiants :

    Pas de HTTPS : Mais bon, avec Tor c’est déjà chiffré de bout en bout, donc on s’en fout Pas de compression : Gzip et compagnie sont désactivés pour éviter les attaques BREACH PDF bloqués : Par sécurité, torserv refuse de servir des PDF (trop de métadonnées potentielles) Taille max des fichiers : Évitez les vidéos de 2 GB, ça va ramer sévère

    Comparé aux autres solutions, torserv a ses avantages. OnionShare c’est bien pour du partage ponctuel, mais c’est GUI only et moins flexible et SecureDrop c’est overkill pour la plupart des usages.

    Je trouve donc que Torserv trouve le bon équilibre car il est assez simple pour être utilisé par n’importe qui, et assez sécurisé pour tenir la route face aux menaces courantes. Et pour du professionnel avec de gros besoins, partez plutôt sur une infrastructure dédiée mais pour 90% des cas d’usage (partage de docs, mini-site personnel…etc) c’est exactement ce qu’il vous faut.

    Attention quand même, l’anonymat total n’existe pas. Même avec Tor et torserv, vos habitudes de rédaction, vos heures de publication, le style de vos contenus peuvent vous trahir. L’OPSEC (operational security) reste crucial. Et évidemment, côté légalité, respectez les lois de votre pays car Tor c’est pas un permis pour tout faire.

    Un dernier conseil, si vous êtes vraiment parano (et vous avez peut-être raison), utilisez l’option --new-key qui génère une nouvelle adresse .onion à chaque lancement. Comme ça, même si quelqu’un trouve votre site, il pourra plus y accéder la prochaine fois. C’est radical mais efficace.

    – Sources :

    https://github.com/torserv/torserv

    https://korben.info/torserv-serveur-web-anonyme-tor-zero-config.html