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    À l’image de ses zombies, La Nuit des morts-vivants n’en finit pas de revenir pour, à chaque fois, réaffirmer son statut d’indépassable précurseur. Les Acacias supervise cette nouvelle résurrection dans nos salles (Sortie prévue le 22 février) avec une restauration 4K du chef-d’œuvre de George Romero.

    Le cinéma a été, est et sera, pour toujours et à jamais, une industrie, Et le premier film de George Romero constitue le genre d’anomalie systémique dont les observateurs adorent se repaître pour entretenir de douces illusions narratives selon lesquelles tout serait possible au pays de l’American Dream. Chaque fois qu’un petit budget, produit dans des conditions relevant tout ou partie de l’amateurisme, se distingue en salles obscures, le conte de fées redémarre de plus belle,

    Et peu importe si, comme dans le cas de Paranormal Activity, l’aura culte est presque totalement manufacturée par une campagne marketing agressive, et Le film original tripatouillé par des professionnels du ripolinage pour devenir un produit miracle. À contrario de dizaines d’épiphénomènes similaires, La Nuit des morts. vivants dépasse le statut de simple culbute providentielle au box-office. Le film a rejoint le club très select des tournants majeurs de l’Histoire du 7° Art au mérite, à la force du poignet et des incursions judicieuses et frondeuses de son auteur dans des territoires dramatiques inexplorés.

    À LA BASE

    La découverte de l’inédit The Amusement Park en 2021, hallucination cauchemardesque toujours aussi sidérante près d’un demi-siècle après son tournage éclair, n’a fait que confirmer le sentiment que Romero était un créateur mü par des intuitions d’apparence saugrenues qu’il s’engageait à poursuivre bille en tête. La Nuit des morts-vivants repose entièrement sur une idée de génie : les morts se relèvent, marchent et attaquent les vivants, pris d’assaut par des enveloppes vides, des parodies d’êtres humains. Ces zombies se démarquent nettement des origines vaudoues pour devenir des surfaces planes sur lesquelles des centaines d’héritiers projetteront leurs propres angoisses, leurs commentaires socio-politiques, ou strictement rien du tout, au profit de leur seule efficacité horrifique.

    Tout a été dit, écrit, pensé autour du potentiel métaphorique de ce point de départ dans le contexte de 1968, sur son écho à la question brûlante des droits civiques dans une Amérique alors coupée en deux sur le sujet. Romero lui-même a par la suite démontré, d’un bout à l’autre de sa filmographie, à quel point la figure du zombie peut représenter tout et parfois n’importe quoi, comme dans son ultime et très curieux Survival of the Dead.

    LE MONDE D’APRÈS

    Cette restauration 4K permet de vérifier à quel point La Nuit des morts-vivants tient toujours la route aujourd’hui, Sur la forme et sur le fond. L’attaque du film reste à ce jour un modèle d’exposition, de glissement vers l’horreur pure derrière lequel cavaleront tous les prétendants au trône zombie. Dès que l’action se recentre en huis clos, la modernité du traitement saisit. Les échos à notre monde d’après résonnent dans chaque scène, tout comme la propension de Romero et son équipe à enchaîner les plans iconiques traumatisants.

    Peu importe les menus manquements dans la direction d’acteurs, le plus anodin des photogrammes de La Nuit des morts-vivants a plus de force que tout Paranormal Activity. Surtout, peu importe les lubies du moment à vouloir catégoriser l’horreur entre productions commerciales et films d’auteur plus intelligents. Romero a très tôt démontré qu’il y avait une place pour une zone grise entre cinéma bis et horreur « elevated ». Le cinéma, comme le zombie, n’existe pas réellement en tant que tel, il devient ce qu’on en fait.

    – Source: Mad Movies #368