Les économistes sous-évaluent les impacts du réchauffement climatique, selon une ONG
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Les prévisions sur lesquelles se fondent les décideurs politiques sont « très irréalistes », ce qui conduit à des efforts insuffisants, indique le rapport de Finance Watch.
Les économistes sous-estiment les impacts économiques du changement climatique, ce qui n’incite ni le secteur financier ni les pouvoirs publics à s’investir dans la réduction des émissions de carbone, selon l’ONG Finance Watch.
« Les risques économiques liés au changement climatique sont actuellement modélisés de la même manière que les risques financiers traditionnels », explique Thierry Philipponnat, chef économiste de l’ONG Finance Watch et auteur d’un rapport publié mardi 31 octobre.
Or « les pertes liées au changement climatique seront d’une ampleur considérable, imprévisibles et permanentes ».
Certaines conséquences climatiques, comme le dégel du permafrost ou les incendies de forêts, vont provoquer des pertes économiques « bien supérieures à celles des récentes crises financières », selon l’ONG basée à Bruxelles.
En conséquence, « les modèles économiques des décideurs politiques ne prévoient qu’un niveau bénin de pertes dues au changement climatique » et leurs prévisions sont « très irréalistes », estime le rapport.
Des analyses faussées
Cette sous-évaluation des impacts risque de « fausser les analyses coûts/bénéfices » utilisées pour concevoir les politiques de lutte contre le changement climatique et les investissements dans la transition, dénonce encore Finance Watch.
« Et même si les estimations des pertes économiques sont revues à la hausse, les autorités de surveillance du secteur financier ne disposent pas des outils prudentiels nécessaires pour préparer le système financier à ces pertes », abonde l’ONG créée à la suite de la crise de 2008 afin d’instaurer un contre-lobby à la finance.Finance Watch accueille positivement le rapport demandé par la Commission européenne aux autorités européennes de supervision bancaire, afin d’évaluer la résilience du secteur financier à un scénario de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans l’Union européenne. Une « opportunité pour aider le système financier à se préparer aux effets économiques du changement climatique », selon le rapport.